L'Algérie et la Tunisie s'embrasent, le Maroc craint la "contagion". En quoi ces trois pays du Maghreb, unis par une situation économique difficile, se distinguent-ils?
Maroc: le roi gouverne
Le Maroc est le seul des trois pays du Maghreb où le pouvoir n'a pas de problème de légitimité. La monarchie n'y est pas contestée, même si certains opposants plaident pour un rééquilibrage entre le Palais et le gouvernement issu des urnes. Le roi, hier comme aujourd'hui, règne et gouverne. Sa personne est "sacrée", selon le terme employé dans la Constitution, et c'est toujours au Palais que se prennent les décisions importantes, au sein du makhzen, les élites intellectuelles et économiques qui gravitent autour de la monarchie. Le Maroc est devenu, dans les dernières années du règne d'Hassan II puis avec Mohammed VI, l'un des pays les plus ouverts du monde arabe, sans pour autant devenir une démocratie européenne. En dix ans, Mohammed VI a surtout considérablement modernisé son pays, grâce à une série de grands chantiers souvent confiés à des agences paraétatiques liées au Palais. Sa stratégie de développement privilégie un modèle de croissance dépendant de l'étranger, et ses principaux bénéficiaires sont les élites urbaines. La pauvreté a diminué, mais ce n'est pas le cas des inégalités.
Algérie: les militaires et la rente
Depuis l'indépendance, en 1962, la réalité du pouvoir appartient en Algérie à l'armée et à ses chefs. Le tout-puissant patron des services de renseignement militaires, le général Mohamed Mediene (connu sous le nom de Toufik), est le véritable homme fort du pays. En cinquante ans ou presque, tous les présidents algériens ont été adoubés par l'armée. Et tous ont été choisis au sein de la "famille révolutionnaire" issue de l'indépendance, devenue au fil des ans une véritable nomenklatura. L'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, ne fait pas exception à la règle. Si les hauts gradés ont choisi, en 1999, de faire appel à lui, c'est qu'il leur a semblé l'homme le plus capable de garantir la pérennité du système. Lequel permet à quelques apparatchiks, avec ou sans uniforme, de s'adjuger une partie de la rente pétrolière. Le reste sert à acheter la paix sociale à travers un système d'aides et de subventions sur les prix... quand les cours des hydrocarbures l'autorisent. Ceux-ci fournissent au pays 97% de ses recettes. L'Algérie importe tout le reste ou presque, denrées alimentaires et biens de consommation courante compris.
Tunisie: d'un autoritarisme à l'autre
Formé dans les valeurs républicaines, Habib Bourguiba, le "père" de la Tunisie indépendante, entendait imposer la modernité aux Tunisiens et il était convaincu qu'un régime autoritaire était nécessaire pour y parvenir. Il a souvent été qualifié d'autocrate éclairé. Le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui lui a succédé en 1987, n'a pas davantage la fibre démocratique. Invoquant une lutte contre l'islamisme, il a fait de la Tunisie un Etat policier. Pour autant, le régime a toujours considéré que la stabilité du pays passait par une politique sociale: l'Etat subventionne les crédits nécessaires à l'acquisition d'un logement, d'une voiture ou d'un ordinateur. Le clientélisme permet, lui aussi, une certaine redistribution des richesses. Reste que le contrat social n'est plus rempli quand des milliers de jeunes sont sans emploi. Eux sont d'autant plus amers que la libéralisation de l'économie, dans les années 1990, a servi de tremplin aux ambitions de la famille du chef de l'Etat - celle de son épouse, surtout - qui s'est emparée de larges pans de l'économie, grâce aux privatisations en particulier.
L'expresse.fr
Maroc: le roi gouverne
Le Maroc est le seul des trois pays du Maghreb où le pouvoir n'a pas de problème de légitimité. La monarchie n'y est pas contestée, même si certains opposants plaident pour un rééquilibrage entre le Palais et le gouvernement issu des urnes. Le roi, hier comme aujourd'hui, règne et gouverne. Sa personne est "sacrée", selon le terme employé dans la Constitution, et c'est toujours au Palais que se prennent les décisions importantes, au sein du makhzen, les élites intellectuelles et économiques qui gravitent autour de la monarchie. Le Maroc est devenu, dans les dernières années du règne d'Hassan II puis avec Mohammed VI, l'un des pays les plus ouverts du monde arabe, sans pour autant devenir une démocratie européenne. En dix ans, Mohammed VI a surtout considérablement modernisé son pays, grâce à une série de grands chantiers souvent confiés à des agences paraétatiques liées au Palais. Sa stratégie de développement privilégie un modèle de croissance dépendant de l'étranger, et ses principaux bénéficiaires sont les élites urbaines. La pauvreté a diminué, mais ce n'est pas le cas des inégalités.
Algérie: les militaires et la rente
Depuis l'indépendance, en 1962, la réalité du pouvoir appartient en Algérie à l'armée et à ses chefs. Le tout-puissant patron des services de renseignement militaires, le général Mohamed Mediene (connu sous le nom de Toufik), est le véritable homme fort du pays. En cinquante ans ou presque, tous les présidents algériens ont été adoubés par l'armée. Et tous ont été choisis au sein de la "famille révolutionnaire" issue de l'indépendance, devenue au fil des ans une véritable nomenklatura. L'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, ne fait pas exception à la règle. Si les hauts gradés ont choisi, en 1999, de faire appel à lui, c'est qu'il leur a semblé l'homme le plus capable de garantir la pérennité du système. Lequel permet à quelques apparatchiks, avec ou sans uniforme, de s'adjuger une partie de la rente pétrolière. Le reste sert à acheter la paix sociale à travers un système d'aides et de subventions sur les prix... quand les cours des hydrocarbures l'autorisent. Ceux-ci fournissent au pays 97% de ses recettes. L'Algérie importe tout le reste ou presque, denrées alimentaires et biens de consommation courante compris.
Tunisie: d'un autoritarisme à l'autre
Formé dans les valeurs républicaines, Habib Bourguiba, le "père" de la Tunisie indépendante, entendait imposer la modernité aux Tunisiens et il était convaincu qu'un régime autoritaire était nécessaire pour y parvenir. Il a souvent été qualifié d'autocrate éclairé. Le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui lui a succédé en 1987, n'a pas davantage la fibre démocratique. Invoquant une lutte contre l'islamisme, il a fait de la Tunisie un Etat policier. Pour autant, le régime a toujours considéré que la stabilité du pays passait par une politique sociale: l'Etat subventionne les crédits nécessaires à l'acquisition d'un logement, d'une voiture ou d'un ordinateur. Le clientélisme permet, lui aussi, une certaine redistribution des richesses. Reste que le contrat social n'est plus rempli quand des milliers de jeunes sont sans emploi. Eux sont d'autant plus amers que la libéralisation de l'économie, dans les années 1990, a servi de tremplin aux ambitions de la famille du chef de l'Etat - celle de son épouse, surtout - qui s'est emparée de larges pans de l'économie, grâce aux privatisations en particulier.
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