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L'immobilier et la crise financière pèsent sur l'Amérique

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  • L'immobilier et la crise financière pèsent sur l'Amérique

    En cas de récession ordinaire, la marche à suivre est toujours la même. On dépoussière les ouvrages de Keynes, la Fed baisse ses taux d’intérêt, le président et le Congrès diminuent les impôts et augmentent les dépenses. Ensuite, la consommation des ménages, la production et les prêts reprennent du poil de la bête et Keynes retrouve sa place sur l’étagère.

    Mais, cette fois, l’histoire ne s’arrêtera pas là, parce que la récession qui s’annonce n’aura rien d’ordinaire. Cette fois, notre pays devra reprendre, en les modernisant, une partie des réformes imaginées par Franklin Roosevelt afin d’extirper le pays de la Grande Dépression [le New Deal, “nouvelle donne”, mis en œuvre en 1933 pour faire face à la plus grande crise économique du XXe siècle]. Non pas parce qu’il faut s’attendre à une grande dépression mais parce que nous sommes confrontés à une économie déformée par deux phénomènes que nous n’avions plus connus depuis l’époque de Roosevelt.

    Le premier est la stagnation des revenus des ménages américains ordinaires, un phénomène qui remonte aux années 1970 et que les familles américaines avaient contrecarré en envoyant les deux époux au travail et en tirant parti de la hausse de la valeur de leur maison.

    Maintenant que les prix de l’immobilier plafonnent, que tout le monde est au boulot et que les prix du gaz, de l’université et des soins de santé ne cessent d’augmenter, les consommateurs sont épuisés. Le plus inquiétant, c’est que cet effondrement du pouvoir d’achat ne fait apparemment pas partie d’un cycle. Les salaires ne bougent plus depuis un moment, la bulle immobilière ne va pas grossir de sitôt et la hausse du prix de l’essence continuera. Comme à l’époque de Roosevelt, nous avons besoin d’une politique qui permettra de doper les revenus mais aussi de trouver de nouvelles solutions pour nos besoins énergétiques. Pour remédier au problème des revenus, Roosevelt avait tablé sur le long terme avec le système des retraites par répartition, le décret Wagner (qui a permis à de nombreux travailleurs de rejoindre un syndicat) et de grands projets de travaux publics – notamment l’électrification massive de l’Amérique rurale.

    Si l’on voulait mettre en place aujourd’hui un ensemble de mesures comparables, il faudrait promulguer une loi qui permettrait aux travailleurs des secteurs des services non exportables de se regrouper en syndicats sans craindre d’être mis à la porte. Et lancer un gigantesque programme à financement fédéral afin de moderniser l’Amérique tout en créant des millions de jobs “écolos”.

    Démocrates et républicains sont aux abonnés absents


    Le second aspect de la récession actuelle, qui n’est pas sans rappeler la Grande Dépression, c’est le rôle joué par la déréglementation du secteur financier. Aujourd’hui, comme à l’époque, les fondations financières de nos banques les plus importantes et d’autres organismes de prêt se sont révélées très friables. Aujourd’hui comme alors, ce fut une surprise de taille non seulement pour les consommateurs mais aussi pour les banques. Et, comme à l’époque de Roosevelt, les banques ont créé un système financier délibérément opaque et d’une telle complexité – et ce afin de toucher de l’argent chaque fois qu’elles échangent un titre – qu’elles ont depuis longtemps perdu de vue la véritable valeur des titres négociables.
    Roosevelt, grâce au Securities and Exchange Act, avait contraint les banques à se montrer plus prudentes mais aussi plus transparentes. Ces trente dernières années, Wall Street a créé une foule de nouvelles institutions déréglementées (comme les sociétés de capital-investissement) et de moyens déréglementés (comme la revente de paquets mal ficelés de prêts immobiliers à des pôles d’investissement). Il est désormais temps de contraindre à davantage de transparence et de prudence les institutions financières, qui jouent gros avec l’argent et la vie des autres.

    Quand il s’agit de remettre Wall Street au pas, les démocrates sont aux abonnés absents, tout comme les républicains – notamment parce que leurs candidats à la présidentielle reçoivent beaucoup d’argent de Wall Street. En refusant de s’attaquer à cette institution, ils abandonnent un thème qui pourrait pourtant s’avérer précieux cet automne et ils font le lit d’une nouvelle récession.

    Par Harold Meyerson The Washington Post, Courrier international
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