Le politologue Mustapha Saïdj à propos de la réunion du G8 sur le Sahel
Le groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) tient une réunion à Bamako avec les pays de la région au moment où 5 ressortissants français demeurent encore otages au Mali. Quelle lecture faites-vous de la rencontre, quels en sont les enjeux ?
La tenue d'une réunion du Groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) à Bamako, alors que 5 ressortissants de nationalités française demeurent toujours otages de l'Aqmi au Mali, est de l'avis du politologue et enseignant à la faculté des sciences politiques d'Alger, Mustapha Saïdj, une sorte de «coup de force» de la France visant à déstabiliser la politique algérienne au Sahel. La politique française au Sahel se base sur le principe de ses intérêts «vitaux». Par intérêts vitaux, je veux dire l'uranium du nord du niger.
La France a essayé d'instrumentaliser le G 8 ainsi que les participants (pays du sahel et autres) à cette rencontre pour relancer la lutte antiterroriste dans le but premier de déstabiliser
la politique algérienne au Sahel qui abrite le commandement des états-majors des armées du Mali, du Niger, de l'Algérie et de la Mauritanie à Tamanrasset. D'un autre côté, la France veut affaiblir les Etats du Sahel tels la Mauritanie et le Mali dont elle ne veut pas réellement qu'ils se concertent avec l'Algérie ou engager avec elle des actions de défense commune. En résumé, la France ne cherche qu'à préserver ses intérêts et par là même tuer les efforts diplomatiques et sécuritaires engagés par notre pays en avril dernier.
Comment interprétez-vous justement la position de l'Algérie qui a décliné l'invitation de prendre part à cette réunion ?
Le projet de l'Algérie et les résolutions du sommet de Tamanrasset sont basés sur les armées locales des 4 pays (Niger, mali Mauritanie, Algérie). Ce qui signifie le refus de toute intervention étrangère ou autre ingérence dans la gestion du dossier du Sahel. C'est à mon avis la raison principale qui a poussé l'Algérie à décliner l'invitation.
La vision française a sûrement dû jouer également un rôle dans cette position. L'ex-pays colonial veut à tout prix élargir la région du Sahel jusqu'au Maroc, pays stratégique, si j'ose dire, aux yeux de la France dont il défend les intérêts, et qui est d'ailleurs présent à la réunion du CTAG. Pour la France, les Etats du Sahel sont incapables de faire face au terrorisme d'Aqmi.
Ils ont besoin donc de l'intervention des puissances étrangères. La France veut même élargir la région du sahel aux pays où n'active pas Aqmi. Du Maroc jusqu'au Burkina Faso et autres pays avec lesquels elle a établi des alliances stratégiques, c'est-à-dire avec les décideurs et autres présidents. Les objectifs de la France sont clairs. Je le répète. S'imposer dans la région, défendre ses intérêts et déstabiliser l'Algérie.
L'Algérie est l'un des premiers pays à avoir engagé la lutte contre le terrorisme. En gros, quel est votre avis sur la position de l'Algérie sur la question du Sahel ?
Les visions de la France et celle de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste sont diamétralement opposées. Alors que notre pays refuse catégoriquement le payement de rançons, qu'il considère comme un mécanisme de financement du terrorisme, la France y voit un fait naturel.
La lutte contre El Qaïda au Maghreb islamique ou au Sahel est en fin de compte une sorte d'alibi utilisé par les puissances occidentales pour justifier leur présence dans ces régions dans le but de défendre leurs intérêts vitaux que sont les ressources de ces pays tel l'uranium, le pétrole, l'eau ou encore l'énergie solaire.
Sinon comment expliquer, pour faire le lien avec les otages français, que les travailleurs de sociétés françaises puissantes exploitant l'uranium au nord du Niger soient kidnappé avec une facilité déconcertante ?
Si j'analyse l'information sécuritaire avec prudence, il est clair que la France utilise la lutte contre le terrorisme comme moyen de renforcer sa présence dans la région, construire des bases militaires et nouer des alliances militaires avec le Mali et la Mauritanie par exemple pour affaiblir l'Algérie qui est en train de faire du bon travail le long de ses frontières.
Ce qui constitue une menace aux yeux de la France pour ses intérêts. Toute action commune des pays du sahel dans le cadre du commandement de Tamanrasset est considérée comme une menace pour les intérêts des société françaises. Je terminerai par citer Jacques Chirac pour illustrer mes propos : «La politique africaine de la France, c'est Areva, c'est Total.»
Le groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) tient une réunion à Bamako avec les pays de la région au moment où 5 ressortissants français demeurent encore otages au Mali. Quelle lecture faites-vous de la rencontre, quels en sont les enjeux ?
La tenue d'une réunion du Groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) à Bamako, alors que 5 ressortissants de nationalités française demeurent toujours otages de l'Aqmi au Mali, est de l'avis du politologue et enseignant à la faculté des sciences politiques d'Alger, Mustapha Saïdj, une sorte de «coup de force» de la France visant à déstabiliser la politique algérienne au Sahel. La politique française au Sahel se base sur le principe de ses intérêts «vitaux». Par intérêts vitaux, je veux dire l'uranium du nord du niger.
La France a essayé d'instrumentaliser le G 8 ainsi que les participants (pays du sahel et autres) à cette rencontre pour relancer la lutte antiterroriste dans le but premier de déstabiliser
la politique algérienne au Sahel qui abrite le commandement des états-majors des armées du Mali, du Niger, de l'Algérie et de la Mauritanie à Tamanrasset. D'un autre côté, la France veut affaiblir les Etats du Sahel tels la Mauritanie et le Mali dont elle ne veut pas réellement qu'ils se concertent avec l'Algérie ou engager avec elle des actions de défense commune. En résumé, la France ne cherche qu'à préserver ses intérêts et par là même tuer les efforts diplomatiques et sécuritaires engagés par notre pays en avril dernier.
Comment interprétez-vous justement la position de l'Algérie qui a décliné l'invitation de prendre part à cette réunion ?
Le projet de l'Algérie et les résolutions du sommet de Tamanrasset sont basés sur les armées locales des 4 pays (Niger, mali Mauritanie, Algérie). Ce qui signifie le refus de toute intervention étrangère ou autre ingérence dans la gestion du dossier du Sahel. C'est à mon avis la raison principale qui a poussé l'Algérie à décliner l'invitation.
La vision française a sûrement dû jouer également un rôle dans cette position. L'ex-pays colonial veut à tout prix élargir la région du Sahel jusqu'au Maroc, pays stratégique, si j'ose dire, aux yeux de la France dont il défend les intérêts, et qui est d'ailleurs présent à la réunion du CTAG. Pour la France, les Etats du Sahel sont incapables de faire face au terrorisme d'Aqmi.
Ils ont besoin donc de l'intervention des puissances étrangères. La France veut même élargir la région du sahel aux pays où n'active pas Aqmi. Du Maroc jusqu'au Burkina Faso et autres pays avec lesquels elle a établi des alliances stratégiques, c'est-à-dire avec les décideurs et autres présidents. Les objectifs de la France sont clairs. Je le répète. S'imposer dans la région, défendre ses intérêts et déstabiliser l'Algérie.
L'Algérie est l'un des premiers pays à avoir engagé la lutte contre le terrorisme. En gros, quel est votre avis sur la position de l'Algérie sur la question du Sahel ?
Les visions de la France et celle de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste sont diamétralement opposées. Alors que notre pays refuse catégoriquement le payement de rançons, qu'il considère comme un mécanisme de financement du terrorisme, la France y voit un fait naturel.
La lutte contre El Qaïda au Maghreb islamique ou au Sahel est en fin de compte une sorte d'alibi utilisé par les puissances occidentales pour justifier leur présence dans ces régions dans le but de défendre leurs intérêts vitaux que sont les ressources de ces pays tel l'uranium, le pétrole, l'eau ou encore l'énergie solaire.
Sinon comment expliquer, pour faire le lien avec les otages français, que les travailleurs de sociétés françaises puissantes exploitant l'uranium au nord du Niger soient kidnappé avec une facilité déconcertante ?
Si j'analyse l'information sécuritaire avec prudence, il est clair que la France utilise la lutte contre le terrorisme comme moyen de renforcer sa présence dans la région, construire des bases militaires et nouer des alliances militaires avec le Mali et la Mauritanie par exemple pour affaiblir l'Algérie qui est en train de faire du bon travail le long de ses frontières.
Ce qui constitue une menace aux yeux de la France pour ses intérêts. Toute action commune des pays du sahel dans le cadre du commandement de Tamanrasset est considérée comme une menace pour les intérêts des société françaises. Je terminerai par citer Jacques Chirac pour illustrer mes propos : «La politique africaine de la France, c'est Areva, c'est Total.»
Propos recueillis par
Saïd Mekla
Saïd Mekla
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