Le Conseil de gouvernement, réuni jeudi 8 octobre sous la présidence du Chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, a approuvé l’amendement de l’accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et la République de Turquie signé à Rabat le 24 août, et le projet de loi en vertu duquel ledit accord est approuvé.
Cette approbation de l’exécutif a pour but de faire face à l’invasion du produit turc sur le marché marocain, par la modification de l’accord de l’ALE entre Rabat et Ankara à titre exceptionnel. L’amendement vise ainsi à imposer des droits de douane, pour une période de cinq ans, sur les produits industriels d’origine turque inscrits à l’annexe I de cet accord pour atteindre 90% de la valeur des produits provenant du « pays le plus favorisé ».
Cet accord stipule que la partie marocaine n’appliquera aucun autre droit d’effet similaire aux droits de douane sur les importations d’origine de Turquie, à l’exception de la possibilité de soumettre les importations d’origine turque, y compris les produits inscrits à l’annexe II du présent accord, à des mesures conformément aux dispositions des articles 18 et 19 de l’Accord de libre-échange entre Rabat et Ankara.
Pour Omar Kettani, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, l’approbation de l’accord de libre échange est une « réussite » sur le plan commercial pour le Maroc qui a eu des problèmes de déficit commercial avec la Turquie et qui ont atteint 2 milliards de dollars.
Ce déficit, poursuit l’économiste, a touché des secteurs très sensibles. Il cite comme exemple, une grande société Marocaine de production d’acier « Maghreb style », qui en 2013, « était presque en situation de faillite du fait d’une opération très importante d’importation d’acier en provenance de Turquie. Ce qui a mis cette société en situation de grandes difficultés financières ».
Ainsi, le Maroc avait décidé de manière unilatérale d’augmenter les taxes sur ce produit de 11%. La Turquie s’est plainte auprès de l’OMC qui a donné finalement raison au Maroc dans ce litige, rappelle l’économiste
D’autres secteurs ont également été impactés, notamment le textile. Pour ce secteur, Kettani avance un autre exemple de deux usines de fabrication de jean situées dans le quartier industriel de Casablanca qui employaient 6000 personnes et qui ont fait faillite à cause de l’invasion des jeans Turcs.
« Les conséquences n’étaient pas simplement financières et commerciales mais également sur l’emploi qui est plus sensible pour le Maroc. Face à cette situation et aux plaintes des sociétés marocaines et particulièrement de certains secteurs très sensibles, le ministre du commerce et de l’industrie a réagi. Les déclarations étaient très fortes et ont menacé la Turquie de pratiquement rompre l’accord de libre change. Finalement les turcs ont cédé », explique-t-il.
Le produit Turc est devenu plutôt apprécié ces dernières années par le consommateur marocain, surtout en ce qui concerne le rapport qualité prix excellent, et concurrence donc le produit marocain.
Sur ce point là, Omar Kettani estime que le produit turc sur le marché marocain ne concurrence pas uniquement le produit national mais aussi les produits occidentaux, notamment européens qui sont eux présent au Maroc depuis des décennies.
« Il y a eu des pressions des européens pour revoir les accords avec les Turcs. En réalité, le produit turc ne concurrence pas uniquement le produit marocain sur le marché national mais aussi les produits étrangers notamment européens, chinois, américains etc. Et donc, la Turquie est devenue un pays gênant pour l’Occident de manière générale », estime-t-il.
Omar Kettani poursuit ainsi que « lorsqu’on défend le produit marocain sur le marché de l’importation Turque, en réalité on est en train, indirectement, de défendre les marques étrangères » ce qu’il trouve « un peu dommage puisque le produit turc est quand même assez bon».
Pourquoi les turcs ont cédé à la pression marocaine ?
Pour répondre à cette question, l’économiste souligne dans un premier temps que les turcs ont une vision «futuriste ». Pour eux, l’avenir des relations entre le Maroc et la Turquie ne doit pas s’arrêter à un désaccord commercial. Pourquoi ?
« Les Turcs préfèreraient sacrifier les gains qu’ils font sur le plan commercial plutôt que de rompre leur relation avec le Maroc. D’abord ils misent sur un pays stratégique qui est le Maroc pour pouvoir accéder au marché africain. Deuxième point important, c’est que les Turcs misent sur le Maroc pour les accords de coopération en matière de fabrication des armes et donc de transfert technologique de la Turquie vers le Royaume», dit-il, soit « un avenir et un chantier prometteur pour le Maroc comme pour la Turquie« .
Selon l’économiste, la partie marocaine veut un transfert technologique et sait qu’avec les occidentaux c’est très difficile, alors que la Turquie est devenue une sorte de solution pour l’importation de la technologie.
« Les turcs vont avoir un marche très important. C’est l’avenir de la coopération technologique dans le domaine militaire. Or, c’est un domaine très porteur. Et donc les Turcs ont intérêt à maintenir de bonnes relations avec le Maroc parce qu’il s’agit d’un marche intérieur et un tremplin pour accéder au marché africain », conclut Omar Kettani.
hespress
Cette approbation de l’exécutif a pour but de faire face à l’invasion du produit turc sur le marché marocain, par la modification de l’accord de l’ALE entre Rabat et Ankara à titre exceptionnel. L’amendement vise ainsi à imposer des droits de douane, pour une période de cinq ans, sur les produits industriels d’origine turque inscrits à l’annexe I de cet accord pour atteindre 90% de la valeur des produits provenant du « pays le plus favorisé ».
Cet accord stipule que la partie marocaine n’appliquera aucun autre droit d’effet similaire aux droits de douane sur les importations d’origine de Turquie, à l’exception de la possibilité de soumettre les importations d’origine turque, y compris les produits inscrits à l’annexe II du présent accord, à des mesures conformément aux dispositions des articles 18 et 19 de l’Accord de libre-échange entre Rabat et Ankara.
Pour Omar Kettani, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, l’approbation de l’accord de libre échange est une « réussite » sur le plan commercial pour le Maroc qui a eu des problèmes de déficit commercial avec la Turquie et qui ont atteint 2 milliards de dollars.
Ce déficit, poursuit l’économiste, a touché des secteurs très sensibles. Il cite comme exemple, une grande société Marocaine de production d’acier « Maghreb style », qui en 2013, « était presque en situation de faillite du fait d’une opération très importante d’importation d’acier en provenance de Turquie. Ce qui a mis cette société en situation de grandes difficultés financières ».
Ainsi, le Maroc avait décidé de manière unilatérale d’augmenter les taxes sur ce produit de 11%. La Turquie s’est plainte auprès de l’OMC qui a donné finalement raison au Maroc dans ce litige, rappelle l’économiste
D’autres secteurs ont également été impactés, notamment le textile. Pour ce secteur, Kettani avance un autre exemple de deux usines de fabrication de jean situées dans le quartier industriel de Casablanca qui employaient 6000 personnes et qui ont fait faillite à cause de l’invasion des jeans Turcs.
« Les conséquences n’étaient pas simplement financières et commerciales mais également sur l’emploi qui est plus sensible pour le Maroc. Face à cette situation et aux plaintes des sociétés marocaines et particulièrement de certains secteurs très sensibles, le ministre du commerce et de l’industrie a réagi. Les déclarations étaient très fortes et ont menacé la Turquie de pratiquement rompre l’accord de libre change. Finalement les turcs ont cédé », explique-t-il.
Le produit Turc est devenu plutôt apprécié ces dernières années par le consommateur marocain, surtout en ce qui concerne le rapport qualité prix excellent, et concurrence donc le produit marocain.
Sur ce point là, Omar Kettani estime que le produit turc sur le marché marocain ne concurrence pas uniquement le produit national mais aussi les produits occidentaux, notamment européens qui sont eux présent au Maroc depuis des décennies.
« Il y a eu des pressions des européens pour revoir les accords avec les Turcs. En réalité, le produit turc ne concurrence pas uniquement le produit marocain sur le marché national mais aussi les produits étrangers notamment européens, chinois, américains etc. Et donc, la Turquie est devenue un pays gênant pour l’Occident de manière générale », estime-t-il.
Omar Kettani poursuit ainsi que « lorsqu’on défend le produit marocain sur le marché de l’importation Turque, en réalité on est en train, indirectement, de défendre les marques étrangères » ce qu’il trouve « un peu dommage puisque le produit turc est quand même assez bon».
Pourquoi les turcs ont cédé à la pression marocaine ?
Pour répondre à cette question, l’économiste souligne dans un premier temps que les turcs ont une vision «futuriste ». Pour eux, l’avenir des relations entre le Maroc et la Turquie ne doit pas s’arrêter à un désaccord commercial. Pourquoi ?
« Les Turcs préfèreraient sacrifier les gains qu’ils font sur le plan commercial plutôt que de rompre leur relation avec le Maroc. D’abord ils misent sur un pays stratégique qui est le Maroc pour pouvoir accéder au marché africain. Deuxième point important, c’est que les Turcs misent sur le Maroc pour les accords de coopération en matière de fabrication des armes et donc de transfert technologique de la Turquie vers le Royaume», dit-il, soit « un avenir et un chantier prometteur pour le Maroc comme pour la Turquie« .
Selon l’économiste, la partie marocaine veut un transfert technologique et sait qu’avec les occidentaux c’est très difficile, alors que la Turquie est devenue une sorte de solution pour l’importation de la technologie.
« Les turcs vont avoir un marche très important. C’est l’avenir de la coopération technologique dans le domaine militaire. Or, c’est un domaine très porteur. Et donc les Turcs ont intérêt à maintenir de bonnes relations avec le Maroc parce qu’il s’agit d’un marche intérieur et un tremplin pour accéder au marché africain », conclut Omar Kettani.
hespress
Commentaire