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Turbines Arabelle : un désastre signé Macron

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  • Turbines Arabelle : un désastre signé Macron

    Dès le rachat des turbines Arabelle, Emmanuel Macron s’est empressé le 31 mai de célébrer l’opération. C’est pourtant lui qui avait organisé leur vente, sept ans auparavant. Mais si les turbines reviennent, la technologie est passée sous contrôle américain.

    Martine Orange


    Comment ne pas applaudir devant un tel succès ? Le chef de l’État a tenu à se fendre lui-même d’un message pour le célébrer. L’événement s’inscrit d’ailleurs dans la geste de ce gouvernement depuis sept ans. Chez lui, jamais d’échec, jamais d’erreur : tout est parfait, ontologiquement parfait ! Le rachat des turbines Arabelle, un des fleurons industriels de l’ex-Alstom, annoncé triomphalement le 31 mai, répond à la perfection à ce schéma.

    Lors de sa campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron, soudain devenu le héraut de la réindustrialisation en France, avait tenu à faire le voyage à Belfort, fief de l’activité énergie de l’ex-Alstom rachetée par General Electric (GE) en 2015, pour promettre devant des salariés qu’il ramènerait les activités nucléaires rachetées par le groupe américain en France. Il l’a dit, il l’a fait.

    Après plus de deux ans de discussion, EDF a confirmé ce rachat : « Ce 31 mai, EDF reprend officiellement les activités nucléaires de General Electric et notamment les activités de maintenance et de fabrication des turbines Arabelle. […] Les accords conclus assurent la pérennité de cette activité qui est une véritable fierté française »,s’est empressé de faire savoir Emmanuel Macron la veille dans un entretien aux quotidiens régionaux.

    Le mot fierté ne saurait être plus à propos. Quelle fierté, en effet, de racheter pour 1,1 milliard d’euros des produits et des équipements industriels vendus sept ans auparavant pour 600 millions d’euros à un groupe américain qui a laissé volontairement péricliter toute cette activité en Europe !

    Quelle fierté d’abandonner la propriété industrielle et tous les brevets pour des produits élaborés et conçus en France depuis des décennies à un groupe américain qui aura à l’avenir la haute main sur leur utilisation future ! Oui, c’est une vraie fierté. Une vraie reconquête de souveraineté, pour emprunter le vocabulaire en vogue dans les couloirs de l’Élysée.

    Travail de sape


    Même si le chef de l’État essaie aujourd’hui de réécrire l’histoire, de faire passer pour un succès ce qui n’est qu’une débâcle, les faits sont là, ineffaçables. Il n’y a qu’un responsable à ce dépouillement industriel et à cette gabegie financière : Emmanuel Macron lui-même.

    C’est lui qui, en tant que secrétaire adjoint de l’Élysée, a organisé dès l’automne 2012, en secret, dans le dos des ministres et du gouvernement, la cession de la branche énergie d’Alstom à l’américain GE. Au nom de quoi avait-il pris de telles initiatives ? Sans doute ne s’est-il pas totalement départi de ses habits de banquier d’affaires.

    C’est lui encore qui combattra bec et ongles, au printemps 2014, toutes les tentatives d’Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement industriel, pour contrer l’opération de rachat de GE, avec cet argument définitif et indépassable : en s’opposant aux lois sacrées du marché, le ministre ne proposait rien de moins que« Cuba sans le soleil »,selon les termes largement diffusés alors par les soutiens d’Emmanuel Macron.

    Il ne saurait alors, défendait le secrétaire adjoint de l’Élysée, y avoir ni entrave au capital ni préoccupation de souveraineté, et encore moins de guerre économique même entre alliés. À voir la politique menée par Donald Trump puis par Joe Biden sur la protection des intérêts américains, on mesure la profondeur de l’analyse.

    C’est Emmanuel Macron toujours, en tant que ministre de l’économie cette fois, qui s’empressa de démonter les quelques protections juridiques qu’avait mises en place son prédécesseur pour tenter justement de protéger la propriété industrielle et les brevets liés aux turbines Arabelle, installées non seulement dans les centrales nucléaires, mais aussi dans les sous-marins atomiques. À peine arrivé à Bercy, il s’employa dès l’automne 2014 à passer le tout par-dessus bord et à liquider en 2016 la joint-venture dans laquelle l’État avait obtenu un droit de veto. Tout cela n’était qu’embarras inutile.


    Le gouvernement se révèle incapable de sauver l’existant, même quand c’est stratégique.

    Les efforts demandés à EDF depuis plus de deux ans pour tenter de rattraper ces erreurs sont l’aveu même de l’échec – jamais reconnu – de la « vision » d’Emmanuel Macron pendant toute cette période. Mais le retour des turbines Arabelle dans le giron de l’entreprise publique ne peut effacer les dégâts difficilement réparables.

    Comme dans le cas de Gemalto, fondateur de la carte à puce dont la technologie a échappé pendant un temps aux Américains, GE restitue une société dévitalisée et sous contrôle. Pendant toutes ces années, le groupe américain n’a porté aucun projet pour cette activité. Or, pour être viable, l’activité doit produire au moins deux turbines par an. Mais pour qui ?Car la seule vraie initiative industrielle prise par GE dans ce laps de temps a été de changer le contrôle-commande de ses turbines pour le remplacer par sa technologie.

    Agrandir l’image : Illustration 2Emmanuel Macron lors de son discours dans l’usine GE à Belfort le 10 février 2022. © Photo Jacques Witt / Sipa

    Le changement est peut-être nécessaire. Il permet peut-être d’améliorer la performance des turbines. Il a en tout cas un effet direct : puisqu’il s’agit de technologies américaines jugées sensibles, elles sont soumises aux législations outre-Altantique EAR et ITAR qui imposent un contrôle des exportations : l’administration américaine doit être informée des projets, des clients, de tout, avant de donner son aval.

    Jusqu’alors, le principal client des turbines Arabelle a été le groupe nucléaire russe Rosatom, qui a échappé aux sanctions. Mais qu’adviendra-t-il demain ? Interrogé à ce sujet par les quotidiens régionaux du groupe EBRA, Emmanuel Macron s’est réfugié derrière l’opportun « secret des affaires ».Bref, il y a tout lieu de craindre qu’EDF reprenne une activité déficitaire sur une longue période.

    L’exemple d’Atos


    Quant aux autres activités de l’ex-branche énergie d’Alstom, notamment le solaire et les éoliennes, elles ne figurent même pas au tableau. Les usines connaissent plan de restructuration sur plan de restructuration pour rapatrier toute l’activité aux États-Unis, tandis que l’argent a filé vers des paradis fiscaux.

    L’usine de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) est la dernière sur la liste : elle a annoncé un plan de licenciement de 600 personnes en mars. Mais pour le gouvernement, tout cela est accessoire. Après de multiples revirements sur le sujet, il n’y a que le nucléaire et son grand programme d’EPR (pour « réacteur pressurisé européen ») qui comptent aux yeux d’Emmanuel Macron.

    Tous les responsables politiques se trompent, essuient des échecs, font des erreurs. Mais au moins, certains tirent des leçons des expériences – parfois douloureuses – passées. Dans le cas présent, rien de tel.

    L’exemple d’Atos, dont le sort devrait être scellé dans les tout prochains jours, en apporte une énième démonstration : le gouvernement se révèle une fois de plus incapable de sauver l’existant, même quand c’est stratégique. Tout en discourant du matin au soir sur la souveraineté, la reconquête industrielle, le gouvernement continue son œuvre de liquidation de l’outil productif, de savoir-faire et de recherche.


    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    Quelle fierté, en effet, de racheter pour 1,1 milliard d’euros des produits et des équipements industriels vendus sept ans auparavant pour 600 millions d’euros à un groupe américain qui a laissé volontairement péricliter toute cette activité en Europe !



    Evidemment les cabinets de M&A et autres Banques d'Investissement ont pu se goinfrer 2 fois...

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