Après les banques les compagnies d'assurances ? Cette question latente depuis la débâcle à la mi-septembre de l'américain AIG, premier assureur mondial, est revenue vendredi 9 octobre avec l'annonce de la faillite du japonais Yamato Life Insurance. Sur les marchés boursiers européens en forte baisse, les titres du secteur reculaient nettement perdant entre 6 % et 12 % à l'ouverture pour l'italien Generali, le français Axa, le britannique Aviva, l'allemand Allianz et les néerlandais Aegon et ING. Les investisseurs s'interrogeant sur l'impact de cette défaillance sur le secteur.
"A cause du chaos sur le marché financier et de la contraction du crédit, la valeur de notre portefeuille de titres a rapidement chuté. C'est allé au-delà de nos attentes", a expliqué le président de l'assureur japonais Takeo Nakazono en révélant que les dettes dépassaient la valeur des actifs. Voulant rassurer les marchés, le ministre des Finances, Shoichi Nakagawa, a précisé que cette faillite était uniquement due à la structure de gestion de cet assureur et ne reflétait pas une faiblesse du secteur. "La principale cause de la situation de Yamato Life est son système unique, dans lequel la société utilisait les revenus de titres à haut rendement pour couvrir les pertes liées aux opérations d'assurance à coût élevé" a expliqué M. Nakagawa dans un communiqué. "Nous estimons que sa situation est différente de celle d'autres compagnies d'assurance".
Le ministre de la politique économique et budgétaire, Kaoru Yosano est allé dans le même sens estimant que "la défaillance de Yamato Life n'entre pas dans le cadre de la crise financière mondiale". Derrière cette faillite, c'est tout le paradoxe d'une profession qui est révélé : les assureurs, s'ils sont victimes de la tourmente actuelle, ne le seront pas pour leurs activités mais pour leurs placements financiers.
Retour en arrière, au début des années 2000, les assureurs mondiaux ont connu une de leur plus grave crise avec le cumul des attentats du 11-septembre, une recrudescence des catastrophes naturelles, le tout sur fond de krach boursier lié à l'explosion de la bulle Internet. Les risques à dédommager s'envolaient alors que leur principale source de revenus que sont les plus values financières se tarissaient. Cette crise révélait la fragilité de leur modèle, les gains boursiers ayant jusque-là masqué la dégradation de la rentabilité de leur activité.
"FAILLLITES AU CAS PAR CAS"
S'en est suivi alors un vaste programme de réorganisation sous forme de désengagements, recentrages sur les activités phares et augmentations de tarifs. Ce plan a porté ses fruits depuis plus de trois ans, et les assureurs de part le monde n'ont cessé jusqu'à cette année d'annoncer des résultats records.
"Nous assisterons à des faillites au cas par cas" reconnaît Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures " elles concerneront les compagnies qui ont réalisé des croissances externes mal maîtrisées, ou qui ont une exposition importante à des titres fortement dévalorisés". Néanmoins il réfute pour l'instant "tout risque de contagion à l'ensemble du secteur" car à la différences des banques les compagnies d'assurances ont d'importants cash flow positifs. Elles n'ont pas de problèmes de liquidités à court terme.
Mais toute l'interrogation, concerne le niveau des placements à risques que ce soit dans les produits dérivés de crédits ABS, dans les subprimes. Le fait qu'AIG nationalisé par le gouvernement américain ait dû demander une rallonge à la réserve fédérale américaine (FED) de 37,8 milliards de dollars après, avoir consommé en trois semaines l'essentiel d'une première avance de 85 milliards est aussi un élément inquiétant.
Depuis lundi le néerlandais Aegon est très chahuté et sa valeur boursière a été divisée par deux depuis l'intensification de la crise du crédit mi-septembre. Il a annoncé jeudi des dépréciations de 275 millions d'euros tout en assurant que son bilan restait solide.
De même, le britannique Aviva a réaffirmé jeudi que sa situation capitalistique était "solide", et qu'il était paré pour faire face aux turbulences. Dans un communiqué, le groupe a précisé qu'il disposait d'un excédent de capitaux réglementaires estimé à 1,9 milliard de livres (2,4 milliards d'euros) à la fin septembre, contre 1,8 milliard fin juin. Par ailleurs, Aviva a affirmé s'être protégé via des contrats de couverture contre une éventuelle chute supplémentaire des marchés actions.
Mais ce qui inquiète le plus les assureurs est la dépréciation de leurs actifs qu'obligent les normes comptables contraignant à valoriser leur portefeuille au cours du marché. Cela pourrait provoquer des pertes importantes pour des groupes. Déjà au premier semestre, la plupart ont déjà annoncé une chute de leurs résultats. Ils devraient s'amplifier avec la crise boursière.
Par le Monde
"A cause du chaos sur le marché financier et de la contraction du crédit, la valeur de notre portefeuille de titres a rapidement chuté. C'est allé au-delà de nos attentes", a expliqué le président de l'assureur japonais Takeo Nakazono en révélant que les dettes dépassaient la valeur des actifs. Voulant rassurer les marchés, le ministre des Finances, Shoichi Nakagawa, a précisé que cette faillite était uniquement due à la structure de gestion de cet assureur et ne reflétait pas une faiblesse du secteur. "La principale cause de la situation de Yamato Life est son système unique, dans lequel la société utilisait les revenus de titres à haut rendement pour couvrir les pertes liées aux opérations d'assurance à coût élevé" a expliqué M. Nakagawa dans un communiqué. "Nous estimons que sa situation est différente de celle d'autres compagnies d'assurance".
Le ministre de la politique économique et budgétaire, Kaoru Yosano est allé dans le même sens estimant que "la défaillance de Yamato Life n'entre pas dans le cadre de la crise financière mondiale". Derrière cette faillite, c'est tout le paradoxe d'une profession qui est révélé : les assureurs, s'ils sont victimes de la tourmente actuelle, ne le seront pas pour leurs activités mais pour leurs placements financiers.
Retour en arrière, au début des années 2000, les assureurs mondiaux ont connu une de leur plus grave crise avec le cumul des attentats du 11-septembre, une recrudescence des catastrophes naturelles, le tout sur fond de krach boursier lié à l'explosion de la bulle Internet. Les risques à dédommager s'envolaient alors que leur principale source de revenus que sont les plus values financières se tarissaient. Cette crise révélait la fragilité de leur modèle, les gains boursiers ayant jusque-là masqué la dégradation de la rentabilité de leur activité.
"FAILLLITES AU CAS PAR CAS"
S'en est suivi alors un vaste programme de réorganisation sous forme de désengagements, recentrages sur les activités phares et augmentations de tarifs. Ce plan a porté ses fruits depuis plus de trois ans, et les assureurs de part le monde n'ont cessé jusqu'à cette année d'annoncer des résultats records.
"Nous assisterons à des faillites au cas par cas" reconnaît Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures " elles concerneront les compagnies qui ont réalisé des croissances externes mal maîtrisées, ou qui ont une exposition importante à des titres fortement dévalorisés". Néanmoins il réfute pour l'instant "tout risque de contagion à l'ensemble du secteur" car à la différences des banques les compagnies d'assurances ont d'importants cash flow positifs. Elles n'ont pas de problèmes de liquidités à court terme.
Mais toute l'interrogation, concerne le niveau des placements à risques que ce soit dans les produits dérivés de crédits ABS, dans les subprimes. Le fait qu'AIG nationalisé par le gouvernement américain ait dû demander une rallonge à la réserve fédérale américaine (FED) de 37,8 milliards de dollars après, avoir consommé en trois semaines l'essentiel d'une première avance de 85 milliards est aussi un élément inquiétant.
Depuis lundi le néerlandais Aegon est très chahuté et sa valeur boursière a été divisée par deux depuis l'intensification de la crise du crédit mi-septembre. Il a annoncé jeudi des dépréciations de 275 millions d'euros tout en assurant que son bilan restait solide.
De même, le britannique Aviva a réaffirmé jeudi que sa situation capitalistique était "solide", et qu'il était paré pour faire face aux turbulences. Dans un communiqué, le groupe a précisé qu'il disposait d'un excédent de capitaux réglementaires estimé à 1,9 milliard de livres (2,4 milliards d'euros) à la fin septembre, contre 1,8 milliard fin juin. Par ailleurs, Aviva a affirmé s'être protégé via des contrats de couverture contre une éventuelle chute supplémentaire des marchés actions.
Mais ce qui inquiète le plus les assureurs est la dépréciation de leurs actifs qu'obligent les normes comptables contraignant à valoriser leur portefeuille au cours du marché. Cela pourrait provoquer des pertes importantes pour des groupes. Déjà au premier semestre, la plupart ont déjà annoncé une chute de leurs résultats. Ils devraient s'amplifier avec la crise boursière.
Par le Monde