L'Afrique bien seule face à la pandémie
par Kharroubi Habib
par Kharroubi Habib

La communauté internationale est consciente que l'Afrique est pour cette raison la zone planétaire où la grippe A pourrait avoir pour dramatique conséquence une hécatombe de vies humaines. Ce qui pour autant ne semble pas lui avoir dicté des devoirs et l'obligation de solidarité à l'égard de ces populations sur lesquelles planent un si dangereux risque.
L'on comprend que les pays riches, dont les populations sont elles aussi concernées par la pandémie, se mobilisent en priorité pour assurer la protection sanitaire de leurs propres citoyens. Mais ils ont tout de même les moyens et de faire cela et de porter assistance aux Etats africains ou autres qui en sont démunis. Ce dont on n'a pas écho qu'ils aient décidé d'agir en ce sens. Le grand tapage médiatique que suscite cette pandémie dans les pays riches aurait-il eu cette ampleur si celle-ci, ne menaçant pas leurs territoires et populations, s'était cantonnée à n'affecter que le continent africain et les autres régions sud de la planète ?
D'autres pandémies et maladies sévissent dans ces régions, le sida, le paludisme, la dengue, la tuberculose et autres fléaux aux bilans mortels effroyables, sans faire l'actualité des médias de ces pays riches pour la bonne et simple raison que le sujet a moins d'urgence dramatique, puisque leurs contrées en sont épargnées.
L'on ne sait, répétons-le, ce que pourrait être le quantitatif de la macabre moisson qui sera celle de la grippe A sur le continent africain, sauf que les handicaps de celui-ci en font un terreau favorable à sa propagation.
Face à un danger de cette sorte, il y a crime contre l'humanité à renvoyer les Etats et les dirigeants des pays pauvres à leurs propres responsabilités. C'est ce réflexe pourtant qui fonctionne dans les pays prospères. Et pas seulement à l'occasion de cette pandémie de la grippe A. Sinon, comment expliquer que des famines ont emporté des millions d'Africains, alors que les seuls surstocks alimentaires des pays industrialisés auraient pu largement enrayer cette fauche. Le seul espoir pour les Africains et les autres démunis de la planète est que les sinistres prévisions qui accompagnent la progression de la pandémie se révèlent fausses.
Mais ce qu'il faut retenir de ce «chacun pour soi» qui s'est manifesté à l'apparition de la pandémie, est que humanisme et solidarité ne sont que des mots dont les nantis usent pour couvrir leur égoïsme.
Le Quotidien d'Oran .
Commentaire