Les secrets de la crise libyenne
De tous les pays arabes secoués par des mouvements de protestation populaires, le cas de la Libye est unique. Il est le seul à subir des interventions militaires étrangères. Au pluriel car depuis jeudi dernier, l’Otan est entrée en lice mais les forces coalisées refusent de lui confier l’intégralité du commandement des opérations. En plus clair et comme formulé par le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, «en l’état actuel (du compromis, Ndlr), vont subsister une opération de la coalition et une opération de l’Otan». Le plus insolite de l’affaire est que la coalition est menée par des membres de l’Otan (France, Angleterre et Etats-Unis). Cela veut dire quoi? Il faut savoir que l’Otan est dominée par les Etats-Unis (depuis hier il est question de l’adhésion de la Russie) alors que le plus volontariste des pays formant la coalition est la France.
Reste plus qu’à en déduire que Sarkozy ne veut pas «lâcher le morceau». Il faut lui reconnaître l’initiative de l’entrée en guerre de l’Occident contre la Libye. Pas tout à fait l’initiative -qui revient au philosophe français Bernard-Henri Lévy (BHL) - mais son application. Relevons au passage que «l’ascendant» exercé par BHL sur le chef de l’Etat français cache bien des secrets. Ce clivage, entre l’Otan et les coalisés, n’a été rendu possible que par l’imprécision du texte de la résolution 1973 concernant son application. Un clivage qui n’est que le dernier embrouillamini de cette agression étrangère contre la Libye. D’autres, non moins importants, l’ont précédé. Comme l’objectif contenu dans la résolution onusienne qui était de «protéger les populations civiles libyennes».
Au-delà de son poids d’absurdité de prétendre protéger par des bombardements, l’objectif réel qui apparaît aujourd’hui est la chute de El Gueddafi. Aucun leader des pays coalisés ne s’en cache. Même BHL qui a choisi, jeudi dernier, le JT de 20 h. de la télévision publique française A2 pour crier: «Kaddafi dégage!». Sarkozy pousse plus loin en promettant à El Gueddafi le Tribunal pénal international (TPI). C’est la démocratie version mondialiste qui se fait l’avocat ou plutôt le tuteur de la population libyenne. Tout en bombardant cette même population.
L’autre partie tenue secrète du plan des amis de BHL est la «nouvelle» Libye qu’ils souhaitent. Cette partie semble être partagée par le philosophe français Luc Ferry qui a déclaré, jeudi dernier, lors d’un débat: «Je reste dubitatif quant à l’instauration, du jour au lendemain, d’une démocratie à la suédoise en Libye».
Ce qui pose l’inévitable question du sort réservé à la Libye par ces pays de l’Occident qui prennent les armes pour chasser El Gueddafi. D’aucuns évoquent un plan de partition du pays qui le ferait retourner à l’Antiquité avec la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan. Un dépeçage plus accentué qu’au Soudan. Il est certain qu’un tel plan ne figurera pas clairement dans la «solution politique et diplomatique» que le chef de l’Etat français a annoncé hier en précisant qu’elle serait franco-britannique. Quoi qu’il ne faille jurer de rien tant les attitudes hors normes se banalisent.
On retrouve cette même préoccupation dans les propos du président de la Commission de l’Union africaine lors des travaux, hier à Addis-Abéba, de la réunion consultative sur la Libye quand il a insisté sur «l’urgence que revêt la recherche d’une solution durable dans le respect de l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Libye». Ce qui se passe en Libye est en effet unique. Le vent de protestation qui souffle sur le Monde arabe y sert seulement de rideau derrière lequel se prépare un tout autre scénario. Beaucoup de secrets, bien gardés évidemment, entourent la crise libyenne. Des secrets dont Alain Juppé sera, encore une fois, le dernier informé!
Zouhir MEBARKI
De tous les pays arabes secoués par des mouvements de protestation populaires, le cas de la Libye est unique. Il est le seul à subir des interventions militaires étrangères. Au pluriel car depuis jeudi dernier, l’Otan est entrée en lice mais les forces coalisées refusent de lui confier l’intégralité du commandement des opérations. En plus clair et comme formulé par le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, «en l’état actuel (du compromis, Ndlr), vont subsister une opération de la coalition et une opération de l’Otan». Le plus insolite de l’affaire est que la coalition est menée par des membres de l’Otan (France, Angleterre et Etats-Unis). Cela veut dire quoi? Il faut savoir que l’Otan est dominée par les Etats-Unis (depuis hier il est question de l’adhésion de la Russie) alors que le plus volontariste des pays formant la coalition est la France.
Reste plus qu’à en déduire que Sarkozy ne veut pas «lâcher le morceau». Il faut lui reconnaître l’initiative de l’entrée en guerre de l’Occident contre la Libye. Pas tout à fait l’initiative -qui revient au philosophe français Bernard-Henri Lévy (BHL) - mais son application. Relevons au passage que «l’ascendant» exercé par BHL sur le chef de l’Etat français cache bien des secrets. Ce clivage, entre l’Otan et les coalisés, n’a été rendu possible que par l’imprécision du texte de la résolution 1973 concernant son application. Un clivage qui n’est que le dernier embrouillamini de cette agression étrangère contre la Libye. D’autres, non moins importants, l’ont précédé. Comme l’objectif contenu dans la résolution onusienne qui était de «protéger les populations civiles libyennes».
Au-delà de son poids d’absurdité de prétendre protéger par des bombardements, l’objectif réel qui apparaît aujourd’hui est la chute de El Gueddafi. Aucun leader des pays coalisés ne s’en cache. Même BHL qui a choisi, jeudi dernier, le JT de 20 h. de la télévision publique française A2 pour crier: «Kaddafi dégage!». Sarkozy pousse plus loin en promettant à El Gueddafi le Tribunal pénal international (TPI). C’est la démocratie version mondialiste qui se fait l’avocat ou plutôt le tuteur de la population libyenne. Tout en bombardant cette même population.
L’autre partie tenue secrète du plan des amis de BHL est la «nouvelle» Libye qu’ils souhaitent. Cette partie semble être partagée par le philosophe français Luc Ferry qui a déclaré, jeudi dernier, lors d’un débat: «Je reste dubitatif quant à l’instauration, du jour au lendemain, d’une démocratie à la suédoise en Libye».
Ce qui pose l’inévitable question du sort réservé à la Libye par ces pays de l’Occident qui prennent les armes pour chasser El Gueddafi. D’aucuns évoquent un plan de partition du pays qui le ferait retourner à l’Antiquité avec la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan. Un dépeçage plus accentué qu’au Soudan. Il est certain qu’un tel plan ne figurera pas clairement dans la «solution politique et diplomatique» que le chef de l’Etat français a annoncé hier en précisant qu’elle serait franco-britannique. Quoi qu’il ne faille jurer de rien tant les attitudes hors normes se banalisent.
On retrouve cette même préoccupation dans les propos du président de la Commission de l’Union africaine lors des travaux, hier à Addis-Abéba, de la réunion consultative sur la Libye quand il a insisté sur «l’urgence que revêt la recherche d’une solution durable dans le respect de l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Libye». Ce qui se passe en Libye est en effet unique. Le vent de protestation qui souffle sur le Monde arabe y sert seulement de rideau derrière lequel se prépare un tout autre scénario. Beaucoup de secrets, bien gardés évidemment, entourent la crise libyenne. Des secrets dont Alain Juppé sera, encore une fois, le dernier informé!
Zouhir MEBARKI