RENFORCER LA PRODUCTION LOCALE DANS LES SECTEURS
OÙ LE DÉFICIT EST MARQUÉ : BLÉ, LAIT ET HUILES.
vent apporter à un secteur souvent délaissé.
Nul n’ignore en effet que la crise alimentaire
mondiale actuelle est le résultat des
orientations agricoles libérales imposées
par l’Organisation mondiale du commerce
(OMC) pour démanteler les politiques
nationales d’autosuffisance alimentaire.
Ces orientations ont été résumées par l’actuel
président des États-Unis, George
W. Bush, en 2005 : « On ne doit pas produire
ce que l’on peut acheter ailleurs à
moindre prix. ». Il appelait à l’arrêt du
soutien public aux agriculteurs des pays
pauvres, afin de laisser plus de place aux
exportateurs des pays riches, dont les productions
à moindre coût – et largement
subventionnées, elles ! – ont dévasté les
agricultures vivrières du Sud.
_ Stratégies agricoles
Le mal – qui venait de loin, à travers les
politiques volontaristes d’industrialisation
qui avaient toutes révélé leurs limites face
à la question alimentaire – a été aggravé
par la production massive d’agrocarburants.
Ceux-ci pèsent désormais sur la
balance agricole mondiale et en aggravent
les déficits. Quelque 100 millions de
tonnes de produits de la terre ont été ainsi
soustraits à l’alimentation humaine pour
échouer, après transformation, dans les
réservoirs des véhicules. L’objectif étant
de prévenir ou d’atténuer la crise à venir
des carburants.
Dès l’arrivée au pouvoir du président
Bouteflika, l’Algérie avait établi un diagnostic
sévère et courageux de son agriculture
et mis sur pied un Plan national de
développement agricole et rural (PNDAR)
destiné à moderniser ce secteur et à briser
le carcan de la dépendance alimentaire.
L’une des priorités de ce plan a été d’adapter
le système des cultures aux conditions
climatiques et pédologiques de l’Algérie.
La céréaliculture marginale, à faible rendement,
a été ainsi remplacée par des plantations
arboricoles plus rentables pour le
producteur. Cependant, la réduction des
surfaces emblavées s’est accompagnée
d’une amélioration de leur rendement. La
production annuelle moyenne de céréales
est ainsi passée de 21 millions de quintaux
en 1980-1999 à 31 millions de quintaux en
2000-2006. Les 500 000 hectares de terres
fragiles, menacées à terme par la désertification,
qui ont été soustraits à la céréaliculture,
ont été convertis en arboriculture,
prenant ainsi plus de valeur.
Malgré l’alourdissement de la facture
alimentaire en 2007 (3,6 milliards de dollars),
il faut relever que l’Algérie depuis
cinq ans n’importe plus de produits maraîchers,
ni d’oeufs et de viandes rouges ou
blanches – hormis les « pics » de consommation
du mois de ramadan – à des fins de
régulation du marché. Elle reste néanmoins
tributaire des importations pour
quatre produits essentiels : le blé, le lait, le
sucre et les huiles (hors huile d’olive). Les
besoins de l’Algérie sont estimés à 70 millions
de quintaux de blé, pour une production
qui en couvre un peu moins que la
moitié (31 millions de quintaux). Pour ce
qui est du lait, les besoins sont de 3,3 milliards
de litres, pour une production tournant
autour de 2,2 milliards de litres. La
relance amorcée dans les années 2000 a
certes permis de stabiliser en volume ces
importations. Mais elle a été rattrapée en
valeur par la soudaine flambée des prix sur
les marchés internationaux, dont l’unique
facteur n’est pas, comme on a souvent tendance
à l’incriminer, la forte augmentation
des demandes chinoise et indienne. Lesprix moyens des blés durs ont ainsi plus
que triplé depuis 2000, ceux du lait plus
que doublé.
La réaction des autorités ne s’est pas
fait attendre. Les ajustements indispensables
ont été proposés pour renforcer les
productions dans les trois secteurs où le
déficit peut être atténué grâce à des efforts
locaux : blé, lait et huiles. Pour ce qui est
du blé, l’irrigation de quelque 330 000
hectares de surfaces supplémentaires pour
la céréaliculture et l’intensification de la
production sur les surfaces existantes permettraient
d’augmenter de 40 % au moins
les récoltes, à 55 millions de quintaux,
couvrant 70 % des besoins, à raison de
230 quintaux par habitant. Pour ce qui est
de l’huile d’olive, l’objectif est de tripler
la production à l’horizon 2015, à 112 000tonnes par an sur 115 000 hectares. Le
colza devrait occuper 200 000 hectares et
produire 1,1 million de quintaux d’huile
de table, soit 20 % de la consommation
nationale actuelle. Concernant le lait,
l’ambition des autorités est de couvrir
50 % de la consommation par la production
locale qui, stimulée par la croissance
démographique, devrait se situer en 2015
autour de 4 milliards de litres par an, à raison
d’environ 100 litres par habitant. Un
programme d’importation de vaches laitières
est prévu.
Pour maximiser les effets de ces
urbaine effrénée, et la dilapidation, voire
l’abandon pur et simple, de parcelles
entières qui sont ainsi exposées à la désertification.
Les causes de cet abandon sont
diverses, mais il faut relever que l’Algérie
– dont le territoire est immense, mais
désertique à 90 % – ne compte finalement
que 8 millions d’hectares de surface agricole
utile (SAU) et que le ratio SAU-habitant
est tombé de 0,75 ha par habitant en
1962 à 0,3 ha par habitant un demi-siècle
après. C’est dire l’importance de chaque
arpent de terre agricole pour assurer la
sécurité alimentai
réformes, les autorités se sont attaquées
aux structures agraires héritées des premières
années de l’indépendance, et qui se
sont avérées fort complexes et peu adaptées
à une agriculture moderne. En 2000,
près de 70 % des exploitations agricoles
avaient moins de 10 hectares, la moitié
était exploitée sans titre ou dans l’indivision.
La question du foncier agricole n’a
cessé d’être dénoncée comme un frein aux
investissements. La mise en concession
des meilleures terres a permis une avancée
qu’il reste à consolider en confirmant,
notamment, la possibilité pour des investisseurs
financiers de s’associer à des
exploitants. Une autre plaie de l’agriculture
algérienne est la cession illégale des
terres agricoles, en particulier à l’orée des
grandes villes, au profit d’une spéculationDans une contribution adressée au sommet
de la FAO, le président Bouteflika a
d’ailleurs souligné la nécessité de « réapprécier
» ce concept, à la faveur de la
crise alimentaire mondiale actuelle : « La
crise actuelle a révélé et mis en exergue
les limites opératoires du concept de
sécurité alimentaire tel qu’il a été appréhendé
et défini lors du Sommet mondial
de l’alimentation de 1996. Il doit être
réapprécié, de manière consensuelle, à la
lumière des bouleversements qui semblent
se dessiner et, éventuellement, à l’occasion
d’un prochain sommet mondial de
l’alimentation. »
« Dans un contexte de crise qui met en
péril les grands équilibres écologiques,
économiques et sociopolitiques de notre
planète et de nos sociétés, il nous échoit
de dissiper une inquiétude qui
ne cesse de grandir, de clarifier
des enjeux qui restent complexes
et de donner des raisons
d’espérer à nos populations, en
butte au doute et à l’incompréhension
face à un monde qui
n’a jamais atteint un tel niveau
de progrès mais qui, paradoxalement,
est marqué par de
fortes incertitudes », a-t-il
ajouté, en appelant à fonder
l’action mondiale sur « deux
principes cardinaux : la responsabilité
et la précaution ».
_ Potentialités africaines
Dans une autre communication
adressée au 8e sommet
Léon Sullivan sur le tourisme
et les infrastructures de développement
en Afrique, qui se
tenait à Arusha, en Tanzanie, le
président Bouteflika a appelé à
une « révolution verte » en
Afrique pour en assurer la sécurité
alimentaire, et invité les
pays partenaires à l’aider à
exploiter ses « immenses potentialités
agricoles ». : « La
hausse brutale des prix des
denrées alimentaires au niveau
mondial atteint durement
l’Afrique [...], mais elle peut
constituer une opportunité pour
nos partenaires externes de nous aider à
une meilleure exploitation de nos immenses
potentialités agricoles. » « L’idée d’une
révolution verte en Afrique, devenue plus
que jamais d’actualité, est reconnue de
plus en plus comme une voie salutaire
pour sa sécurité alimentaire et aussi pour
les équilibres alimentaires mondiaux », at-
il souligné. La crise alimentaire actuelle,
si elle est bien interprétée par les Africains,
pourrait donner une seconde chance
à leur agriculture et marquer un tournant
de leur développement. C’est le sens du
message algérien. _
OÙ LE DÉFICIT EST MARQUÉ : BLÉ, LAIT ET HUILES.
vent apporter à un secteur souvent délaissé.
Nul n’ignore en effet que la crise alimentaire
mondiale actuelle est le résultat des
orientations agricoles libérales imposées
par l’Organisation mondiale du commerce
(OMC) pour démanteler les politiques
nationales d’autosuffisance alimentaire.
Ces orientations ont été résumées par l’actuel
président des États-Unis, George
W. Bush, en 2005 : « On ne doit pas produire
ce que l’on peut acheter ailleurs à
moindre prix. ». Il appelait à l’arrêt du
soutien public aux agriculteurs des pays
pauvres, afin de laisser plus de place aux
exportateurs des pays riches, dont les productions
à moindre coût – et largement
subventionnées, elles ! – ont dévasté les
agricultures vivrières du Sud.
_ Stratégies agricoles
Le mal – qui venait de loin, à travers les
politiques volontaristes d’industrialisation
qui avaient toutes révélé leurs limites face
à la question alimentaire – a été aggravé
par la production massive d’agrocarburants.
Ceux-ci pèsent désormais sur la
balance agricole mondiale et en aggravent
les déficits. Quelque 100 millions de
tonnes de produits de la terre ont été ainsi
soustraits à l’alimentation humaine pour
échouer, après transformation, dans les
réservoirs des véhicules. L’objectif étant
de prévenir ou d’atténuer la crise à venir
des carburants.
Dès l’arrivée au pouvoir du président
Bouteflika, l’Algérie avait établi un diagnostic
sévère et courageux de son agriculture
et mis sur pied un Plan national de
développement agricole et rural (PNDAR)
destiné à moderniser ce secteur et à briser
le carcan de la dépendance alimentaire.
L’une des priorités de ce plan a été d’adapter
le système des cultures aux conditions
climatiques et pédologiques de l’Algérie.
La céréaliculture marginale, à faible rendement,
a été ainsi remplacée par des plantations
arboricoles plus rentables pour le
producteur. Cependant, la réduction des
surfaces emblavées s’est accompagnée
d’une amélioration de leur rendement. La
production annuelle moyenne de céréales
est ainsi passée de 21 millions de quintaux
en 1980-1999 à 31 millions de quintaux en
2000-2006. Les 500 000 hectares de terres
fragiles, menacées à terme par la désertification,
qui ont été soustraits à la céréaliculture,
ont été convertis en arboriculture,
prenant ainsi plus de valeur.
Malgré l’alourdissement de la facture
alimentaire en 2007 (3,6 milliards de dollars),
il faut relever que l’Algérie depuis
cinq ans n’importe plus de produits maraîchers,
ni d’oeufs et de viandes rouges ou
blanches – hormis les « pics » de consommation
du mois de ramadan – à des fins de
régulation du marché. Elle reste néanmoins
tributaire des importations pour
quatre produits essentiels : le blé, le lait, le
sucre et les huiles (hors huile d’olive). Les
besoins de l’Algérie sont estimés à 70 millions
de quintaux de blé, pour une production
qui en couvre un peu moins que la
moitié (31 millions de quintaux). Pour ce
qui est du lait, les besoins sont de 3,3 milliards
de litres, pour une production tournant
autour de 2,2 milliards de litres. La
relance amorcée dans les années 2000 a
certes permis de stabiliser en volume ces
importations. Mais elle a été rattrapée en
valeur par la soudaine flambée des prix sur
les marchés internationaux, dont l’unique
facteur n’est pas, comme on a souvent tendance
à l’incriminer, la forte augmentation
des demandes chinoise et indienne. Lesprix moyens des blés durs ont ainsi plus
que triplé depuis 2000, ceux du lait plus
que doublé.
La réaction des autorités ne s’est pas
fait attendre. Les ajustements indispensables
ont été proposés pour renforcer les
productions dans les trois secteurs où le
déficit peut être atténué grâce à des efforts
locaux : blé, lait et huiles. Pour ce qui est
du blé, l’irrigation de quelque 330 000
hectares de surfaces supplémentaires pour
la céréaliculture et l’intensification de la
production sur les surfaces existantes permettraient
d’augmenter de 40 % au moins
les récoltes, à 55 millions de quintaux,
couvrant 70 % des besoins, à raison de
230 quintaux par habitant. Pour ce qui est
de l’huile d’olive, l’objectif est de tripler
la production à l’horizon 2015, à 112 000tonnes par an sur 115 000 hectares. Le
colza devrait occuper 200 000 hectares et
produire 1,1 million de quintaux d’huile
de table, soit 20 % de la consommation
nationale actuelle. Concernant le lait,
l’ambition des autorités est de couvrir
50 % de la consommation par la production
locale qui, stimulée par la croissance
démographique, devrait se situer en 2015
autour de 4 milliards de litres par an, à raison
d’environ 100 litres par habitant. Un
programme d’importation de vaches laitières
est prévu.
Pour maximiser les effets de ces
urbaine effrénée, et la dilapidation, voire
l’abandon pur et simple, de parcelles
entières qui sont ainsi exposées à la désertification.
Les causes de cet abandon sont
diverses, mais il faut relever que l’Algérie
– dont le territoire est immense, mais
désertique à 90 % – ne compte finalement
que 8 millions d’hectares de surface agricole
utile (SAU) et que le ratio SAU-habitant
est tombé de 0,75 ha par habitant en
1962 à 0,3 ha par habitant un demi-siècle
après. C’est dire l’importance de chaque
arpent de terre agricole pour assurer la
sécurité alimentai
réformes, les autorités se sont attaquées
aux structures agraires héritées des premières
années de l’indépendance, et qui se
sont avérées fort complexes et peu adaptées
à une agriculture moderne. En 2000,
près de 70 % des exploitations agricoles
avaient moins de 10 hectares, la moitié
était exploitée sans titre ou dans l’indivision.
La question du foncier agricole n’a
cessé d’être dénoncée comme un frein aux
investissements. La mise en concession
des meilleures terres a permis une avancée
qu’il reste à consolider en confirmant,
notamment, la possibilité pour des investisseurs
financiers de s’associer à des
exploitants. Une autre plaie de l’agriculture
algérienne est la cession illégale des
terres agricoles, en particulier à l’orée des
grandes villes, au profit d’une spéculationDans une contribution adressée au sommet
de la FAO, le président Bouteflika a
d’ailleurs souligné la nécessité de « réapprécier
» ce concept, à la faveur de la
crise alimentaire mondiale actuelle : « La
crise actuelle a révélé et mis en exergue
les limites opératoires du concept de
sécurité alimentaire tel qu’il a été appréhendé
et défini lors du Sommet mondial
de l’alimentation de 1996. Il doit être
réapprécié, de manière consensuelle, à la
lumière des bouleversements qui semblent
se dessiner et, éventuellement, à l’occasion
d’un prochain sommet mondial de
l’alimentation. »
« Dans un contexte de crise qui met en
péril les grands équilibres écologiques,
économiques et sociopolitiques de notre
planète et de nos sociétés, il nous échoit
de dissiper une inquiétude qui
ne cesse de grandir, de clarifier
des enjeux qui restent complexes
et de donner des raisons
d’espérer à nos populations, en
butte au doute et à l’incompréhension
face à un monde qui
n’a jamais atteint un tel niveau
de progrès mais qui, paradoxalement,
est marqué par de
fortes incertitudes », a-t-il
ajouté, en appelant à fonder
l’action mondiale sur « deux
principes cardinaux : la responsabilité
et la précaution ».
_ Potentialités africaines
Dans une autre communication
adressée au 8e sommet
Léon Sullivan sur le tourisme
et les infrastructures de développement
en Afrique, qui se
tenait à Arusha, en Tanzanie, le
président Bouteflika a appelé à
une « révolution verte » en
Afrique pour en assurer la sécurité
alimentaire, et invité les
pays partenaires à l’aider à
exploiter ses « immenses potentialités
agricoles ». : « La
hausse brutale des prix des
denrées alimentaires au niveau
mondial atteint durement
l’Afrique [...], mais elle peut
constituer une opportunité pour
nos partenaires externes de nous aider à
une meilleure exploitation de nos immenses
potentialités agricoles. » « L’idée d’une
révolution verte en Afrique, devenue plus
que jamais d’actualité, est reconnue de
plus en plus comme une voie salutaire
pour sa sécurité alimentaire et aussi pour
les équilibres alimentaires mondiaux », at-
il souligné. La crise alimentaire actuelle,
si elle est bien interprétée par les Africains,
pourrait donner une seconde chance
à leur agriculture et marquer un tournant
de leur développement. C’est le sens du
message algérien. _
