«On va mener un raid aérien pour ratatiner une tente et trois chameaux. On va mettre la main sur deux ou trois crétins (...), et on dira: voilà, c’est fait.»
La France, si elle menace et promet que l’assassinat de l’otage Michel Germaneau «ne restera pas impuni», dispose d’options militaires ou d’action directe au Sahel contre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) limitées, estiment des experts. Face à des groupes mobiles et aguerris, éparpillés dans une immense zone désertique aux confins du Mali, de la Mauritanie et de l’Algérie, qui ont des accointances et des relations familiales ou d’affaires avec les tribus et les autorités locales, Paris n’a pas les moyens d’une véritable offensive antiterroriste, selon ces spécialistes qui demandent à rester anonymes. Et, même si le Premier ministre François Fillon a évoqué une «guerre contre Al Qaîda», tout devra passer par une amélioration de la coopération régionale.
Pour l’un de ces experts, ancien acteur de la lutte antiterroriste, «après la mort d’un otage, il est normal de tenir un discours martial. Mais les moyens français, en hommes et en matériel, sont limités» dans cette région de l’Afrique. «Des troupes, sur place on n’en a plus ou presque», ajoute-t-il: «Les rares qui sont opérationnelles sont en Afghanistan où elles font ce qu’elles peuvent. On n’a pas de réelle capacité de projection, aérienne ou de troupes. Pour une vraie campagne d’éradication, il faudrait y aller en force, au niveau européen, et en forçant la main des autorités locales...Mais ce n’est pas près d’arriver.»
Pour des actions commando comme celle du 22 juillet qui a vu, selon Paris, l’engagement direct d’une trentaine de militaires dans la vaine tentative de libérer Michel Germaneau, la France dispose certes dans la région, d’assez d’hommes, sous couvert d’accords de coopération ou de formation. Selon Nouakchott, ce raid mené avec l’armée mauritanienne contre une base d’Aqmi au Mali a permis de tuer sept islamistes. Mais s’il fallait passer au niveau supérieur, la logistique ne suivrait pas, estiment ces sources.
«La politique française actuelle est très affirmative, mais la réalité n’est pas à la hauteur des annonces. La France réduit ses budgets, y compris pour la sécurité et la prévention extérieure. On ne pourra pas faire grand-chose», estime un autre expert français.
Pour marquer le coup, et transmettre un message de fermeté aux jihadistes et aux opinions publiques occidentales, des raids aériens contre des bases d’Aqmi, repérées et constamment surveillées par satellite, sont possibles.
«Cela a été envisagé par le passé», assure le même expert, lui aussi ancien responsable du dossier. «Mais pour cela, il faut être sûr à 100% de son renseignement. Et dans la région, c’est très difficile. Vous pouvez penser à 95% avoir repéré un chef et ses adjoints réunis sous une tente, mais pas de pot, ils ont bougé dans la nuit. Rien ne remplacera jamais le renseignement humain, mais c’est un travail de longue haleine.»
Des chasseurs-bombardiers pourraient décoller de la base française de N’Djamena, où trois Mirages 2000 sont stationnés, ou être envoyés de France et bénéficier d’accords d’accueil au Sénégal ou en Mauritanie, explique le même expert. «Mais si c’est le cas, ce serait vraisemblablement en appui d’une opération au sol.»
La menace des airs est prise au sérieux par Aqmi: dans le nord du Mali, où sont situées leurs bases, les jihadistes creusent depuis des mois des abris antiaériens dans des zones montagneuses, ont indiqué à l’AFP, fin juin, des sources concordantes.
«Techniquement, ce n’est pas impossible d’aller les chercher là où ils sont», conclut le premier expert. «Ce n’est pas la jungle du Vietnam. Au Sahel, on ne bouge pas une oreille sans que tout le monde soit au courant.» «Alors, je pense qu’on va brasser un peu d’air, mener un raid aérien pour ratatiner une tente et trois chameaux. On va bien mettre la main sur deux ou trois crétins qui traînent dans le coin, et on dira: voilà, c’est fait.»
AFP
L'Expression
La France, si elle menace et promet que l’assassinat de l’otage Michel Germaneau «ne restera pas impuni», dispose d’options militaires ou d’action directe au Sahel contre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) limitées, estiment des experts. Face à des groupes mobiles et aguerris, éparpillés dans une immense zone désertique aux confins du Mali, de la Mauritanie et de l’Algérie, qui ont des accointances et des relations familiales ou d’affaires avec les tribus et les autorités locales, Paris n’a pas les moyens d’une véritable offensive antiterroriste, selon ces spécialistes qui demandent à rester anonymes. Et, même si le Premier ministre François Fillon a évoqué une «guerre contre Al Qaîda», tout devra passer par une amélioration de la coopération régionale.
Pour l’un de ces experts, ancien acteur de la lutte antiterroriste, «après la mort d’un otage, il est normal de tenir un discours martial. Mais les moyens français, en hommes et en matériel, sont limités» dans cette région de l’Afrique. «Des troupes, sur place on n’en a plus ou presque», ajoute-t-il: «Les rares qui sont opérationnelles sont en Afghanistan où elles font ce qu’elles peuvent. On n’a pas de réelle capacité de projection, aérienne ou de troupes. Pour une vraie campagne d’éradication, il faudrait y aller en force, au niveau européen, et en forçant la main des autorités locales...Mais ce n’est pas près d’arriver.»
Pour des actions commando comme celle du 22 juillet qui a vu, selon Paris, l’engagement direct d’une trentaine de militaires dans la vaine tentative de libérer Michel Germaneau, la France dispose certes dans la région, d’assez d’hommes, sous couvert d’accords de coopération ou de formation. Selon Nouakchott, ce raid mené avec l’armée mauritanienne contre une base d’Aqmi au Mali a permis de tuer sept islamistes. Mais s’il fallait passer au niveau supérieur, la logistique ne suivrait pas, estiment ces sources.
«La politique française actuelle est très affirmative, mais la réalité n’est pas à la hauteur des annonces. La France réduit ses budgets, y compris pour la sécurité et la prévention extérieure. On ne pourra pas faire grand-chose», estime un autre expert français.
Pour marquer le coup, et transmettre un message de fermeté aux jihadistes et aux opinions publiques occidentales, des raids aériens contre des bases d’Aqmi, repérées et constamment surveillées par satellite, sont possibles.
«Cela a été envisagé par le passé», assure le même expert, lui aussi ancien responsable du dossier. «Mais pour cela, il faut être sûr à 100% de son renseignement. Et dans la région, c’est très difficile. Vous pouvez penser à 95% avoir repéré un chef et ses adjoints réunis sous une tente, mais pas de pot, ils ont bougé dans la nuit. Rien ne remplacera jamais le renseignement humain, mais c’est un travail de longue haleine.»
Des chasseurs-bombardiers pourraient décoller de la base française de N’Djamena, où trois Mirages 2000 sont stationnés, ou être envoyés de France et bénéficier d’accords d’accueil au Sénégal ou en Mauritanie, explique le même expert. «Mais si c’est le cas, ce serait vraisemblablement en appui d’une opération au sol.»
La menace des airs est prise au sérieux par Aqmi: dans le nord du Mali, où sont situées leurs bases, les jihadistes creusent depuis des mois des abris antiaériens dans des zones montagneuses, ont indiqué à l’AFP, fin juin, des sources concordantes.
«Techniquement, ce n’est pas impossible d’aller les chercher là où ils sont», conclut le premier expert. «Ce n’est pas la jungle du Vietnam. Au Sahel, on ne bouge pas une oreille sans que tout le monde soit au courant.» «Alors, je pense qu’on va brasser un peu d’air, mener un raid aérien pour ratatiner une tente et trois chameaux. On va bien mettre la main sur deux ou trois crétins qui traînent dans le coin, et on dira: voilà, c’est fait.»
AFP
L'Expression
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