Par Claire Chartier, publié le 16/03/2009 18:23 - mis à jour le 17/03/2009 12:12
C'est à une intervention discrète d'un conseiller du ministère de l'Intérieur que l'on doit l'annulation du dîner qui devait marquer le lancement d'un "Crif musulman" le 25 mars prochain à l'ambassade du Qatar.
David Sénat, le Monsieur "religion" de la ministre de l'Intérieur et des cultes, Michèle Alliot-Marie, est allé lui-même rencontrer l'ambassadeur du Qatar, émirat dont certains investisseurs privés sont prêts à financer le futur conseil. Une instance qui prendrait modèle sur le Conseil représentatif des institutions juives de France. Le message de l'envoyé de la place Beauvau était clair: "Ce dîner ne serait pas opportun", a indiqué David Sénat à son interlocuteur, Mohamed Al Kuwari.
Dimanche 15 mars, le même David Sénat renchérissait sur le sujet, lors d'un colloque international organisé à Fès par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger. A une personne du public qui l'interrogeait sur le projet de "Crif musulman", le conseiller a répondu en déplorant la "tentation" d'un "glissement vers une représentation laïque et communautariste" des musulmans de France.
Il semblerait donc que l'entourage du président et la ministre des cultes ne partagent pas la même vision. Retour au 13 février. Ce jour-là, au cours d'un dîner, Malika Benlarbi, la sous-préfète d'Ile-de-France, lance l'idée d'une instance représentative laïque des musulmans de France. Henri Guaino, le conseiller du président Nicolas Sarkozy, la soutient - comme celui-ci l'a confirmé au site Bakchich -. Henri Guaino est attaché au projet de l'Union pour la Méditerranée. Le "Crif musulman", en tant que forum de rencontre culturel, servirait ce projet. Boris Boillon, grand connaisseur de l'Algérie au Quai D'Orsay serait aussi favorable à l'idée.
Malika Benlarbi compte également dans son sillage diverses personnalités algériennes liées à la Grande Mosquée de Paris, tel que maître Chems-eddine Hafiz, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance de représentation cultuelle des musulmans.
En revanche, du côté du CFCM justement, ça tangue. Son président - marocain - Mohammed Moussaoui - craint une "communautarisation" de l'islam. Surtout, la naissance d'une instance parallèle au CFCM porterait à ce même CFCM, déjà englué dans ses difficultés de fonctionnement interne et déchiré par la rivalité entre Algériens et Marocains, un coup très dur.
Cette perspective ne peut que déplaire à Nicolas Sarkozy qui fut le maître d'oeuvre de la création du CFCM, en 2003. Dans les coulisses de l'institution, on murmure d'ailleurs que c'est le président lui-même qui a donné la consigne de freiner le mouvement ...
L'Express
C'est à une intervention discrète d'un conseiller du ministère de l'Intérieur que l'on doit l'annulation du dîner qui devait marquer le lancement d'un "Crif musulman" le 25 mars prochain à l'ambassade du Qatar.
David Sénat, le Monsieur "religion" de la ministre de l'Intérieur et des cultes, Michèle Alliot-Marie, est allé lui-même rencontrer l'ambassadeur du Qatar, émirat dont certains investisseurs privés sont prêts à financer le futur conseil. Une instance qui prendrait modèle sur le Conseil représentatif des institutions juives de France. Le message de l'envoyé de la place Beauvau était clair: "Ce dîner ne serait pas opportun", a indiqué David Sénat à son interlocuteur, Mohamed Al Kuwari.
Dimanche 15 mars, le même David Sénat renchérissait sur le sujet, lors d'un colloque international organisé à Fès par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger. A une personne du public qui l'interrogeait sur le projet de "Crif musulman", le conseiller a répondu en déplorant la "tentation" d'un "glissement vers une représentation laïque et communautariste" des musulmans de France.
Il semblerait donc que l'entourage du président et la ministre des cultes ne partagent pas la même vision. Retour au 13 février. Ce jour-là, au cours d'un dîner, Malika Benlarbi, la sous-préfète d'Ile-de-France, lance l'idée d'une instance représentative laïque des musulmans de France. Henri Guaino, le conseiller du président Nicolas Sarkozy, la soutient - comme celui-ci l'a confirmé au site Bakchich -. Henri Guaino est attaché au projet de l'Union pour la Méditerranée. Le "Crif musulman", en tant que forum de rencontre culturel, servirait ce projet. Boris Boillon, grand connaisseur de l'Algérie au Quai D'Orsay serait aussi favorable à l'idée.
Malika Benlarbi compte également dans son sillage diverses personnalités algériennes liées à la Grande Mosquée de Paris, tel que maître Chems-eddine Hafiz, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance de représentation cultuelle des musulmans.
En revanche, du côté du CFCM justement, ça tangue. Son président - marocain - Mohammed Moussaoui - craint une "communautarisation" de l'islam. Surtout, la naissance d'une instance parallèle au CFCM porterait à ce même CFCM, déjà englué dans ses difficultés de fonctionnement interne et déchiré par la rivalité entre Algériens et Marocains, un coup très dur.
Cette perspective ne peut que déplaire à Nicolas Sarkozy qui fut le maître d'oeuvre de la création du CFCM, en 2003. Dans les coulisses de l'institution, on murmure d'ailleurs que c'est le président lui-même qui a donné la consigne de freiner le mouvement ...
L'Express
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