"Le dollar, c'est notre monnaie et votre problème" : cette célèbre phrase, prononcée en 1971 par John Bowden Connally, alors secrétaire au Trésor de l'administration Nixon, n'est plus vraiment de mise aujourd'hui. La baisse continue du billet vert depuis 2002 est devenue un sujet d'inquiétude et de polémique aux Etats-Unis.
La monnaie américaine est au plus bas depuis 35 ans face à la plupart des autres devises. Elle est tombée, le 17 mars, à 1,59 dollar face à l'euro et de nombreux cambistes pronostiquent un nouveau recul jusqu'à 1,70 ou 1,75 dollar.
Cette défiance à l'égard du billet vert est perçue aux Etats-Unis à la fois comme le signe de la perte de puissance économique et financière du pays et la conséquence d'erreurs politiques et monétaires commises au cours des dernières années. "A un certain degré, les malheurs du dollar reflètent le verdict collectif du reste monde sur la capacité des Etats-Unis à gérer le système financier et la première économie de la planète", affirme le chroniqueur Daniel Gross. "La force du dollar est une bonne mesure de la confiance dans l'économie américaine", ajoute Ashraf Laidi, stratège monétaire de CMC Markets.
Certains experts estiment qu'il sera impossible de restaurer pleinement la confiance dans les marchés financiers américains sans montrer une réelle volonté d'enrayer la baisse du dollar.
"APPAUVRISSEMENT"
"La crise de liquidité et la stabilité du dollar sont liées. La distribution massive de crédit depuis 2002 ne se serait jamais produite si la Réserve fédérale (Fed) avait eu pour objectif sa stabilité", écrit dans le Wall Street Journal du 19 mars Reuven Brenner, universitaire et consultant. "La crise nous ramène aux principes de base. La destruction de richesse par la dévaluation des devises crée occasionnellement de l'emploi, mais elle est le signe de l'appauvrissement, pas de la prospérité", ajoute-t-il.
Parce qu'un dollar faible permet de soutenir l'activité, de doper les exportations et de contenir le déficit commercial et parce que, jusqu'en 2007, le billet vert a surtout perdu du terrain face à l'euro et peu face au yuan chinois et au yen japonais, l'administration Bush et la Fed y ont longtemps prêté peu d'attention.
En dépit des discours automatiques à Washington sur la volonté de soutenir un "dollar fort", sa faiblesse était en fait considérée comme un atout. Aujourd'hui, le sentiment est plus nuancé car la baisse du billet vert se traduit par une envolée des prix et une ponction sur le pouvoir d'achat des Américains.
Pour Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international et professeur à l'université de Harvard, la poursuite de l'affaiblissement du dollar est inéluctable "et pour des années". C'est un des seuls moyens de gommer, en partie, les conséquences de la crise et de rétablir les déséquilibres extérieurs du pays.
Un dollar faible rééquilibre mécaniquement les comptes extérieurs en dopant les exportations et en appauvrissant les Américains qui peuvent moins acheter de biens importés. "Nous avons longtemps dépensé plus que nous produisions et cela ne peut durer éternellement", expliquait le 18 mars à la télévision Paul Volcker, ancien président de la Fed.
Par le Monde
La monnaie américaine est au plus bas depuis 35 ans face à la plupart des autres devises. Elle est tombée, le 17 mars, à 1,59 dollar face à l'euro et de nombreux cambistes pronostiquent un nouveau recul jusqu'à 1,70 ou 1,75 dollar.
Cette défiance à l'égard du billet vert est perçue aux Etats-Unis à la fois comme le signe de la perte de puissance économique et financière du pays et la conséquence d'erreurs politiques et monétaires commises au cours des dernières années. "A un certain degré, les malheurs du dollar reflètent le verdict collectif du reste monde sur la capacité des Etats-Unis à gérer le système financier et la première économie de la planète", affirme le chroniqueur Daniel Gross. "La force du dollar est une bonne mesure de la confiance dans l'économie américaine", ajoute Ashraf Laidi, stratège monétaire de CMC Markets.
Certains experts estiment qu'il sera impossible de restaurer pleinement la confiance dans les marchés financiers américains sans montrer une réelle volonté d'enrayer la baisse du dollar.
"APPAUVRISSEMENT"
"La crise de liquidité et la stabilité du dollar sont liées. La distribution massive de crédit depuis 2002 ne se serait jamais produite si la Réserve fédérale (Fed) avait eu pour objectif sa stabilité", écrit dans le Wall Street Journal du 19 mars Reuven Brenner, universitaire et consultant. "La crise nous ramène aux principes de base. La destruction de richesse par la dévaluation des devises crée occasionnellement de l'emploi, mais elle est le signe de l'appauvrissement, pas de la prospérité", ajoute-t-il.
Parce qu'un dollar faible permet de soutenir l'activité, de doper les exportations et de contenir le déficit commercial et parce que, jusqu'en 2007, le billet vert a surtout perdu du terrain face à l'euro et peu face au yuan chinois et au yen japonais, l'administration Bush et la Fed y ont longtemps prêté peu d'attention.
En dépit des discours automatiques à Washington sur la volonté de soutenir un "dollar fort", sa faiblesse était en fait considérée comme un atout. Aujourd'hui, le sentiment est plus nuancé car la baisse du billet vert se traduit par une envolée des prix et une ponction sur le pouvoir d'achat des Américains.
Pour Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international et professeur à l'université de Harvard, la poursuite de l'affaiblissement du dollar est inéluctable "et pour des années". C'est un des seuls moyens de gommer, en partie, les conséquences de la crise et de rétablir les déséquilibres extérieurs du pays.
Un dollar faible rééquilibre mécaniquement les comptes extérieurs en dopant les exportations et en appauvrissant les Américains qui peuvent moins acheter de biens importés. "Nous avons longtemps dépensé plus que nous produisions et cela ne peut durer éternellement", expliquait le 18 mars à la télévision Paul Volcker, ancien président de la Fed.
Par le Monde
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