INTERVIEW. L’Europe n’en fait pas assez pour briser sa dépendance en métaux nécessaires à la transition énergétique. Il en va pourtant de sa sécurité.
Par François Miguet
C'était il y a un peu plus d'un an. Dans son discours sur l'état de l'Union, le rendez-vous lors duquel la présidente de la Commission européenne dresse la liste des sujets les plus brûlants pour les 27 pays membres, Ursula von der Leyen a choisi d'évoquer la question des… métaux. Et voici ce qu'elle en disait : « Le lithium et les terres rares seront bientôt plus importants encore que le pétrole et le gaz. Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d'ici 2030 […] Le seul problème est qu'actuellement un unique pays contrôle la quasi-totalité du marché. »
Ce pays étant, on s'en doute, la Chine. Depuis cette harangue, l'Europe, qui entend interdire dès 2035 la vente des véhicules thermiques sur son territoire, a-t-elle avancé sur le sujet ? Et la France ? Clairement pas assez, regrettent Emmanuel Hache et Benjamin Louvet dans leur dernier livre*. Pour ce directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et ce gérant d'actifs spécialisé dans les matières premières, il est plus que temps de se réveiller. Sinon, « notre dépendance aux énergies fossiles va se transformer en dépendance aux métaux », préviennent-ils. Une addiction qui, en cas de conflit, nous mettrait dans une situation critique.
Le Point : Les métaux sont-ils aujourd'hui aussi stratégiques que les hydrocarbures ?
Benjamin Louvet : Oui. La Banque mondiale, le FMI…, de nombreuses études l'attestent. La Commission européenne a d'ailleurs récemment enrichi la liste officielle des métaux qu'elle juge critiques ou stratégiques. Et elle a présenté deux plans pour en sécuriser l'approvisionnement, la production et le raffinage sur notre sol : le Critical Raw Material Act et le Net-Zero Industry Act. Cela dit, les discussions à 27 prennent trop de temps…
À la suite du rapport remis par l'ancien dirigeant de Peugeot-Citroën Philippe Varin au président Macron début 2022, la France a voulu avancer plus vite. L'État a donc lancé un premier investissement de 500 millions d'euros, ainsi qu'une initiative diplomatique pour nouer des accords avec des pays producteurs de métaux, comme le Chili, l'Australie et le Canada.
L'Union européenne a acté la fin de la commercialisation des véhicules à moteur thermique en 2035. Mais a-t-on suffisamment pensé la question de l'approvisionnement en métaux pour les batteries des voitures électriques ?
Malheureusement, non. On s'en préoccupe seulement depuis quelques mois. Or c'est un sujet majeur. Aujourd'hui, la Chine est en position de force – elle représente 85 % de la production mondiale des terres rares. 58 % du lithium est raffiné chez elle, tout comme 65 % du cobalt. Le risque de dépendance est important. Or, juste avant l'été, Pékin a imposé des restrictions d'exportation sur deux éléments indispensables à la fabrication de la fibre optique, des éoliennes ou de certaines technologies de défense : le gallium et le germanium. C'est une alerte à prendre ausérieux, et le signe que la guerre des métaux a déjà commencé.
Comment se fait-il que la Chine ait une telle mainmise sur le raffinage ?
Dans les années 1970, le plus gros raffineur de terres rares du monde était français ! À l'époque, Rhône-Poulenc raffinait plus de la moitié des terres rares mondiales sur son site de La Rochelle. La plupart de ces minéraux arrivaient des États-Unis. Mais tout cela polluait énormément… et, dans le cadre de ce que certains ont appelé un peu naïvement « la mondialisation heureuse », on a décidé de déléguer l'exploitation et le raffinage à la Chine. Par conséquent, dès les années 1980, les mines américaines ont fermé, ainsi que tous les sites de raffinage français. Personne ne s'est rendu compte du problème de souveraineté que posaient ces délocalisations jusqu'en septembre 2010, quand la Chine a décidé d'interrompre unilatéralement tous ses envois de terres rares vers le Japon en raison d'un conflit sur des îlots. Là, on s'est rendu compte que Pékin n'hésitait pas à mettre sa puissance minière au service de ses intérêts géopolitiques. C'est d'ailleurs à la suite de cet épisode que la Commission européenne a lancé sa première liste de métaux critiques.
La Chine pourrait-elle nous couper l'accès à certains métaux critiques et stratégiques comme la Russie l'a fait pour le gaz ?
Bien sûr ! Et c'est un risque à prendre au sérieux. La Chine est incontournable avec une part de marché comprise entre 60 et 80 % sur tous les éléments précurseurs à la construction des batteries, des panneaux solaires, des éoliennes. En matière de métaux, l'Europe est très mal dotée. Elle est dépendante à 70 %, et la France à 100 %, selon le rapport de Philippe Varin. Pour ne rien arranger, un projet minier prend en moyenne dix-sept ans à voir le jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). C'est bien plus long que de faire venir du gaz par bateau quand la Russie nous coupe son approvisionnement… Donc, pour l'instant, on est complètement piégés !
Malgré tout, des solutions existent pour tenter de diminuer notre dépendance. La priorité serait de relancer des projets miniers chez nous. La Suède vient, par exemple, d'identifier sur son sol un gisement très prometteur, qui contiendrait un million de tonnes d'oxydes de terres rares, l'équivalent d'un quart des besoins européens en phosphore et 400 millions de tonnes de minerai de fer.
Comment relancer des mines sur le Vieux Continent, en particulier en France, où tous les projets industriels d'envergure sont bloqués par des manifestations ?
C'est en effet un choix difficile sur le plan politique. Mais il faut arrêter de se mentir ! On ne peut pas prôner la transition énergétique et en même temps faire porter tous les efforts sur les autres pays, avec la Chine en première ligne. Le principal problème en Europe, c'est l'acceptabilité sociale. Selon un sondage de McKinsey, le secteur de la mine est celui qui a la pire image. Tout le monde a encore en tête les gueules noires du Germinal de Zola ou les enfants creuseurs de la République démocratique du Congo, lesquels, il est vrai, existent toujours. Mais aujourd'hui on sait faire des mines bien plus responsables qu'auparavant. Je ne dis pas qu'on peut faire une mine propre, car les mines propres n'existent pas. Mais on peut en faire de bien plus responsables.
Concrètement, peut-on vraiment rouvrir des mines en France ?
Oui, mais ce sera très compliqué. Emmanuel Macron a récemment annoncé qu'on allait relancer la cartographie du sous-sol français. Ce sera titanesque. Aucun exploitant privé n'a fait ce travail, et la dernière cartographie réalisée par Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) remonte aux années 1970. Autre problème : l'un des plus gros gisements de lithium est en Bretagne, à Tréguennec, dans une zone Natura 2000. Donc on imagine bien que, si on voulait lancer un projet d'exploitation de ce lithium, une ZAD surgirait aussitôt.
Nombre d'investisseurs occidentaux se détournent des mines, notamment en Afrique, car elles sont incompatibles avec leurs objectifs de responsabilité sociale et environnementale. Qui accepterait de financer de tels projets ?
C'est un sujet majeur. Aujourd'hui, les mines sont absentes de la taxonomie européenne, qui fixe la liste des investissements bons pour la transition verte. Résultat : les financiers européens, qui se basent tous sur cette liste, excluent les projets miniers. Comment changer cela ? Comme le suggère Philippe Varin, il faudrait mettre les mines dans la taxonomie, mais en ajoutant des contraintes d'émissions de CO2 et des mécanismes de contrôle de la pollution. Si on ne le fait pas, on risque de faire dérailler la transition énergétique. Car le temps est compté. Prenons l'exemple du cuivre : il n'est pas rare, mais les besoins sont immenses.
L'AIE nous dit qu'il y a 250 mines de cuivre opérationnelles dans le monde. Si on veut atteindre l'objectif des accords de Paris, il en faudrait 80 de plus. Comme il faut dix-sept ans pour ouvrir une mine, il faudrait lancer tous ces projets d'ici à 2025. Or, aujourd'hui, seule une dizaine de nouveaux projets a été lancée. On est très loin du compte…
Les Américains ont-ils mieux sécurisé leurs approvisionnements en métaux ?
Ils sont encore dépendants de la Chine sur les terres rares, c'est-à-dire un ensemble de 17 petits métaux. Et ils sont très loin d'être autosuffisants en matière de nickel. Néanmoins, ils sont largement en avance sur nous dans leur stratégie de découplage. Notamment parce qu'ils ont de nombreuses mines qu'ils peuvent rouvrir en cas de besoin mais aussi parce qu'ils ont su tisser des liens très forts avec le Canada et des pays d'Amérique du Sud où l'on produit du cuivre, du lithium et d'autres métaux nécessaires à la transition énergétique.
En France, on n'a pas de pétrole, mais on a une major pétrolière : TotalEnergies. Nos groupes miniers, Eramet et Imerys, peuvent-ils devenir des majors des métaux ?
C'est possible, oui, mais cela ne sera pas facile, notamment à cause des contraintes de financement dont on a parlé. Quand Eramet a développé ses derniers projets, en Argentine et en Indonésie, elle n'a pas trouvé de capitaux européens ; elle a dû se financer auprès de banques chinoises. C'est cela aussi, la réalité du secteur. Donc, si on veut que nos entreprises se développent, il faut impérativement débloquer la question du financement. Espérons que le fonds créé par le gouvernement français pourra financer leurs projets.
Une autre piste est de développer le recyclage des métaux. Où en est-on ?
C'est l'avantage des métaux sur les énergies fossiles, car on peut arriver à les recycler tout en gardant la qualité, alors que le pétrole et le gaz brûlent. On avance, mais c'est un peu le problème de la poule et de l'œuf. Pour recycler, il faut avoir des matériaux. Or, pour le moment, la première génération d'éoliennes ou de panneaux solaires est toujours en activité. Il y a aussi des problèmes de collecte. Chaque Français a chez lui des téléphones portables qui prennent la poussière dans les tiroirs. Donc on voit bien que le recyclage ne sera pas une solution réaliste à court terme. Ce sera une solution, mais à l'horizon 2035 à 2040, a minima.
Par François Miguet
C'était il y a un peu plus d'un an. Dans son discours sur l'état de l'Union, le rendez-vous lors duquel la présidente de la Commission européenne dresse la liste des sujets les plus brûlants pour les 27 pays membres, Ursula von der Leyen a choisi d'évoquer la question des… métaux. Et voici ce qu'elle en disait : « Le lithium et les terres rares seront bientôt plus importants encore que le pétrole et le gaz. Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d'ici 2030 […] Le seul problème est qu'actuellement un unique pays contrôle la quasi-totalité du marché. »
Ce pays étant, on s'en doute, la Chine. Depuis cette harangue, l'Europe, qui entend interdire dès 2035 la vente des véhicules thermiques sur son territoire, a-t-elle avancé sur le sujet ? Et la France ? Clairement pas assez, regrettent Emmanuel Hache et Benjamin Louvet dans leur dernier livre*. Pour ce directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et ce gérant d'actifs spécialisé dans les matières premières, il est plus que temps de se réveiller. Sinon, « notre dépendance aux énergies fossiles va se transformer en dépendance aux métaux », préviennent-ils. Une addiction qui, en cas de conflit, nous mettrait dans une situation critique.
Le Point : Les métaux sont-ils aujourd'hui aussi stratégiques que les hydrocarbures ?
Benjamin Louvet : Oui. La Banque mondiale, le FMI…, de nombreuses études l'attestent. La Commission européenne a d'ailleurs récemment enrichi la liste officielle des métaux qu'elle juge critiques ou stratégiques. Et elle a présenté deux plans pour en sécuriser l'approvisionnement, la production et le raffinage sur notre sol : le Critical Raw Material Act et le Net-Zero Industry Act. Cela dit, les discussions à 27 prennent trop de temps…
À la suite du rapport remis par l'ancien dirigeant de Peugeot-Citroën Philippe Varin au président Macron début 2022, la France a voulu avancer plus vite. L'État a donc lancé un premier investissement de 500 millions d'euros, ainsi qu'une initiative diplomatique pour nouer des accords avec des pays producteurs de métaux, comme le Chili, l'Australie et le Canada.
L'Union européenne a acté la fin de la commercialisation des véhicules à moteur thermique en 2035. Mais a-t-on suffisamment pensé la question de l'approvisionnement en métaux pour les batteries des voitures électriques ?
Malheureusement, non. On s'en préoccupe seulement depuis quelques mois. Or c'est un sujet majeur. Aujourd'hui, la Chine est en position de force – elle représente 85 % de la production mondiale des terres rares. 58 % du lithium est raffiné chez elle, tout comme 65 % du cobalt. Le risque de dépendance est important. Or, juste avant l'été, Pékin a imposé des restrictions d'exportation sur deux éléments indispensables à la fabrication de la fibre optique, des éoliennes ou de certaines technologies de défense : le gallium et le germanium. C'est une alerte à prendre ausérieux, et le signe que la guerre des métaux a déjà commencé.
Comment se fait-il que la Chine ait une telle mainmise sur le raffinage ?
Dans les années 1970, le plus gros raffineur de terres rares du monde était français ! À l'époque, Rhône-Poulenc raffinait plus de la moitié des terres rares mondiales sur son site de La Rochelle. La plupart de ces minéraux arrivaient des États-Unis. Mais tout cela polluait énormément… et, dans le cadre de ce que certains ont appelé un peu naïvement « la mondialisation heureuse », on a décidé de déléguer l'exploitation et le raffinage à la Chine. Par conséquent, dès les années 1980, les mines américaines ont fermé, ainsi que tous les sites de raffinage français. Personne ne s'est rendu compte du problème de souveraineté que posaient ces délocalisations jusqu'en septembre 2010, quand la Chine a décidé d'interrompre unilatéralement tous ses envois de terres rares vers le Japon en raison d'un conflit sur des îlots. Là, on s'est rendu compte que Pékin n'hésitait pas à mettre sa puissance minière au service de ses intérêts géopolitiques. C'est d'ailleurs à la suite de cet épisode que la Commission européenne a lancé sa première liste de métaux critiques.
La Chine pourrait-elle nous couper l'accès à certains métaux critiques et stratégiques comme la Russie l'a fait pour le gaz ?
Bien sûr ! Et c'est un risque à prendre au sérieux. La Chine est incontournable avec une part de marché comprise entre 60 et 80 % sur tous les éléments précurseurs à la construction des batteries, des panneaux solaires, des éoliennes. En matière de métaux, l'Europe est très mal dotée. Elle est dépendante à 70 %, et la France à 100 %, selon le rapport de Philippe Varin. Pour ne rien arranger, un projet minier prend en moyenne dix-sept ans à voir le jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). C'est bien plus long que de faire venir du gaz par bateau quand la Russie nous coupe son approvisionnement… Donc, pour l'instant, on est complètement piégés !
Malgré tout, des solutions existent pour tenter de diminuer notre dépendance. La priorité serait de relancer des projets miniers chez nous. La Suède vient, par exemple, d'identifier sur son sol un gisement très prometteur, qui contiendrait un million de tonnes d'oxydes de terres rares, l'équivalent d'un quart des besoins européens en phosphore et 400 millions de tonnes de minerai de fer.
Comment relancer des mines sur le Vieux Continent, en particulier en France, où tous les projets industriels d'envergure sont bloqués par des manifestations ?
C'est en effet un choix difficile sur le plan politique. Mais il faut arrêter de se mentir ! On ne peut pas prôner la transition énergétique et en même temps faire porter tous les efforts sur les autres pays, avec la Chine en première ligne. Le principal problème en Europe, c'est l'acceptabilité sociale. Selon un sondage de McKinsey, le secteur de la mine est celui qui a la pire image. Tout le monde a encore en tête les gueules noires du Germinal de Zola ou les enfants creuseurs de la République démocratique du Congo, lesquels, il est vrai, existent toujours. Mais aujourd'hui on sait faire des mines bien plus responsables qu'auparavant. Je ne dis pas qu'on peut faire une mine propre, car les mines propres n'existent pas. Mais on peut en faire de bien plus responsables.
Concrètement, peut-on vraiment rouvrir des mines en France ?
Oui, mais ce sera très compliqué. Emmanuel Macron a récemment annoncé qu'on allait relancer la cartographie du sous-sol français. Ce sera titanesque. Aucun exploitant privé n'a fait ce travail, et la dernière cartographie réalisée par Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) remonte aux années 1970. Autre problème : l'un des plus gros gisements de lithium est en Bretagne, à Tréguennec, dans une zone Natura 2000. Donc on imagine bien que, si on voulait lancer un projet d'exploitation de ce lithium, une ZAD surgirait aussitôt.
Si on ne rouvre pas des mines, on risque de faire dérailler la transition énergétique.Benjamin Louvet
Nombre d'investisseurs occidentaux se détournent des mines, notamment en Afrique, car elles sont incompatibles avec leurs objectifs de responsabilité sociale et environnementale. Qui accepterait de financer de tels projets ?
C'est un sujet majeur. Aujourd'hui, les mines sont absentes de la taxonomie européenne, qui fixe la liste des investissements bons pour la transition verte. Résultat : les financiers européens, qui se basent tous sur cette liste, excluent les projets miniers. Comment changer cela ? Comme le suggère Philippe Varin, il faudrait mettre les mines dans la taxonomie, mais en ajoutant des contraintes d'émissions de CO2 et des mécanismes de contrôle de la pollution. Si on ne le fait pas, on risque de faire dérailler la transition énergétique. Car le temps est compté. Prenons l'exemple du cuivre : il n'est pas rare, mais les besoins sont immenses.
L'AIE nous dit qu'il y a 250 mines de cuivre opérationnelles dans le monde. Si on veut atteindre l'objectif des accords de Paris, il en faudrait 80 de plus. Comme il faut dix-sept ans pour ouvrir une mine, il faudrait lancer tous ces projets d'ici à 2025. Or, aujourd'hui, seule une dizaine de nouveaux projets a été lancée. On est très loin du compte…
Les Américains ont-ils mieux sécurisé leurs approvisionnements en métaux ?
Ils sont encore dépendants de la Chine sur les terres rares, c'est-à-dire un ensemble de 17 petits métaux. Et ils sont très loin d'être autosuffisants en matière de nickel. Néanmoins, ils sont largement en avance sur nous dans leur stratégie de découplage. Notamment parce qu'ils ont de nombreuses mines qu'ils peuvent rouvrir en cas de besoin mais aussi parce qu'ils ont su tisser des liens très forts avec le Canada et des pays d'Amérique du Sud où l'on produit du cuivre, du lithium et d'autres métaux nécessaires à la transition énergétique.
En France, on n'a pas de pétrole, mais on a une major pétrolière : TotalEnergies. Nos groupes miniers, Eramet et Imerys, peuvent-ils devenir des majors des métaux ?
C'est possible, oui, mais cela ne sera pas facile, notamment à cause des contraintes de financement dont on a parlé. Quand Eramet a développé ses derniers projets, en Argentine et en Indonésie, elle n'a pas trouvé de capitaux européens ; elle a dû se financer auprès de banques chinoises. C'est cela aussi, la réalité du secteur. Donc, si on veut que nos entreprises se développent, il faut impérativement débloquer la question du financement. Espérons que le fonds créé par le gouvernement français pourra financer leurs projets.
D’ici 2040, les prix du nickel, du lithium et du cobalt devraient progresser de quelques centaines de points de pourcentage.Benjamin Louvet
C'est l'avantage des métaux sur les énergies fossiles, car on peut arriver à les recycler tout en gardant la qualité, alors que le pétrole et le gaz brûlent. On avance, mais c'est un peu le problème de la poule et de l'œuf. Pour recycler, il faut avoir des matériaux. Or, pour le moment, la première génération d'éoliennes ou de panneaux solaires est toujours en activité. Il y a aussi des problèmes de collecte. Chaque Français a chez lui des téléphones portables qui prennent la poussière dans les tiroirs. Donc on voit bien que le recyclage ne sera pas une solution réaliste à court terme. Ce sera une solution, mais à l'horizon 2035 à 2040, a minima.
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