Le prix des produits alimentaires en France 2025
La hausse des prix des produits alimentaires survenue après la crise sanitaire a été aggravée avec la guerre en Ukraine. Désormais, les prix de l'alimentation ont cessé d'exploser, mais ils restent cependant à des niveaux très élevés qui amputent le budget des ménages, déjà mis en difficulté par le contexte économique global. C’est la raison pour laquelle les volumes de nourriture vendus connaissent une chute historique : beaucoup de ménages français doivent se priver d'aliments et même souvent sauter des repas pour des raisons financières.
publié le 01/05/2025 Par Olivier Berruyer

Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.
1- 20 % de hausse des produits alimentaires en France
2- Des prix mondiaux de nouveau orientés à la baisse
3- Les marques les moins chères ont le plus augmenté
4- Diminution de l'offre et des volumes vendus
5- Des grands écarts de prix entre les grandes enseignes
Ce qu'il faut retenir
2- Des prix mondiaux de nouveau orientés à la baisse
3- Les marques les moins chères ont le plus augmenté
4- Diminution de l'offre et des volumes vendus
5- Des grands écarts de prix entre les grandes enseignes
Ce qu'il faut retenir
Le prix de l'alimentation est au cœur des préoccupations quotidiennes d’une vaste partie des habitants de la planète, y compris de ceux des pays les plus développés, ce qui ne transparaît pas forcément lorsque l'on regarde la surface médiatique consacrée à ce sujet. Les répercussions, économiques comme politiques, en sont pourtant très importantes.
20 % de hausse des produits alimentaires en France
L’inflation, tous produits confondus, s’est réduite et flirte désormais avec le bas niveau de 1 %, comme nous l’avons analysé dans notre analyse sur l'inflation en France. L’inflation sur un an des produits alimentaires est revenue elle aussi à moins de 1 %.

Si les prix alimentaires ont certes cessé leur explosion (près de 15 % de hausse en 2023 et 5 % en 2024), cela signifie qu’ils continuent malgré tout d’augmenter. D'autre part, les prix alimentaires restent à des niveaux 20 % plus élevés qu’en 2021, comme les consommateurs ont pu douloureusement le constater.

Plus en détail, on voit que l’épisode d’inflation alimentaire de 2023 a été fortement soutenu par la croissance du prix des matières premières.

Mais le secteur est aussi fortement frappé par un phénomène de boucle prix-profits, une situation que nous avons analysée dans notre suivi de l'inflation en France. Cela signifie que beaucoup d’entreprises du secteur agroalimentaire ont profité de la situation pour fortement majorer leur prix, bien plus que nécessaire, dans le but de réaliser des surprofits. Le taux de marge de ce secteur est en effet passé de 35 % avant la crise à environ 44 %. Ce sont ces profits que les gouvernements macronistes successifs ont refusé de taxer.

En avril 2025, dans le seul secteur de la grande distribution, l’inflation alimentaire vient de repartir assez fortement à la hausse, avec près de + 1 % durant ce seul mois, mettant fin à une suite de très légères baisses tous les mois.

Rappelons que l’inflation se calcule sur un an glissant, donc par exemple entre avril 2024 et avril 2025. Si l'on regarde ce qu’il advient depuis janvier 2022 des prix des 150 produits les plus achetés par les Français, on arrive à un total de près de +25 % de hausse, dont +15 % en 2022 et +10 % en 2023.

Des prix mondiaux de nouveau orientés à la hausse
L’observation de l’indice FAO (Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) fait apparaître une grande volatilité des prix alimentaires mondiaux (corrigés de l'inflation) depuis la crise des subprimes.

Après une hausse historique durant la crise sanitaire du Covid-19, les prix ont fini par baisser en 2022, mais la crise politique et économique qui se déroule depuis la guerre d’Ukraine a empêché un retour aux prix d’avant le Covid. Ils restent ainsi 26 % supérieurs au niveau de 2019 et 50 % au-dessus de leur niveau moyen historique.
Dans le détail, on constate que ce sont les huiles végétales qui ont connu la plus forte hausse : leur prix réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) a triplé entre 2019 et 2022, avant de nettement baisser. Le prix des céréales a connu un pic historique, mais il a par chance également fortement décru. Le sucre a connu une baisse modérée après avoir atteint ses plus hauts historiques, en raison de problèmes de rendements en Chine et en Inde dus à des événements climatiques. Le prix du sucre est toujours 45 % supérieur à son niveau de 2019, tout comme les produits laitiers.
Enfin, la viande a quasiment retrouvé ses niveaux réels d’avant crise après avoir augmenté de +20 %. Attention, ce sont bien des niveaux réels : « retrouver son niveau de 2019 » signifie « avoir augmenté du montant de l’inflation », soit plus de 15 % de hausse.

Soulignons enfin qu’une grande partie des hausses observées ont été causées par des problèmes climatiques, tels que des sécheresses en Europe et des inondations en Asie. Le changement climatique a donc aussi des répercussions directes sur le pouvoir d’achat alimentaire des Français.
En France, les marques les moins chères ont le plus augmenté
Si l'on analyse plus en détail l’évolution des prix des différents types de produits dans les grandes surfaces françaises, on observe que la forte inflation des prix a cessé, en particulier pour les produits Premiers prix. Au final, ce sont les marques de distributeurs (c’est-à-dire les produits de marque Carrefour ou Auchan par exemple) qui ont le plus augmenté par rapport aux marques nationales.
Ce phénomène a particulièrement touché les marques Premiers prix, qui ont augmenté de +30 % depuis 2021, car elles utilisent des produits fortement frappés par l’inflation (pâtes, farine, etc.).

Face à la hausse des prix, une des réactions des consommateurs a été de baisser leur gamme d’achats : on passe du premium au normal, de la marque nationale à la marque de distributeur, ou de la marque de distributeur aux marques Premiers prix. Le volume de vente de ces produits Premiers prix a ainsi augmenté de +15 % en un an, malgré leur forte hausse de prix, car ils restent malgré tout moins chers que les marques nationales.
Diminution de l’offre et des volumes vendus
L’autre réaction des consommateurs a évidemment été d’acheter moins lors de la crise. Depuis, le volume total des ventes alimentaires en grandes surfaces s’est stabilisé en moyenne, mais de nombreux produits d’alimentation (épicerie, crémerie…) continuent à voir leurs volumes de vente baisser.

Le mouvement a cependant commencé en 2022-2023, où on avait assisté à une baisse très importante de près de -5 %.
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