Auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie marocaine, Henri Védie souligne les efforts de mise à niveau et les progrès de ce pays « sans ressources naturelles ».
Le Maroc a conservé ces dernières années un taux de croissance élevé, malgré la crise. Est-il immunisé ?
Non, il y a un effet retard. S'il n'a pas souffert jusqu'en 2008, année où sa croissance a atteint 6 %, on attend plutôt 2,5 % à 3 % pour 2009. Mais il est quand même remarquable que ce pays ait échappé aux effets de la crise jusqu'ici. Il y a en effet une résilience de l'économie marocaine due à un système financier solide et à la persistance des investissements directs étrangers, en particulier de ceux des Marocains vivant à l'étranger. Ce qu'il faut bien voir, c'est qu'avec ses investissements, le Maroc est bien préparé pour l'après-crise. En outre, la taxe carbone (aux frontières si elle était instaurée comme le souhaite la France, NDLR) peut lui être favorable : le textile marocain est certes plus cher que le textile asiatique, mais il est plus économique à transporter. Et avec le port Tanger Med, ce sera encore plus facile.
Les grands programmes d'investissements ont-ils tous été réalisés en temps et en heure ?
Globalement, oui. Notamment les infrastructures des provinces du sud, le maillage routier et aéroportuaire. Le ferroviaire est en retard, mais le projet de TGV a démarré. Il faut remarquer que le Maroc a commencé par bâtir des infrastructures avant de démarrer des usines. Les effets seront donc plus importants à moyen terme.
L'éradication des bidonvilles n'est-elle pas difficile ?
Elle a en fait commencé dans le sud. Mais le grand problème, c'est Casablanca, où se déverse toute la migration des zones rurales. Je pense que le programme Tanger Med, qui doit créer des milliers d'emplois, devrait permettre de résoudre une partie du problème. Il y a un grand programme de logements sociaux en cours de démarrage autour de Tanger.
Comment faire mieux en termes d'égalités sociales ?
Il ne faut pas oublier que la structure démographique du Maroc implique l'arrivée chaque année sur le marché du travail de 400.000 jeunes. Il faut 6 points de croissance pour qu'ils soient absorbés. Sans oublier le développement du travail féminin. L'une des facettes du problème tient dans l'acceptation de l'évolution sociale par toutes les couches de la population. Ainsi, le nouveau Code de la famille est-il accepté dans les campagnes ? Ce n'est pas certain. Mais dans le même temps, une classe moyenne commence à se développer. C'est un contrepoids à l'énorme classe
rurale qui représente 35 % de
la population et 15 % du PIB
marocain.
Le tourisme est-il un facteur de progrès au Maroc ?
C'est un élément fondamental de l'économie marocaine, dont il est le principal fournisseur de devises. Il a l'avantage de ne pas être saisonnier, et de concerner toutes les régions. Le Maroc a mis en place plusieurs plans de développement de ce secteur, dont un plan en faveur du littoral Nord, un pour les villes impériales et, très important, un plan de développement national en faveur des touristes Marocains. C'est très important et original. Le Maroc a aussi bien compris l'importance de préserver la flore et l'eau et a opté pour un tourisme de luxe et non de masse, moins destructeur de l'environnement.
PROPOS RECUEILLIS PAR M-L.C., Les Echos
Le Maroc a conservé ces dernières années un taux de croissance élevé, malgré la crise. Est-il immunisé ?
Non, il y a un effet retard. S'il n'a pas souffert jusqu'en 2008, année où sa croissance a atteint 6 %, on attend plutôt 2,5 % à 3 % pour 2009. Mais il est quand même remarquable que ce pays ait échappé aux effets de la crise jusqu'ici. Il y a en effet une résilience de l'économie marocaine due à un système financier solide et à la persistance des investissements directs étrangers, en particulier de ceux des Marocains vivant à l'étranger. Ce qu'il faut bien voir, c'est qu'avec ses investissements, le Maroc est bien préparé pour l'après-crise. En outre, la taxe carbone (aux frontières si elle était instaurée comme le souhaite la France, NDLR) peut lui être favorable : le textile marocain est certes plus cher que le textile asiatique, mais il est plus économique à transporter. Et avec le port Tanger Med, ce sera encore plus facile.
Les grands programmes d'investissements ont-ils tous été réalisés en temps et en heure ?
Globalement, oui. Notamment les infrastructures des provinces du sud, le maillage routier et aéroportuaire. Le ferroviaire est en retard, mais le projet de TGV a démarré. Il faut remarquer que le Maroc a commencé par bâtir des infrastructures avant de démarrer des usines. Les effets seront donc plus importants à moyen terme.
L'éradication des bidonvilles n'est-elle pas difficile ?
Elle a en fait commencé dans le sud. Mais le grand problème, c'est Casablanca, où se déverse toute la migration des zones rurales. Je pense que le programme Tanger Med, qui doit créer des milliers d'emplois, devrait permettre de résoudre une partie du problème. Il y a un grand programme de logements sociaux en cours de démarrage autour de Tanger.
Comment faire mieux en termes d'égalités sociales ?
Il ne faut pas oublier que la structure démographique du Maroc implique l'arrivée chaque année sur le marché du travail de 400.000 jeunes. Il faut 6 points de croissance pour qu'ils soient absorbés. Sans oublier le développement du travail féminin. L'une des facettes du problème tient dans l'acceptation de l'évolution sociale par toutes les couches de la population. Ainsi, le nouveau Code de la famille est-il accepté dans les campagnes ? Ce n'est pas certain. Mais dans le même temps, une classe moyenne commence à se développer. C'est un contrepoids à l'énorme classe
rurale qui représente 35 % de
la population et 15 % du PIB
marocain.
Le tourisme est-il un facteur de progrès au Maroc ?
C'est un élément fondamental de l'économie marocaine, dont il est le principal fournisseur de devises. Il a l'avantage de ne pas être saisonnier, et de concerner toutes les régions. Le Maroc a mis en place plusieurs plans de développement de ce secteur, dont un plan en faveur du littoral Nord, un pour les villes impériales et, très important, un plan de développement national en faveur des touristes Marocains. C'est très important et original. Le Maroc a aussi bien compris l'importance de préserver la flore et l'eau et a opté pour un tourisme de luxe et non de masse, moins destructeur de l'environnement.
PROPOS RECUEILLIS PAR M-L.C., Les Echos
Commentaire