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Hydrogène vert : «L’offre Maroc, c’est plutôt le besoin de l’OCP qui représente 15% de la demande mondiale» (

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  • Hydrogène vert : «L’offre Maroc, c’est plutôt le besoin de l’OCP qui représente 15% de la demande mondiale» (

    Le projet «Offre Maroc» en matière d’hydrogène vert représente en réalité le besoin de l’OCP de cette matière. En tout, le groupe industriel compte acquérir 150.000 tonnes d’hydrogène vert, soit 15% de la demande mondiale, selon Amine Bennouna. Cet expert en énergie, invité du dernier numéro de «L’Info en Face», revient sur les raisons de cette demande et comment la combler. Il explique, par ailleurs, les conditions pour la naissance d’un écosystème hydrogène vert au Maroc, pouvant fournir l’Union européenne, et les défis écologiques que cela représente.

    L’offre Maroc en matière d’hydrogène vert, rendue publique début de semaine dernière, est-elle un défi économique ou un challenge écologique ? Telle est la question centrale du dernier numéro de «L’Info en Face» de «Groupe Le Matin». Pour Amine Bennouna, expert en énergie, invité de l’émission, «Ce n’est pas une offre, mais une demande de l’OCP» qui résulte de plusieurs faits successifs. Ainsi rappelle-t-il, le programme présenté, fin 2022, à Sa Majesté le Roi par Mustapha Terrab, PDG de l’OCP, confirme la décision du groupe de ne plus utiliser d’eau conventionnelle pour alimenter son site de Khouribga, «dont la quantité consommée est impressionnante», explique notre invité.
    En effet, l’idée est de remplacer l’eau en provenance du barrage Aït Messaoud pour de l’eau dessalée à travers un pipeline de 200 km, reliant Jorf Lasfar à Khouribga. Produire de grandes quantités d’eau dessalée nécessite beaucoup d’énergie. Et l’OCP a décidé qu’elle sera propre et renouvelable puisque l’objectif du groupe est de convertir, à terme, l'intégralité de son outil industriel à l'énergie verte, en investissant dans l'énergie solaire et éolienne. Cette transition vers une énergie propre soutiendra les installations de dessalement de l'eau de mer, répondant ainsi aux besoins en eau potable et en irrigation des zones avoisinantes des sites OCP.


    Au passage, le groupe s’affranchira de l’importation d’ammoniac qui sera remplacé par de l’ammoniac vert produit localement, dont la production est alimentée par de l’énergie décarbonée, ce qui le positionnera sur le marché des engrais et fertilisants verts. Et produire de l’hydrogène vert (et de l’azote vert) est une étape nécessaire pour la production de l’ammoniac vert. Et notre spécialiste de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une offre hydrogène verte, mais d’une demande : «L’hydrogène dans le monde, c’est 100 millions de tonnes dont 1% seulement, soit environ un million de tonnes, en hydrogène vert. Et la demande que pose l’OCP pour 2031 a pour objectif de couvrir ses objectifs de production : un million de tonnes d’ammoniac vert en 2031
    Pour cela, le groupe a besoin d’environ 150.000 tonnes d’hydrogène vert. Il y a donc aujourd’hui une demande posée sur la table pour un usage industriel d’hydrogène vert au Maroc, un bon de commande à qui viendra avec une proposition intéressante pour l’OCP pour produire cet hydrogène». Donc, pour notre spécialiste, le besoin de l’OCP est le moteur de cette affaire sur le court terme. Et d’ajouter, «Ce qu’il faut retenir également, c’est qu’en commandant 150.000 tonnes d’hydrogène vert, l’OCP est en train de passer commande pour 15% de l’hydrogène vert dans le monde. Une fois que la production pourra atteindre une certaine taille, nous aurons les compétences nécessaires pour mettre en place un écosystème capable de subvenir au besoin national». En attendant, la présence d’un «bon de commande» d’une taille aussi importante devrait suffisamment encourager les investisseurs opérant dans ce secteur, souligne Amine Bennouna

    Comment le défi écologique sera-t-il relevé ?



    Si la demande est là et qu’elle est d’une taille assez grande pour intéresser les opérateurs économiques, qu’en est-il du défi écologique que représente ce grand projet ? En effet, même si on produit de l’hydrogène vert sur la base d’énergies propres, il reste la question de son transport : sera-t-il fait par des camions (empreinte carbone), par voie maritime ou par d’autres moyens ? «Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais je ne pense pas que l’OCP compte transporter l’hydrogène vert. Il sera sans doute transformé en ammoniac vert non loin de l’endroit où cet hydrogène vert sera produit, c’est-à-dire pas loin de Laâyoune», prévoit notre spécialiste. Et d’ajouter, «le transport de l’hydrogène vert produit ne nécessitera pas non plus la construction d’installations spéciales et se fera certainement au travers de gazoducs de petite taille. Le transport de l’ammoniac vert, lui, ne posera pas de problème, selon notre spécialiste, puisque c’est “monnaie courante” de transporter de l’ammoniac».
    La production nationale pourra-t-elle servir, à terme, d’autres clients que l’OCP ? D'autant que l’Union européenne a exprimé son besoin en Hydrogène vert : 20 millions de tonnes dont elle compte importer la moitié. Quelle place pour le Maroc dans ce gros marché très proche géographiquement ? L’écosystème en cours de construction pour l’OCP pourra-t-il à terme donner naissance à une future filière industrielle ? «Développer cette “Offre Maroc” passe par la production d’électrolyseurs, de panneaux solaires, d’éoliennes et se termine par le développement et la livraison d’hydrogène vert à qui en veut. Et comme on l’a vu, environ une centaine d’entreprises ont manifesté leur intérêt pour ce projet au Maroc. On retrouve des fabricants dans le solaire, l’éolien, des développeurs de projets solaires et éoliens, des fabricants d’électrolyseurs, des développeurs de systèmes d’électrolyse, des spécialistes en manipulation d’hydrogène (pressurisation, liquéfaction, transport...). Ce qui couvre tout l’écosystème, de bout en bout», répond Bennouna.

    Cependant, fait remarquer notre invité, le Maroc ne fabrique pas encore tout dans cet écosystème, comme certaines composantes des éoliennes ou encore les électrolyseurs dont le marché mondial gagnerait, selon Bennouna, à être dynamisé en augmentant leur rendement tout en baissant leurs prix. En attendant, met en garde notre spécialiste, «il ne faut pas trop rêver, les 150.000 tonnes d’hydrogène vert seront produites par des électrolyseurs importés». Autre défi écologique/économique de l’hydrogène vert : qu’il soit compétitif par rapport aux sources actuelles d’énergies fossiles : «Pour un kilo, l’hydrogène produit 3 fois plus d’électricité que le gasoil. Théoriquement, on devrait être disposés à payer le kilo d’hydrogène vert 3 fois celui du gasoil. Dans la pratique, ce n’est pas le cas», souligne notre expert. Et d’ajouter, «utiliser l’hydrogène vert comme moyen de stocker l’électricité propre est donc encore trop cher». En effet, il faut de l’énergie bon marché pour produire de l’hydrogène vert bon marché qui, en soi, permet de produire de l’électricité. Un processus coûteux et qui génère des pertes d’énergie soit dit en passant.

    le matin

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