Maroc : Le FMI prévoit une croissance de 6,5%
30 juin 2008
Rebond de la production agricole et expansion continue du secteur non agricole
La mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné à Rabat du 19 au 30 mai 2008 pour mener les discussions relatives aux consultations au titre de l’Article IV, estime qu’en dépit de l’environnement global plus difficile, l’activité économique devrait demeurer vigoureuse en 2008.
La demande intérieure a été le principal moteur de la croissance ces dernières années, et ne devrait être que légèrement affectée par les développements externes. Dans ce contexte, la croissance du PIB réel devrait atteindre 6,5% environ en 2008 grâce au rebond de la production agricole et à l’expansion continue du secteur non agricole. A moyen terme, la croissance du PIB réel devrait se maintenir autour de 5,5% et 6%.
Selon le FMI, la dégradation sensible de l’environnement international en 2008 pose de nouveaux défis. Même si les perturbations sur les marchés financiers mondiaux n’ont jusqu’ici guère touché le Maroc, le ralentissement de la croissance mondiale, en particulier dans l’UE, pourrait infléchir la croissance des exportations marocaines. De plus, le renchérissement des cours des matières premières pourrait entraîner une nouvelle dégradation de la balance commerciale, malgré la forte augmentation du prix des phosphates. Cependant, les recettes touristiques et les envois de fonds des MRE, qui constituent les autres postes principaux du compte courant, ont évolué favorablement au cours des dernières années et leur poids dans le PIB devrait rester relativement stable à moyen terme. De même, les investissements directs étrangers sont en hausse et devraient poursuivre cette tendance. Ainsi, la situation de la balance des paiements devrait demeurer confortable, malgré le léger déficit du compte courant.
Au registre de la politique budgétaire, les experts du FMI estiment que le renforcement de la position budgétaire ces dernières années, et en particulier la baisse importante de l’endettement public, a amélioré l’image du Maroc auprès des investisseurs. Ces acquis ont notamment permis au Maroc d’obtenir la notation d’investment grade sur sa dernière émission obligataire. Par ailleurs, la consolidation budgétaire a créé potentiellement un espace budgétaire pour répondre aux priorités de la politique publique, comme la hausse des dépenses d’investissement et d’éducation et la poursuite de la réforme fiscale. Cependant, la flambée des cours internationaux du pétrole et de certaines matières premières a bouleversé la donne budgétaire. La décision de ne pas répercuter la hausse des prix mondiaux sur les prix nationaux afin de préserver le pouvoir d’achat a entraîné un alourdissement important des charges de la compensation. Celles-ci pourraient doubler leur poids dans le PIB en 2008 pour atteindre près de 5%, un montant supérieur à celui des dépenses d’investissement. La hausse des dépenses de compensation, conjuguée à l’impact des hausses de certains salaires de la fonction publique consenties au printemps 2008, pourrait entraîner une détérioration sensible de la situation budgétaire.
L’amélioration notable de la position budgétaire au cours de ces dernières années permet, à court terme, d’absorber cette augmentation des dépenses sans compromettre la stabilité macroéconomique. Mais à moyen terme, un accroissement durable des dépenses courantes, notamment au titre de la compensation, pourrait mettre en cause les acquis des dernières années, notamment en menant à des déficits plus élevés et en mettant un frein au mouvement de réduction de la dette publique. Ainsi, ces développements pourraient compromettre à terme les efforts d’investissement public et de réduction du déficit social, et, in fine, la croissance économique. La poursuite de la tendance haussière des cours mondiaux des produits importés renforcerait la nécessité d’adopter des mesures de politique économiques pour se prémunir contre une forte dégradation de la situation budgétaire. Dans ce contexte, le FMI tient à mettre en exergue l’intention des autorités d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire de la Loi de finances 2008, et de transformer progressivement le système actuel de subventions universelles en améliorant leur ciblage en faveur des populations défavorisées. Une réforme en profondeur du système de compensation peut être difficile à mettre en œuvre dans le très court terme.
Cependant, les autorités sont encouragées à prendre dès que possible les mesures dont la mise en œuvre peut être immédiate, en réduisant par exemple les dépenses de compensation sur les produits consommés majoritairement par les ménages les plus aisés. La rationalisation de la structure des prix de certains produits, y compris des marges d’intermédiation, est également importante pour réduire certaines des inefficacités inhérentes au mécanisme de compensation actuel. De plus, la réallocation de certaines dépenses courantes au sein du budget pourrait permettre de limiter l’impact de la hausse de dépenses de compensation sur le déficit.
Une inflation de 3%
BAM a bien géré la vigueur de la demande intérieure. Le niveau actuel de l’inflation reflète largement l’impact de phénomènes exogènes, et la mission considère que l’orientation de la politique monétaire reste appropriée dans la conjoncture économique actuelle. Les décisions de politique monétaire pourraient s’avérer plus difficiles dans la période à venir si les augmentations des prix à l’importation s’avèrent durables, et si certains prix administrés sont progressivement ajustés à la hausse.
Les hausses de salaires consenties dans le cadre du dialogue social du printemps 2008, qui entreront en effet au 1er juillet, pourraient également avoir un impact sur l’inflation par le biais d’effets de second tour. En l’absence de matérialisation de ces risques, la mission prévoit une inflation moyenne d’environ 3% en 2008. BAM est bien consciente des enjeux du nouvel environnement, et la mission note avec satisfaction sa détermination à défendre la stabilité des prix.
Par Abdelali Boukhalef | LE MATIN
www.lematin.ma
30 juin 2008
Rebond de la production agricole et expansion continue du secteur non agricole
La mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné à Rabat du 19 au 30 mai 2008 pour mener les discussions relatives aux consultations au titre de l’Article IV, estime qu’en dépit de l’environnement global plus difficile, l’activité économique devrait demeurer vigoureuse en 2008.
La demande intérieure a été le principal moteur de la croissance ces dernières années, et ne devrait être que légèrement affectée par les développements externes. Dans ce contexte, la croissance du PIB réel devrait atteindre 6,5% environ en 2008 grâce au rebond de la production agricole et à l’expansion continue du secteur non agricole. A moyen terme, la croissance du PIB réel devrait se maintenir autour de 5,5% et 6%.
Selon le FMI, la dégradation sensible de l’environnement international en 2008 pose de nouveaux défis. Même si les perturbations sur les marchés financiers mondiaux n’ont jusqu’ici guère touché le Maroc, le ralentissement de la croissance mondiale, en particulier dans l’UE, pourrait infléchir la croissance des exportations marocaines. De plus, le renchérissement des cours des matières premières pourrait entraîner une nouvelle dégradation de la balance commerciale, malgré la forte augmentation du prix des phosphates. Cependant, les recettes touristiques et les envois de fonds des MRE, qui constituent les autres postes principaux du compte courant, ont évolué favorablement au cours des dernières années et leur poids dans le PIB devrait rester relativement stable à moyen terme. De même, les investissements directs étrangers sont en hausse et devraient poursuivre cette tendance. Ainsi, la situation de la balance des paiements devrait demeurer confortable, malgré le léger déficit du compte courant.
Au registre de la politique budgétaire, les experts du FMI estiment que le renforcement de la position budgétaire ces dernières années, et en particulier la baisse importante de l’endettement public, a amélioré l’image du Maroc auprès des investisseurs. Ces acquis ont notamment permis au Maroc d’obtenir la notation d’investment grade sur sa dernière émission obligataire. Par ailleurs, la consolidation budgétaire a créé potentiellement un espace budgétaire pour répondre aux priorités de la politique publique, comme la hausse des dépenses d’investissement et d’éducation et la poursuite de la réforme fiscale. Cependant, la flambée des cours internationaux du pétrole et de certaines matières premières a bouleversé la donne budgétaire. La décision de ne pas répercuter la hausse des prix mondiaux sur les prix nationaux afin de préserver le pouvoir d’achat a entraîné un alourdissement important des charges de la compensation. Celles-ci pourraient doubler leur poids dans le PIB en 2008 pour atteindre près de 5%, un montant supérieur à celui des dépenses d’investissement. La hausse des dépenses de compensation, conjuguée à l’impact des hausses de certains salaires de la fonction publique consenties au printemps 2008, pourrait entraîner une détérioration sensible de la situation budgétaire.
L’amélioration notable de la position budgétaire au cours de ces dernières années permet, à court terme, d’absorber cette augmentation des dépenses sans compromettre la stabilité macroéconomique. Mais à moyen terme, un accroissement durable des dépenses courantes, notamment au titre de la compensation, pourrait mettre en cause les acquis des dernières années, notamment en menant à des déficits plus élevés et en mettant un frein au mouvement de réduction de la dette publique. Ainsi, ces développements pourraient compromettre à terme les efforts d’investissement public et de réduction du déficit social, et, in fine, la croissance économique. La poursuite de la tendance haussière des cours mondiaux des produits importés renforcerait la nécessité d’adopter des mesures de politique économiques pour se prémunir contre une forte dégradation de la situation budgétaire. Dans ce contexte, le FMI tient à mettre en exergue l’intention des autorités d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire de la Loi de finances 2008, et de transformer progressivement le système actuel de subventions universelles en améliorant leur ciblage en faveur des populations défavorisées. Une réforme en profondeur du système de compensation peut être difficile à mettre en œuvre dans le très court terme.
Cependant, les autorités sont encouragées à prendre dès que possible les mesures dont la mise en œuvre peut être immédiate, en réduisant par exemple les dépenses de compensation sur les produits consommés majoritairement par les ménages les plus aisés. La rationalisation de la structure des prix de certains produits, y compris des marges d’intermédiation, est également importante pour réduire certaines des inefficacités inhérentes au mécanisme de compensation actuel. De plus, la réallocation de certaines dépenses courantes au sein du budget pourrait permettre de limiter l’impact de la hausse de dépenses de compensation sur le déficit.
Une inflation de 3%
BAM a bien géré la vigueur de la demande intérieure. Le niveau actuel de l’inflation reflète largement l’impact de phénomènes exogènes, et la mission considère que l’orientation de la politique monétaire reste appropriée dans la conjoncture économique actuelle. Les décisions de politique monétaire pourraient s’avérer plus difficiles dans la période à venir si les augmentations des prix à l’importation s’avèrent durables, et si certains prix administrés sont progressivement ajustés à la hausse.
Les hausses de salaires consenties dans le cadre du dialogue social du printemps 2008, qui entreront en effet au 1er juillet, pourraient également avoir un impact sur l’inflation par le biais d’effets de second tour. En l’absence de matérialisation de ces risques, la mission prévoit une inflation moyenne d’environ 3% en 2008. BAM est bien consciente des enjeux du nouvel environnement, et la mission note avec satisfaction sa détermination à défendre la stabilité des prix.
Par Abdelali Boukhalef | LE MATIN
www.lematin.ma
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