Pour les chefs d'État autoritaires, rien de mieux qu'une élection «démocratique» pour asseoir leur légitimité. Voici les dix présidents les plus efficaces dans l'art de se faire élire sur des scores indiscutables
e plus en plus de pays dans le monde organisent des élections au suffrage universel pour élire leur président. Mais derrière ce signe encourageant pour la diffusion de la démocratie se cachent des élections qui n’ont de démocratiques que le nom. Intimidation des opposants, médias contrôlés par le pouvoir, électeurs menacés, votes truqués, candidat unique: les régimes autoritaires rivalisent d’inventivité pour s’assurer des résultats électoraux qui asseyent leur légitimité. Voici notre Top 10 des dictateurs les mieux élus de la planète au 19 janvier 2011, un classement bouleversé notamment par la chute de Ben Ali en Tunisie, qui occupait la 4e place du dernier Top 10 (octobre 2009). [La méthode du classement est détaillée en bas d’article] 10- Hosni Moubarak (Egypte), 88,6%
Moubarak a remporté la première présidentielle multipartite du pays en 2005 avec 88,6% et une participation très faible de 23%. Au pouvoir depuis presque 30 ans et doyen du Top 10 du ahut de ses 82 ans, il avait gagné en 1987, 1993 et 1999 avec des scores supérieurs à 95%. Cette baisse de régime s’explique par le changement constitutionnel de 2005: avant cette date, le seul et unique candidat à la présidence était choisi par l’Assemblée du peuple et validé par un référendum national. Les observateurs internationaux n’ont pas eu l’autorisation de surveiller le scrutin, et les associations nationales ont obtenu ce privilège la veille de l’élection. Ayman Nur, le leader du parti d’opposition Ghad, a obtenu 7% des suffrages, mais a estimé que son vrai score était quatre fois supérieur: «Cette fraude a pour but d’éliminer le seul candidat qui sera encore vivant pour l’élection présidentielle de 2001», a déclaré cet avocat, qui avait 40 ans à l’époque.
9- Ilham Aliev (Azerbaïdjan), 88,7%
lham Aliev a été réélu sur un score de 88,73% en 2008, selon les résultats proclamés par la Commission électorale centrale au cours d’une élection jugée non démocratique par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Malgré des «progrès considérables» par rapport aux précédentes élections, le scrutin «n'a pas reflété les principes d'une élection véritablement pluraliste et démocratique» ont déclaré les observateurs. Aliev avait succédé en 2003 à son père Heydar, ex-responsable du KGB qui avait dirigé le pays jusqu'à sa mort, de 1993 à 2003. Les observateurs du Parlement européen ont souligné l’omniprésence du président sortant et de son père dans la vie publique et le parti pris des médias du pays. Le pays est un important producteur de gaz et de pétrole. La Russie a publiquement félicité Aliev pour sa réélection, et les États-Unis maintiennent de bonnes relations avec le régime.
8- Gurbanguly Berdimuhamedow (Turkménistan), 89,2%
Berdimuhamedow a été élu après le décès en 2006 du premier président du pays, l’autoritaire Saparmyrat Nyýazow qui avait développé un omniprésent culte de la personnalité durant ses 20 ans au pouvoir. La dernière élection du pays datait de 1992, quand Nyyazow avait récolté 99,5% des voix avant d’être désigné président à vie en 1999. Berdimuhamedow a donc été élu en 2007 en battant cinq autres candidats, dont aucun issu de l’opposition. La participation a atteint, selon les chiffres officiels, 95%. Dans la province de Lebap, les autorités ont menacé la population, déclarant que ceux qui ne voteraient pas n'allaient pas recevoir leur ration mensuelle de farine. Ceux qui votaient pour la première fois et les personnes âgées se sont au contraire vus promettre des cadeaux. Un jeune votant a ainsi reçu un exemplaire du livre du président défunt Nyyazov. De nombreux représentants étrangers, notamment des Russes et des Américains, étaient présents lors de l’investiture de Berdimuhamedow. Le Turkménistan dispose lui aussi d’importantes réserves de gaz naturel.
à suivre.
e plus en plus de pays dans le monde organisent des élections au suffrage universel pour élire leur président. Mais derrière ce signe encourageant pour la diffusion de la démocratie se cachent des élections qui n’ont de démocratiques que le nom. Intimidation des opposants, médias contrôlés par le pouvoir, électeurs menacés, votes truqués, candidat unique: les régimes autoritaires rivalisent d’inventivité pour s’assurer des résultats électoraux qui asseyent leur légitimité. Voici notre Top 10 des dictateurs les mieux élus de la planète au 19 janvier 2011, un classement bouleversé notamment par la chute de Ben Ali en Tunisie, qui occupait la 4e place du dernier Top 10 (octobre 2009). [La méthode du classement est détaillée en bas d’article] 10- Hosni Moubarak (Egypte), 88,6%
Moubarak a remporté la première présidentielle multipartite du pays en 2005 avec 88,6% et une participation très faible de 23%. Au pouvoir depuis presque 30 ans et doyen du Top 10 du ahut de ses 82 ans, il avait gagné en 1987, 1993 et 1999 avec des scores supérieurs à 95%. Cette baisse de régime s’explique par le changement constitutionnel de 2005: avant cette date, le seul et unique candidat à la présidence était choisi par l’Assemblée du peuple et validé par un référendum national. Les observateurs internationaux n’ont pas eu l’autorisation de surveiller le scrutin, et les associations nationales ont obtenu ce privilège la veille de l’élection. Ayman Nur, le leader du parti d’opposition Ghad, a obtenu 7% des suffrages, mais a estimé que son vrai score était quatre fois supérieur: «Cette fraude a pour but d’éliminer le seul candidat qui sera encore vivant pour l’élection présidentielle de 2001», a déclaré cet avocat, qui avait 40 ans à l’époque.
9- Ilham Aliev (Azerbaïdjan), 88,7%
lham Aliev a été réélu sur un score de 88,73% en 2008, selon les résultats proclamés par la Commission électorale centrale au cours d’une élection jugée non démocratique par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Malgré des «progrès considérables» par rapport aux précédentes élections, le scrutin «n'a pas reflété les principes d'une élection véritablement pluraliste et démocratique» ont déclaré les observateurs. Aliev avait succédé en 2003 à son père Heydar, ex-responsable du KGB qui avait dirigé le pays jusqu'à sa mort, de 1993 à 2003. Les observateurs du Parlement européen ont souligné l’omniprésence du président sortant et de son père dans la vie publique et le parti pris des médias du pays. Le pays est un important producteur de gaz et de pétrole. La Russie a publiquement félicité Aliev pour sa réélection, et les États-Unis maintiennent de bonnes relations avec le régime.
8- Gurbanguly Berdimuhamedow (Turkménistan), 89,2%
Berdimuhamedow a été élu après le décès en 2006 du premier président du pays, l’autoritaire Saparmyrat Nyýazow qui avait développé un omniprésent culte de la personnalité durant ses 20 ans au pouvoir. La dernière élection du pays datait de 1992, quand Nyyazow avait récolté 99,5% des voix avant d’être désigné président à vie en 1999. Berdimuhamedow a donc été élu en 2007 en battant cinq autres candidats, dont aucun issu de l’opposition. La participation a atteint, selon les chiffres officiels, 95%. Dans la province de Lebap, les autorités ont menacé la population, déclarant que ceux qui ne voteraient pas n'allaient pas recevoir leur ration mensuelle de farine. Ceux qui votaient pour la première fois et les personnes âgées se sont au contraire vus promettre des cadeaux. Un jeune votant a ainsi reçu un exemplaire du livre du président défunt Nyyazov. De nombreux représentants étrangers, notamment des Russes et des Américains, étaient présents lors de l’investiture de Berdimuhamedow. Le Turkménistan dispose lui aussi d’importantes réserves de gaz naturel.
à suivre.
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