Les Soudanais du sud votaient massivement dimanche au premier jour d'un référendum attendu depuis plus de 50 ans
"C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient", a déclaré le président de cette région semi-autonome Salva Kiir, après avoir voté à Juba, capital du Sud-Soudan.
Près de 4 millions de personnes se sont inscrites pour ce référendum d'autodétermination. Le scrutin se tient sur sept jours et prendra fin le 15 janvier.
La partition semble inévitable à l'issue de ce référendum prévu par l'accord de paix conclu en 2005 qui a mis fin à plus de vingt ans de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le sud, chrétien, du Soudan. Le conflit a fait deux millions de morts entre 1983 et 2005.
Scrutin sous haute surveillance
Samedi, à la veille du référendum sur son indépendance, le sud-Soudan était en effervescence. Signe d'une situation toujours précaire, l'Armée populaire de libération du Soudan, les ex-rebelles sudistes à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan, a été samedi la cible d'une attaque faisant quatre morts dans une zone pétrolière.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a dit samedi espérer que le référendum se déroulerait pacifiquement et que le peuple de cette région aurait "la liberté d'exercer son droit à l'autodétermination".
Au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter pour que le résultat du scrutin soit valide. Des observateurs américains, européens, africains et arabes vont le surveiller.
Omar el-Bechir se pliera aux résultats du scrutin
Le vote conduira vraisemblablement à la partition du Soudan, le plus grand pays d'Afrique, après de nombreuses années de guerre civile. "Je célèbrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession", a déclaré Omar el-Bechir mardi dernier lors d'un discours à Juba, la capitale du Sud-Soudan.
Les analystes, les politiques sudistes, et même nordistes, anticipent désormais une victoire de l'option sécessionniste lors de ce scrutin. Ainsi, des responsables politiques à Khartoum, y compris le président Omar el-Béchir, ont reconnu qu'une victoire de l'option sécessionniste lors du scrutin était probable.
Le parti du Congrès national (NCP, présidentiel) n'a même pas fait campagne au Sud-Soudan pour convaincre les Sudistes de choisir l'unité, comme si la tendance de fond était trop lourde pour être renversée.
Les seules inconnues sont le taux de participation et le respect des normes démocratiques internationales.
Une histoire marquée par la séparation
Peuplé de plus de 8,5 millions d'habitants, le Soudan sud représente environ 20% de la population du Soudan, qui est le plus grand pays d'Afrique.
Le Soudan a été gouverné par un condominium anglo-égyptien de 1899 à 1956, date de l'indépendance du Soudan. Sous la colonisation, déjà, les Britanniques ont administré le Nord et le Sud du Soudan comme deux régions distinctes. Restreignant les mouvements de personnes entre les deux, ils ont encouragé la christianisation et l'anglicisation du Sud pour faire contrepoids aux Arabes musulmans du Nord.
Juste avant l'indépendance, en 1955, la rébellion commence dans le Sud contre la domination du Nord. En 1972, après 17 ans de guerre, le Sud obtient un statut d'autonomie. La remise en cause de ce statut relance les hostilités en 1983. Elles vont durer plus de vingt ans, jusqu'aux accords de paix de 2005.
Ceux-ci prévoient un partage du pétrole entre le Nord et le Sud qui obtient de nouveau un statut d'autonomie. Une Constitution intérimaire organise un partage du pouvoir entre les deux régions: le chef du gouvernement du Sud est aussi vice-président du Soudan. En avril 2010, Salva Kiir, qui a pris la succession du chef de guerre John Garang, est le premier président élu du Sud-Soudan.
Une partition qui ne sera pas simple
Même si le pouvoir à Khartoum accepte l'indépendance du Sud, celle-ci ne se fera pas sans difficultés.
La frontière n'est pas encore totalement définie, notamment autour de la région contestée d'Abyei. Un autre référendum devait décider de son rattachement au Nord ou au Sud mais les différentes parties n'ont pas réussi à s'entendre sur qui pourrait voter. Au moins cinq autres secteurs frontaliers restent contestés.
Les deux régions négocient par ailleurs le partage de la manne pétrolière. Le Soudan produit actuellement 500.000 barils par jour de pétrole, qui représentent 90% de ses exportations. Les trois quarts des réserves gisent dans des zones limitrophes et au Sud.
Enfin, au-delà de leur opposition au Nord, les Soudanais du Sud devront inventer une identité nationale qui ne va pas de soi dans une région morcelée, divisée entre plusieurs milices et où coexistent une soixantaine de tribus.
Un précédent en Afrique
Le référendum au Sud-Soudan remet en cause les frontières héritées de la décolonisation en Afrique et pourrait créer un précédent pour d'autres régions tentées par la sécession.
Si l'Erythrée s'est bien prononcée en 1993 sur son indépendance, ce pays avait déjà existé en tant que colonie italienne distincte de l'Ethiopie.
L'Afrique post-coloniale s'est construite, au début des années 1960, sur le principe d'intangibilité des frontières. Mais après le vote d'autodétermination au Soudan, d'autres régions d'Afrique, ou mouvements rebelles, pourraient à leur tour réclamer un référendum d'autodétermination: le Sahara occidental, l'enclave pétrolière angolaise du Cabinda, les Touaregs dans le nord du Mali et du Niger, la Casamance au Sénégal...

info france2
"C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient", a déclaré le président de cette région semi-autonome Salva Kiir, après avoir voté à Juba, capital du Sud-Soudan.
Près de 4 millions de personnes se sont inscrites pour ce référendum d'autodétermination. Le scrutin se tient sur sept jours et prendra fin le 15 janvier.
La partition semble inévitable à l'issue de ce référendum prévu par l'accord de paix conclu en 2005 qui a mis fin à plus de vingt ans de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le sud, chrétien, du Soudan. Le conflit a fait deux millions de morts entre 1983 et 2005.
Scrutin sous haute surveillance
Samedi, à la veille du référendum sur son indépendance, le sud-Soudan était en effervescence. Signe d'une situation toujours précaire, l'Armée populaire de libération du Soudan, les ex-rebelles sudistes à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan, a été samedi la cible d'une attaque faisant quatre morts dans une zone pétrolière.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a dit samedi espérer que le référendum se déroulerait pacifiquement et que le peuple de cette région aurait "la liberté d'exercer son droit à l'autodétermination".
Au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter pour que le résultat du scrutin soit valide. Des observateurs américains, européens, africains et arabes vont le surveiller.
Omar el-Bechir se pliera aux résultats du scrutin
Le vote conduira vraisemblablement à la partition du Soudan, le plus grand pays d'Afrique, après de nombreuses années de guerre civile. "Je célèbrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession", a déclaré Omar el-Bechir mardi dernier lors d'un discours à Juba, la capitale du Sud-Soudan.
Les analystes, les politiques sudistes, et même nordistes, anticipent désormais une victoire de l'option sécessionniste lors de ce scrutin. Ainsi, des responsables politiques à Khartoum, y compris le président Omar el-Béchir, ont reconnu qu'une victoire de l'option sécessionniste lors du scrutin était probable.
Le parti du Congrès national (NCP, présidentiel) n'a même pas fait campagne au Sud-Soudan pour convaincre les Sudistes de choisir l'unité, comme si la tendance de fond était trop lourde pour être renversée.
Les seules inconnues sont le taux de participation et le respect des normes démocratiques internationales.
Une histoire marquée par la séparation
Peuplé de plus de 8,5 millions d'habitants, le Soudan sud représente environ 20% de la population du Soudan, qui est le plus grand pays d'Afrique.
Le Soudan a été gouverné par un condominium anglo-égyptien de 1899 à 1956, date de l'indépendance du Soudan. Sous la colonisation, déjà, les Britanniques ont administré le Nord et le Sud du Soudan comme deux régions distinctes. Restreignant les mouvements de personnes entre les deux, ils ont encouragé la christianisation et l'anglicisation du Sud pour faire contrepoids aux Arabes musulmans du Nord.
Juste avant l'indépendance, en 1955, la rébellion commence dans le Sud contre la domination du Nord. En 1972, après 17 ans de guerre, le Sud obtient un statut d'autonomie. La remise en cause de ce statut relance les hostilités en 1983. Elles vont durer plus de vingt ans, jusqu'aux accords de paix de 2005.
Ceux-ci prévoient un partage du pétrole entre le Nord et le Sud qui obtient de nouveau un statut d'autonomie. Une Constitution intérimaire organise un partage du pouvoir entre les deux régions: le chef du gouvernement du Sud est aussi vice-président du Soudan. En avril 2010, Salva Kiir, qui a pris la succession du chef de guerre John Garang, est le premier président élu du Sud-Soudan.
Une partition qui ne sera pas simple
Même si le pouvoir à Khartoum accepte l'indépendance du Sud, celle-ci ne se fera pas sans difficultés.
La frontière n'est pas encore totalement définie, notamment autour de la région contestée d'Abyei. Un autre référendum devait décider de son rattachement au Nord ou au Sud mais les différentes parties n'ont pas réussi à s'entendre sur qui pourrait voter. Au moins cinq autres secteurs frontaliers restent contestés.
Les deux régions négocient par ailleurs le partage de la manne pétrolière. Le Soudan produit actuellement 500.000 barils par jour de pétrole, qui représentent 90% de ses exportations. Les trois quarts des réserves gisent dans des zones limitrophes et au Sud.
Enfin, au-delà de leur opposition au Nord, les Soudanais du Sud devront inventer une identité nationale qui ne va pas de soi dans une région morcelée, divisée entre plusieurs milices et où coexistent une soixantaine de tribus.
Un précédent en Afrique
Le référendum au Sud-Soudan remet en cause les frontières héritées de la décolonisation en Afrique et pourrait créer un précédent pour d'autres régions tentées par la sécession.
Si l'Erythrée s'est bien prononcée en 1993 sur son indépendance, ce pays avait déjà existé en tant que colonie italienne distincte de l'Ethiopie.
L'Afrique post-coloniale s'est construite, au début des années 1960, sur le principe d'intangibilité des frontières. Mais après le vote d'autodétermination au Soudan, d'autres régions d'Afrique, ou mouvements rebelles, pourraient à leur tour réclamer un référendum d'autodétermination: le Sahara occidental, l'enclave pétrolière angolaise du Cabinda, les Touaregs dans le nord du Mali et du Niger, la Casamance au Sénégal...

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