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Reuters. dimanche 22 aout 2010
Des hommes d'Eglise ont fait cause commune dimanche avec l'opposition de gauche pour dénoncer de manière parfois virulente la politique sécuritaire du gouvernement français, particulièrement à l'égard des Roms.
Alors que Nicolas Sarkozy a ordonné le démantèlement des camps illégaux de Roms, ces derniers faisant l'objet de procédures de renvoi dans leurs pays d'origine, le père Arthur Hervet, très impliqué dans la défense de cette communauté, s'est exprimé à l'issue de la messe sur le parvis de l'église Saint-Martin d'Esquermes, à Lille.
"Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque", a déclaré le prêtre assomptionniste de 71 ans, estimant que cette communauté subissait une "guerre".
Arthur Hervet a rendu symboliquement sa médaille de l'Ordre national du Mérite au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Le prêtre a ultérieurement regretté ses propos dans lesquels il souhaite que Nicolas Sarkozy connaisse un sort funeste et le diocèse de Lille, dont il ne dépend cependant pas, l'a désavoué.
"Tel ou tel propos ont pu dépasser sa pensée: nous n'approuvons pas ces propos et nous ne pouvons pas les cautionner", dit dans un communiqué l'archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, tout en ajoutant que la situation actuelle des Roms "provoque la conscience de nombreux chrétiens".
Le père Arthur n'est d'ailleurs pas isolé en France puisque l'archevêque d'Aix et d'Arles (Bouches-du-Rhône), Mgr Christophe Dufour, a lui aussi critiqué dimanche la politique du gouvernement après avoir été témoin du démantèlement d'un camp.
"Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables", dit-il dans un communiqué en demandant "le respect des personnes et de leur dignité, dans le cadre de la loi française".
"POLITIQUE HONTEUSE" POUR VALLS
Sans évoquer explicitement la situation française, le pape Benoît XVI, qui s'exprimait depuis sa résidence d'été de Castel Gandolfo, près de Rome, y a fait implicitement référence dans une déclaration en français lors de la prière de l'Angelus.
"Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue", a-t-il déclaré en s'adressant à des pèlerins français.
Plusieurs hommes politiques de gauche ont eux aussi dénoncé dimanche l'action du gouvernement en matière de sécurité, notamment depuis le discours de Nicolas Sarkozy fin juillet à Grenoble, où il a annoncé le démantèlement des camps Roms et la déchéance de la nationalité pour certains délinquants étrangers.
Le député socialiste Manuel Valls a fustigé dans le Journal du Dimanche une politique "honteuse".
"Nicolas Sarkozy prend le risque de replacer le FN (Front national, ndlr) au coeur de la vie politique à deux ans de la présidentielle, sans connaître les conséquences de cette manipulation électorale", déclare-t-il.
Le député socialiste Vincent Peillon a abondé dans le même sens dans une interview au Parisien Dimanche.
"J'ai honte pour mon pays", dit-il. "La responsabilité des hommes politiques, ce n'est pas de s'attaquer aux plus faibles."
Vincent Peillon a particulièrement attaqué Brice Hortefeux qui, a-t-il rappelé, a été condamné pour injure raciale.
Le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné en première instance le 4 juin dernier à 750 euros d'amende et à 2.000 euros de dommages et intérêts pour une conversation dans laquelle le ministre de l'Intérieur avait dit à propos d'un militant UMP d'origine maghrébine : "Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Brice Hortefeux a expliqué qu'il avait voulu parler des Auvergnats et a fait appel de sa condamnation.
HORTEFEUX REJETTE LES CRITIQUES
Samedi, la députée européenne Eva Joly (Europe Ecologie) avait dénoncé un "racisme d'Etat" en marge des Journées d'été des écologistes en Loire-Atlantique.
Un comité des Nations unies avait déjà pointé le 12 août "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", notamment à l'encontre des gens du voyage, tandis que la Commission européenne a dit suivre la situation.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux s'en était pris samedi dans Le Monde "au petit milieu politico-médiatique parisien" et à "la gauche milliardaire" très "éloignée de la réalité française" en défendant sa politique sécuritaire.
Il s'est défendu de stigmatiser une communauté, affirmant ne trouver "aucune solution alternative, aucune proposition crédible, aucune initiative réfléchie" chez ses détracteurs.
Après les vols qui ont permis de rapatrier 86 personnes jeudi, un nouveau groupe de 130 Roms a été reconduit vendredi en Roumanie. Le 26 août, 160 autres gens du voyage quitteront la France à partir de Paris.
Brice Hortefeux avait annoncé que l'objectif du gouvernement était de démanteler 300 camps illégaux dans les trois mois et de renvoyer 700 Roms, qui seraient au nombre de 8.500 en France.
Yves Clarisse, avec Pierre Savary à Lille
Reuters. dimanche 22 aout 2010
Des hommes d'Eglise ont fait cause commune dimanche avec l'opposition de gauche pour dénoncer de manière parfois virulente la politique sécuritaire du gouvernement français, particulièrement à l'égard des Roms.
Alors que Nicolas Sarkozy a ordonné le démantèlement des camps illégaux de Roms, ces derniers faisant l'objet de procédures de renvoi dans leurs pays d'origine, le père Arthur Hervet, très impliqué dans la défense de cette communauté, s'est exprimé à l'issue de la messe sur le parvis de l'église Saint-Martin d'Esquermes, à Lille.
"Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque", a déclaré le prêtre assomptionniste de 71 ans, estimant que cette communauté subissait une "guerre".
Arthur Hervet a rendu symboliquement sa médaille de l'Ordre national du Mérite au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Le prêtre a ultérieurement regretté ses propos dans lesquels il souhaite que Nicolas Sarkozy connaisse un sort funeste et le diocèse de Lille, dont il ne dépend cependant pas, l'a désavoué.
"Tel ou tel propos ont pu dépasser sa pensée: nous n'approuvons pas ces propos et nous ne pouvons pas les cautionner", dit dans un communiqué l'archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, tout en ajoutant que la situation actuelle des Roms "provoque la conscience de nombreux chrétiens".
Le père Arthur n'est d'ailleurs pas isolé en France puisque l'archevêque d'Aix et d'Arles (Bouches-du-Rhône), Mgr Christophe Dufour, a lui aussi critiqué dimanche la politique du gouvernement après avoir été témoin du démantèlement d'un camp.
"Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables", dit-il dans un communiqué en demandant "le respect des personnes et de leur dignité, dans le cadre de la loi française".
"POLITIQUE HONTEUSE" POUR VALLS
Sans évoquer explicitement la situation française, le pape Benoît XVI, qui s'exprimait depuis sa résidence d'été de Castel Gandolfo, près de Rome, y a fait implicitement référence dans une déclaration en français lors de la prière de l'Angelus.
"Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue", a-t-il déclaré en s'adressant à des pèlerins français.
Plusieurs hommes politiques de gauche ont eux aussi dénoncé dimanche l'action du gouvernement en matière de sécurité, notamment depuis le discours de Nicolas Sarkozy fin juillet à Grenoble, où il a annoncé le démantèlement des camps Roms et la déchéance de la nationalité pour certains délinquants étrangers.
Le député socialiste Manuel Valls a fustigé dans le Journal du Dimanche une politique "honteuse".
"Nicolas Sarkozy prend le risque de replacer le FN (Front national, ndlr) au coeur de la vie politique à deux ans de la présidentielle, sans connaître les conséquences de cette manipulation électorale", déclare-t-il.
Le député socialiste Vincent Peillon a abondé dans le même sens dans une interview au Parisien Dimanche.
"J'ai honte pour mon pays", dit-il. "La responsabilité des hommes politiques, ce n'est pas de s'attaquer aux plus faibles."
Vincent Peillon a particulièrement attaqué Brice Hortefeux qui, a-t-il rappelé, a été condamné pour injure raciale.
Le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné en première instance le 4 juin dernier à 750 euros d'amende et à 2.000 euros de dommages et intérêts pour une conversation dans laquelle le ministre de l'Intérieur avait dit à propos d'un militant UMP d'origine maghrébine : "Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Brice Hortefeux a expliqué qu'il avait voulu parler des Auvergnats et a fait appel de sa condamnation.
HORTEFEUX REJETTE LES CRITIQUES
Samedi, la députée européenne Eva Joly (Europe Ecologie) avait dénoncé un "racisme d'Etat" en marge des Journées d'été des écologistes en Loire-Atlantique.
Un comité des Nations unies avait déjà pointé le 12 août "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", notamment à l'encontre des gens du voyage, tandis que la Commission européenne a dit suivre la situation.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux s'en était pris samedi dans Le Monde "au petit milieu politico-médiatique parisien" et à "la gauche milliardaire" très "éloignée de la réalité française" en défendant sa politique sécuritaire.
Il s'est défendu de stigmatiser une communauté, affirmant ne trouver "aucune solution alternative, aucune proposition crédible, aucune initiative réfléchie" chez ses détracteurs.
Après les vols qui ont permis de rapatrier 86 personnes jeudi, un nouveau groupe de 130 Roms a été reconduit vendredi en Roumanie. Le 26 août, 160 autres gens du voyage quitteront la France à partir de Paris.
Brice Hortefeux avait annoncé que l'objectif du gouvernement était de démanteler 300 camps illégaux dans les trois mois et de renvoyer 700 Roms, qui seraient au nombre de 8.500 en France.
Yves Clarisse, avec Pierre Savary à Lille