22/05/2009 11:03:56 - Jeune Afrique- Par : Nicolas Marmié, envoyé spécial -
Les confettis jaunis du Maroc espagnol
À défaut de récupérer les deux enclaves espagnoles, qu’il considère comme des « survivances anachroniques de l’époque coloniale », le royaume chérifien les absorbe peu à peu par l’économie et la démographie. Reportage.
Un coup d’œil à droite, et brillent les lumières anglaises de Gibraltar. Légère rotation sur la gauche, et c’est le port espagnol d’Algésiras qui scintille dans la nuit. Enfin, en regardant tout droit, c’est la corniche marocaine de Fnidek, illuminée comme un sapin de Noël. Du mirador Isabelle II, à Ceuta, l’un des derniers cailloux de l’empire colonial espagnol, on comprend tout de suite le poids de l’Histoire et l’importance de la géographie. Perchée au-dessus des eaux du détroit, où transitent chaque année quelque 100 000 navires, au moins 20 000 clandestins et des centaines de tonnes de résine de cannabis, l’enclave espagnole en terre marocaine se donne des airs de citadelle imprenable. D’ailleurs, les deux tiers de ce territoire escarpé de 18 km2, planté comme une banderille dans la Méditerranée, sont dédiés aux installations militaires. La ville et ses églises sont en outre intégralement cernées d’un rideau de barrières métalliques réputé infranchissable et seulement mité par des miradors. Pourtant, une évidence géographique s’impose : Ceuta (Sebta, en arabe), c’est le Maroc. Ou, à tout le moins, ça le redevient, comme Melilla, l’autre enclave côtière espagnole qui jouxte le port marocain de Nador. « Ceuta et Melilla vont tomber comme des pommes mûres dans les mâchoires du Maroc », pronostique Karim, un homme d’affaires tangérois. Il semble bien en effet qu’après cinq siècles de présence espagnole dans les deux « presidios » (conquises respectivement en 1580 et 1497) l’Histoire s’accélère.
Certes, les revendications marocaines sur les deux enclaves côtières ne sont pas nouvelles. Elles datent de l’indépendance, en 1956. Depuis, Rabat ne manque jamais une occasion de qualifier cette présence espagnole de « survivance anachronique de l’époque coloniale ». Mais, au moins officiellement, Madrid affiche une détermination de fer sur la pérennité de ses positions. Lors de sa dernière visite dans les enclaves, en 2007, le roi Juan Carlos en personne a réaffirmé l’attachement de l’Espagne à ces deux confettis d’empire dont l’appartenance à la couronne est inscrite dans la Constitution.
Les confettis jaunis du Maroc espagnol
À défaut de récupérer les deux enclaves espagnoles, qu’il considère comme des « survivances anachroniques de l’époque coloniale », le royaume chérifien les absorbe peu à peu par l’économie et la démographie. Reportage.
Un coup d’œil à droite, et brillent les lumières anglaises de Gibraltar. Légère rotation sur la gauche, et c’est le port espagnol d’Algésiras qui scintille dans la nuit. Enfin, en regardant tout droit, c’est la corniche marocaine de Fnidek, illuminée comme un sapin de Noël. Du mirador Isabelle II, à Ceuta, l’un des derniers cailloux de l’empire colonial espagnol, on comprend tout de suite le poids de l’Histoire et l’importance de la géographie. Perchée au-dessus des eaux du détroit, où transitent chaque année quelque 100 000 navires, au moins 20 000 clandestins et des centaines de tonnes de résine de cannabis, l’enclave espagnole en terre marocaine se donne des airs de citadelle imprenable. D’ailleurs, les deux tiers de ce territoire escarpé de 18 km2, planté comme une banderille dans la Méditerranée, sont dédiés aux installations militaires. La ville et ses églises sont en outre intégralement cernées d’un rideau de barrières métalliques réputé infranchissable et seulement mité par des miradors. Pourtant, une évidence géographique s’impose : Ceuta (Sebta, en arabe), c’est le Maroc. Ou, à tout le moins, ça le redevient, comme Melilla, l’autre enclave côtière espagnole qui jouxte le port marocain de Nador. « Ceuta et Melilla vont tomber comme des pommes mûres dans les mâchoires du Maroc », pronostique Karim, un homme d’affaires tangérois. Il semble bien en effet qu’après cinq siècles de présence espagnole dans les deux « presidios » (conquises respectivement en 1580 et 1497) l’Histoire s’accélère.
Certes, les revendications marocaines sur les deux enclaves côtières ne sont pas nouvelles. Elles datent de l’indépendance, en 1956. Depuis, Rabat ne manque jamais une occasion de qualifier cette présence espagnole de « survivance anachronique de l’époque coloniale ». Mais, au moins officiellement, Madrid affiche une détermination de fer sur la pérennité de ses positions. Lors de sa dernière visite dans les enclaves, en 2007, le roi Juan Carlos en personne a réaffirmé l’attachement de l’Espagne à ces deux confettis d’empire dont l’appartenance à la couronne est inscrite dans la Constitution.
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