Le souverain Mohammed VI est indétrônable pour la population marocaine. REUTERS
MAGHREB - Des experts français de la région livrent leur analyse de l'exception marocaine...
Comme une traînée de poudre, la révolte se répand dans le monde arabe. Révolution tunisienne et insurrection égyptienne résonnent en Algérie, au Yémen, au Soudan, au Koweït, en Jordanie et en Syrie.
Au Maroc, les revendications existent aussi, tout comme la volonté de changement. Mais «le mettre dans le même lot est une erreur», selon Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS, basé à Rabat.
Pourtant, la réalité sociale est la même. Ecarts de niveaux de vie, chômage des jeunes diplômés, injustice sociale… En ajoutant à cela «un régime marocain pas tout à fait démocratique, toutes les conditions objectives qui ont conduit à la révolution tunisienne et la révolte égyptienne sont réunies», analyse Didier Billion, directeur des publications de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Le pouvoir du roi légitimé
Cependant, pas de processus révolutionnaire au Maroc. Pour Benjamin Stora, professeur d'université spécialiste du Maghreb, «des émeutes du pain pourraient arriver», mais pas contre le régime monarchique. «Mohammed VI dégage» semble être un slogan plus qu'improbable.
«Contrairement à Ben Ali et Moubarak, le roi n'est pas vu comme l'ennemi à abattre», confirme Didier Billion. Une raison majeure à cela: la légitimité accordée par la population au pouvoir du roi. «Les dix dernières années du règne du père de Mohammed VI, Hassan II, ont modifié le fonctionnement du régime, notamment en s'ouvrant à l'opposition», explique Jean-Noël Ferrié. Et la légitimité de la monarchie en est sortie renforcée.
D'autant que c'est autour de la famille régnante que s'est formée l'idée nationale. Hassan II est ainsi parvenu à marier monarchie et nation, un lien renforcé par la question du Sahara. Difficile, alors, de remettre en cause le roi ou la légitimité de sa succession. «Un respect pas éternel, nuance Didier Billon, mais qui joue en faveur du pouvoir dans le rapport de force avec la société. Pour le moment.»
Lucie Soullier
20minutes.fr
MAGHREB - Des experts français de la région livrent leur analyse de l'exception marocaine...
Comme une traînée de poudre, la révolte se répand dans le monde arabe. Révolution tunisienne et insurrection égyptienne résonnent en Algérie, au Yémen, au Soudan, au Koweït, en Jordanie et en Syrie.
Au Maroc, les revendications existent aussi, tout comme la volonté de changement. Mais «le mettre dans le même lot est une erreur», selon Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS, basé à Rabat.
Pourtant, la réalité sociale est la même. Ecarts de niveaux de vie, chômage des jeunes diplômés, injustice sociale… En ajoutant à cela «un régime marocain pas tout à fait démocratique, toutes les conditions objectives qui ont conduit à la révolution tunisienne et la révolte égyptienne sont réunies», analyse Didier Billion, directeur des publications de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Le pouvoir du roi légitimé
Cependant, pas de processus révolutionnaire au Maroc. Pour Benjamin Stora, professeur d'université spécialiste du Maghreb, «des émeutes du pain pourraient arriver», mais pas contre le régime monarchique. «Mohammed VI dégage» semble être un slogan plus qu'improbable.
«Contrairement à Ben Ali et Moubarak, le roi n'est pas vu comme l'ennemi à abattre», confirme Didier Billion. Une raison majeure à cela: la légitimité accordée par la population au pouvoir du roi. «Les dix dernières années du règne du père de Mohammed VI, Hassan II, ont modifié le fonctionnement du régime, notamment en s'ouvrant à l'opposition», explique Jean-Noël Ferrié. Et la légitimité de la monarchie en est sortie renforcée.
D'autant que c'est autour de la famille régnante que s'est formée l'idée nationale. Hassan II est ainsi parvenu à marier monarchie et nation, un lien renforcé par la question du Sahara. Difficile, alors, de remettre en cause le roi ou la légitimité de sa succession. «Un respect pas éternel, nuance Didier Billon, mais qui joue en faveur du pouvoir dans le rapport de force avec la société. Pour le moment.»
Lucie Soullier
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