Le sénateur de l’Etat de l’Illinois Barack Obama a prononcé un discours, mercredi 4 juin, devant l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac). Ce discours intervient au lendemain de sa réussite à réunir suffisamment de délégués pour s’assurer de la nomination en tant que candidat démocrate, et pour devenir le premier candidat de couleur à la présidence des Etats-Unis.
Dans ces observations préparées par son équipe de campagne, Obama tente de dissiper les doutes exprimés par certains électeurs juifs au sujet de sa candidature.
Il évoque son grand-oncle qui a combattu durant la Seconde guerre mondiale, au sein de la division d’infanterie qui fut la première à libérer un camp de concentration nazi [lequel a été libéré par l’armée… soviétique ! ndt]. Il précise qu’à ses yeux la sécurité d’Israël n’est pas négociable, et il compare sa politique vis-à-vis d’Israël à celle du sénateur républicain de l’Arizona, John McCain [le candidat républicain à la présidence, auquel Obama sera désormais opposé, ndt].
Voir autant d’amis venus de tous les Etats-Unis, c’est géant ! Je tiens à féliciter Howard Friedman, David Victor et Howard Kohr pour le succès de cette conférence, et pour l’achèvement des travaux de construction de votre nouveau siège, à quelques pâtés d’immeubles d’ici.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, laissez-moi dire que je sais que certains méls provocateurs circulent, depuis quelque temps, parmi les communautés juives et entre elles, d’une côte à l’autre des Etats-Unis. . Certains d’entre vous (plutôt : quelques-uns, parmi vous) peuvent avoir reçu certains de ces messages
Ces méls sont remplis de grands discours et de mises en garde comminatoires à propos d’un certain candidat à la présidence, que je ne nommerai pas. Tout ce que je tiens à dire, c’est ceci : si vous voyez ce type, un certain Barack Obama, faites-le moi savoir, car il a l’air vraiment effrayant !
Mais, au cas où quelqu’un aurait été troublé par ces méls, je tiens à ce que vous sachiez qu’aujourd’hui, je parlerai du fond du cœur, en véritable ami d’Israël. Et je sais que lorsque je suis en visite à l’Aipac, je suis chez des amis. De bons amis. Des amis qui partagent mon engagement inébranlable à m’assurer que le cordon ombilical entre les Etats-Unis et Israël est incassable, aujourd’hui, demain et pour les siècles des siècles .
Une parmi les nombreuses choses que j’admire, chez vous, à l’Aipac, c’est le fait que vous vous battez pour cette cause commune, depuis la base jusqu’au sommet.
La sève nourricière de l’Aipac est ici, dans cette salle : des militants au niveau des pâquerettes [oups : de la base (am. ‘grassroot’), ndt], de tous les âges, venus de toutes les régions du pays, qui sont venus ici, à Washington, année après année, pour que votre voix soit entendue. Rien ne reflète mieux le visage de l’Aipac que les 1 200 étudiants venus ici afin de faire clairement entendre au monde entier que le lien entre Israël et les Etats-Unis est enraciné dans bien davantage que nos intérêts nationaux partagés : ce lien est enraciné dans les valeurs partagées, et dans l’histoire partagée de nos deux peuples. Et quand je serai président (des Etats-Unis), je travaillerai avec vous afin de faire en sorte que ce lien soit (encore) renforcé !
C’est à l’âge de onze ans que l’histoire d’Israël m’est devenue familière. J’ai appris la longue pérégrination et la détermination constante du peuple juif à conserver son identité à travers sa foi, ses familles et sa culture. Année après année, siècle après siècle, les juifs ont perpétué leurs traditions, et leur rêve d’un pays [ça m’suffit] et ce, dans la confrontation avec une adversité incroyable.
Cette histoire a fait une puissante impression sur moi. J’avais grandi jusqu’alors sans avoir la notion d’enracinement. Mon père était noir ; il était originaire du Kénya, et il nous avait laissés tomber alors que je n’avais que deux ans. Ma mère était blanche : elle était originaire de l’Etat du Kansas, et je suis parti avec elle en Indonésie, après quoi, nous sommes rentrés aux Etats-Unis, à Hawaii. A plus d’un titre, je ne savais pas vraiment d’où je venais. Et c’est ainsi que j’ai été subjugué par l’idée que vous aviez été capables de conserver une identité culturelle, émotionnelle et spirituelle. Et j’ai profondément compris alors l’idée sioniste – cette idée qu’il y a toujours un pays, au centre de notre histoire (personnelle).
J’ai aussi appris l’horreur de l’Holocauste, et la terrible urgence que celui-ci a conféré à la nécessité d’effectuer le voyage de retour chez vous, en Israël. Jai passé le plus gros de mon enfance chez mes grands-parents. Mon grand-père avait combattu lors de la Seconde guerre mondiale, il en allait de même pour mon grand-oncle. C’était un jeune homme du Kansas, qui probablement n’aurait jamais imaginé qu’il verrait un jour l’Europe – et encore moins toutes les horreurs qui l’attendaient, là-bas. Plusieurs mois, après son retour chez nous, d’Allemagne, il était resté en état de choc, seul, en proie aux souvenirs insoutenables qui l’obsédaient.
Vous savez, mon grand-oncle faisait partie de la 89ème Division d’Infanterie – les premiers soldats américains à être parvenus dans un camp de concentration nazi. Ils ont libéré Ohrdruf, une partie de Buchenwald, par un certain jour du mois d’avril 1945. Les horreurs, dans ce camp, dépassent notre imagination. Des dizaines de milliers de personnes y moururent de faim, sous la torture, de maladies, ou furent exécutés – dans le cadre de la machine à tuer nazie qui massacra six millions de personnes.
En pénétrant dans le camp, les Américains découvrirent d’immenses entassements de cadavres et de survivants émaciés par la famine. Le général Eisenhower donna l’ordre aux Allemands de la ville voisine de faire le tour du camp, afin qu’ils voient ce qui était commis en leur nom. Il ordonna aux soldats américains de faire le tour du camp, afin qu’ils vissent le mal contre lequel ils combattaient. Il invita des membres du Congrès et des journalistes, afin qu’ils témoignassent. Et il ordonna que des photos fussent prises et que des films fussent tournés. Expliquant ses actions, Eisenhower a dit qu’il voulait apporter «des preuves de première main de ces choses, au cas où, sait-on jamais, dans le futur, se développerait une tendance à attribuer ces allégations (sic) à une propagande pure et simple.»
J’ai vu certaines de ces photos, elles-mêmes, au mémorial de Yad Vashem : ce sont des photos qui ne s’effacent jamais de votre mémoire. Et ces photos ne font que faire allusion aux récits que les survivants de la Shoah n’ont cessé de porter en eux.
A l’instar d’Eisenhower, chacun de nous porte témoignage à tous ceux, quels qu’ils soient, qui s’aviseraient de nier ces crimes ineffables, ou oseraient se targuer de les réitérer. Nous devons mesurer l’importance de ce que nous disons, quand nous prononçons les mots : «Plus jamais ça !».
C’était quelques années, seulement, après la libération des camps que David Ben Gourion déclara la fondation de l’Etat juif d’Israël.
Nous savons que la fondation d’Israël était juste et nécessaire, enracinée qu’elle était dans des siècles de lutte et des décades de travail de fourmi. Mais, soixante ans plus tard, nous savons que nous ne pouvons pas baisser la garde, nous ne pouvons pas faiblir, et en tant que président, je ne ferai jamais le moindre compromis dès lors qu’il s’agira de la sécurité d’Israël !
Pas de concessions, alors qu’il y a encore des voix qui osent nier l’Holocauste.
Pas de concessions, alors qu’il y a des groupes terroristes et des leaders politiques qui ont juré de détruire Israël.
Pas de concessions, dès lors qu’il y a des cartes de géographie, au Moyen-Orient, qui ne reconnaissent même pas l’existence d’Israël, et des livres scolaires financés par les gouvernements qui sont remplis de haine envers les juifs.
Pas de concessions, tandis que des roquettes s’abattent sur Sdérot et que des enfants israéliens doivent prendre profondément leur souffle et mobiliser un courage hors du commun à chaque fois qu’ils prennent un autobus scolaire ou qu’ils se rendent à pied à leur école.
Dans ces observations préparées par son équipe de campagne, Obama tente de dissiper les doutes exprimés par certains électeurs juifs au sujet de sa candidature.
Il évoque son grand-oncle qui a combattu durant la Seconde guerre mondiale, au sein de la division d’infanterie qui fut la première à libérer un camp de concentration nazi [lequel a été libéré par l’armée… soviétique ! ndt]. Il précise qu’à ses yeux la sécurité d’Israël n’est pas négociable, et il compare sa politique vis-à-vis d’Israël à celle du sénateur républicain de l’Arizona, John McCain [le candidat républicain à la présidence, auquel Obama sera désormais opposé, ndt].
Voir autant d’amis venus de tous les Etats-Unis, c’est géant ! Je tiens à féliciter Howard Friedman, David Victor et Howard Kohr pour le succès de cette conférence, et pour l’achèvement des travaux de construction de votre nouveau siège, à quelques pâtés d’immeubles d’ici.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, laissez-moi dire que je sais que certains méls provocateurs circulent, depuis quelque temps, parmi les communautés juives et entre elles, d’une côte à l’autre des Etats-Unis. . Certains d’entre vous (plutôt : quelques-uns, parmi vous) peuvent avoir reçu certains de ces messages
Ces méls sont remplis de grands discours et de mises en garde comminatoires à propos d’un certain candidat à la présidence, que je ne nommerai pas. Tout ce que je tiens à dire, c’est ceci : si vous voyez ce type, un certain Barack Obama, faites-le moi savoir, car il a l’air vraiment effrayant !
Mais, au cas où quelqu’un aurait été troublé par ces méls, je tiens à ce que vous sachiez qu’aujourd’hui, je parlerai du fond du cœur, en véritable ami d’Israël. Et je sais que lorsque je suis en visite à l’Aipac, je suis chez des amis. De bons amis. Des amis qui partagent mon engagement inébranlable à m’assurer que le cordon ombilical entre les Etats-Unis et Israël est incassable, aujourd’hui, demain et pour les siècles des siècles .
Une parmi les nombreuses choses que j’admire, chez vous, à l’Aipac, c’est le fait que vous vous battez pour cette cause commune, depuis la base jusqu’au sommet.
La sève nourricière de l’Aipac est ici, dans cette salle : des militants au niveau des pâquerettes [oups : de la base (am. ‘grassroot’), ndt], de tous les âges, venus de toutes les régions du pays, qui sont venus ici, à Washington, année après année, pour que votre voix soit entendue. Rien ne reflète mieux le visage de l’Aipac que les 1 200 étudiants venus ici afin de faire clairement entendre au monde entier que le lien entre Israël et les Etats-Unis est enraciné dans bien davantage que nos intérêts nationaux partagés : ce lien est enraciné dans les valeurs partagées, et dans l’histoire partagée de nos deux peuples. Et quand je serai président (des Etats-Unis), je travaillerai avec vous afin de faire en sorte que ce lien soit (encore) renforcé !
C’est à l’âge de onze ans que l’histoire d’Israël m’est devenue familière. J’ai appris la longue pérégrination et la détermination constante du peuple juif à conserver son identité à travers sa foi, ses familles et sa culture. Année après année, siècle après siècle, les juifs ont perpétué leurs traditions, et leur rêve d’un pays [ça m’suffit] et ce, dans la confrontation avec une adversité incroyable.
Cette histoire a fait une puissante impression sur moi. J’avais grandi jusqu’alors sans avoir la notion d’enracinement. Mon père était noir ; il était originaire du Kénya, et il nous avait laissés tomber alors que je n’avais que deux ans. Ma mère était blanche : elle était originaire de l’Etat du Kansas, et je suis parti avec elle en Indonésie, après quoi, nous sommes rentrés aux Etats-Unis, à Hawaii. A plus d’un titre, je ne savais pas vraiment d’où je venais. Et c’est ainsi que j’ai été subjugué par l’idée que vous aviez été capables de conserver une identité culturelle, émotionnelle et spirituelle. Et j’ai profondément compris alors l’idée sioniste – cette idée qu’il y a toujours un pays, au centre de notre histoire (personnelle).
J’ai aussi appris l’horreur de l’Holocauste, et la terrible urgence que celui-ci a conféré à la nécessité d’effectuer le voyage de retour chez vous, en Israël. Jai passé le plus gros de mon enfance chez mes grands-parents. Mon grand-père avait combattu lors de la Seconde guerre mondiale, il en allait de même pour mon grand-oncle. C’était un jeune homme du Kansas, qui probablement n’aurait jamais imaginé qu’il verrait un jour l’Europe – et encore moins toutes les horreurs qui l’attendaient, là-bas. Plusieurs mois, après son retour chez nous, d’Allemagne, il était resté en état de choc, seul, en proie aux souvenirs insoutenables qui l’obsédaient.
Vous savez, mon grand-oncle faisait partie de la 89ème Division d’Infanterie – les premiers soldats américains à être parvenus dans un camp de concentration nazi. Ils ont libéré Ohrdruf, une partie de Buchenwald, par un certain jour du mois d’avril 1945. Les horreurs, dans ce camp, dépassent notre imagination. Des dizaines de milliers de personnes y moururent de faim, sous la torture, de maladies, ou furent exécutés – dans le cadre de la machine à tuer nazie qui massacra six millions de personnes.
En pénétrant dans le camp, les Américains découvrirent d’immenses entassements de cadavres et de survivants émaciés par la famine. Le général Eisenhower donna l’ordre aux Allemands de la ville voisine de faire le tour du camp, afin qu’ils voient ce qui était commis en leur nom. Il ordonna aux soldats américains de faire le tour du camp, afin qu’ils vissent le mal contre lequel ils combattaient. Il invita des membres du Congrès et des journalistes, afin qu’ils témoignassent. Et il ordonna que des photos fussent prises et que des films fussent tournés. Expliquant ses actions, Eisenhower a dit qu’il voulait apporter «des preuves de première main de ces choses, au cas où, sait-on jamais, dans le futur, se développerait une tendance à attribuer ces allégations (sic) à une propagande pure et simple.»
J’ai vu certaines de ces photos, elles-mêmes, au mémorial de Yad Vashem : ce sont des photos qui ne s’effacent jamais de votre mémoire. Et ces photos ne font que faire allusion aux récits que les survivants de la Shoah n’ont cessé de porter en eux.
A l’instar d’Eisenhower, chacun de nous porte témoignage à tous ceux, quels qu’ils soient, qui s’aviseraient de nier ces crimes ineffables, ou oseraient se targuer de les réitérer. Nous devons mesurer l’importance de ce que nous disons, quand nous prononçons les mots : «Plus jamais ça !».
C’était quelques années, seulement, après la libération des camps que David Ben Gourion déclara la fondation de l’Etat juif d’Israël.
Nous savons que la fondation d’Israël était juste et nécessaire, enracinée qu’elle était dans des siècles de lutte et des décades de travail de fourmi. Mais, soixante ans plus tard, nous savons que nous ne pouvons pas baisser la garde, nous ne pouvons pas faiblir, et en tant que président, je ne ferai jamais le moindre compromis dès lors qu’il s’agira de la sécurité d’Israël !
Pas de concessions, alors qu’il y a encore des voix qui osent nier l’Holocauste.
Pas de concessions, alors qu’il y a des groupes terroristes et des leaders politiques qui ont juré de détruire Israël.
Pas de concessions, dès lors qu’il y a des cartes de géographie, au Moyen-Orient, qui ne reconnaissent même pas l’existence d’Israël, et des livres scolaires financés par les gouvernements qui sont remplis de haine envers les juifs.
Pas de concessions, tandis que des roquettes s’abattent sur Sdérot et que des enfants israéliens doivent prendre profondément leur souffle et mobiliser un courage hors du commun à chaque fois qu’ils prennent un autobus scolaire ou qu’ils se rendent à pied à leur école.
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