Connu pour son amitié avec le monarque alaouite, cheb Khaled ne refuse aucune invitation marocaine pour donner des concerts et offrir des moments de joie à son nombreux public. Et comme les soirées artistiques dans les pays aux régimes fermés, le spectacle ne se limite pas à leur juste dimension artistique.
Les pouvoirs excellent dans l’exploitation et la récupération politicienne. C’était le cas du concert qu’a donné « le king » du raï, cheb Khaled, à l’occasion du Salon international du dromadaire, organisé le 2 novembre à Laâyoun, capitale du Sahara occidental, occupée par l’armée marocaine depuis 1975. Le salon rentrait dans le cadre des festivités célébrant l’anniversaire de la fameuse marche d’occupation dite « marche verte ». Khaled a chanté devant 50 000 personnes, drapé de l’emblème marocain. Le chanteur aurait déclaré, selon l’agence marocaine lors d’un point de presse avant de monter sur scène, qu’« aujourd’hui, je chante à Laâyoun, demain, ce sera à Smara et après-demain, peut-être, à Tindouf. La musique n’a pas de frontières ». Une manière bien propre à cheb Khaled de joindre sa « voix » à celle du régime marocain qui ne veut pas admettre que la ville de Laâyoun comme Dakhla, Smara est une terre sahraouie. Et pendant que Khaled berce ses fans, 7 militants sahraouis des droits de l’homme croupissent dans les geôles, pas loin de la piste de danse.
Le raïman n’ignore pas cette réalité, mais peut-il refuser la demande de son ami le roi ? Pas si sûr, les invitations royales ne se refusent pas lorsqu’on est ami du monarque. Il faut dire qu’à chaque fois que le « king » est de passage au Maroc, il a droit à une invitation royale. Il avait déclaré dans une interview accordée au magazine Tel Quel : « J’ai eu la chance de côtoyer le roi lorsqu’il était prince. Puis quand il est devenu roi, il ne m’a pas tourné le dos. Bien au contraire. Il n’a pas changé et ça me touche. On a gardé notre amitié, car c’est un personnage de ma génération qui pense comme tous les jeunes. Il m’invite souvent chez lui quand je suis au Maroc. » Il sait également que « son ami le roi » est rusé dans la diplomatie artistique. De célèbres chanteurs arabes avaient défilé sur les scènes dans les villes sahraouies occupées pour clamer « le Sahara est marocain ». Le dernier en date était la star irakienne, Kadhem Essaher.
Certes, la musique n’a pas de frontières et Khaled n’est qu’un chanteur, comme il aime à le répéter. Sauf que l’artiste qu’il est avait refusé de chanter à Tel-Aviv, un refus qui traduit, bel et bien, une position politique. Donc, il ne peut pas rabâcher à répétition : « Je suis un chanteur et je ne fais pas de politique. » Si la musique n’a pas de frontières, les causes justes ne peuvent s’accommoder ni de légèreté ni de compromissions. Comme la musique, elles sont toutes autant universelles.
Par H. O.
El Watan
Les pouvoirs excellent dans l’exploitation et la récupération politicienne. C’était le cas du concert qu’a donné « le king » du raï, cheb Khaled, à l’occasion du Salon international du dromadaire, organisé le 2 novembre à Laâyoun, capitale du Sahara occidental, occupée par l’armée marocaine depuis 1975. Le salon rentrait dans le cadre des festivités célébrant l’anniversaire de la fameuse marche d’occupation dite « marche verte ». Khaled a chanté devant 50 000 personnes, drapé de l’emblème marocain. Le chanteur aurait déclaré, selon l’agence marocaine lors d’un point de presse avant de monter sur scène, qu’« aujourd’hui, je chante à Laâyoun, demain, ce sera à Smara et après-demain, peut-être, à Tindouf. La musique n’a pas de frontières ». Une manière bien propre à cheb Khaled de joindre sa « voix » à celle du régime marocain qui ne veut pas admettre que la ville de Laâyoun comme Dakhla, Smara est une terre sahraouie. Et pendant que Khaled berce ses fans, 7 militants sahraouis des droits de l’homme croupissent dans les geôles, pas loin de la piste de danse.
Le raïman n’ignore pas cette réalité, mais peut-il refuser la demande de son ami le roi ? Pas si sûr, les invitations royales ne se refusent pas lorsqu’on est ami du monarque. Il faut dire qu’à chaque fois que le « king » est de passage au Maroc, il a droit à une invitation royale. Il avait déclaré dans une interview accordée au magazine Tel Quel : « J’ai eu la chance de côtoyer le roi lorsqu’il était prince. Puis quand il est devenu roi, il ne m’a pas tourné le dos. Bien au contraire. Il n’a pas changé et ça me touche. On a gardé notre amitié, car c’est un personnage de ma génération qui pense comme tous les jeunes. Il m’invite souvent chez lui quand je suis au Maroc. » Il sait également que « son ami le roi » est rusé dans la diplomatie artistique. De célèbres chanteurs arabes avaient défilé sur les scènes dans les villes sahraouies occupées pour clamer « le Sahara est marocain ». Le dernier en date était la star irakienne, Kadhem Essaher.
Certes, la musique n’a pas de frontières et Khaled n’est qu’un chanteur, comme il aime à le répéter. Sauf que l’artiste qu’il est avait refusé de chanter à Tel-Aviv, un refus qui traduit, bel et bien, une position politique. Donc, il ne peut pas rabâcher à répétition : « Je suis un chanteur et je ne fais pas de politique. » Si la musique n’a pas de frontières, les causes justes ne peuvent s’accommoder ni de légèreté ni de compromissions. Comme la musique, elles sont toutes autant universelles.
Par H. O.
El Watan
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