Le Vieux Continent n'est pas au meilleur de sa forme. Alors que les États-Unis affichent un taux de croissance à faire pâlir d'envie nos gouvernements (il devrait dépasser les 2 % cette année), les pays de la zone euro traînent la patte. La Commission européenne vient d'ailleurs de revoir à la baisse ses perspectives pour la zone euro en 2023, à 0,6 %… Le Point vous emmène cette semaine à la découverte de ces économies en panne sèche.
1-La France, engluée dans la croissance molle
France devrait connaître une très légère augmentation de son activité cette année.
Par Philippine Robert
Pour Catherine Guerniou, la rentrée a été difficile. La dirigeante de La Fenêtrière – une PME spécialisée dans la fabrication de fenêtres et basée à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), qui emploie quatorze salariés et dont le chiffre d'affaires annuel s'élève à 2,6 millions d'euros – a vu son activité chuter en septembre. « Sur les quinze premiers jours, elle a diminué de 20 % », souffle-t-elle.
Depuis, l'activité est un peu repartie… Mais reste vacillante. « Les prises de décision de nos clients, essentiellement d'autres entreprises, sont plus lentes et les demandes de financements sont bloquées : nous sommes dans le flou pour les prochains mois concernant nos commandes », raconte la dirigeante.
Catherine Guerniou n'est pas la seule chef d'entreprise à être engluée dans une conjoncture plus difficile. « Mois après mois, les chefs d'entreprise constatent une dégradation progressive de la conjoncture : les carnets de commandes qui étaient pleins en début d'année se renouvellent de moins en moins vite, décrit Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti). Ce n'est pas dramatique, mais on constate un net ralentissement de l'activité. » « Nous sommes loin de l'euphorie, mais plutôt dans l'attentisme », complète Denis Vaillant, président d'Ucaplast, le syndicat des PME du caoutchouc.
Retour à la réalité
Cette sensation de stagnation se confirme dans les chiffres macroéconomiques. Au troisième trimestre, le produit intérieur a augmenté de seulement 0,1 %. Après un deuxième trimestre où la croissance a été miraculeusement sauvée par la contribution du commerce extérieur (+ 0,6 %), il ne s'agit que de la poursuite d'une tendance : sur les trois premiers mois de l'année, le PIB n'avait augmenté que de 0,1 %. Dans ses dernières prévisions, l'Insee table sur une croissance à peine supérieure pour la fin de l'année (+ 0,2 %). « Mais depuis ces prévisions, les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises ont montré un climat des affaires qui s'érodait », prévient Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. Au total, l'augmentation du PIB ne devrait pas dépasser les 0,9 % cette année…
Fini le rattrapage post-Covid, les bonnes surprises sur le front des exportations… et maintenant, dur retour à la réalité ! Entre le choc de l'inflation qui a provoqué un coup de froid sur la consommation des ménages et augmenté les coûts des entreprises, celui de la hausse des taux d'intérêt et une activité mondiale qui ralentit, cette croissance molle n'est pas si étonnante… Et peut-être même miraculeuse : la France a évité la récession et s'en sort mieux que certains de ses voisins, l'Allemagne par exemple (- 0,4 % de croissance cette année, selon les prévisions du gouvernement de nos voisins d'outre-Rhin).
La construction tire la langue
Mais entre le début et la fin de l'année, un basculement s'est opéré. « Début 2023, l'activité a été grevée par les comportements des ménages, qui consommaient moins à cause de l'inflation, mais elle a tenu grâce aux entreprises qui embauchaient et qui investissaient : désormais, la consommation des ménages repart grâce à la baisse de l'inflation, mais c'est au tour des entreprises de freiner », décortique Denis Ferrand, directeur de Rexecode. Carnets de commandes qui se désemplissent, trésorerie qui se dégrade, embauches qui stagnent et plus de prudence sur les investissements à venir : le cocktail n'est pas euphorisant !
Bien sûr, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Certains, comme la construction, sont plus à la peine que d'autres. « Cette année, l'activité est tirée par le bas, car les mises en chantier se sont écroulées au deuxième semestre, et la récession dans le secteur devrait être encore plus importante l'an prochain », soupire Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Tandis que l'automobile ou l'aéronautique ont tenu encore bon ces derniers mois, grâce à l'effet de rattrapage post-Covid.
Délais de transmission
Pour l'année prochaine, les perspectives ne sont pas forcément meilleures. Si le gouvernement, la Commission européenne ou le FMI anticipent bien un rebond de la croissance, d'autres sont plus pessimistes. Les prévisionnistes de Rexecode s'attendent par exemple à une croissance de 0,4 % l'année prochaine. Ceux de l'OFCE à 0,8 %. « Nous n'avons pas encore pleinement subi l'effet négatif de la hausse des taux, car les délais de transmission ne sont pas immédiats : cette année, la politique monétaire plus restrictive a amputé la croissance de 0,4 point de PIB, et en 2024 de 0,9 point », estime ainsi Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE. Côté entreprises, les inquiétudes sont également de mise. « Nous abordons 2024 dans un état d'esprit moins serein, nous anticipons des augmentations de chiffres d'affaires moins importantes, mais heureusement pas de crise grave », commente Philippe Contet, directeur général de la Fédération des industries mécaniques (FIM).
Deux éléments seront décisifs dans le retour ou non d'une croissance plus vigoureuse. « Nous pourrions avoir plus de consommation, si l'épargne accumulée était libérée, mais on observe plutôt un début de comportement de précaution, peut-être lié au ralentissement économique ou à certaines réformes qui inquiètent les Français », analyse Ana Boata, directrice de la recherche économique d'Allianz Trade. Un possible retour de l'inflation, consécutif à un choc sur le prix de l'énergie ou des matières premières, risquerait également de compromettre la dynamique de consommation. Au contraire, une détente durable pourrait booster le moral des Français et les inciter à piocher dans leur épargne.
Déficit et emploi
Deuxième inconnue : l'investissement, qui a si bien résisté jusqu'ici, pourrait-il contre toute attente ne pas céder malgré l'état d'esprit prudent des chefs d'entreprise ? « Nous avons été surpris par sa résilience au troisième trimestre, mais cela s'explique par un mélange d'incitations, liées à la politique industrielle, et d'enjeux d'innovation, comme l'intelligence artificielle : une partie devrait donc perdurer », analyse Stéphane Colliac, économiste sénior à la BNP. « Dans certains secteurs, l'investissement est une question de vie ou de mort dans un marché en pleine adaptation », complète Bruno Grandjean, dirigeant de Redex, une ETI qui fabrique des machines-outils dans le Loiret. Ce qui n'empêche pas le secteur des biens d'équipement de prévoir un ralentissement. « Jusqu'au troisième trimestre, nous avons performé : désormais, nous anticipons un freinage de l'investissement qui ne sera pas passager, car les boîtes vont bien devoir se désendetter », analyse Bruno Bouygues, PDG de Gys, une ETI basée à Laval (Mayenne) qui fabrique des machines-outils.
Si les pessimistes ont raison, une nouvelle année de croissance molle sera une belle épine dans le pied du gouvernement. « La question de l'ajustement budgétaire se poserait car le déficit sera alors plus élevé que prévu et le gouvernement devra trouver plus d'économies s'il souhaite rester sur sa trajectoire budgétaire », souligne Ana Boata. Autre mauvaise nouvelle, le chômage, qui a déjà commencé à remonter (7,4 %), pourrait poursuivre sa hausse… et éloigner encore un peu plus la perspective du plein-emploi. Rien d'étonnant alors à ce qu'Emmanuel Macron ait prévu cette semaine une séquence économique sur le commerce extérieur et l'attractivité du pays. Contre la morosité de la conjoncture… rien de mieux que la méthode Coué !
2-Pourquoi la locomotive allemande est en panne
L’Allemagne, qui fait face au ralentissement de la demande mondiale, accuse un retard en matière d’infrastructures et manque de main-d’œuvre qualifiée.
'Allemagne a-t-elle rechuté ? Est-elle à nouveau « l'homme malade de l'Europe » ? L'hebdomadaire britannique The Economist avait affublé le pays de ce sobriquet il y a vingt ans, obligeant le chancelier Gerhard Schröder à mettre en place l'« Agenda 2010 », un vaste programme de réformes dont Angela Merkel récolta les fruits pendant les seize années de son règne. Aujourd'hui, l'Allemagne présente à nouveau des symptômes de mauvaise santé économique. Le pays terminera l'année avec une économie en contraction de 0,3 %.
Le ralentissement de la demande mondiale, notamment la Chine et les États-Unis, et le renchérissement du coût de l'énergie ont de graves conséquences pour ce pays champion à l'exportation et expliquent la faiblesse de la production industrielle. Un pilier de l'économie allemande, l'automobile, est particulièrement affecté. Symboles de la puissance économique allemande, les constructeurs produisent 40 % de véhicules de moins qu'il y a dix ans. Sur le marché de la voiture électrique, ils sont en train de se faire doubler par la Chine qui était encore, il n'y a pas si longtemps, leur meilleur client.
Le secteur chimique, très énergivore, a, pour sa part, énormément souffert de la hausse du prix de l'énergie et a du mal à retrouver son niveau de production d'avant la guerre en Ukraine. Si l'Allemagne peut encore compter sur son Mittelstand, ses petites et moyennes entreprises à gestion familiale solidement implantées en province mais rayonnant dans le monde entier, de plus en plus d'entreprises délocalisent leur production à l'étranger pour diminuer leurs coûts.
Un « bouchon de réformes »
Résultat, selon le Fonds monétaire international (FMI), l'Allemagne est, de facto, le pays du G7 dont l'économie tourne le plus au ralenti cette année. Le FMI a même révisé ses prévisions : en 2023, la récession sera plus forte que prévu il y a quelques mois encore. À ces problèmes de conjoncture internationale s'ajoutent ceux du « made in Germany ». C'est le procès de l'ère Merkel qui se tient actuellement.
Durant les années fastes où elle était à la tête de l'Allemagne, aucune réforme conséquente n'a été engagée. La bonne conjoncture a longtemps fait oublier les problèmes de fond. Cette apathie a abouti, selon ses détracteurs, à un « Reformstau », un « bouchon de réformes ».
1-La France, engluée dans la croissance molle
France devrait connaître une très légère augmentation de son activité cette année.
Par Philippine Robert
Pour Catherine Guerniou, la rentrée a été difficile. La dirigeante de La Fenêtrière – une PME spécialisée dans la fabrication de fenêtres et basée à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), qui emploie quatorze salariés et dont le chiffre d'affaires annuel s'élève à 2,6 millions d'euros – a vu son activité chuter en septembre. « Sur les quinze premiers jours, elle a diminué de 20 % », souffle-t-elle.
Depuis, l'activité est un peu repartie… Mais reste vacillante. « Les prises de décision de nos clients, essentiellement d'autres entreprises, sont plus lentes et les demandes de financements sont bloquées : nous sommes dans le flou pour les prochains mois concernant nos commandes », raconte la dirigeante.
Catherine Guerniou n'est pas la seule chef d'entreprise à être engluée dans une conjoncture plus difficile. « Mois après mois, les chefs d'entreprise constatent une dégradation progressive de la conjoncture : les carnets de commandes qui étaient pleins en début d'année se renouvellent de moins en moins vite, décrit Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti). Ce n'est pas dramatique, mais on constate un net ralentissement de l'activité. » « Nous sommes loin de l'euphorie, mais plutôt dans l'attentisme », complète Denis Vaillant, président d'Ucaplast, le syndicat des PME du caoutchouc.
Retour à la réalité
Cette sensation de stagnation se confirme dans les chiffres macroéconomiques. Au troisième trimestre, le produit intérieur a augmenté de seulement 0,1 %. Après un deuxième trimestre où la croissance a été miraculeusement sauvée par la contribution du commerce extérieur (+ 0,6 %), il ne s'agit que de la poursuite d'une tendance : sur les trois premiers mois de l'année, le PIB n'avait augmenté que de 0,1 %. Dans ses dernières prévisions, l'Insee table sur une croissance à peine supérieure pour la fin de l'année (+ 0,2 %). « Mais depuis ces prévisions, les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises ont montré un climat des affaires qui s'érodait », prévient Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. Au total, l'augmentation du PIB ne devrait pas dépasser les 0,9 % cette année…
Fini le rattrapage post-Covid, les bonnes surprises sur le front des exportations… et maintenant, dur retour à la réalité ! Entre le choc de l'inflation qui a provoqué un coup de froid sur la consommation des ménages et augmenté les coûts des entreprises, celui de la hausse des taux d'intérêt et une activité mondiale qui ralentit, cette croissance molle n'est pas si étonnante… Et peut-être même miraculeuse : la France a évité la récession et s'en sort mieux que certains de ses voisins, l'Allemagne par exemple (- 0,4 % de croissance cette année, selon les prévisions du gouvernement de nos voisins d'outre-Rhin).
La construction tire la langue
Mais entre le début et la fin de l'année, un basculement s'est opéré. « Début 2023, l'activité a été grevée par les comportements des ménages, qui consommaient moins à cause de l'inflation, mais elle a tenu grâce aux entreprises qui embauchaient et qui investissaient : désormais, la consommation des ménages repart grâce à la baisse de l'inflation, mais c'est au tour des entreprises de freiner », décortique Denis Ferrand, directeur de Rexecode. Carnets de commandes qui se désemplissent, trésorerie qui se dégrade, embauches qui stagnent et plus de prudence sur les investissements à venir : le cocktail n'est pas euphorisant !
Bien sûr, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Certains, comme la construction, sont plus à la peine que d'autres. « Cette année, l'activité est tirée par le bas, car les mises en chantier se sont écroulées au deuxième semestre, et la récession dans le secteur devrait être encore plus importante l'an prochain », soupire Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Tandis que l'automobile ou l'aéronautique ont tenu encore bon ces derniers mois, grâce à l'effet de rattrapage post-Covid.
Délais de transmission
Pour l'année prochaine, les perspectives ne sont pas forcément meilleures. Si le gouvernement, la Commission européenne ou le FMI anticipent bien un rebond de la croissance, d'autres sont plus pessimistes. Les prévisionnistes de Rexecode s'attendent par exemple à une croissance de 0,4 % l'année prochaine. Ceux de l'OFCE à 0,8 %. « Nous n'avons pas encore pleinement subi l'effet négatif de la hausse des taux, car les délais de transmission ne sont pas immédiats : cette année, la politique monétaire plus restrictive a amputé la croissance de 0,4 point de PIB, et en 2024 de 0,9 point », estime ainsi Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE. Côté entreprises, les inquiétudes sont également de mise. « Nous abordons 2024 dans un état d'esprit moins serein, nous anticipons des augmentations de chiffres d'affaires moins importantes, mais heureusement pas de crise grave », commente Philippe Contet, directeur général de la Fédération des industries mécaniques (FIM).
Deux éléments seront décisifs dans le retour ou non d'une croissance plus vigoureuse. « Nous pourrions avoir plus de consommation, si l'épargne accumulée était libérée, mais on observe plutôt un début de comportement de précaution, peut-être lié au ralentissement économique ou à certaines réformes qui inquiètent les Français », analyse Ana Boata, directrice de la recherche économique d'Allianz Trade. Un possible retour de l'inflation, consécutif à un choc sur le prix de l'énergie ou des matières premières, risquerait également de compromettre la dynamique de consommation. Au contraire, une détente durable pourrait booster le moral des Français et les inciter à piocher dans leur épargne.
Déficit et emploi
Deuxième inconnue : l'investissement, qui a si bien résisté jusqu'ici, pourrait-il contre toute attente ne pas céder malgré l'état d'esprit prudent des chefs d'entreprise ? « Nous avons été surpris par sa résilience au troisième trimestre, mais cela s'explique par un mélange d'incitations, liées à la politique industrielle, et d'enjeux d'innovation, comme l'intelligence artificielle : une partie devrait donc perdurer », analyse Stéphane Colliac, économiste sénior à la BNP. « Dans certains secteurs, l'investissement est une question de vie ou de mort dans un marché en pleine adaptation », complète Bruno Grandjean, dirigeant de Redex, une ETI qui fabrique des machines-outils dans le Loiret. Ce qui n'empêche pas le secteur des biens d'équipement de prévoir un ralentissement. « Jusqu'au troisième trimestre, nous avons performé : désormais, nous anticipons un freinage de l'investissement qui ne sera pas passager, car les boîtes vont bien devoir se désendetter », analyse Bruno Bouygues, PDG de Gys, une ETI basée à Laval (Mayenne) qui fabrique des machines-outils.
Si les pessimistes ont raison, une nouvelle année de croissance molle sera une belle épine dans le pied du gouvernement. « La question de l'ajustement budgétaire se poserait car le déficit sera alors plus élevé que prévu et le gouvernement devra trouver plus d'économies s'il souhaite rester sur sa trajectoire budgétaire », souligne Ana Boata. Autre mauvaise nouvelle, le chômage, qui a déjà commencé à remonter (7,4 %), pourrait poursuivre sa hausse… et éloigner encore un peu plus la perspective du plein-emploi. Rien d'étonnant alors à ce qu'Emmanuel Macron ait prévu cette semaine une séquence économique sur le commerce extérieur et l'attractivité du pays. Contre la morosité de la conjoncture… rien de mieux que la méthode Coué !
2-Pourquoi la locomotive allemande est en panne
L’Allemagne, qui fait face au ralentissement de la demande mondiale, accuse un retard en matière d’infrastructures et manque de main-d’œuvre qualifiée.
'Allemagne a-t-elle rechuté ? Est-elle à nouveau « l'homme malade de l'Europe » ? L'hebdomadaire britannique The Economist avait affublé le pays de ce sobriquet il y a vingt ans, obligeant le chancelier Gerhard Schröder à mettre en place l'« Agenda 2010 », un vaste programme de réformes dont Angela Merkel récolta les fruits pendant les seize années de son règne. Aujourd'hui, l'Allemagne présente à nouveau des symptômes de mauvaise santé économique. Le pays terminera l'année avec une économie en contraction de 0,3 %.
Le ralentissement de la demande mondiale, notamment la Chine et les États-Unis, et le renchérissement du coût de l'énergie ont de graves conséquences pour ce pays champion à l'exportation et expliquent la faiblesse de la production industrielle. Un pilier de l'économie allemande, l'automobile, est particulièrement affecté. Symboles de la puissance économique allemande, les constructeurs produisent 40 % de véhicules de moins qu'il y a dix ans. Sur le marché de la voiture électrique, ils sont en train de se faire doubler par la Chine qui était encore, il n'y a pas si longtemps, leur meilleur client.
Le secteur chimique, très énergivore, a, pour sa part, énormément souffert de la hausse du prix de l'énergie et a du mal à retrouver son niveau de production d'avant la guerre en Ukraine. Si l'Allemagne peut encore compter sur son Mittelstand, ses petites et moyennes entreprises à gestion familiale solidement implantées en province mais rayonnant dans le monde entier, de plus en plus d'entreprises délocalisent leur production à l'étranger pour diminuer leurs coûts.
Un « bouchon de réformes »
Résultat, selon le Fonds monétaire international (FMI), l'Allemagne est, de facto, le pays du G7 dont l'économie tourne le plus au ralenti cette année. Le FMI a même révisé ses prévisions : en 2023, la récession sera plus forte que prévu il y a quelques mois encore. À ces problèmes de conjoncture internationale s'ajoutent ceux du « made in Germany ». C'est le procès de l'ère Merkel qui se tient actuellement.
Durant les années fastes où elle était à la tête de l'Allemagne, aucune réforme conséquente n'a été engagée. La bonne conjoncture a longtemps fait oublier les problèmes de fond. Cette apathie a abouti, selon ses détracteurs, à un « Reformstau », un « bouchon de réformes ».
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