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Inflation record et pénuries: l’Égypte s’enfonce dans la crise

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  • Inflation record et pénuries: l’Égypte s’enfonce dans la crise

    REPORTAGE - À l’approche de l’élection présidentielle, l’État, très endetté, repousse les réformes réclamées par le FMI.

    Le Caire




    Les sagas et les stratégies de l’éco. La vie et les coulisses des entreprises, du monde des affaires et de celles et ceux qui l’animent, par Bertille Bayart.

    Installé derrière le comptoir de sa petite épicerie du souk de la rue Soliman-Gohar, au Caire, Shadi al-Aswany égraine l’augmentation du prix de ses produits. En un an, le kilo de pâtes est passé de 15 à 22 livres égyptiennes (environ 60 centimes d’euros), celui de l’ail en poudre a presque doublé et vaut désormais 150 livres (4,50 euros). «Les plus touchés sont les produits importés comme la cardamome ou la noix de muscade, qui viennent d’Inde ; leur prix a triplé», précise le commerçant. «Et ce n’est pas près de s’arrêter! Une nouvelle dévaluation arrive bientôt!», prophétise depuis l’autre côté de la rue un vendeur de literie visiblement bien informé.

    Cela fait déjà plusieurs années que l’inflation est devenue un sujet de préoccupation majeur pour les Égyptiens. Mais, depuis un an et demi, la spirale s’est accélérée. L’augmentation des prix a atteint 39,7 % sur un an au mois d’août, et ceux de l’alimentation ont bondi de 72 % sur la même période, selon les chiffres de l’Agence nationale des statistiques. Un record historique atteint sur fond de crise économique durable et de plus en plus visible. Partout dans le pays, l’été caniculaire a été rythmé par des coupures de courant régulières. «Dans le quartier, il y en a toujours, mais Dieu soit béni, cela n’arrive qu’une seule fois par jour pendant une heure, parfois deux», relate Shadi al-Aswany. Ces délestages contrôlés sont imposés par une surconsommation électrique liée aux fortes chaleurs et une pénurie de combustible pour faire tourner les centrales thermiques.

    «On ne peut plus rien acheter»


    En cause, une production de gaz égyptien en baisse de 5 % en 2022 et des difficultés techniques rencontrées récemment sur le mégagisement de Zohr, en Méditerranée. L’autre pénurie qui plane sur les bords du Nil concerne le blé. Dans ce pays de 105 millions de bouches à nourrir, la production locale ne couvre que 40 % des besoins, faisant de l’Égypte le premier importateur mondial. Et, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les autorités sont contraintes de diversifier les fournisseurs. Si l’Union européenne a doublé ses exportations vers l’Égypte, comme l’a rappelé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en visite au Caire le 14 septembre, le marché mondial pousse le pays à s’approvisionner en blé russe au prix fort.



    Sa part a représenté 57 % des importations en 2022 contre 50 % en 2021. «L’Égypte est victime et non responsable» de cette «arme cynique» utilisée par la Russie, affirme Catherine Colonna. «Il nous faut satisfaire nos besoins, et nous ne bénéficions pas d’un traitement préférentiel», plaide son homologue égyptien, Sameh Choukri. En plus de l’inflation, la monnaie dégringole, et, avec elle, le pouvoir d’achat. La livre a perdu 50 % de sa valeur en un an, et le marché noir prospère. «La vie est de plus en plus dure. On ne peut plus rien acheter ; des pièces détachées de voiture aux vêtements, tous les secteurs sont touchés», résume Shady al-Aswany, tête baissée.

    Le poids des militaires


    Plus de 60 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté ou juste au-dessus. Alors, la semaine dernière, le maréchal président de la République, Abdel Fattah al-Sissi, a annoncé l’augmentation de 3500 à 4000 livres mensuelles (environ 120 euros) du salaire des fonctionnaires et l’élargissement à 5 millions de nouveaux foyers du programme d’aides sociales lancé en 2015 baptisé «Solidarité et dignité». Des mesures d’urgence nécessaires mais bien loin de répondre aux défis macroéconomiques auxquels le pays fait face, selon Timothy E. Kaldas, chercheur pour le Tahrir Institute for Middle East Policy. Il pointe du doigt la responsabilité du gouvernement, qui n’a pas su réagir aux tensions sur les réserves de devises provoquées par la guerre en Ukraine et aux difficultés à maintenir les importations vitales pour le pays.
    «Les forces qui sont derrière l’inflation n’ont pas été touchées, et le gouvernement n’a plus suffisamment de dollars pour satisfaire le marché intérieur», analyse le chercheur installé aux États-Unis.

    La dette extérieure a atteint 165,4 milliards de dollars au premier trimestre 2023, indique le ministère de la Planification, plaçant ainsi l’Égypte parmi les cinq pays les plus exposés au risque de défaut de paiement, selon l’agence Moody’s. Le régime militaire au pouvoir depuis dix ans tarde en effet à appliquer les réformes souhaitées par le Fonds monétaire international (FMI): libre flottaison de la livre et croissance du secteur privé majoritairement entre les mains de l’armée aujourd’hui.

    Le FMI suspend donc depuis le mois de mars le versement de la deuxième tranche d’aide de 3 milliards de dollars signée en fin d’année dernière. Quant aux bailleurs du Golfe, eux aussi attendent des gages.



    «Nous voulons que vous fassiez votre part», avait fermement déclaré le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, au mois de janvier. «Le problème est que l’armée ne supportera jamais une attaque sur ses propres intérêts économiques», souligne Timothy E. Kaldas. Même si son poids est difficile à chiffrer, celle-ci pourrait représenter près de 80 % du PIB aujourd’hui.

    Un véritable empire, dispensé de taxes et souvent privilégié dans l’attribution des marchés publics. Alors que le président al-Sissi vient d’annoncer qu’il se représentait à la présidentielle, fixée du 10 au 12 décembre, «personne n’arrive à croire que le régime ait l’intention de se réformer», balaye Timothy E. Kaldas. Mais la grogne monte, et le président est de plus en plus impopulaire malgré le musellement de l’opposition.

    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2


    La dette extérieure a atteint 165,4 milliards de dollars au premier trimestre 2023
    le service de la dette(interne et externe) pèse, à lui seul, 40% du budget annuel de l'egypte.

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    • #3
      L'Égypte a un énorme potentiel pour devenir un pays émergent mais malheureusement les militaires cassent cet élan

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      • #4
        le budget egyptien est vraiment maigre par rapport au nombre d'habitants...


        recettes: 70 milliards $
        dépenses: 95 milliards $

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        • #5
          un militaire a peut etre je dit bien peut etre les capacité intellectuel pour mener une guerre, mais il est trop loin d'avoir l'intelligence nécessaire pour pouvoir mener un pays, les militaire a la tête de n'importe quel pays c'est une catastrophe permanente
          tu tombe je tombe car mane e mane
          après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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          • #6
            C'est pas uniquement les militaires qui posent problème l'Égypte est structurellement et chroniquement déficitaire car le pays est un désert et le pays est surpeuplé

            Un âne ne peut pas devenir un cheval de course quelques soit celui qui le monte
            Droite des Valeurs
            Gauche du Travail
            Centre "Intérêt de Mon Pays"

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