LES MÉDIAS OCCIDENTAUX
Mission: l'avilissement des Autres
02 Novembre 2009 - Page : 12
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Depuis des décennies, Hollywood, c'est-à-dire la télévision et le cinéma américains, avilit et déshumanise les Arabes et les musulmans
«Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz-de-marée constitué par les millions d'êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie.»
Houari Boumediene "(Discours à l'ONU 1974)"
Il est bien connu que le quatrième pouvoir, celui des médias est une force importante qui permet, en principe, dans les démocraties, de tenir le peuple informé du fonctionnement des institutions. Cette force peut, cependant, être au service d'une cause et de ce fait, s'avérer dangereuse aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre, notamment «la guerre permanente» qui consiste à diaboliser continuellement l'Autre quand il s'est agi de l'Empire soviétique: l'Empire du Mal pour Reagan, et les Autres quand il s'est agi des colonisés et plus tard des Arabes et de l'Islam. Joseph Pulitzer, le fondateur d'un Journalisme éthique, déclarait à juste titre: «Notre République et sa presse prendront de l'essor ou s'effondreront ensemble.» Une presse compétente, désintéressée, dévouée à la chose publique, intelligente, exercée à discerner le bien et ayant le courage de le faire, peut préserver la morale publique sans laquelle un gouvernement populaire est une imposture et une parodie. Une presse cynique, mercenaire et démagogue finira par produire une population aussi vile qu'elle-même. Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, pour sa part, pointe du doigts les grands protagonistes que sont les acteurs d'une mondialisation dimensionnée à la taille des plus riches. Ecoutons-le: «Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Mais, dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être commis (ce fut le cas aux Etats-Unis, durant plus d'un siècle, à l'encontre des Afro-Américains, et cela l'est aujourd'hui contre les ressortissants des pays musulmans en vertu du "Patriot Act"). Depuis une quinzaine d'années, à mesure que s'accélérait la mondialisation libérale, ce "quatrième pouvoir" a été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de contre-pouvoir. Le pouvoir véritable est désormais détenu par un faisceau de groupes économiques planétaires et d'entreprises globales dont le poids dans les affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des gouvernements et des Etats».(1)
Matraquage médiatique
Souvenons-nous justement, de ce matraquage des médias et plus précisément du cinéma. Cela a commencé dès les années 60: il fallait donner une assise au niveau des médias, la légitimité de l'Israël biblique. Ce fut, on s'en souvient d'abord, les Dix commandements de Cecil B. de Mille et de la Metro Golwyn Meyer dont les producteurs et réalisateurs sont juifs. Ce fut ensuite Ben Hur. Nous qui étions collégiens avons vibré à la détresse de Ben Hur, nous avons applaudi quand Moïse a sauvé son peuple... Naïfs que nous étions de nous identifier à ces héros. Avec le temps nous nous apercevons que rien n'était par hasard. La machine sioniste était en marche. En fait, l'histoire du racisme latent européen ne date pas d'hier. Souvenons-nous, à titre d'exemple, comment Lawrence d'Arabie interprété magistralement par Peter O Toole, le racé, le civilisé, le blanc aux yeux bleus, avait une aura tandis qu'Antony Queen dans le rôle d'un chef bédouin qui avait un comportement qui frisait celui de la bête avide de rapines, de bonnes chères et de luxure et qui, naturellement, ne connaissait rien à la politique.
Dans le même ordre, le professeur Jack Shaheen (Université Sud-Illinois) analyse dans un documentaire comment Hollywood fait preuve d'imagination pour avilir l'image de l'Arabe. Le projet de société pensé et planifié par les «maîtres du monde» passe par un conditionnement sournois qui utilise l'industrie cinématographique, de longue date, comme arme de propagande. Ce documentaire, totalement inédit, passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l'histoire du cinéma et que personne n'avait jamais osé contester depuis l'époque du muet jusqu'aux grandes productions hollywoodiennes d'aujourd'hui. Le film relève la longue succession d'images dégradantes qui ont été utilisées pour représenter les Arabes au cinéma. Des bandits bédouins aux jeunes filles soumises, en passant par les cheikhs sinistres et les terroristes armés, ce documentaire jette un éclairage dévastateur sur l'origine de ces portraits stéréotypés et sur leur apparition à des moments clés de l'histoire des États-Unis, démontrant du même coup les lourdes conséquences de cette représentation aujourd'hui.(2)
Jack Shaheen montre comment, au fil des ans, la persistance de ces images a fait en sorte de banaliser les préjugés entretenus à l'égard des Arabes et de la culture arabe. «Depuis des décennies, Hollywood, c'est-à-dire le cinéma et la télévision américains, avilit et déshumanise les Arabes et les musulmans. Voilà pourquoi le drame palestinien reste entier depuis 60 ans, et pourquoi le public a consenti à l'invasion de l'Irak en 2003. Les préjugés contre eux sont antérieurs aux attentats du 11 septembre, bien que ceux-ci aient contribué à les diaboliser encore davantage.» Jack Valenti, longtemps président de la Motion Picture Association of America, disait que Hollywood et Washington ont les mêmes gènes. «Sur le Moyen-Orient, Hollywood a toujours collé aux choix politiques de Washington.» «Mais s'il est si facile de tuer, de torturer, de terroriser les Arabes, c'est que 1200 films recensés par moi les présentent soit comme des monarques lubriques, soit des voleurs, des tueurs et des menteurs, soit des terroristes sans foi ni loi, et souvent sans compétence.» Shaheen s'était fait connaître dès 1984 avec un livre, The TV Arab. Il s'est illustré par son combat contre l'empire Disney après la sortie d'Aladdin en 1992. La chanson d'ouverture de ce film d'animation parlait d'un pays «où l'on vous coupe les oreilles si on n'aime pas votre face», Disney a fini par enlever la chanson de la version DVD. Jack Shaheen reste optimiste malgré tout. On a déconstruit les stéréotypes négatifs qu'on avait sur les peuples autochtones, sur les Noirs, sur les Japonais, sur les Allemands. On finira par abandonner nos préjugés contre les Arabes et les musulmans. En incitant le spectateur à réfléchir sur les conséquences sociales, politiques et simplement humaines de ces caricatures hollywoodiennes, ce film souhaite faire reconnaître l'urgence d'offrir un point de vue opposé qui rendrait justice à la diversité et au caractère humain du peuple arabe, tout en faisant ressortir le vrai visage et la richesse de l'histoire et de la culture arabes.(2)
Que Hollywood soit une arme de propagande massive, c'est pas nouveau, combien de westerns ont décrit les Amérindiens comme des êtres vils, impitoyables, tueurs et sans morale de gentils pionniers blancs, aucun doute la dessus, et aucun doute sur le fait que «l'Arabe» c'est le nouvel Indien. L'écrivain Alain Soral expliquait, lors d'une émission pourquoi le peuple américain était si profondément pro-israélien, et ressentait si peu de compassion pour les souffrances du peuple palestinien. Des colons fanatisés, des terres confisquées, des peuplades affamées et assoiffées, c'est le nouveau Far West...le Palestinien est juste le nouvel Amérindien avec un keffieh: à éliminer, comme dans les bons vieux westerns de John Wayne! Il n'est pas étonnant d'entendre des jeunes dire: «Je suis arabe et quand je regarde les films américains où il y a des Arabes, je me déteste!!!»
Mission: l'avilissement des Autres
02 Novembre 2009 - Page : 12
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Depuis des décennies, Hollywood, c'est-à-dire la télévision et le cinéma américains, avilit et déshumanise les Arabes et les musulmans
«Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz-de-marée constitué par les millions d'êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie.»
Houari Boumediene "(Discours à l'ONU 1974)"
Il est bien connu que le quatrième pouvoir, celui des médias est une force importante qui permet, en principe, dans les démocraties, de tenir le peuple informé du fonctionnement des institutions. Cette force peut, cependant, être au service d'une cause et de ce fait, s'avérer dangereuse aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre, notamment «la guerre permanente» qui consiste à diaboliser continuellement l'Autre quand il s'est agi de l'Empire soviétique: l'Empire du Mal pour Reagan, et les Autres quand il s'est agi des colonisés et plus tard des Arabes et de l'Islam. Joseph Pulitzer, le fondateur d'un Journalisme éthique, déclarait à juste titre: «Notre République et sa presse prendront de l'essor ou s'effondreront ensemble.» Une presse compétente, désintéressée, dévouée à la chose publique, intelligente, exercée à discerner le bien et ayant le courage de le faire, peut préserver la morale publique sans laquelle un gouvernement populaire est une imposture et une parodie. Une presse cynique, mercenaire et démagogue finira par produire une population aussi vile qu'elle-même. Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, pour sa part, pointe du doigts les grands protagonistes que sont les acteurs d'une mondialisation dimensionnée à la taille des plus riches. Ecoutons-le: «Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Mais, dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être commis (ce fut le cas aux Etats-Unis, durant plus d'un siècle, à l'encontre des Afro-Américains, et cela l'est aujourd'hui contre les ressortissants des pays musulmans en vertu du "Patriot Act"). Depuis une quinzaine d'années, à mesure que s'accélérait la mondialisation libérale, ce "quatrième pouvoir" a été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de contre-pouvoir. Le pouvoir véritable est désormais détenu par un faisceau de groupes économiques planétaires et d'entreprises globales dont le poids dans les affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des gouvernements et des Etats».(1)
Matraquage médiatique
Souvenons-nous justement, de ce matraquage des médias et plus précisément du cinéma. Cela a commencé dès les années 60: il fallait donner une assise au niveau des médias, la légitimité de l'Israël biblique. Ce fut, on s'en souvient d'abord, les Dix commandements de Cecil B. de Mille et de la Metro Golwyn Meyer dont les producteurs et réalisateurs sont juifs. Ce fut ensuite Ben Hur. Nous qui étions collégiens avons vibré à la détresse de Ben Hur, nous avons applaudi quand Moïse a sauvé son peuple... Naïfs que nous étions de nous identifier à ces héros. Avec le temps nous nous apercevons que rien n'était par hasard. La machine sioniste était en marche. En fait, l'histoire du racisme latent européen ne date pas d'hier. Souvenons-nous, à titre d'exemple, comment Lawrence d'Arabie interprété magistralement par Peter O Toole, le racé, le civilisé, le blanc aux yeux bleus, avait une aura tandis qu'Antony Queen dans le rôle d'un chef bédouin qui avait un comportement qui frisait celui de la bête avide de rapines, de bonnes chères et de luxure et qui, naturellement, ne connaissait rien à la politique.
Dans le même ordre, le professeur Jack Shaheen (Université Sud-Illinois) analyse dans un documentaire comment Hollywood fait preuve d'imagination pour avilir l'image de l'Arabe. Le projet de société pensé et planifié par les «maîtres du monde» passe par un conditionnement sournois qui utilise l'industrie cinématographique, de longue date, comme arme de propagande. Ce documentaire, totalement inédit, passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l'histoire du cinéma et que personne n'avait jamais osé contester depuis l'époque du muet jusqu'aux grandes productions hollywoodiennes d'aujourd'hui. Le film relève la longue succession d'images dégradantes qui ont été utilisées pour représenter les Arabes au cinéma. Des bandits bédouins aux jeunes filles soumises, en passant par les cheikhs sinistres et les terroristes armés, ce documentaire jette un éclairage dévastateur sur l'origine de ces portraits stéréotypés et sur leur apparition à des moments clés de l'histoire des États-Unis, démontrant du même coup les lourdes conséquences de cette représentation aujourd'hui.(2)
Jack Shaheen montre comment, au fil des ans, la persistance de ces images a fait en sorte de banaliser les préjugés entretenus à l'égard des Arabes et de la culture arabe. «Depuis des décennies, Hollywood, c'est-à-dire le cinéma et la télévision américains, avilit et déshumanise les Arabes et les musulmans. Voilà pourquoi le drame palestinien reste entier depuis 60 ans, et pourquoi le public a consenti à l'invasion de l'Irak en 2003. Les préjugés contre eux sont antérieurs aux attentats du 11 septembre, bien que ceux-ci aient contribué à les diaboliser encore davantage.» Jack Valenti, longtemps président de la Motion Picture Association of America, disait que Hollywood et Washington ont les mêmes gènes. «Sur le Moyen-Orient, Hollywood a toujours collé aux choix politiques de Washington.» «Mais s'il est si facile de tuer, de torturer, de terroriser les Arabes, c'est que 1200 films recensés par moi les présentent soit comme des monarques lubriques, soit des voleurs, des tueurs et des menteurs, soit des terroristes sans foi ni loi, et souvent sans compétence.» Shaheen s'était fait connaître dès 1984 avec un livre, The TV Arab. Il s'est illustré par son combat contre l'empire Disney après la sortie d'Aladdin en 1992. La chanson d'ouverture de ce film d'animation parlait d'un pays «où l'on vous coupe les oreilles si on n'aime pas votre face», Disney a fini par enlever la chanson de la version DVD. Jack Shaheen reste optimiste malgré tout. On a déconstruit les stéréotypes négatifs qu'on avait sur les peuples autochtones, sur les Noirs, sur les Japonais, sur les Allemands. On finira par abandonner nos préjugés contre les Arabes et les musulmans. En incitant le spectateur à réfléchir sur les conséquences sociales, politiques et simplement humaines de ces caricatures hollywoodiennes, ce film souhaite faire reconnaître l'urgence d'offrir un point de vue opposé qui rendrait justice à la diversité et au caractère humain du peuple arabe, tout en faisant ressortir le vrai visage et la richesse de l'histoire et de la culture arabes.(2)
Que Hollywood soit une arme de propagande massive, c'est pas nouveau, combien de westerns ont décrit les Amérindiens comme des êtres vils, impitoyables, tueurs et sans morale de gentils pionniers blancs, aucun doute la dessus, et aucun doute sur le fait que «l'Arabe» c'est le nouvel Indien. L'écrivain Alain Soral expliquait, lors d'une émission pourquoi le peuple américain était si profondément pro-israélien, et ressentait si peu de compassion pour les souffrances du peuple palestinien. Des colons fanatisés, des terres confisquées, des peuplades affamées et assoiffées, c'est le nouveau Far West...le Palestinien est juste le nouvel Amérindien avec un keffieh: à éliminer, comme dans les bons vieux westerns de John Wayne! Il n'est pas étonnant d'entendre des jeunes dire: «Je suis arabe et quand je regarde les films américains où il y a des Arabes, je me déteste!!!»
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