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Récession et austérité en Europe

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  • Récession et austérité en Europe


    La hausse de la dette, après le double choc du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, et le retour des règles budgétaires au sein de l’union monétaire réduisent les marges de manœuvre dans l’UE. Au risque de refaire l’erreur de l’austérité de 2011-2013 ?


    En France, le gouvernement vient d’annoncer 10 milliards d’euros d’économies à trouver cette année. En Allemagne, dans une décision de novembre 2023 qui fera date, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a obligé l’Etat à supprimer 17 milliards d’euros de dépenses pour la seule année 2024. L’Italie s’est lancée dans un plan de privatisations, afin de lever 20 milliards d’ici à 2026…

    Après quatre années exceptionnelles, où le « quoi qu’il en coûte » de la pandémie a été suivi d’aides massives face à la crise inflationniste, l’Europe fait face au grand retour des restrictions budgétaires. L’ère de l’argent gratuit est finie, et le débat fait rage à travers le continent sur la meilleure politique économique à suivre. Faut-il faire comme les Etats-Unis, qui dépensent sans compter avec leur énorme plan de subventions à l’industrie (Inflation Reduction Act), ou revenir à une certaine orthodoxie économique ?

    Pour l’instant, la seconde approche semble l’emporter, sans pour autant qu’il soit question de revenir à l’austérité des années de la crise de la zone euro. « 2024 marquera un pivot pour les finances publiques de l’union monétaire », estiment les analystes de S&P Global Ratings, une agence de notation.

    L’Europe est prise dans une tenaille financière, qui se referme lentement mais sûrement. D’un côté, les taux d’intérêt se sont envolés, ce qui va progressivement augmenter le coût du remboursement ; de l’autre, les dépenses des années de la pandémie puis du choc inflationniste, ont provoqué une forte augmentation de la dette. Le poids du remboursement de cet endettement va donc inéluctablement augmenter. A cette aune, deux pays sortent de ces dernières années particulièrement fragilisés, avec une dette jugée « élevée et stagnante » par S&P : la France et la Belgique.

    En même temps, les règles budgétaires européennes, suspendues le temps de la crise, reviennent en vigueur en 2024, certes légèrement modifiées et un peu plus flexibles qu’autrefois. Et pourtant, les besoins de financements sont criants : dans la défense, pour faire face à la guerre en Ukraine, dans la transition verte, pour lutter contre le réchauffement climatique et dans les dépenses courantes entraînées par le vieillissement de la population (retraites, soins…). « Le vrai risque, ce n’est pas la dette, mais l’application des règles budgétaires européennes, qui pourraient réduire la croissance, un peu comme cela a été le cas pendant la crise de la zone euro », estime François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

    Une dette en hausse


    A travers l’Europe, la plupart des aides exceptionnelles mises en place ces quatre dernières années sont désormais retirées. L’heure est venue de faire les comptes.
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    Entre 2019 et 2023, la France est l’un des pays de la zone euro dont la dette a le plus augmenté, passant de 97 % du produit intérieur brut (PIB) avant la pandémie à 110 % en 2023, selon le Fonds monétaire international (FMI). La Belgique, l’Italie et l’Espagne ont connu sur la même période une progression d’environ dix points de leur endettement. Hors union monétaire, le Royaume-Uni (+ 20 points de dette, à 104 %) et les Etats-Unis, (+ 15 points, à 123 %) enregistrent aussi une très forte hausse.

    Ce bond est pourtant loin d’être généralisé. En Allemagne et en Autriche, l’augmentation a été de cinq points environ (respectivement à 66 % et 75 %). Aux Pays-Bas, le niveau d’endettement est déjà revenu à son niveau prépandémie. Quant à la Grèce et au Portugal, ils enregistrent… un recul de leur dette entre 2019 et 2023, grâce à une trajectoire descendante entamée avant la crise sanitaire. « Pour la vaste majorité des pays de l’Union européenne [UE], le niveau de dette est désormais en amélioration et proche de revenir à son niveau prépandémique », note Federico Barriga-Salazar, de l’agence de notation Fitch.


    Ce bilan peut sembler paradoxal, alors que l’ampleur des dépenses a été sans précédent. En fait, le choc pour les finances publiques a été « amorti par l’inflation », explique Ben May, du cabinet Oxford Economics. Si l’endettement a augmenté, le PIB « nominal » (en comptant la hausse des prix) a progressé lui aussi très vite. Mécaniquement, cela réduit l’impact sur le ratio de dette sur le PIB. Cet effet inflationniste va désormais s’estomper, puisque la hausse des prix n’est plus que de 2,8 % dans la zone euro.

    Un remboursement qui va s’alourdir


    Pour les gouvernements, ce qui compte n’est pas tant le ratio de dette que le poids des remboursements. Et de ce côté-là, les nouvelles sont mauvaises, avec le choc des taux d’intérêt de ces deux dernières années.

    La Banque centrale européenne (BCE) a augmenté ses taux de − 0,5 % à 4 %. Pour les Etats, cela signifie un bond du prix auquel ils se financent. Les obligations françaises à dix ans, qui étaient encore à 0 % fin 2021, sont aujourd’hui à 2,9 %. Pour l’Italie, un pays qui inquiète les marchés financiers, la hausse a été de 0,5 % à 3,9 %.

    Pour la France, cette envolée des taux d’intérêt a des conséquences très concrètes pour les comptes publics. Les intérêts de la dette étaient de 39 milliards d’euros en 2023. Selon les prévisions du ministère de l’économie, ils s’établiront à 74 milliards d’euros en 2027. Soit une progression passant de 1,7 % du PIB à 2,6 % du PIB.

    L’Italie est de même très touchée. Parce que sa dette est très élevée (à 144 % du PIB), et que ses taux d’intérêt sont restés relativement hauts, le simple remboursement des intérêts pèse lourdement : environ 4 % du PIB cette année, et sans doute 4,6 % en 2026, selon les prévisions de S&P. L’Espagne souffre aussi, avec des remboursements qui passent de 2,5 % à 3 % du PIB sur la même période.


    Le choc est cependant adouci par trois facteurs. D’abord, les Etats européens ont des dettes très étalées dans le temps. En France, la maturité moyenne est de sept ans. Ensuite, on part d’un niveau très bas : aujourd’hui, le taux d’intérêt effectif sur la dette française est d’environ 1,5 %, deux fois plus faible qu’en 2009. Enfin, les taux d’intérêt semblent avoir passé un pic. Sur les marchés, ils refluent fortement depuis trois mois. Les économistes tablent sur une première baisse de ceux de la BCE en juin.

    Le retour des règles budgétaires européennes


    A ces contraintes financières s’ajoutent désormais des obligations politiques : les règles budgétaires européennes, qui ont été suspendues pendant le Covid-19 et la crise inflationniste, seront de nouveau imposées cette année. Elles sont en cours de réforme – le 10 février, le Parlement et les négociateurs des Vingt-Sept ont trouvé un accord préliminaire – pour les rendre plus souples, mais leurs grands principes demeurent. L’objectif officiel est toujours d’avoir au maximum un déficit de 3 % du PIB et une dette de 60 % du PIB. S’y ajoute une dose de flexibilité, avec sept ans (au lieu de quatre ans auparavant) pour revenir dans les critères, et une meilleure prise en compte des circonstances de chaque pays.

    Ces règles sont nécessaires, estime Marko Mrsnik, analyste à S&P : « le but est de rétablir une marge de manœuvre budgétaireafin de pouvoir faire face aux défis du futur, par exemple en cas de nouvelle crise, ou face au vieillissement de la population. »

    M. Geerolf, économiste à l’OFCE, estime au contraire que la zone euro risque de refaire l’erreur de la crise de 2011-2013, quand de nombreux gouvernements ont imposé l’austérité en même temps : « L’erreur est un peu moins marquée qu’à cette époque, et l’UE a donc l’impression d’en avoir tiré les leçons. Mais par rapport aux Etats-Unis, le différentiel entre les deux régions reste le même. » Avec son vaste plan de soutien à l’industrie, le gouvernement américain va enregistrer un déficit public de… 7,4 % du PIB en 2024, selon le FMI, bien plus que la France (4,5 %) ou que l’Allemagne (1,7 %).


    « En Europe, les conditions sont pourtant très différentes de 2012 », réplique Adrienne Benassy, analyste à S&P.Outre les règles budgétaires plus flexibles, elle cite le programme « NextGenEu », qui est le plus grand emprunt commun jamais réalisé par l’UE. Cette enveloppe de 800 milliards d’euros, débloquée pendant la pandémie et versée jusqu’en 2026, est en grande partie constituée de dons versés aux pays les plus fragiles, en particulier l’Italie, qui touche ainsi presque 11 % de son PIB (sur six ans).

    Le débat agite le continent européen


    Dans ce contexte, la question budgétaire agite toute l’Europe, à commencer par l’Allemagne. Le plus important pays de l’UE n’a pas besoin des règles européennes ; il a les siennes, bien plus strictes. Le « frein à la dette », inscrit dans la Loi fondamentale du pays en 2009, prévoit un déficit « structurel » (hors effets conjoncturels) maximal de 0,35 % du PIB.

    Le 15 novembre 2023, la Cour constitutionnelle allemande a provoqué un séisme politico-économique. Elle a jugé illégales des dépenses placées hors budget. D’un coup, d’après les calculs de Fitch, c’est 130 milliards d’euros qui sont supprimés directement ou indirectement pour les années 2024-2027.

    Dans ces circonstances, alors que l’Allemagne est en récession (− 0,3 % en 2023), elle est dans la situation paradoxale de réduire rapidement sa dette, qui doit repasser sous les 60 % du PIB en 2031, note BNP Paribas. « La France vit au-dessus de ses moyens, mais l’Allemagne vit en dessous », se désole M. Geerolf. « En théorie, l’Allemagne a les moyens de dépenser plus », ajoute M. Barriga-Salazar.

    De passage à Londres, le 12 février, Christian Lindner, le très orthodoxe ministre des finances allemand, ne veut pourtant rien entendre de ces critiques. « Les Etats-Unis dépensent beaucoup en subventions avec l’IRA, mais je ne crois pas que ce soit une politique soutenable. » Pour lui, l’Europe ne souffre pas « d’un manque d’investissements publics, mais d’investissements privés ». Quant aux règles budgétaires européennes, il avertit son « ami français » Bruno Le Maire : « La condition du soutien allemand [à leur réforme] est un déficit plus faible et une trajectoire fiable vers une baisse du ratio de dette. »

    L’exemple français illustre la difficulté de la tâche. Le 8 janvier, M. Le Maire avait averti : « En matière de finances publiques, le plus dur est devant nous. » Le ministre évoquait alors 12 milliards d’euros d’économies à réaliser par an à partir de 2025. Le 18 février, après avoir été forcé de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année, les ramenant de 1,4 % à 1 %, il a annoncé devoir trouver 10 milliards d’euros d’économies dès cette année.

    En Belgique, le retour des règles budgétaires européennes représente de même « une bombe atomique », confiait le 16 février au Monde Herman Matthijs, membre du Conseil supérieur des finances, un groupe d’experts qui étudie les problèmes budgétaires, financiers et fiscaux. « Je doute qu’il y ait beaucoup de candidats pour le poste de ministres des finances », ironise ce professeur de l’université de Gand. Pour respecter ses engagements européens, la Belgique devra épargner 37 milliards d’euros d’ici à 2031, environ 7 % du PIB.

    Le débat budgétaire a même atteint la Suède, un Etat très attaché à son orthodoxie économique. Les règles budgétaires du pays (qui n’est pas dans la zone euro et n’est pas concerné par les règles européennes) lui imposent de présenter un budget en excédent, à hauteur de 0,33 % du PIB. A l’heure du réarmement nécessaire alors que le pays est sur le point de rejoindre l’OTAN, et de la transition écologique, et tandis que sa dette est désormais de 32 %, est-ce bien raisonnable ?
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2

    France, Belgique, Italie, Espagne : les mauvais élèves


    Dans sa dernière analyse des pays de la zone euro, l’agence de notation S&P épingle quatre pays. L’Italie et l’Espagne sont considérés comme ayant « une dette élevée, en réduction modérée » ; la France et la Belgique ont « une dette élevée stagnante ».

    Les deux premiers ne sont pas des pays très dépensiers. Leur budget « primaire » (avant le remboursement des intérêts) est à peu près à l’équilibre, et il devrait rester à ce niveau pour les trois prochaines années. Leur problème vient du poids de leur dette, qui impose un remboursement très élevé.

    La France et la Belgique ont leur catégorie à part. Ils vont « probablement afficher les deux déficits primaires les plus élevés de la zone euro en 2024 ». En France, celui-ci devrait tourner autour de 2,5 % du PIB et en Belgique de 2 %. Quant aux promesses de Bercy de réduire les dépenses, S&P (qui écrivait sa note le 7 février, avant les dernières annonces de M. Le Maire) n’y croit guère : « L’historique des consolidations budgétaires de la France est relativement médiocre, le pays n’a pas eu de surplus primaire depuis 2007. »

    Il y a une un peu plus d’une décennie, le 13 janvier 2012, cette agence était la première à retirer à la France son AAA, la meilleure note. Depuis, les autres agences ont fait de même, et le recul, lent mais régulier, continue. En avril 2023, Fitch a encore rétrogradé la note française, à AA−, le troisième niveau. Rendez-vous aux prochaines décisions, le 16 avril pour Moody’s et Fitch, le 31 mai pour S&P… Mais personne ne se fait d’illusion : tôt ou tard, le recul devrait continuer.





    Eric Albert(Londres, correspondance)
    Le gouvernement en rajoute dans la cure d’austérité

    À la surprise générale, Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros d’économies budgétaires supplémentaires pour 2024, notamment dans la transition écologique. Une manière très maladroite de montrer patte blanche à Bruxelles.

    Mathias Thépot

    AprèsAprès une année 2023 de casse sociale marquée par les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, on pensait que la prochaine cure d’austérité concoctée par l’exécutif n’adviendrait pas avant 2025. C’est en tout cas ce que le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, avait laissé entendre début janvier en annonçant qu’il comptait trouver « au minimum 12 milliards d’euros d’économies en 2025 » dans les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.

    Malheureusement, si ces économies pour 2025 restent à l’ordre du jour du prochain projet de loi de finances qui sera présenté à l’automne, l’année 2024 ne sera pas pour autant épargnée par le rigorisme budgétaire. En effet, Bruno Le Maire a annoncé au journal de TF1 dimanche 18 février que 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires seront actés dans les prochains jours.

    Une annonce surprise que le ministre a justifiée par la révision à la baisse des prévisions de croissance économique française pour 2024 de 1,4 % à 1 %. Révision que le gouvernement explique par la hausse des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), qui ne date pourtant pas d’hier…


    Agrandir l’image : Illustration 2Bruno Le Maire à l’Élysée le 7 février 2024. © Photo Quentin De Groeve / Hans Lucas via AFP

    « Ça a évidemment un impact fort sur la croissance, car une augmentation des taux, ça veut dire moins d’argent disponible pour l’investissement des entreprises, comme pour la consommation des ménages », semble avoir découvert Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse organisée le 19 février.

    « Cette augmentation des taux, elle était indispensable pour briser l’inflation. […] Mais il y a un prix à payer : le ralentissement économique », a-t-il résumé.Or, pour Bruno Le Maire, moins de croissance, « ça veut dire évidemment moins de recettes, notamment sur l’impôt sur les sociétés, de l’ordre de 4 milliards d’euros. […] Et donc moins de recettes, ça doit nous amener à moins de dépenses ». CQFD en Macronie.

    Le Parlement contourné


    Après avoir déjà eu recours à vingt-trois articles 49.3 sur les questions budgétaires pour s’éviter des débats parlementaires – des questions qui sont pourtant historiquement liées à la constitution même des régimes parlementaires –, l’exécutif va de nouveau contourner la représentation nationale, en passant cette fois-ci par décrets. Par ce biais, le budget 2024 des ministères sera raboté de 5 milliards d’euros, et les politiques publiques, de 5 milliards elles aussi.

    Le nouveau « cost killer » du gouvernement, le ministre délégué chargé des comptes publics Thomas Cazenave, prévoit notamment de couper 1,5 milliard d’euros dans la masse salariale et les achats de l’État ; mais aussi de baisser « de 20 % les déplacements des agents » et d’accélérer les cessions de bureaux pour réduire de 25 % des surfaces occupées par les services de l’État. Comprendre : les fonctionnaires vont devoir se mettre fissa au télétravail et aux visioconférences.

    Preuve que l’exécutif agit dans l’urgence, Thomas Cazenave a précisé que « concrètement, dès la semaine prochaine et les semaines suivantes, les ministères vont devoir reconstruire leur budget et leurs maquettes financières, leurs dépenses de fonctionnement ».Les opérateurs de l’État seront aussi sollicités. Bruno Le Maire a évoqué des économies d’un milliard d’euros au total sur les budgets de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), Business France, France Compétences ou encore le Centre national d’études spatiales.

    Toujours dans la panique, les locataires de Bercy ont également annoncé qu’ils reportaient des projets pour trouver des économies à très court terme : près d’un milliard d’euros d’aide au développement pour les pays les plus pauvres sont ainsi ajournés.

    De même, le « fonds vert » à destination des collectivités locales – qui était pourtant la nouvelle martingale écolo trouvée par Bercy pour calmer le mécontentement des élus locaux face à la baisse de leurs moyens – va finalement être raboté de 400 millions d’euros.

    Coup de rabot dans l’écologie


    L’écologie est en fait la grande perdante de cette décision hâtive d’austérité budgétaire. Car il est aussi prévu de réduire d’un autre milliard d’euros l’enveloppe de l’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’, pourtant un des piliers de la politique de rénovation énergétique du gouvernement. « On avait annoncé une enveloppe supplémentaire de 1,6 milliard de 2023 à 2024 » et « il y aura toujours une augmentation de 600 millions, mais nous récupérons un milliard », a concédé Bruno Le Maire.

    Autre mesure de rigueur : Bercy va demander aux salarié·es une participation forfaitaire pour bénéficier du compte personnel de formation (CPF) à hauteur de 10 % du prix des formations. La mesure sera effective dès cette année. Les salarié·es n’en seront exonérés que « si l’employeur abonde en cas de solde insuffisant ». « Cette participation forfaitaire va être mise en œuvre dès cette année, ce qui nous permettra de générer 200 millions d’euros d’économies sur un total de deux milliards », a déclaré Thomas Cazenave.

    Toujours sur le terrain de l’emploi, l’exécutif a prévu de réduire les aides à l’apprentissage de 200 millions d’euros. Une paille vu le coût global de près de 20 milliards d’euros par an de la politique de soutien à l’apprentissage. Politique qui comporte de nombreux effets d’aubaine dont profitent les grandes entreprises.

    Dernière mesure : le plan d’investissement dans les compétences (PIC) sera, lui aussi, raboté de 150 millions d’euros. « Nous avons fortement réduit le chômage et donc nous ajustons notre politique de l’emploi à la fois à la réalité du chômage et puis surtout à la réalité des finances publiques », a justifié Thomas Cazenave.

    Si le gouvernement touche ici à plusieurs dispositifs qu’il a lui-même créés, il n’a en revanche pas voulu revenir sur ses baisses d’impôts instaurées en 2018 sur les entreprises et les ménages les plus aisés. « Nous refusons la facilité de l’augmentation des taxes et des impôts », s’entête Bruno Le Maire.

    Pourtant, le dernier rapport du comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital – suppression de l’ISF, instauration d’une flat tax de 30 % sur les revenus du capital – ne trouvait pas d’effet vertueux de ces mesures sur l’emploi et l’investissement, et chiffrait leur coût net à plus de 3 milliards d’euros par an pour les finances publiques.

    Contexte européen


    Voilà pour les grandes lignes de ces annonces, qui sont aussi à analyser à la lumière du contexte européen. En effet, le 1er janvier 2024, il a été mis fin au moratoire – instauré durant la crise sanitaire – sur les dépassements des règles budgétaires européennes par les États membres. Et dans le même temps, une réforme du pacte de stabilité a été approuvée par le Parlement européen et instaure de nouvelles règles.

    Des nouvelles règles qui renforcent le rigorisme budgétaire et ouvrent la porte à une austérité permanente. Elles condamnent toute politique divergente, compromettant de fait la transition écologique.

    Bref, si Bercy agit autant dans l’urgence, c’est aussi pour montrer patte blanche à Bruxelles sur sa maîtrise des finances publiques. « Le décret d’annulation de ces 10 milliards d’euros d’économie sera pris cette semaine pour ne laisser planer aucune ambiguïté sur notre détermination à maîtriser nos finances publiques », a d’ailleurs glissé Bruno Le Maire.

    Le ministre s’est enfin laissé aller ce 19 février à une critique de la politique économique de l’Europe. Selon lui, « l’éléphant dans la pièce » des politiques économiques du Vieux Continent, « c’est la croissance en Europe ». Et d’ajouter : « Le vrai sujet, il est là : il est sur l’écart de croissance entre l’Europe, le continent européen et le continent américain. » Dont acte. Mais il attribue cet écart… à l’empilement des normes.

    « La croissance européenne est enchaînée : enchaînée par les normes, enchaînée par les règles, enchaînée par les directives, enchaînée par les règlements, enchaînée par la suradministration, enchaînée par des obligations qui ne s’imposent qu’aux entreprises européennes et jamais aux entreprises chinoises, jamais aux entreprises américaines », a-t-il développé.

    Étrange analyse dans la mesure où le décrochage de l’économie européenne par rapport à l’économie des États-Unis date de la cure d’austérité que s’est infligée la zone euro au début des années 2010, pointaient des économistes du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). Décrochage qui n’a pas été rattrapé depuis. Une période funeste dont l’exécutif ne semble pas avoir tiré les leçons, au regard de ses annonces récentes.



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    • #3
      une recession bien curieuse,
      On en parle au Canada aussi mais on a toujours une grande pénurie de main d'oeuvre et des plus bas taux de chômage.

      En Europe, comment c'est pour l'emploi?
      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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      • #4
        En France , le chômage repart à la hausse depuis au moins deux trimestres .
        وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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