Après avoir analysé les risques tactiques d'une telle initiative et expliqué les motivations géostratégiques de la Perse atomique, forgeons un scénario catastrophe et portons l'espoir.
Avertissement : cet article évite tout discours moral, partisan, dénonciateur, conspirationniste, raciste, xénophobe, antisémite, islamophobe, israélophobe, iranophobe ou arabophobe. Son objectif principal consiste à focaliser l'attention du lecteur sur une information systémique - englobant technique, tactique et géostratégie - faisant souvent défaut dans les médias classiques. En tant qu'auteur, j'invite humblement les commentateurs à dépassionner et à enrichir le débat et les remercie infiniment d'avance pour leur participation constructive.
Glaives hébreux contre boucliers perses
Le site d'Osirak regroupait quasiment toutes les installations nucléaires irakiennes. En 1980, une escadre de l'Israeli Air Force pulvérisa définitivement les rêves atomiques de feu Saddam Hussein. Tirant certainement leçon de l'énorme erreur irakienne, la République islamique d'Iran a multiplié les sites clés : une usine de conversion de l'iranium à Ispahan, une centrifugeuse à uranium enrichi et deux usines d'enrichissement d'uranium à Natanz, une usine d'eau lourde et un réacteur expérimental au plutonium à Arak, un réacteur à eau légère à Busher; ce dernier n'étant pas considéré comme essentiel pour la fabrication d'armes nucléaires. Au total, les visites incomplètes de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique ont permis d'identifier 18 sites dont quelques uns appartenant à la compagnie électricité; maints experts quadruplent ce chiffre. Atteindre autant de cibles éparpillées - profondément enterrées et difficilement localisables - sur l'immense territoire iranien nécéssite non pas un raid aérien mais une opération d'envergure impliquant près d'une centaine de chasseurs-bombardiers, innombrables aléas en sus.
Les équipements militaires de la République islamique sont de manufactures occidentales d'une part, russes et chinoises d'autre part : les premières acquises auprès de l'OTAN par le régime du Chah, les secondes après la révolution de 1979. Certes obsolètes et manquant sûrement de pièces de rechange, les chasseurs F-14 Tomcat iraniens ont encore des dents très acérées. Grâce à leur remarquable formation et à la manoeuvrabilité de leurs F-15 et F-16, les pilotes hébreux l'emporteraient aisément sur leurs adversaires. Mais le moindre « combat de chiens » dans les cieux perses éveillerait aussitôt l'attention de l'armée de l'air et des batteries anti-aériennes. Maverick et Goose ne volent tranquillement que dans les nuages hollywoodiens...
La menace la plus sérieuse viendrait des missiles sol-air I-Hawk made in USA (en service chez les Marines jusqu'en 2002), des redoutables SA-10, SA-15 et des plus récents Thor-M1 et Pachora-2A, technologies russes très efficaces contre les hélicoptères et les chasseurs même équipés de contre-mesures. Cependant, ces systèmes peuvent être brouillés électroniquement, leurrés ou neutralisés à courte/moyenne portée par des missiles anti-radar de l'IAF. En outre, l'efficacité des systèmes anti-aériens russes est sujette à de multiples interrogations depuis leur complète désactivation par un drone cyberpirateur lors d'un raid de l'aviation israélienne en territoire syrien à l'été 2007 (cf Le raid cyber d'Israël en Syrie).
Depuis peu, l'IAF a effectué de nombreuses améliorations sur ses F-15 Raam et F-16 Soufa (dérivations des F-15i et F-16i) : leurs rayons d'action ont été considérablement allongés et leurs systèmes de guerre électronique ont été drastiquement améliorés. Pour peu que l'aviation israélienne envisage des raids chirurgicaux ou « de moyenne intensité » contre l'Iranium, elle aurait certainement recours à des drones-leurres (et à des drones cyberpirateurs ?) afin de désemparer les défenses iraniennes et permettre à des escadres restreintes de pénétrer profondément l'espace aérien perse. Une méthode qui fit auparavant ses preuves contre la DCA syrienne.
On peut parier sans trop risques que les fournisseurs russes aient procédé à quelques upgrades des défenses anti-aériennes précitées de leurs clients perses, déjà très percutantes dans leurs versions basiques. Plusieurs chasseurs de l'OTAN en firent la triste expérience lors des campagnes balkaniques. En 2006, la Russie avait livré ses S-300 à longue portée à la République islamique. Ces missiles Patriot venus du froid feraient réfléchir toute force aérienne sur le niveau très probable de pertes lors des trajets allers-retours dans les cieux perses.
Ces trajets augmenteront significativement si les escadres devaient contourner les espaces aériens jordanien, syrien et irakien, pénétrer celui iranien et rentrer at home. Couvrir ces 1400-2600 km ne peut se faire sans un ou deux ravitaillements en vol compliquant d'autant la donne. Idem pour l'implication de commandos hébreux au sol chargés de marquer/désigner les installations nucléaires iraniennes à leurs compagnons aviateurs. Il s'agit de passer complètement inaperçu en terre perse, pas d'aller récupérer des otages dans un aéroport africain désaffecté. Pour peu que ces forces spéciales sachent exactement où et quoi marquer, comment détruire une cible savamment bunkérisée ? Disponibles dans les entrepôts de l'IAF, les fameuses bombes anti-bunker BLU-109 furent d'une efficacité très relative lorsque l'US Air Force en fit usage en Afghanistan.
Le caractère décisif d'une frappe aérienne contre l'Iranium ne dépend pas seulement des évolutions/réactualisations au sein de l'attaque israélienne et de la défense iranienne, mais surtout des estimations de son impact logistique et stratégique.
Dans un rapport intitulé « Can military strikes destroy Iran’s gas centrifuge program? Probably not », le Institute for Science and International Security ne voit guère de réelles solutions militaires contre l'Iranium. En une trentaine d'années, la République islamique a suffisamment accumulé de matières enrichies, fermement sécurisé et géographiquement éclaté sa logistique nucléaire. Les renseignements américains et israéliens ne semblent disposer que d'informations partielles sur cette logistique et sur ses capacités de recomposition. L'Iranium a donc largement eu le temps de se prémunir contre un raid israélien et à fortiori contre une opération américaine d'envergure partant de Turquie, du Golfe arabo-persique (bases, porte-avions) et/ou des théâtres irakien et afghan.
Avertissement : cet article évite tout discours moral, partisan, dénonciateur, conspirationniste, raciste, xénophobe, antisémite, islamophobe, israélophobe, iranophobe ou arabophobe. Son objectif principal consiste à focaliser l'attention du lecteur sur une information systémique - englobant technique, tactique et géostratégie - faisant souvent défaut dans les médias classiques. En tant qu'auteur, j'invite humblement les commentateurs à dépassionner et à enrichir le débat et les remercie infiniment d'avance pour leur participation constructive.
Glaives hébreux contre boucliers perses
Le site d'Osirak regroupait quasiment toutes les installations nucléaires irakiennes. En 1980, une escadre de l'Israeli Air Force pulvérisa définitivement les rêves atomiques de feu Saddam Hussein. Tirant certainement leçon de l'énorme erreur irakienne, la République islamique d'Iran a multiplié les sites clés : une usine de conversion de l'iranium à Ispahan, une centrifugeuse à uranium enrichi et deux usines d'enrichissement d'uranium à Natanz, une usine d'eau lourde et un réacteur expérimental au plutonium à Arak, un réacteur à eau légère à Busher; ce dernier n'étant pas considéré comme essentiel pour la fabrication d'armes nucléaires. Au total, les visites incomplètes de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique ont permis d'identifier 18 sites dont quelques uns appartenant à la compagnie électricité; maints experts quadruplent ce chiffre. Atteindre autant de cibles éparpillées - profondément enterrées et difficilement localisables - sur l'immense territoire iranien nécéssite non pas un raid aérien mais une opération d'envergure impliquant près d'une centaine de chasseurs-bombardiers, innombrables aléas en sus.
Les équipements militaires de la République islamique sont de manufactures occidentales d'une part, russes et chinoises d'autre part : les premières acquises auprès de l'OTAN par le régime du Chah, les secondes après la révolution de 1979. Certes obsolètes et manquant sûrement de pièces de rechange, les chasseurs F-14 Tomcat iraniens ont encore des dents très acérées. Grâce à leur remarquable formation et à la manoeuvrabilité de leurs F-15 et F-16, les pilotes hébreux l'emporteraient aisément sur leurs adversaires. Mais le moindre « combat de chiens » dans les cieux perses éveillerait aussitôt l'attention de l'armée de l'air et des batteries anti-aériennes. Maverick et Goose ne volent tranquillement que dans les nuages hollywoodiens...
La menace la plus sérieuse viendrait des missiles sol-air I-Hawk made in USA (en service chez les Marines jusqu'en 2002), des redoutables SA-10, SA-15 et des plus récents Thor-M1 et Pachora-2A, technologies russes très efficaces contre les hélicoptères et les chasseurs même équipés de contre-mesures. Cependant, ces systèmes peuvent être brouillés électroniquement, leurrés ou neutralisés à courte/moyenne portée par des missiles anti-radar de l'IAF. En outre, l'efficacité des systèmes anti-aériens russes est sujette à de multiples interrogations depuis leur complète désactivation par un drone cyberpirateur lors d'un raid de l'aviation israélienne en territoire syrien à l'été 2007 (cf Le raid cyber d'Israël en Syrie).
Depuis peu, l'IAF a effectué de nombreuses améliorations sur ses F-15 Raam et F-16 Soufa (dérivations des F-15i et F-16i) : leurs rayons d'action ont été considérablement allongés et leurs systèmes de guerre électronique ont été drastiquement améliorés. Pour peu que l'aviation israélienne envisage des raids chirurgicaux ou « de moyenne intensité » contre l'Iranium, elle aurait certainement recours à des drones-leurres (et à des drones cyberpirateurs ?) afin de désemparer les défenses iraniennes et permettre à des escadres restreintes de pénétrer profondément l'espace aérien perse. Une méthode qui fit auparavant ses preuves contre la DCA syrienne.
On peut parier sans trop risques que les fournisseurs russes aient procédé à quelques upgrades des défenses anti-aériennes précitées de leurs clients perses, déjà très percutantes dans leurs versions basiques. Plusieurs chasseurs de l'OTAN en firent la triste expérience lors des campagnes balkaniques. En 2006, la Russie avait livré ses S-300 à longue portée à la République islamique. Ces missiles Patriot venus du froid feraient réfléchir toute force aérienne sur le niveau très probable de pertes lors des trajets allers-retours dans les cieux perses.
Ces trajets augmenteront significativement si les escadres devaient contourner les espaces aériens jordanien, syrien et irakien, pénétrer celui iranien et rentrer at home. Couvrir ces 1400-2600 km ne peut se faire sans un ou deux ravitaillements en vol compliquant d'autant la donne. Idem pour l'implication de commandos hébreux au sol chargés de marquer/désigner les installations nucléaires iraniennes à leurs compagnons aviateurs. Il s'agit de passer complètement inaperçu en terre perse, pas d'aller récupérer des otages dans un aéroport africain désaffecté. Pour peu que ces forces spéciales sachent exactement où et quoi marquer, comment détruire une cible savamment bunkérisée ? Disponibles dans les entrepôts de l'IAF, les fameuses bombes anti-bunker BLU-109 furent d'une efficacité très relative lorsque l'US Air Force en fit usage en Afghanistan.
Le caractère décisif d'une frappe aérienne contre l'Iranium ne dépend pas seulement des évolutions/réactualisations au sein de l'attaque israélienne et de la défense iranienne, mais surtout des estimations de son impact logistique et stratégique.
Dans un rapport intitulé « Can military strikes destroy Iran’s gas centrifuge program? Probably not », le Institute for Science and International Security ne voit guère de réelles solutions militaires contre l'Iranium. En une trentaine d'années, la République islamique a suffisamment accumulé de matières enrichies, fermement sécurisé et géographiquement éclaté sa logistique nucléaire. Les renseignements américains et israéliens ne semblent disposer que d'informations partielles sur cette logistique et sur ses capacités de recomposition. L'Iranium a donc largement eu le temps de se prémunir contre un raid israélien et à fortiori contre une opération américaine d'envergure partant de Turquie, du Golfe arabo-persique (bases, porte-avions) et/ou des théâtres irakien et afghan.
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