Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L'inflation pousse Pékin à un sévère contrôle des prix

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L'inflation pousse Pékin à un sévère contrôle des prix

    L'approche du Nouvel An chinois, période de fête où l'on ripaille des jours entiers en famille, a incité le gouvernement à prendre des mesures plus radicales pour contrer l'inflation qui touche les produits alimentaires comme l'huile de soja, la viande de porc ou de boeuf. Ces denrées coûtent respectivement 58 %, 43 % et 46 % de plus dans le courant de ce mois par rapport à janvier 2007. Selon le livre bleu sur la société, de l'Académie des sciences sociales, publié début janvier, l'inflation est devenue la première préoccupation des Chinois en 2007, devant le creusement des inégalités de revenus et la corruption.

    La National Development and Reform Commission, l'agence de planification chinoise, a annoncé le retour à ce qui revient à un contrôle des prix temporaires sur un ensemble de produits (lait, huile, toutes les denrées à base de céréales, oeufs, etc.) puisqu'il impose aux gros producteurs et distributeurs de notifier les autorités locales de tutelle dans les 24 heures pour toute augmentation de plus 4 % en une seule fois, de 6 % sur dix jours ou de 10 % sur trente jours.

    MULTIPLICATION DE MESURES

    L'agence a aussi dressé une première liste de 12 distributeurs et producteurs chinois soumis à une surveillance particulière, puisqu'ils devront obtenir l'accord des autorités publiques concernées avant de procéder à toute hausse de prix. C'est le cas des fabricants de nouilles instantanées - dans le collimateur des autorités depuis la découverte en 2007 d'un cartel entre les producteurs - ainsi que des fabricants de produits laitiers ou d'huile de cacahouète. Si certaines denrées de base sont déjà soumises à un gel des prix agricoles depuis septembre, il s'agit cette fois de discipliner l'industrie agroalimentaire et la grande distribution de manière plus systématique.

    Que l'inflation donne lieu à de la spéculation ou à des pénuries artificielles, qui en retour conduisent à de nouvelles hausses de prix, est l'une des préoccupations majeures des autorités. Depuis juillet 2007, celles-ci multiplient les mesures pour tenter de résoudre le problème : des audits ont été lancés dans toutes les industries concernées par les augmentations de prix pour débusquer des cartels, et les gouvernements locaux. Les principaux producteurs de denrées de base, comme l'huile, ont aussi été à plusieurs reprises l'objet de directives et de convocations au sommet les incitant à plus de discipline au niveau des prix.

    Dans l'industrie porcine, où les ravages provoqués par l'épizootie d'oreille bleue sont accusés d'avoir déclenché les poussées inflationnistes actuelles, les éleveurs de porcs ont reçu des compensations. En parallèle aux mesures annoncées par l'Agence de planification, le Conseil d'Etat (gouvernement) a aussi annoncé mercredi 16 janvier des sanctions nouvelles ou plus sévères pour les sociétés ou les organisations d'industries responsables d'entente.

    Dans l'énergie, où une augmentation de 10 % des prix avait été effectuée en novembre pour tenir compte de la hausse du prix du baril, le Conseil d'Etat a confirmé l'annonce du premier ministre Wen Jiabao début janvier de procéder désormais à un gel des prix. Or, les tensions sont grandes en raison du différentiel entre les prix imposés en Chine et les cours mondiaux de l'énergie. Le gouvernement a à plusieurs reprises sermonné les grands producteurs d'Etat. Il souhaite qu'ils augmentent leur production pour faire face aux pénuries latentes dans certaines régions. C'est le cas depuis fin 2007 dans les régions du Sud-Ouest (notamment le Yunnan) pour l'essence, ainsi que dans le Sud (Canton), pour le diesel et le charbon. Cette source d'énergie est victime de régulations environnementales plus contraignantes.

    Tout un secteur informe, qui palliait jusqu'à présent aux insuffisances des fournisseurs d'Etat, est menacé. Dans un éditorial récent, le China Daily s'interroge sur la pertinence de ce contrôle des prix. Le quotidien juge en effet incompatible ce mouvement, alors que les coûts environnementaux dus à la surconsommation industrielle chinoise inquiètent.

    Brice Pedroletti (Le Monde)
Chargement...
X