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Ramdane Kebbabi
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De pays importateur, l’Algérie compte bientôt exporter le sucre raffiné. Cette ambition a été réitérée, jeudi dernier, à l’occasion de l’inauguration d’une raffinerie ultramoderne à la zone industrielle de Larbatache, entre Alger et Boumerdès.
«Cette usine portera la production de sucre dans notre pays à 3 millions de tonnes/an, alors que nos besoins sont estimés à 1,4 million de tonnes», a précisé Sifi Ghrieb, ministre de l’Industrie, à l’issue de la mise en service de la raffinerie, la 4e en Algérie. Ce grand complexe, inauguré dans le cadre de la récupération des biens saisis aux anciens oligarques, «permettra de satisfaire tous les besoins du marché national en sucre et de s’orienter vers l’exportation», a-t-il ajouté.
Reprise en 2023 par Tafadis SPA (filiale de Madar Holding), l’infrastructure s’étend sur une superficie de 14 hectares pour une capacité de production de 2000 tonnes/j, dont 1350 de sucre blanc premium, 450 de sucre liquide industriel et 200 tonnes de sucre roux raffiné. Ahmed Drai, PDG de Tafadis, a souligné à l’occasion que 60% de la production est destinée au marché local et 40% à l’exportation, avec une ambition forte de conquérir le marché des pays voisins africains et du sud de l’Europe. «Avec cette raffinerie, la SPA Tafadis s’impose comme un futur leader régional du raffinage du sucre, ce qui fera de l’Algérie un acteur incontournable du secteur», a-t-il indiqué.
Dans son allocution, le ministre s’est dit «très fier» de cette réalisation, saluant les efforts et le professionnalisme des cadres et des compétences algériennes, «qui ont réussi à redonner vie à cette infrastructure industrielle vitale et prometteuse tant par sa capacité que par la qualité exceptionnelle du sucre produit». «Tout comme les ouvriers de l’usine de ciment d’Adrar l’ont fait, ceux du complexe Tafadis de raffinage du sucre ont brillamment relevé aujourd’hui le défi, et demain ce sera au tour de ceux de Jijel et des autres unités industrielles à l’arrêt», a-t-il déclaré.
Poursuivant, le ministre affirme que cette raffinerie confirme «la volonté de l’Etat algérien de relancer tous les projets confisqués ou en suspens», ajoutant qu’elle constitue «un message clair à l’adresse de l’opinion nationale et internationale, et à tous ceux qui ont douté de la volonté de l’Etat en la matière».

Des projets ambitieux dans le Sud
D’habitude avare en déclarations, M. Ghrieb n’a pas manqué d’expliquer sa méthode de travail, soulignant que son département avait opté pour la discrétion. «Au ministère de l’Industrie, nous ne parlons pas beaucoup. Nous avons choisi d’agir dans la discrétion, sans faire de bruit, en laissant les chiffres et les réalisations parler d’eux-mêmes», a-t-il expliqué, en rappelant l’engagement de son ministère à «œuvrer jour et nuit pour concrétiser et achever les différents projets dans les plus brefs délais».
Dotée de 7 unités, l’usine est équipée de lignes de production et d’appareils de pointe. Sa reprise n’était pas chose facile et aura coûté plus de 15 millions de dinars à Tafadis. «Le taux d’avancement de l’usine était à 40% alors qu’il supposait dépasser 70%, mais le défi a été relevé grâce à la contribution de tous, notamment du bureau d’études belge qui nous a accompagnés du début jusqu’à la fin», confie M. Drai, précisant que la raffinerie atteindra ses capacités maximales de production d’ici la fin de l’année.
Dotée d’équipements de raffinage de haute technologie, l’usine dispose d’une capacité de stockage de 62 000 tonnes et va générer 850 postes directs, dont 624 sont déjà en activité.
Sur le plan logistique, l’entreprise dispose de sa propre flotte de camions semi-remorques, d’engins de chargement et de levage, d’un parc de véhicules légers, ainsi que d’installations au niveau du port d’Alger.
Pour réduire les importations de la matière première, Tafadis envisage de se lancer dans la culture de la betterave sucrière à Ouargla, où il prévoit réaliser une raffinerie de sucre 100% algérien et «faire de notre pays un leader régional dans le domaine du raffinage».
Ce projet d’envergure ayant bénéficié d’une enveloppe de 80 milliards vise aussi à développer les cultures stratégiques dans le Sud, à l’instar du blé, le maïs, le tournesol, les légumineuses, etc.
Un sucre de haute qualité
«Le sucre de Tafadis est le meilleur produit sur le marché national», assure Ahmed Drai, PDG de l’entreprise. Baptisé Yema, le sachet d’un kilogramme destiné aux ménages est déjà disponible sur le marché. «Les équipements et les techniques de raffinage utilisés sont uniques dans notre pays et la qualité de la matière importée du Brésil nous laisse certifier que nous produisons la meilleure qualité de sucre sur le marché national, mais aussi sur les marchés mondiaux», a-t-il indiqué, soulignant que le bulletin d’analyse qualité atteste des résultats techniques remarquables de notre production et la maîtrise complète de notre chaîne de raffinage. «Ces résultats positionnent notre sucre raffiné bien au-dessus des standards moyens observés sur le marché, y compris ceux des leaders internationaux du secteur», a-t-il ajouté. Selon lui, cet aspect qualitatif constitue un avantage dans la commercialisation de ses produits, son sucre premium notamment, pour les industriels très exigeants à propos du choix de leurs ingrédients. R. K.
Boumerdès
De notre bureau Ramdane Kebbabi
El Watan .dz
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