Le géant américain de la carte de crédit va tenter de lever jusqu'à 19 milliards de dollars. A elle seule, cette introduction en Bourse rapporterait pratiquement autant que le total des deux précédentes, celle de l'opérateur AT&T Wireless en 2000 et celle du géant de l'agroalimentaire Kraft Foods en 2001. Le contexte actuel n'est cependant guère porteur.
DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.
Visa ne renonce pas. En dépit de la crise boursière et de perspectives économiques sombres risquant de peser sur son activité, le géant de la carte de crédit a confirmé hier qu'il avait bien l'intention de s'introduire en Bourse. Si elle se confirme, son introduction sera de loin la plus importante de toute l'histoire des Etats-Unis puisque la firme de San Francisco pourrait lever près de 19 milliards de dollars. A elle seule, l'opération rapporterait ainsi pratiquement autant que le total des deux précédentes introductions record, celle de l'opérateur mobile AT&T Wireless (10,6 milliards de dollars en 2000) et celle du géant de l'agroalimentaire Kraft Foods (8,7 milliards de dollars en 2001). Seules les introductions de la banque chinoise ICBC et de l'opérateur cellulaire japonais NTT DoCoMo ont été plus importantes à l'échelle mondiale.
Le groupe, qui propose d'introduire un peu plus de la moitié de son capital, vendra 406 millions d'actions dans une fourchette de prix comprise entre 37 et 42 dollars. Au prix moyen de 39,5 dollars, Visa lèverait déjà plus de 15 milliards de dollars. Mais le groupe, qui se réserve le droit de vendre 40,6 millions d'actions supplémentaires en cas de forte demande, pourrait lever jusqu'à 18,8 milliards de dollars si l'opération est sursouscrite au prix maximum de 42 dollars.
Dans le contexte actuel, l'introduction en Bourse de Visa a néanmoins des allures de triple pari. Sur un plan boursier, cet appel au marché intervient alors que le nombre des introductions a été divisé par trois depuis le début de l'année aux Etats-Unis. En cette fin février, seules 9 IPO n'ayant levé que 1,1 milliard de dollars ont animé le marché new-yorkais, contre 27 - ayant levé 6,3 milliards - l'an dernier à la même période, souligne Thomson Financial. « L'introduction de Visa pourrait représenter à elle seule près de 40 % de l'ensemble des 41 milliards de dollars levés l'an dernier avec l'introduction en Bourse de 210 entreprises aux Etats-Unis », fait observer Rich Peterson, directeur de la recherche chez Thomson.
Au-delà du peu d'appétit des investisseurs, Visa cumule en plus un handicap particulier puisqu'il sera l'un des poids lourds d'un secteur financier parmi les plus pénalisés en Bourse (- 15,2 % sur un an pour les valeurs financières, contre - 6% pour l'indice S&P 500). Enfin, à l'heure où la crise de l'immobilier et le ralentissement de l'activité économique pèsent sur les ménages, Visa risque de devoir faire face à une augmentation du nombre des mauvais payeurs cette année.
Le précédent MasterCard
Sur le mois de décembre, Moody's souligne que le taux de défaut de paiement est passé de 3,8 % en 2006 à 4,33 % en 2007 pour l'ensemble des émetteurs américains. Si, à moyen-long terme, le plastique ne devrait cesser de gagner des parts de marché face au chèque et au cash, à court terme, Visa pourrait être atteint par un ralentissement de l'économie sur son marché domestique. En dépit de ce contexte défavorable, Visa a au moins deux bonnes raisons de partir à l'assaut de la Bourse. L'introduction de son concurrent MasterCard a prouvé que le marché savait récompenser les groupes de cartes de crédit. Même s'il a vu son cours de Bourse chuter de 6,7 % depuis le début de l'année, ce concurrent, réalisant près de deux fois moins de transactions que Visa, a tout de même vu sa capitalisation boursière bondir de plus de 350 % depuis 2006. D'autre part, l'introduction en Bourse permettra à Visa de mettre de côté jusqu'à 3 milliards de dollars de réserves financières pour faire face aux coûts potentiels des différents procès intentés à l'encontre de ce géant, attaqué devant les tribunaux américains et européens.
Visa Europe, qui bénéficie d'une licence Visa et qui restera organisé sous une forme associative indépendante, détiendra une participation minoritaire dans la maison mère Visa. Une participation ayant d'ailleurs vocation à être cédée. La date exacte de l'introduction en Bourse n'est cependant pas encore publique.
DAVID BARR.
Sources:lesechos.fr.
DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.
Visa ne renonce pas. En dépit de la crise boursière et de perspectives économiques sombres risquant de peser sur son activité, le géant de la carte de crédit a confirmé hier qu'il avait bien l'intention de s'introduire en Bourse. Si elle se confirme, son introduction sera de loin la plus importante de toute l'histoire des Etats-Unis puisque la firme de San Francisco pourrait lever près de 19 milliards de dollars. A elle seule, l'opération rapporterait ainsi pratiquement autant que le total des deux précédentes introductions record, celle de l'opérateur mobile AT&T Wireless (10,6 milliards de dollars en 2000) et celle du géant de l'agroalimentaire Kraft Foods (8,7 milliards de dollars en 2001). Seules les introductions de la banque chinoise ICBC et de l'opérateur cellulaire japonais NTT DoCoMo ont été plus importantes à l'échelle mondiale.
Le groupe, qui propose d'introduire un peu plus de la moitié de son capital, vendra 406 millions d'actions dans une fourchette de prix comprise entre 37 et 42 dollars. Au prix moyen de 39,5 dollars, Visa lèverait déjà plus de 15 milliards de dollars. Mais le groupe, qui se réserve le droit de vendre 40,6 millions d'actions supplémentaires en cas de forte demande, pourrait lever jusqu'à 18,8 milliards de dollars si l'opération est sursouscrite au prix maximum de 42 dollars.
Dans le contexte actuel, l'introduction en Bourse de Visa a néanmoins des allures de triple pari. Sur un plan boursier, cet appel au marché intervient alors que le nombre des introductions a été divisé par trois depuis le début de l'année aux Etats-Unis. En cette fin février, seules 9 IPO n'ayant levé que 1,1 milliard de dollars ont animé le marché new-yorkais, contre 27 - ayant levé 6,3 milliards - l'an dernier à la même période, souligne Thomson Financial. « L'introduction de Visa pourrait représenter à elle seule près de 40 % de l'ensemble des 41 milliards de dollars levés l'an dernier avec l'introduction en Bourse de 210 entreprises aux Etats-Unis », fait observer Rich Peterson, directeur de la recherche chez Thomson.
Au-delà du peu d'appétit des investisseurs, Visa cumule en plus un handicap particulier puisqu'il sera l'un des poids lourds d'un secteur financier parmi les plus pénalisés en Bourse (- 15,2 % sur un an pour les valeurs financières, contre - 6% pour l'indice S&P 500). Enfin, à l'heure où la crise de l'immobilier et le ralentissement de l'activité économique pèsent sur les ménages, Visa risque de devoir faire face à une augmentation du nombre des mauvais payeurs cette année.
Le précédent MasterCard
Sur le mois de décembre, Moody's souligne que le taux de défaut de paiement est passé de 3,8 % en 2006 à 4,33 % en 2007 pour l'ensemble des émetteurs américains. Si, à moyen-long terme, le plastique ne devrait cesser de gagner des parts de marché face au chèque et au cash, à court terme, Visa pourrait être atteint par un ralentissement de l'économie sur son marché domestique. En dépit de ce contexte défavorable, Visa a au moins deux bonnes raisons de partir à l'assaut de la Bourse. L'introduction de son concurrent MasterCard a prouvé que le marché savait récompenser les groupes de cartes de crédit. Même s'il a vu son cours de Bourse chuter de 6,7 % depuis le début de l'année, ce concurrent, réalisant près de deux fois moins de transactions que Visa, a tout de même vu sa capitalisation boursière bondir de plus de 350 % depuis 2006. D'autre part, l'introduction en Bourse permettra à Visa de mettre de côté jusqu'à 3 milliards de dollars de réserves financières pour faire face aux coûts potentiels des différents procès intentés à l'encontre de ce géant, attaqué devant les tribunaux américains et européens.
Visa Europe, qui bénéficie d'une licence Visa et qui restera organisé sous une forme associative indépendante, détiendra une participation minoritaire dans la maison mère Visa. Une participation ayant d'ailleurs vocation à être cédée. La date exacte de l'introduction en Bourse n'est cependant pas encore publique.
DAVID BARR.
Sources:lesechos.fr.
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