L'état veut trop s'impliquer dans l'économie financièrement, ce qui est contre productif.
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L’économie de l’Algérie va mal. Quand on a si longtemps fait semblant de ne pas voir la réalité, il faut savoir faire mine de s’inquiéter d’une lapalissade.
Depuis des années qu’il est question de relance et même de programme de soutien à la relance, un programme enflant qui, dont le montant a grossi, passant de cinquante milliards de dollars à on ne sait plus, quatre-vingt, cent ou cent vingt milliards, selon le porte-parole économique du jour.
C’est déjà curieux que, dans un système de gestion où la dépense est pourtant brandie comme une réalisation, nous ne savons même pas avec précision les montants, fluctuants et évolutifs, des enveloppes ainsi dégagées. Qui, au bout d’un demi-siècle de financement, pourra nous dire combien aura coûté le métro ou l’aérogare d’Alger ? Qui pourra nous dire, dans quelques années, combien aura coûté l’autoroute Est-Ouest ? Tout se passe comme si, vu que la dépense constitue “un programme de soutien à la relance”, il faut débourser. Le financement n’est plus un moyen, mais une fin.
Pendant ce temps-là, on avançait des taux de croissance record (6,8 % en 2003, dont 20% pour l’agriculture !). Depuis 2004, on reconnaît un recul constant du taux de croissance de l’industrie, malgré le soutien supposé lui offrir des débouchés supplémentaires.
Paradoxalement, dans une économie où il est question de soutien à la relance de la croissance, les crédits à l’économie baissent. Probablement parce que, effet des scandales financiers, les investisseurs ont peur d’emprunter et les banques prêtent plus difficilement.
La production stagne et l’État en finance le déficit par le truchement du taux de change administré qui s’applique aux opérations d’importation en nette augmentation en 2006. Paradoxalement, ce recours au financement du Trésor est présenté, lui aussi, comme une réalisation : on se vante de soutenir le prix du pain et du lait, malgré les hausses des cours de ces produits ; on se vante de ne pas prévoir d’augmentation à court terme des tarifs de l’eau. Devant la montée des lamentations populaires, la pomme de terre risque de connaître une immunité douanière. Le tout est de nous rassurer de cette drôle de manière dont nos dirigeants nous rassurent : l’économie ne va pas bien, le contexte est difficile, mais vous ne manquerez de rien.
Il est en fait surtout question de ne pas faire le constat qui s’impose : il n’y a pas eu de relance économique. Comme il n’a pas été fait le constat que le rythme de construction n’est pas conforme aux prévisions du million de logements, comme il n’a pas été fait le constat de l’échec sécuritaire de la réconciliation nationale, etc.
La production baisse, le niveau d’investissement baisse, les prix montent, les dépenses publiques montent aussi, en partie pour cause de soutien au prix de la nourriture importée. Le secteur de l’énergie seul nous rappelle, à l’occasion, qu’il faut s’attendre à un renchérissement prochain de l’électricité et du carburant.
Sinon, pour tout le reste, il y a le Trésor public pour couvrir l’échec et faire l’économie des bilans économiques et sociaux. En effet, un bilan est toujours politique.
Mustapha Hammouche
15 Août 2007. Liberté.
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L’économie de l’Algérie va mal. Quand on a si longtemps fait semblant de ne pas voir la réalité, il faut savoir faire mine de s’inquiéter d’une lapalissade.
Depuis des années qu’il est question de relance et même de programme de soutien à la relance, un programme enflant qui, dont le montant a grossi, passant de cinquante milliards de dollars à on ne sait plus, quatre-vingt, cent ou cent vingt milliards, selon le porte-parole économique du jour.
C’est déjà curieux que, dans un système de gestion où la dépense est pourtant brandie comme une réalisation, nous ne savons même pas avec précision les montants, fluctuants et évolutifs, des enveloppes ainsi dégagées. Qui, au bout d’un demi-siècle de financement, pourra nous dire combien aura coûté le métro ou l’aérogare d’Alger ? Qui pourra nous dire, dans quelques années, combien aura coûté l’autoroute Est-Ouest ? Tout se passe comme si, vu que la dépense constitue “un programme de soutien à la relance”, il faut débourser. Le financement n’est plus un moyen, mais une fin.
Pendant ce temps-là, on avançait des taux de croissance record (6,8 % en 2003, dont 20% pour l’agriculture !). Depuis 2004, on reconnaît un recul constant du taux de croissance de l’industrie, malgré le soutien supposé lui offrir des débouchés supplémentaires.
Paradoxalement, dans une économie où il est question de soutien à la relance de la croissance, les crédits à l’économie baissent. Probablement parce que, effet des scandales financiers, les investisseurs ont peur d’emprunter et les banques prêtent plus difficilement.
La production stagne et l’État en finance le déficit par le truchement du taux de change administré qui s’applique aux opérations d’importation en nette augmentation en 2006. Paradoxalement, ce recours au financement du Trésor est présenté, lui aussi, comme une réalisation : on se vante de soutenir le prix du pain et du lait, malgré les hausses des cours de ces produits ; on se vante de ne pas prévoir d’augmentation à court terme des tarifs de l’eau. Devant la montée des lamentations populaires, la pomme de terre risque de connaître une immunité douanière. Le tout est de nous rassurer de cette drôle de manière dont nos dirigeants nous rassurent : l’économie ne va pas bien, le contexte est difficile, mais vous ne manquerez de rien.
Il est en fait surtout question de ne pas faire le constat qui s’impose : il n’y a pas eu de relance économique. Comme il n’a pas été fait le constat que le rythme de construction n’est pas conforme aux prévisions du million de logements, comme il n’a pas été fait le constat de l’échec sécuritaire de la réconciliation nationale, etc.
La production baisse, le niveau d’investissement baisse, les prix montent, les dépenses publiques montent aussi, en partie pour cause de soutien au prix de la nourriture importée. Le secteur de l’énergie seul nous rappelle, à l’occasion, qu’il faut s’attendre à un renchérissement prochain de l’électricité et du carburant.
Sinon, pour tout le reste, il y a le Trésor public pour couvrir l’échec et faire l’économie des bilans économiques et sociaux. En effet, un bilan est toujours politique.
Mustapha Hammouche
15 Août 2007. Liberté.

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