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Le Japon achète le monde

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    «LE japon achète le monde», titrait un essai paru en 1991 au plus fort de la «nippophobie» occidentale. Depuis l’an dernier, les Japonais repartent à l’assaut. Après les années de repli qui avaient suivi l’explosion de la bulle spéculative, les entreprises de l’Archipel multiplient les acquisitions en Europe et aux États-Unis. Selon l’agence d’information économique Thomson Financial, elles ont racheté depuis le début de l’année quelque 324 sociétés étrangères, pour la bagatelle de 18,7 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros).

    Les exemples s’enchaînent, de toutes tailles et dans tous les secteurs, depuis le rachat du géant du nucléaire Westinghouse par Toshiba à ceux, en France, de Comptoir des Cotonniers par Uniqlo, le « Gap » nippon, ou encore de l’équipementier automobile SNR par NTN. Il y a quelques jours encore, le groupe pharmaceutique Eisai a annoncé qu’il débourserait 3,9 milliards de dollars pour racheter l’américain MGI Pharma. Les Japonais n’ont jamais été de bons négociateurs, et ils paient souvent, comme au temps de la bulle, le prix fort pour leur naïveté. «Jamais Areva n’aurait payé la somme qu’a versée Toshiba pour Westinghouse», confiait Anne Lauvergeon il y a quelques mois, de passage à Tokyo.

    Trois raisons justifient cet activisme. D’abord, c’est la situation financière des entreprises. Elles engrangent depuis quelques années des bénéfices faramineux qu’elles rechignent à redistribuer à leurs actionnaires et à leurs salariés. Après avoir effacé leur endettement, elles disposent d’une assise financière solide. Et si la montagne de cash sur laquelle les groupes nippons sont souvent assis ne suffit pas, ils peuvent toujours financer leurs emplettes avec un emprunt bancaire, profitant de l’environnement de taux d’intérêt zéro qui caractérise encore l’économie nippone.

    La démographie a aussi sa part d’explication. Le vieillissement rapide de la population entraîne une baisse de la consommation de biens manufacturiers (l’automobile par exemple), et leurs producteurs cherchent un appel d’air à l’extérieur. Enfin, les patrons nippons font tous le même constat : la dette publique, colossale, obère la croissance du pays, et mieux vaut placer son argent à l’étranger avant qu’il ne soit trop tard.

    Le hic, c’est que cette tendance s’accompagne d’un verrouillage du capital des entreprises japonaises, de plus en plus paranoïaques à l’idée de devenir la proie d’un étranger. Ainsi la loi sur les fusions par échange d’actions, votée après des années de tergiversations, est-elle assortie, dans son application, de conditions si drastiques qu’elle se révèle très difficile d’application. «La crainte absolue du Japon, c’est de voir Lakshmi Mittal siéger au conseil d’administration de Nippon Steel», résume un analyste. Résultat : les investissements directs étrangers demeurent ridiculement faibles dans le pays. L’an dernier, ils ont même baissé en stocks ce pour la première fois depuis 1989.

    source : le figaro
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