Annonce

Réduire
Aucune annonce.

rapport 2010 d amnesty - RÉSUMÉS RÉGIONAUX MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • nacer-eddine06
    a répondu
    http://www.amnesty.fr/var/amnesty/st...hesera2010.pdf

    http://www.amnesty.fr/var/amnesty/st...0_avancees.pdf

    Laisser un commentaire:


  • nacer-eddine06
    a répondu
    Discrimination
    Dans toute la région, des femmes et des filles étaient toujours victimes de
    discrimination dans la législation, entre autres, et privées de leurs droits,
    notamment à l’éducation, à la santé et à la participation politique. Dans la
    plupart des pays, les lois relatives à la famille et au statut personnel rendaient
    les femmes inférieures aux hommes dans le domaine de l’héritage, du divorce
    et de la garde de leurs enfants ; ces lois ne les protégeaient pas suffisamment
    contre la violence au sein de la famille ou la violence liée au genre. En Irak,
    en Jordanie et en Syrie, des lois permettaient aux hommes qui commettaient
    des actes de violence contre des femmes d’échapper à toute sanction ou de
    bénéficier d’une réduction de peine lorsque le crime était considéré comme
    ayant été commis « dans un accès de rage » et pour défendre l’« honneur »
    de la famille. Une avancée a été constatée en Syrie, où le président a décidé
    en juillet que les hommes qui tuaient ou blessaient une parente pour de tels
    motifs devaient être condamnés à une peine d’au moins deux ans d’emprisonnement.

    Des femmes ont été tuées pour des raisons d’« honneur » dans
    les territoires relevant de l’Autorité palestinienne, en Jordanie et en Syrie. En
    Irak, des femmes ont été attaquées et menacées parce qu’elles ne respectaient
    pas le code moral très strict, et des prisonnières ont déclaré à une
    commission parlementaire qu’elles avaient été violées en détention. En Iran,
    les autorités continuaient de prendre pour cible les défenseures des droits
    des femmes et les militantes qui avaient pris la tête de la campagne populaire
    réclamant la fin de la discrimination juridique envers les femmes.
    Des avancées ont toutefois été constatées au cours de l’année. Au Koweït,
    quatre femmes ont été élues au Parlement, pour la première fois depuis que
    les femmes ont obtenu, en 2005, le droit de voter et de se présenter aux élections.
    En Arabie saoudite, une femme a, pour la première fois, été nommée
    ministre. Elle était chargée de l’éducation des femmes. La législation yéménite
    a été modifiée pour permettre aux femmes mariées à un étranger de
    transmettre leur nationalité à leurs enfants. Une proposition visant à retarder
    l’âge légal du mariage pour les filles était en instance, bien que les mariages
    précoces et forcés soient apparemment très répandus et contribuent probablement
    au taux particulièrement élevé de mortalité maternelle. Le Qatar a
    adhéré en juin à la Convention sur les femmes [ONU], en émettant toutefois des
    Des femmes et
    des filles étaient
    toujours victimes de
    discrimination dans
    la législation, entre
    autres, et privées
    de leurs droits.

    réserves. L’Algérie et la Jordanie, qui ont levé certaines de leurs réserves à cet
    instrument mais en ont maintenu d’autres, continuaient de fragiliser la substance
    de la Convention comme moyen de mettre un terme à la discrimination
    liée au genre.
    Dans les pays du Golfe, riches en pétrole et en gaz, c’est le travail des
    migrants – asiatiques pour la plupart – qui constituait la base de l’économie
    nationale. Ces étrangers ont participé à l’édification du gratte-ciel le plus
    élevé au monde, inauguré en grande pompe en décembre à Doubaï. Ils ont
    accompli les travaux les plus lourds mais, s’agissant des droits humains, ils
    se situaient au bas de l’échelle : ils étaient maltraités, exploités et souvent
    contraints de vivre dans des conditions sordides, invisibles pour les riches.
    Les employés de maison étrangers, des femmes pour la plupart, étaient au
    niveau le plus bas, tant dans le Golfe que dans des pays comme le Liban.
    Ces personnes ne bénéficiaient pas, le plus souvent, de la faible protection
    des lois relatives au travail applicables aux ouvriers du bâtiment et
    d’autres activités industrielles. Elles étaient parmi celles qui risquaient le
    plus d’être exploitées et maltraitées et souffraient d’une triple discrimination,
    en tant qu’étrangères, travailleuses non protégées et femmes.
    La situation des migrants était source de grave préoccupation dans toute
    la région. Des milliers de migrants clandestins présumés originaires d’Afrique
    sub-saharienne, qui tentaient de travailler ou de pénétrer en Europe, ont été
    arrêtés en Algérie et en Libye, entre autres pays, ou expulsés sommairement ;
    certains auraient été battus ou auraient subi d’autres formes de mauvais traitements.
    Les forces de sécurité égyptiennes ont abattu au moins 19 migrants
    qui tentaient de pénétrer en Israël, et elles ont renvoyé de force 64 Érythréens
    dans leur pays, où ils risquaient d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux.
    Le gouvernement algérien a érigé en infraction pénale le fait pour
    toute personne, algérienne ou étrangère, de quitter le pays « de façon illicite ».
    Un projet de loi soumis au Parlement israélien prévoyait une série de peines
    d’emprisonnement pour les étrangers qui entraient clandestinement sur le
    territoire, avec des peines particulièrement lourdes pour les ressortissants de
    certains pays.
    Les réfugiés et les demandeurs d’asile recevaient rarement la protection qui
    leur était due. Au Liban, l’importante communauté de réfugiés palestiniens,
    installée de longue date, demeurait privée d’accès à un logement convenable
    et au travail, ainsi que de la jouissance d’autres droits économiques
    et sociaux. Des milliers de personnes qui avaient quitté le camp de Nahr el
    Bared en 2007 pour fuir les affrontements armés n’avaient toujours pas été
    autorisées à rentrer chez elles plus de deux ans après la fin des combats. Qui
    plus est, les responsables des services de sécurité libanais ont suspendu un
    processus qui visait à remédier à la situation de plusieurs milliers de réfugiés
    dépourvus de documents d’identité officiels.
    Les femmes, les migrants et les réfugiés n’étaient pas les seules victimes
    de la discrimination et de la violence. En Irak et en Iran, entre autres, les
    membres des minorités ethniques et religieuses ont été victimes de discrimination
    et ont subi des attaques violentes. En Syrie, des milliers de
    Kurdes étaient de fait apatrides, et des militants kurdes ont été arrêtés et

    emprisonnés. Au Qatar, des membres d’une tribu accusée d’être à l’origine
    d’une tentative de coup d’État en 1996 étaient toujours dépossédés de leur
    nationalité et privés d’accès au travail, entre autres droits. Parmi les autres
    minorités victimes de discrimination figuraient les lesbiennes, les gays,
    les personnes bisexuelles et les transgenres. C’est ainsi qu’en Égypte, des
    homosexuels présumés ont fait l’objet de poursuites en vertu d’une loi sur la
    débauche et ont subi un traitement dégradant. En Irak, des homosexuels ont
    été enlevés, torturés, tués et mutilés par des membres de milices islamistes,
    qui n’ont pas eu à rendre compte de leurs agissements.
    Rendre des comptes pour les crimes passés
    Peu de progrès ont été accomplis sur la question des violations passées des
    droits humains, malgré les efforts constants et courageux de survivants et de
    familles de victimes pour connaître la vérité et obtenir justice. Le gouvernement
    algérien semblait plus déterminé que jamais à effacer de la mémoire
    collective les disparitions forcées et les homicides perpétrés dans les années
    1990. Le gouvernement syrien ne manifestait aucun intérêt à élucider le
    sort des personnes disparues lorsque le père du président actuel était au
    pouvoir. Au Liban, des groupes de défense des droits humains ont obtenu
    une décision de justice ordonnant que les conclusions d’une enquête officielle
    sur les disparitions forcées soient rendues publiques. Toutefois, rien ne
    semblait indiquer que le gouvernement, issu d’un subtil dosage de différentes
    factions, soit disposé à rechercher la vérité avec vigueur. Le Tribunal spécial
    pour le Liban mis en place aux Pays-Bas avait pour mandat de poursuivre
    les auteurs d’une catégorie de crimes à motivation politique – l’assassinat
    de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et d’autres attentats qui lui étaient
    liés –, mais aucune mesure complémentaire pour enquêter sur de nombreux
    autres attentats n’a été prise. Au Maroc et au Sahara occidental, des réformes
    législatives et institutionnelles recommandées depuis plusieurs années par
    l’Instance équité et réconciliation, un organe qui a effectué un travail sans
    précédent, n’ont pas été appliquées ; aucune mesure n’a été prise pour
    rendre justice aux personnes dont les droits avaient été violés sous le règne
    du roi Hassan II, une époque où les violences exercées par l’État contre les
    dissidents et les opposants étaient particulièrement extrêmes. En Irak, les
    procès de personnes accusées d’avoir commis des crimes sous le régime de
    Saddam Hussein se poursuivaient devant un tribunal dont le fonctionnement
    était entaché de graves irrégularités et qui a prononcé de nouvelles sentences
    capitales. En Libye, les proches de prisonniers tués en 1996 dans la prison
    d’Abou Salim attendaient toujours les conclusions d’une enquête officielle
    bien tardive, et apparemment secrète.
    Conclusion
    Dix ans après le début d’un nouveau millénaire, il reste beaucoup, beaucoup
    à faire pour traduire dans la réalité les droits énoncés il y a plus de
    60 ans dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. En particulier,
    dans toute la région, les autorités se sont montrées réticentes à remplir les
    obligations de protection et de promotion des droits humains découlant de
    cet instrument, quand elles ne refusaient pas purement et simplement de
    Dans toute la région,
    les autorités se sont
    montrées réticentes à
    remplir les obligations
    de protection et
    de promotion des
    droits humains.

    le faire. Cette tendance a été exacerbée par la menace que constituait le
    terrorisme, qui est également utilisée comme une justification bien pratique
    pour réprimer davantage encore la critique légitime et la dissidence. Partout
    au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cependant, des individus courageux
    ne renoncent pas et continuent à faire entendre leur voix pour réclamer leur
    droit, faire valoir ce qui leur est dû et défendre les droits d’autrui. Leur détermination
    exemplaire guide notre action.
    © Amnesty International

    Laisser un commentaire:


  • nacer-eddine06
    a répondu
    Médias et liberté d’expression
    Les médias étaient étroitement contrôlés dans la plupart des pays de la
    région. Les rédacteurs en chef et les journalistes devaient respecter un
    certain nombre de règles écrites et non écrites et éviter les sujets considérés
    comme tabous, notamment les critiques envers le chef de l’État, sa famille et
    son entourage, la corruption et toute autre forme d’abus de pouvoir des autorités.
    Ceux qui ne respectaient pas ces règles s’exposaient au harcèlement, à
    l’arrestation ou à des poursuites pénales pour diffamation. Les médias traditionnels
    n’étaient pas les seuls visés. En Égypte et en Syrie, par exemple,
    Dans de trop nombreux
    pays, ceux qui
    avaient le courage
    ou la témérité de
    contester la politique
    gouvernementale
    ou de critiquer le
    bilan des autorités
    en matière de droits
    humains risquaient
    toujours d’être déclarés
    ennemis de l’État.

    les autorités ont arrêté et emprisonné des blogueurs à cause de leurs écrits,
    et dans toute la région, les autorités ont bloqué l’accès à des sites Internet
    qui diffusaient des commentaires ou des informations considérées comme
    contraires à leurs intérêts. En Iran, ces méthodes ont été poussées à l’extrême
    dans les mois qui ont suivi l’élection présidentielle de juin. Les autorités ont
    coupé les lignes téléphoniques et l’accès à Internet pour tenter d’empêcher
    la révélation de la vérité, et en particulier la diffusion de photos prises sur des
    téléphones portables et montrant des manifestants se faisant agresser par
    des membres du Bassidj, une milice paramilitaire, et par d’autres groupes
    violents agissant pour le compte du gouvernement.
    En Tunisie, les autorités se sont servies d’accusations fabriquées de toutes
    pièces pour poursuivre des détracteurs du gouvernement tout en manipulant
    les médias pour dénigrer et diffamer d’autres personnes. La loi ne protégeait
    pas les personnes prises pour cible. Le principal syndicat de journalistes du
    pays ayant réclamé une plus grande liberté de la presse, sa direction a été
    limogée et remplacée par un nouveau conseil d’administration qui a ouvertement
    fait campagne en faveur de la réélection du président pour un cinquième
    mandat consécutif. Cette année encore, les défenseurs des droits humains
    ont été eux aussi constamment harcelés et soumis à une surveillance oppressante,
    entre autres atteintes à leurs droits commises par les autorités tunisiennes,
    en dépit de l’image de pays respectueux des droits humains que le
    gouvernement s’efforçait de promouvoir au niveau international.
    « S écurité » publique
    En Égypte et en Syrie, les autorités ont maintenu l’état d’urgence en vigueur
    depuis des décennies qui conférait aux forces de sécurité le pouvoir exceptionnel
    d’arrêter des suspects, de les placer en détention et de les maintenir
    au secret dans des conditions favorisant le recours à la torture, entre autres
    formes de mauvais traitements. Israël continuait de soumettre les Palestiniens
    de Cisjordanie à un système de justice militaire tandis que les Palestiniens de
    Gaza étaient régis par des lois israéliennes qui leur accordaient encore moins
    de droits.
    Dans toute la région, les gouvernements ont accordé aux forces de sécurité
    des pouvoirs exceptionnels, sous prétexte de préserver la sûreté de l’État et
    de protéger la population contre des menaces ; toutefois ces forces étaient
    souvent utilisées pour défendre des intérêts politiques partisans et maintenir
    un monopole sur le pouvoir face aux appels à l’ouverture, aux élections libres
    et au changement politique.
    Le recours à la torture et aux autres mauvais traitements restait très répandu
    et, dans la plupart des cas, les responsables de ces agissements bénéficiaient
    de l’impunité. Dans toute la région, les suspects politiques étaient régulièrement
    maintenus au secret, parfois pendant plusieurs semaines, voire
    plusieurs mois, dans des centres de détention secrets ou non reconnus où
    ils étaient torturés ou maltraités. Il s’agissait de les faire passer aux « aveux »,
    de les contraindre à désigner – et par là même mettre en danger – des
    personnes auxquelles ils étaient liés, de les pousser à devenir des informateurs
    ou tout simplement de les terroriser. Beaucoup de ces prisonniers étaient
    ensuite jugés, le plus souvent par des tribunaux spéciaux appliquant une
    Le recours à la torture
    et aux autres mauvais
    traitements restait
    très répandu et, dans
    la plupart des cas,
    les responsables
    de ces agissements
    bénéficiaient de
    l’impunité.

    procédure non conforme aux normes internationales d’équité. Leurs plaintes
    pour torture n’étaient pratiquement jamais prises en compte et ils étaient
    déclarés coupables sur la base d’« aveux » extorqués sous la contrainte.
    Pour punir les « meneurs » désignés des flambées de protestation populaire
    qui ont suivi l’annonce des résultats officiels de l’élection présidentielle
    en Iran, les autorités de Téhéran ont organisé une série de « procès pour
    l’exemple » rappelant ceux associés à certains des régimes les plus totalitaires
    du XXe siècle. En Arabie saoudite, le gouvernement a annoncé que plus de
    300 personnes avaient été condamnées pour des infractions liées au terrorisme,
    sans toutefois fournir de détails sur les procès qui se sont déroulés en
    secret, à huis clos et, semble-t-il, en l’absence d’avocats de la défense. Des
    peines allant jusqu’à 30 ans d’emprisonnement ont été prononcées, ainsi
    que, semble-t-il, une condamnation à mort.
    Plusieurs États de la région continuaient d’appliquer largement la peine
    capitale, affirmant que cette pratique était prévue par la charia (droit
    musulman) et qu’elle avait un effet dissuasif sur la criminalité et garantissait la
    sécurité publique. Un certain nombre d’autres pays n’ont procédé à aucune
    exécution. Ce châtiment était principalement appliqué en Arabie saoudite,
    en Irak et en Iran, pays où un nombre élevé de prisonniers ont été exécutés,
    le plus souvent à l’issue de procédures qui ne respectaient pas les normes
    d’équité internationalement reconnues. Qui plus est, en Iran, des personnes
    condamnées pour des crimes commis alors qu’elles avaient moins de 18 ans
    étaient au nombre des suppliciés. En revanche, bien que des condamnations
    à mort aient été prononcées en Algérie, au Liban, au Maroc et en Tunisie,
    ces pays maintenaient un moratoire de facto sur les exécutions, ce qui reflétait
    la tendance croissante en faveur d’un rejet de ce châtiment au niveau
    international.
    Préoccupations d’ordre économique – logement
    et moyens d’existence

    Malgré les efforts du nouveau gouvernement des États-Unis pour relancer le
    processus de paix au Moyen-Orient, le fossé n’a cessé de se creuser entre
    Israéliens et Palestiniens en 2009, non seulement à cause des victimes
    et des destructions occasionnées par l’opération Plomb durci, mais aussi
    de l’impact du blocus ininterrompu imposé par Israël aux habitants de la
    bande de Gaza. Entamé en juin 2007, le blocus continuait de couper près
    de 1,5 million de Palestiniens du reste du monde, les emprisonnant dans les
    limites restreintes de Gaza et rendant très difficile l’importation de produits
    de première nécessité. Cette aggravation gratuite des privations que subissaient
    déjà les habitants de Gaza entravait sérieusement leur accès aux soins
    médicaux et à l’éducation et détruisait les industries et les moyens de subsistance.
    Imposé officiellement pour prévenir les tirs de roquettes de groupes
    armés palestiniens en direction d’Israël, le blocus n’était rien moins qu’un
    acte de violence, à savoir l’imposition d’un châtiment collectif à toute la population
    de Gaza. Il frappait surtout, et c’était prévisible, les catégories les plus
    vulnérables – les enfants, les personnes âgées, les sans-abri et les malades,
    notamment ceux qui avaient besoin de traitements médicaux non disponibles
    à Gaza – et non les groupes armés responsables des tirs.

    Le blocus de Gaza et les pratiques des pouvoirs publics israéliens en
    Cisjordanie – démolitions d’habitations, barrages routiers et restrictions à
    la liberté de mouvement – contribuaient comme à dessein à l’appauvrissement
    des Palestiniens. Ailleurs dans la région, des millions de personnes
    vivaient, plus ou moins pauvrement, dans des quartiers d’habitat spontané,
    c’est-à-dire des bidonvilles. C’est ainsi que dans le Grand Caire, beaucoup de
    personnes résidaient dans des zones que les autorités égyptiennes avaient
    désignées comme « dangereuses » en raison de la menace constante d’éboulements
    soudains de rochers ou de la présence de lignes à haute tension.
    Les habitants risquaient d’être évacués de force sans avoir été véritablement
    consultés. D’autres, relogés après un éboulement de rochers qui avait tué
    plus de 100 personnes en 2008, déploraient n’avoir pas un droit d’occupation
    permanent de leur nouveau domicile.

    Laisser un commentaire:


  • rapport 2010 d amnesty - RÉSUMÉS RÉGIONAUX MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

    « Ils m’ont présenté une feuille de papier photocopiée sur laquelle était
    écrit : “Depuis l’élection, des individus veulent créer le chaos et des troubles.
    Nous vous prions de prendre sans délai des mesures […] pour identifier les
    organisateurs et leurs collaborateurs.” Cela m’a paru très étrange. Je leur
    ai demandé : “Quel est le rapport avec moi ?” Ils ont expliqué qu’il s’agissait
    d’un mandat général. Puis ils m’ont amenée jusqu’à la voiture. »
    Shiva Nazar Ahari, une militante iranienne des droits humains arrêtée le 14 juin, relate son
    interpellation par des agents du ministère du Renseignement
    L’année a débuté avec les bombardements de Gaza par l’aviation israélienne
    dans le cadre d’un conflit qui a duré 22 jours et a coûté la vie à plusieurs
    centaines de civils palestiniens, et elle s’est terminée par la montée de la répression
    en Iran, où des milliers de manifestants sont redescendus dans la
    rue pour protester contre le résultat contesté de l’élection présidentielle et la
    répression brutale de la dissidence qui a suivi.
    Ces deux cas illustrent, chacun à sa manière, la nécessité d’amener les
    responsables de violations des droits humains à répondre de leurs actes si
    l’on veut briser véritablement un cycle bien établi d’atteintes aux droits fondamentaux.
    Ils mettent également en lumière les obstacles qui empêchent la
    mise en oeuvre de ce processus. À la suite du conflit de Gaza, une enquête
    rigoureuse menée par les Nations unies a conclu que les deux camps, Israël
    et le Hamas, avaient commis des crimes de guerre et peut-être des crimes
    contre l’humanité ; elle leur a demandé de diligenter des investigations crédibles
    et d’obliger les responsables à rendre compte de leurs actes. Aucune
    des deux parties n’avait pris de mesure dans ce sens à la fin de l’année.
    De leur côté, les autorités iraniennes semblaient davantage enclines à
    étouffer les allégations de viol et autres actes de torture infligés à des détenus
    qu’à ordonner des enquêtes. Elles ont également tenté d’imputer la responsabilité
    des homicides commis par leurs agents aux personnes qui les avaient
    dénoncés, plutôt que de remplir leur obligation au regard du droit international
    de mener des enquêtes sérieuses sur les violations des droits humains
    et d’obliger les responsables à rendre compte de leurs actes. Étant ellesmêmes
    à l’origine des violations, elles avaient beaucoup à cacher.
    Les événements qui se sont déroulés à Gaza et en Iran illustrent de la
    manière la plus flagrante l’insécurité permanente à laquelle des millions de
    personnes sont confrontées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Comme
    les années précédentes, des divisions politiques, religieuses et ethniques
    profondes ont été à l’origine de pratiques intolérantes, d’injustices et de conflits
    violents dans lesquels ceux qui prennent la défense des droits humains ou
    préconisent des réformes le font trop souvent à leurs risques et périls. Ces

    divisions et tensions ont également été exacerbées par les ingérences étrangères
    dans la région, et tout particulièrement par la présence de troupes, ainsi
    que par les retombées de la crise financière au niveau mondial.
    Conflit et insécurité
    Le conflit bref et intense qui s’est déroulé à Gaza et dans le sud d’Israël au
    début de l’année a été marqué par un mépris cynique des deux camps pour
    la vie des civils, qui ont par conséquent constitué la grande majorité des
    morts et des blessés.
    En Irak également, les civils ont payé un lourd tribut à la guerre – qui sévissait
    toujours dans la plus grande partie du pays – alors qu’ils s’efforçaient tant bien
    que mal de vaquer à leurs occupations malgré la tourmente. Le nombre total
    de victimes était moins élevé que les années précédentes, mais de nombreux
    civils ont encore été tués. Beaucoup sont morts dans des attentats à l’explosif
    perpétrés, à Bagdad et dans d’autres villes, par d’obscurs groupes armés
    qui semblaient souvent choisir leurs cibles dans le but de blesser et de tuer
    le plus grand nombre possible d’habitants et de déclencher des violences à
    motivation religieuse. D’autres ont été enlevés et tués par des milices armées
    liées aux partis représentés au Parlement irakien.
    Au Yémen, des milliers de civils ont été contraints de fuir leur foyer – près
    de 200 000 personnes étaient déplacées à la fin de l’année – et un nombre
    indéterminé ont été tués à la suite de la reprise et de l’intensification des
    combats opposant les forces gouvernementales et les partisans armés d’un
    dignitaire religieux chiite tué en 2004. Le conflit dans le gouvernorat septentrional
    de Saada s’est étendu à l’Arabie saoudite voisine, dont les troupes ont
    également affronté les rebelles chiites.
    Par ailleurs, dans un contexte marqué par l’aggravation des difficultés
    économiques, le gouvernement yéménite utilisait de plus en plus souvent des
    méthodes répressives pour tenter d’endiguer les troubles et les protestations
    croissantes contre la discrimination ressentie dans le sud du pays.
    Dans des pays comme l’Algérie ou l’Égypte, des civils ont été tués lors
    d’attaques menées par des groupes armés, dont certains étaient apparemment
    affiliés à Al Qaïda. Ces attaques et les vagues d’arrestations de suspects
    qui ont généralement suivi ont renforcé le climat d’insécurité dans la région.
    Elles ont également mis en avant la propension des gouvernements à réagir
    à l’opposition, y compris pacifique, par la répression et les violations des
    droits humains plutôt qu’en prenant en compte les revendications politiques,
    économiques ou sociales sous-jacentes.
    Répression de la dissidence
    Ces cas ont été les manifestations les plus extrêmes, mais l’insécurité politique
    que connaît toute la région a également été mise en évidence par l’intolérance
    systématique des gouvernements envers toute critique et dissidence,
    même pacifique. En Arabie saoudite, en Libye et en Syrie, entre
    autres pays, les gouvernements autoritaires ne laissaient pratiquement pas
    de place à la liberté de parole ni à des activités politiques indépendantes. Des
    signes d’ouverture étaient perceptibles en Libye, où Amnesty International
    a été autorisée à envoyer une délégation pour la première fois depuis cinq

    ans, mais les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion
    continuaient d’être soumis à des restrictions draconiennes dans ce pays.
    En Égypte, les dirigeants des Frères musulmans – tous des civils – qui
    avaient été condamnés à des peines d’emprisonnement en 2008 à l’issue
    d’un procès inéquitable devant un tribunal militaire ont vu leurs sentences
    confirmées. Cette année encore, des membres et des sympathisants de ce
    mouvement officiellement interdit, mais qui jouit d’un large soutien, ont été
    harcelés et emprisonnés. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne, dirigée
    par le Fatah, a réprimé les sympathisants du Hamas, tandis qu’à Gaza le
    gouvernement de facto du Hamas prenait pour cible les partisans du Fatah.
    Dans les deux territoires, des prisonniers ont été torturés et maltraités et
    des personnes qui n’étaient pas impliquées ont été tuées ou blessées lors
    d’affrontements entre factions rivales.
    Le gouvernement marocain tolérait de moins en moins ceux qui préconisaient
    l’indépendance du Sahara occidental, administré par le Maroc depuis
    1975, et les défenseurs sahraouis des droits humains. En novembre, les autorités
    ont expulsé vers les îles Canaries Aminatou Haidar, en affirmant qu’elle
    avait renoncé à sa nationalité. Cette femme n’a été autorisée à rentrer chez
    elle, à Laayoune, que parce que la communauté internationale a exercé des
    pressions de plus en plus fortes après qu’elle eut observé une grève de la
    faim pendant un mois, mettant sa vie en danger pour défendre ses droits
    fondamentaux.
    Dans de trop nombreux pays, ceux qui avaient le courage ou la témérité de
    contester la politique gouvernementale ou de critiquer le bilan des autorités
    en matière de droits humains risquaient toujours d’être déclarés ennemis de
    l’État et incarcérés, voire condamnés à des peines d’emprisonnement.
    Arrêté en juillet, l’avocat syrien Muhannad al Hassani, spécialisé dans la
    défense des droits humains, était passible d’une peine de 15 ans d’emprisonnement
    pour avoir dénoncé les lacunes d’un tribunal spécial de triste
    réputation, utilisé pour juger les prisonniers politiques. L’ordre des avocats lui
    a interdit d’exercer sa profession. Âgé de 78 ans, l’avocat et militant politique
    Haytham al Maleh risquait lui aussi une peine de 15 ans d’emprisonnement
    en raison de déclarations qu’il avait faites lors d’une interview à la télévision.
    Certains ont même payé leur engagement de leur vie. Ainsi, en Libye, Fathi
    el Jahmi, un détracteur de longue date du gouvernement détenu depuis plus
    de cinq ans, a été transféré par avion en Jordanie pour y recevoir des soins
    médicaux quand il est devenu évident qu’il ne lui restait plus longtemps à
    vivre ; il est mort une quinzaine de jours plus tard.
    Dernière modification par nacer-eddine06, 27 mai 2010, 10h41.
Chargement...
X