Zones industrielles: Que c’est loin Emergence! · Enormes disparités entre la vision de Rabat et les sites industriels
· Quand Tanger devient une «menace»!
· Reconfiguration tous azimuts
NOS zones industrielles (ZI) ont besoin d’une thérapie de choc. Du foncier aux infrastructures, voire le délabrement et l’enclavement en passant par le mode de gestion… les déficiences sont nombreuses. A titre d’exemple, Settat accuse le plus fort taux de mortalité avec un nombre très inquiétant d’usines en friche; Casablanca pâtit du délabrement et de l’éparpillement; Berrechid est au bord de l’asphyxie, faute de foncier… Sans oublier les rejets industriels, les problèmes de transport, de logistique, d’assainissement, d’éclairage, l’insécurité… malgré les actions de réhabilitation inachevées entreprises ça et là, les maux restent nombreux.
La concurrence du made in China n’arrange pas non plus la situation. Dans pratiquement chaque site, des textiliens ont fermé ou se sont résignés à se convertir à cause de la concurrence livrée par l’usine du monde, la Chine.
Aussi en termes de gestion, l’héritage des ZI est lourd. L’intérêt politique l’emportait souvent sur l’économique dans des zones de fait et non de droit. Ce qui explique le modèle de gestion archaïque légué par des conseils municipaux, des chambres de commerce et des communes qui n’ont pas la réactivité et la visibilité requises. Aujourd’hui, des associations d’industriels, des institutionnels et des privés se refilent tant bien que mal la patate chaude. A l’exception du modèle tangérois, plus attractif et doté d’infrastructures de base des plus modernes, ou encore quelques success stories qui relèvent d’initiatives privées à l’instar des technoparcs de la CDG ou du parc industriel de la CFCIM à Bouskoura… difficile de trouver un site sans contraintes. Contre toute attente, ces derniers mois, forte de ses atouts, Tanger devient plus une «menace» qu’une opportunité pour le reste des sites industriels dans le sens classique du terme. Ses nombreuses incitations font indubitablement de plus en plus de l’ombre aux autres zones. Un constat enclenché, dit-on, depuis la mise en service du port de TangerMed et de la zone franche. Du coup, sans hésitation, les nouveaux entrants préfèrent s’installer ailleurs, dans la capitale du détroit.
Aux nouveaux investissements, s’ajoutent des délocalisations d’une zone à l’autre. Plusieurs enseignes quittent Settat, Berrechid ou même Bernoussi pour aller… à Tanger, encore elle, parfois sous une autre enseigne. C’est le cas notamment de Delphi, un fleuron de l’industrie automobile qui opérait auparavant dans la région de Settat.
Pour les besoins d’une enquête, L’Economiste s’est rendu dans les principales ZI localisées dans le triangle le plus dynamique de l’industrie nationale: Casa-Mohammédia, Berrechid-Settat et El Jadida-Jorf Lasfar. Le constat est parfois inquiétant: pratiquement toutes les zones visitées se plaignent déjà de ce qui est communément appelé «la menace de Tanger». A cette problématique récurrente, s’ajoute une autre plus complexe inhérente à la politique industrielle.
La nouvelle vision implique une mise à niveau industrielle in situ. Celle-ci est surtout dictée par des impératifs de convergence avec les différentes stratégies (plan Emergence, Envol, offshoring…).
Ce qui implique une réorientation vers la satisfaction des nouveaux besoins d’investissement, des industries moins polluantes, moins lourdes…
Or, dans les différentes zones visitées, l’on est encore loin de la nouvelle vision. Le constat aujourd’hui est que les zones, créées durant les 10 dernières années, ne correspondaient plus aux nouveaux besoins. «La majorité des installations, aménagements aussi bien du privé que du public, s’est soldée par des échecs cuisants en termes de gestion d’espaces et d’infrastructures», déduit un consultant au CRI de Casablanca.
Par ailleurs, de nombreux observateurs, industriels et institutionnels sont très sceptiques quant à la convergence entre les décisions centrales de Rabat (stratégies ministérielles) et la réalité sur le terrain. «On est à des années lumière des recommandations du plan Emergence», renchérit-on dans différentes zones.
Une enquête récente de la Banque mondiale le confirme aussi. Portant sur le climat de l’investissement en général auprès d’un échantillon de 465 manufactures, les résultats de l’étude sont effarants: «39% des entrepreneurs marocains estiment que l’accès à un site industriel représente un obstacle majeur pour le développement de leur entreprise».
Autres contraintes non moins importantes face à l’acte d’investir: l’accès au financement, le taux d’imposition, l’informel, la corruption, le coût de l’énergie, les spéculations foncières…
Comparée à d’autres pays, la situation sur le climat de l’investissement au Maroc est jugée «particulièrement préoccupante!» Ainsi, dans un groupe de 47 pays où des enquêtes similaires ont été menées, «le Maroc figure parmi ceux où la proportion des contraintes est des plus élevées».
L’omniprésence de l’Etat devient une contrainte face à une offre privée très limitée. Bien que subventionnée, l’offre publique lorsqu’elle existe ne répond pas aux besoins des investisseurs. En plus, la configuration des zones à grande échelle ne répond pas aux besoins. «C’est un schéma assez rigide dans l’ensemble», révèle l’étude. En même temps, le Maroc d’aujourd’hui s’inscrit dans une politique d’ouverture tous azimuts et une stratégie industrielle qui lui dicte une harmonisation sur le terrain de ses zones industrielles. La priorité des priorités aujourd’hui est de trouver des terrains, voire identifier de nouveaux sites susceptibles de répondre aux nouveaux besoins.
Evidemment, en parallèle, il va falloir créer de l’emploi et mener une politique d’investissement attractive. Pour commencer, des spécialistes recommandent de revoir la gestion des zones industrielles, voire réhabiliter ces sites productifs de valeur ajoutée en les reconfigurant dans des pôles régionaux avec des spécifications géograph
L'economiste
· Quand Tanger devient une «menace»!
· Reconfiguration tous azimuts
NOS zones industrielles (ZI) ont besoin d’une thérapie de choc. Du foncier aux infrastructures, voire le délabrement et l’enclavement en passant par le mode de gestion… les déficiences sont nombreuses. A titre d’exemple, Settat accuse le plus fort taux de mortalité avec un nombre très inquiétant d’usines en friche; Casablanca pâtit du délabrement et de l’éparpillement; Berrechid est au bord de l’asphyxie, faute de foncier… Sans oublier les rejets industriels, les problèmes de transport, de logistique, d’assainissement, d’éclairage, l’insécurité… malgré les actions de réhabilitation inachevées entreprises ça et là, les maux restent nombreux.
La concurrence du made in China n’arrange pas non plus la situation. Dans pratiquement chaque site, des textiliens ont fermé ou se sont résignés à se convertir à cause de la concurrence livrée par l’usine du monde, la Chine.
Aussi en termes de gestion, l’héritage des ZI est lourd. L’intérêt politique l’emportait souvent sur l’économique dans des zones de fait et non de droit. Ce qui explique le modèle de gestion archaïque légué par des conseils municipaux, des chambres de commerce et des communes qui n’ont pas la réactivité et la visibilité requises. Aujourd’hui, des associations d’industriels, des institutionnels et des privés se refilent tant bien que mal la patate chaude. A l’exception du modèle tangérois, plus attractif et doté d’infrastructures de base des plus modernes, ou encore quelques success stories qui relèvent d’initiatives privées à l’instar des technoparcs de la CDG ou du parc industriel de la CFCIM à Bouskoura… difficile de trouver un site sans contraintes. Contre toute attente, ces derniers mois, forte de ses atouts, Tanger devient plus une «menace» qu’une opportunité pour le reste des sites industriels dans le sens classique du terme. Ses nombreuses incitations font indubitablement de plus en plus de l’ombre aux autres zones. Un constat enclenché, dit-on, depuis la mise en service du port de TangerMed et de la zone franche. Du coup, sans hésitation, les nouveaux entrants préfèrent s’installer ailleurs, dans la capitale du détroit.
Aux nouveaux investissements, s’ajoutent des délocalisations d’une zone à l’autre. Plusieurs enseignes quittent Settat, Berrechid ou même Bernoussi pour aller… à Tanger, encore elle, parfois sous une autre enseigne. C’est le cas notamment de Delphi, un fleuron de l’industrie automobile qui opérait auparavant dans la région de Settat.
Pour les besoins d’une enquête, L’Economiste s’est rendu dans les principales ZI localisées dans le triangle le plus dynamique de l’industrie nationale: Casa-Mohammédia, Berrechid-Settat et El Jadida-Jorf Lasfar. Le constat est parfois inquiétant: pratiquement toutes les zones visitées se plaignent déjà de ce qui est communément appelé «la menace de Tanger». A cette problématique récurrente, s’ajoute une autre plus complexe inhérente à la politique industrielle.
La nouvelle vision implique une mise à niveau industrielle in situ. Celle-ci est surtout dictée par des impératifs de convergence avec les différentes stratégies (plan Emergence, Envol, offshoring…).
Ce qui implique une réorientation vers la satisfaction des nouveaux besoins d’investissement, des industries moins polluantes, moins lourdes…
Or, dans les différentes zones visitées, l’on est encore loin de la nouvelle vision. Le constat aujourd’hui est que les zones, créées durant les 10 dernières années, ne correspondaient plus aux nouveaux besoins. «La majorité des installations, aménagements aussi bien du privé que du public, s’est soldée par des échecs cuisants en termes de gestion d’espaces et d’infrastructures», déduit un consultant au CRI de Casablanca.
Par ailleurs, de nombreux observateurs, industriels et institutionnels sont très sceptiques quant à la convergence entre les décisions centrales de Rabat (stratégies ministérielles) et la réalité sur le terrain. «On est à des années lumière des recommandations du plan Emergence», renchérit-on dans différentes zones.
Une enquête récente de la Banque mondiale le confirme aussi. Portant sur le climat de l’investissement en général auprès d’un échantillon de 465 manufactures, les résultats de l’étude sont effarants: «39% des entrepreneurs marocains estiment que l’accès à un site industriel représente un obstacle majeur pour le développement de leur entreprise».
Autres contraintes non moins importantes face à l’acte d’investir: l’accès au financement, le taux d’imposition, l’informel, la corruption, le coût de l’énergie, les spéculations foncières…
Comparée à d’autres pays, la situation sur le climat de l’investissement au Maroc est jugée «particulièrement préoccupante!» Ainsi, dans un groupe de 47 pays où des enquêtes similaires ont été menées, «le Maroc figure parmi ceux où la proportion des contraintes est des plus élevées».
L’omniprésence de l’Etat devient une contrainte face à une offre privée très limitée. Bien que subventionnée, l’offre publique lorsqu’elle existe ne répond pas aux besoins des investisseurs. En plus, la configuration des zones à grande échelle ne répond pas aux besoins. «C’est un schéma assez rigide dans l’ensemble», révèle l’étude. En même temps, le Maroc d’aujourd’hui s’inscrit dans une politique d’ouverture tous azimuts et une stratégie industrielle qui lui dicte une harmonisation sur le terrain de ses zones industrielles. La priorité des priorités aujourd’hui est de trouver des terrains, voire identifier de nouveaux sites susceptibles de répondre aux nouveaux besoins.
Evidemment, en parallèle, il va falloir créer de l’emploi et mener une politique d’investissement attractive. Pour commencer, des spécialistes recommandent de revoir la gestion des zones industrielles, voire réhabiliter ces sites productifs de valeur ajoutée en les reconfigurant dans des pôles régionaux avec des spécifications géograph
L'economiste
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