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Sahara algérien : Djanet, la réouverture programmée du grand sud
© Jean-Marc Porte
Par Jean-Marc Porte Trek Magazine
Publié le 20 octobre 2022 à 21:04
14 ans de zone rouge effacés en une semaine. À bien des égards, le Sud algérien, destination historique du tourisme saharien en France, vient de vivre un retournement majeur de sa (longue) histoire. Une nouvelle aussi retentissante qu’heureuse, à marquer d’une pierre blanche dans le monde du trek et du voyage…
Le sud et le grand sud algérien « dans le rouge » des cartes du quai d’Orsay, c’est terminé. Le verrou, aussi total qu’injustifié aux yeux de nombreux acteurs, a sauté très exactement ce 12 octobre dernier, après 14 ans de maintien pur et dur. Une révolution, version simple : sur les cartes « sécurité du voyageur » du ministère des Affaires étrangères, les points d’accès aériens de Tamanrasset et de Djanet, les deux portes d’entrées incontournables -entre autres zones- des univers passablement sidérants des tassilis du Hoggar et des tassilis N’Ajjer, ont basculé respectivement en jaune et orange. Périmant d’un coup toutes les réserves et déprogrammations actuelles (lire plus bas) des agences françaises sur le Sahara algérien…
Air Algérie : des vols directs sur Djanet
Bluffant, ou inattendu, côté ministère français tout autant que du côté des ministères et de l’administration algérienne ? La nouvelle est officielle elle aussi, suffisamment pour être reprise par les médias d’Alger depuis mi-octobre : cet hiver, la compagnie nationale Air Algérie proposera, à partir du 17 décembre prochain, des vols hebdomadaires sans escale Orly/Djanet. Les slots parisiens (droits d’usage) de la compagnie sont déjà réservés : vols aller le samedi – 22 h/retour le dimanche- 8 h, pour un vol de nuit de 2800 km qui renoue avec la possibilité, pour les voyageurs, de rejoindre le grand sud depuis Paris en moins de 5 heures de vol.
Ce double mouvement s’inscrit sur fond d’une période de normalisation importante entre la France et l’Algérie ? Les observateurs attentifs retiendront que ces modifications « touristiques » coïncident avec une succession de visites françaises au plus haut niveau (Président, puis Première ministre…) à Alger, portant en toile de fond sur l’augmentation des livraisons de gaz à la France. Les voyageurs retiendront, surtout, comme si deux bonnes nouvelles ne suffisaient pas, que les demandes de visas, pour ces vols directs, font aussi partie de cette embellie soudaine : un traitement rapide (8 jours) dans les dix-huit consulats généraux et consulat algériens en France semble acquis…
Agences : l’effervescence ?
© Jean-Marc Porte
Des cartes/des mondes redevenues enfin fréquentables. Des vols directs et des visas. Que reste-t-il au Sud algérien et à ses splendeurs pour renouer avec les très grandes heures des années 80/2000 ? La programmation des agences.
Là, avec ou sans surprise : à l’heure où nous postons ces lignes, 8 jours n’ont pas été suffisants (!) pour que ressuscitent des cartons de bien des agences « historiques » voir « pionnières » de l’immense sud algérien, la mémoire des circuits, des massifs, des itinéraires délaissés/oubliés, sauf à de rares exceptions, depuis plus d’une décennie. Pour les curieux, l’exercice express ne manque pas d’intérêt : le simple survol de « l’offre » toujours présente sur le web, vue de loin, en dit long sur l’oubli total ou partiel du Sahara. Itinéraires en cours de programmation. 0 voyage d’aventure en Algérie. Dates de départ pour la prochaine saison en cours de publication. S’il est à l’heure actuelle trop tôt pour évoquer un état des lieux qui sera probablement fort différent dans quelques semaines, deux séries d’observations sont déjà possibles :
Le grand retour à Djanet
La coopérative de voyageurs Point Afrique et Maurice Freund ont été les premiers, épaulés et suivis par la direction du groupe Voyageur du Monde (Terres d’Aventure, Allibert, Nomade Aventure, la Balaguère…) à s’engager sur les allotements du vol direct d’Air Algérie. Le site de Point Afrique affiche d’ores et déjà la vente de 6 circuits à partir de Djanet (Essendiléne, Tadrart, Adjers...). Les sites des marques de VDM ne devraient pas tarder à s’actualiser pour reprogrammer rapidement, eux aussi, des circuits, dans le fil d’un Tweet enthousiaste de Jean François Rial, PDG du groupe : « Immense nouvelle (…) c’est le choc émotionnel, esthétique et spirituel que j’ai vécu là-bas qui m’a fait devenir voyagiste… ».
Dans ce redéploiement in progress, des agences comme Horizons Nomades ou Tamera/Secret Planet, qui ont maintenu, de manière presque confidentielle et contre vent et marrées, des départs et des groupes sur Djanet durant les années « rouges », devraient logiquement updater l’aérien et l’offre de leurs circuits en place, avec pour (bon) point supplémentaire une réelle continuité… avec leurs partenaires locaux.
Hoggar : un bémol au bonheur...
Second point : si l’oasis de Djanet, ouvrant aux grands secteurs d’Essendilène, de la Tadrart et des plateaux des Tassili N'Ajjer, en zone orange, à été choisie pour cette reprise des vols directs, Tamanrasset, malgré des cartes en jaune, reste assez paradoxalement, pour l’instant, « fermé » aux voyages sahariens classiques. Selon nos sources locales, loin des horizons des tassilis du Hoggar, de la Tefedest, du Djado ou du Ténéré, seuls les secteurs de l’Assekrem (Hermitage de Charles de Foucauld) reçoivent des voyageurs étrangers, et ce sous escorte, à l’heure actuelle...
Vers de nouveaux horizons algériens ?
© Jean-Marc Porte
Ce changement de cap, plus qu’heureux pour tous les connaisseurs du grand sud (et ses futurs connaisseurs...) est plus qu’à saluer ? Il normalise au passage, et espérons-le pour longtemps, un point majeur : la réalité sécuritaire de l’Algérie, dont le seul épisode dramatique impliquant un ressortissant français remonte à l’assassinat d’Hervé Gourdel, en 2014, dans le nord du pays (Djurdjura).
Ce bouleversement récent des cartes, qui ne touche d’ailleurs pas que le sud (Alger, et Oran sont en « vert » désormais…) est, quelles qu’en soient les analyses prudentes issues du passé, une ouverture et un « signal fort » envers un immense pays. Où voyager, de ses rives méditerranéennes au grand Sahara, pourrait / devrait être une simple, magnifique et profonde… évidence.
© Jean-Marc Porte
Par Jean-Marc Porte Trek Magazine
Publié le 20 octobre 2022 à 21:04
14 ans de zone rouge effacés en une semaine. À bien des égards, le Sud algérien, destination historique du tourisme saharien en France, vient de vivre un retournement majeur de sa (longue) histoire. Une nouvelle aussi retentissante qu’heureuse, à marquer d’une pierre blanche dans le monde du trek et du voyage…
Le sud et le grand sud algérien « dans le rouge » des cartes du quai d’Orsay, c’est terminé. Le verrou, aussi total qu’injustifié aux yeux de nombreux acteurs, a sauté très exactement ce 12 octobre dernier, après 14 ans de maintien pur et dur. Une révolution, version simple : sur les cartes « sécurité du voyageur » du ministère des Affaires étrangères, les points d’accès aériens de Tamanrasset et de Djanet, les deux portes d’entrées incontournables -entre autres zones- des univers passablement sidérants des tassilis du Hoggar et des tassilis N’Ajjer, ont basculé respectivement en jaune et orange. Périmant d’un coup toutes les réserves et déprogrammations actuelles (lire plus bas) des agences françaises sur le Sahara algérien…
Air Algérie : des vols directs sur Djanet
Bluffant, ou inattendu, côté ministère français tout autant que du côté des ministères et de l’administration algérienne ? La nouvelle est officielle elle aussi, suffisamment pour être reprise par les médias d’Alger depuis mi-octobre : cet hiver, la compagnie nationale Air Algérie proposera, à partir du 17 décembre prochain, des vols hebdomadaires sans escale Orly/Djanet. Les slots parisiens (droits d’usage) de la compagnie sont déjà réservés : vols aller le samedi – 22 h/retour le dimanche- 8 h, pour un vol de nuit de 2800 km qui renoue avec la possibilité, pour les voyageurs, de rejoindre le grand sud depuis Paris en moins de 5 heures de vol.
Ce double mouvement s’inscrit sur fond d’une période de normalisation importante entre la France et l’Algérie ? Les observateurs attentifs retiendront que ces modifications « touristiques » coïncident avec une succession de visites françaises au plus haut niveau (Président, puis Première ministre…) à Alger, portant en toile de fond sur l’augmentation des livraisons de gaz à la France. Les voyageurs retiendront, surtout, comme si deux bonnes nouvelles ne suffisaient pas, que les demandes de visas, pour ces vols directs, font aussi partie de cette embellie soudaine : un traitement rapide (8 jours) dans les dix-huit consulats généraux et consulat algériens en France semble acquis…
Agences : l’effervescence ?
© Jean-Marc Porte
Des cartes/des mondes redevenues enfin fréquentables. Des vols directs et des visas. Que reste-t-il au Sud algérien et à ses splendeurs pour renouer avec les très grandes heures des années 80/2000 ? La programmation des agences.
Là, avec ou sans surprise : à l’heure où nous postons ces lignes, 8 jours n’ont pas été suffisants (!) pour que ressuscitent des cartons de bien des agences « historiques » voir « pionnières » de l’immense sud algérien, la mémoire des circuits, des massifs, des itinéraires délaissés/oubliés, sauf à de rares exceptions, depuis plus d’une décennie. Pour les curieux, l’exercice express ne manque pas d’intérêt : le simple survol de « l’offre » toujours présente sur le web, vue de loin, en dit long sur l’oubli total ou partiel du Sahara. Itinéraires en cours de programmation. 0 voyage d’aventure en Algérie. Dates de départ pour la prochaine saison en cours de publication. S’il est à l’heure actuelle trop tôt pour évoquer un état des lieux qui sera probablement fort différent dans quelques semaines, deux séries d’observations sont déjà possibles :
Le grand retour à Djanet
La coopérative de voyageurs Point Afrique et Maurice Freund ont été les premiers, épaulés et suivis par la direction du groupe Voyageur du Monde (Terres d’Aventure, Allibert, Nomade Aventure, la Balaguère…) à s’engager sur les allotements du vol direct d’Air Algérie. Le site de Point Afrique affiche d’ores et déjà la vente de 6 circuits à partir de Djanet (Essendiléne, Tadrart, Adjers...). Les sites des marques de VDM ne devraient pas tarder à s’actualiser pour reprogrammer rapidement, eux aussi, des circuits, dans le fil d’un Tweet enthousiaste de Jean François Rial, PDG du groupe : « Immense nouvelle (…) c’est le choc émotionnel, esthétique et spirituel que j’ai vécu là-bas qui m’a fait devenir voyagiste… ».
Dans ce redéploiement in progress, des agences comme Horizons Nomades ou Tamera/Secret Planet, qui ont maintenu, de manière presque confidentielle et contre vent et marrées, des départs et des groupes sur Djanet durant les années « rouges », devraient logiquement updater l’aérien et l’offre de leurs circuits en place, avec pour (bon) point supplémentaire une réelle continuité… avec leurs partenaires locaux.
Hoggar : un bémol au bonheur...
Second point : si l’oasis de Djanet, ouvrant aux grands secteurs d’Essendilène, de la Tadrart et des plateaux des Tassili N'Ajjer, en zone orange, à été choisie pour cette reprise des vols directs, Tamanrasset, malgré des cartes en jaune, reste assez paradoxalement, pour l’instant, « fermé » aux voyages sahariens classiques. Selon nos sources locales, loin des horizons des tassilis du Hoggar, de la Tefedest, du Djado ou du Ténéré, seuls les secteurs de l’Assekrem (Hermitage de Charles de Foucauld) reçoivent des voyageurs étrangers, et ce sous escorte, à l’heure actuelle...
Vers de nouveaux horizons algériens ?
© Jean-Marc Porte
Ce changement de cap, plus qu’heureux pour tous les connaisseurs du grand sud (et ses futurs connaisseurs...) est plus qu’à saluer ? Il normalise au passage, et espérons-le pour longtemps, un point majeur : la réalité sécuritaire de l’Algérie, dont le seul épisode dramatique impliquant un ressortissant français remonte à l’assassinat d’Hervé Gourdel, en 2014, dans le nord du pays (Djurdjura).
Ce bouleversement récent des cartes, qui ne touche d’ailleurs pas que le sud (Alger, et Oran sont en « vert » désormais…) est, quelles qu’en soient les analyses prudentes issues du passé, une ouverture et un « signal fort » envers un immense pays. Où voyager, de ses rives méditerranéennes au grand Sahara, pourrait / devrait être une simple, magnifique et profonde… évidence.
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