La situation est de plus en plus complexe en Somalie. A la terrible sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique et menace plus de douze millions de personnes, s’ajoutent les blocages issus de la guerre civile qui ravage le pays depuis une vingtaine d’années.
L’ONU a déclaré deux régions somaliennes en état de famine, mercredi. Mais un porte-parole du mouvement insurgé Al Shebab, qui les contrôle, a assuré hier que son organisation ne permettra pas l’intervention des humanitaires internationaux dans les zones sous son influence. Ceci alors que des dirigeants du mouvement islamiste avaient laissé entendre ces derniers temps qu’ils étaient disposés, au vu de la gravité de la situation, à envisager le retour de certaines organisations.
Les Nations Unies ont affirmé hier qu’elles comptaient tout de même poursuivre leurs missions d’aide aux populations en détresse. «Al Shebab n’est pas une organisation monolithique», a assuré Emilia Casella, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) et «nous avons l’intention de travailler où cela sera possible». D’autres agences de l’ONU, comme l’OMS et l’Unicef, ont d’ailleurs indiqué qu’elles continuaient à intervenir à travers le pays, malgré les problèmes de sécurité ou de restrictions d’accès.
Peur des services secrets
Pour Roland Marchal, spécialiste de la Somalie au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), de Paris, ces déclarations contradictoires des shebab soulignent le débat interne entre dirigeants du mouvement, «qui sont très divisés sur la position à adopter face à la crise».
Le chercheur explique que ce mouvement radical est par principe opposé à la présence d’humanitaires internationaux en Somalie. D’une part car il estime que nombre d’organisations sont utilisées par les services secrets occidentaux; et de d’autre part par nationalisme économique. «Ils estiment que la Somalie est devenue dépendante de l’étranger à cause de l’aide internationale, alors que le pays a des régions traditionnellement agricoles.»
Mais la situation actuelle les met aussi en difficulté politiquement. Car aucune goutte d’eau n’est tombée du ciel au printemps, alors que les pluies de l’année dernière avaient déjà été très mauvaises. Depuis plusieurs mois, la faim pousse des centaines de milliers de Somaliens sur les routes en quête de nourriture, et les morts se comptent déjà par milliers. Quant aux camps de réfugiés au Kenya et en Ethiopie, ils sont déjà surpeuplés. «Les populations des régions contrôlées par les shebab les tiennent aujourd’hui pour responsables de la situation», explique Roland Marchal.
«Même s’ils n’aiment pas le Gouvernement fédéral de transition, les gens essaient maintenant de se rendre dans les régions sous son influence, car là, au moins certaines organisations humanitaires sont présentes», poursuit le chercheur.
Gouvernement inopérant
Mais le spécialiste de la Somalie dénonce aussi l’incapacité du gouvernement de Mogadiscio: «Ils ont mis en place une commission sur la sécheresse il y a seulement dix jours.» Roland Marchal critique également la lenteur de la communauté internationale, «qui s’agite aujourd’hui seulement, alors que cette famine est annoncée depuis des mois par les experts».
Gustavo Kuhn
24Heures.ch
L’ONU a déclaré deux régions somaliennes en état de famine, mercredi. Mais un porte-parole du mouvement insurgé Al Shebab, qui les contrôle, a assuré hier que son organisation ne permettra pas l’intervention des humanitaires internationaux dans les zones sous son influence. Ceci alors que des dirigeants du mouvement islamiste avaient laissé entendre ces derniers temps qu’ils étaient disposés, au vu de la gravité de la situation, à envisager le retour de certaines organisations.
Les Nations Unies ont affirmé hier qu’elles comptaient tout de même poursuivre leurs missions d’aide aux populations en détresse. «Al Shebab n’est pas une organisation monolithique», a assuré Emilia Casella, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) et «nous avons l’intention de travailler où cela sera possible». D’autres agences de l’ONU, comme l’OMS et l’Unicef, ont d’ailleurs indiqué qu’elles continuaient à intervenir à travers le pays, malgré les problèmes de sécurité ou de restrictions d’accès.
Peur des services secrets
Pour Roland Marchal, spécialiste de la Somalie au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), de Paris, ces déclarations contradictoires des shebab soulignent le débat interne entre dirigeants du mouvement, «qui sont très divisés sur la position à adopter face à la crise».
Le chercheur explique que ce mouvement radical est par principe opposé à la présence d’humanitaires internationaux en Somalie. D’une part car il estime que nombre d’organisations sont utilisées par les services secrets occidentaux; et de d’autre part par nationalisme économique. «Ils estiment que la Somalie est devenue dépendante de l’étranger à cause de l’aide internationale, alors que le pays a des régions traditionnellement agricoles.»
Mais la situation actuelle les met aussi en difficulté politiquement. Car aucune goutte d’eau n’est tombée du ciel au printemps, alors que les pluies de l’année dernière avaient déjà été très mauvaises. Depuis plusieurs mois, la faim pousse des centaines de milliers de Somaliens sur les routes en quête de nourriture, et les morts se comptent déjà par milliers. Quant aux camps de réfugiés au Kenya et en Ethiopie, ils sont déjà surpeuplés. «Les populations des régions contrôlées par les shebab les tiennent aujourd’hui pour responsables de la situation», explique Roland Marchal.
«Même s’ils n’aiment pas le Gouvernement fédéral de transition, les gens essaient maintenant de se rendre dans les régions sous son influence, car là, au moins certaines organisations humanitaires sont présentes», poursuit le chercheur.
Gouvernement inopérant
Mais le spécialiste de la Somalie dénonce aussi l’incapacité du gouvernement de Mogadiscio: «Ils ont mis en place une commission sur la sécheresse il y a seulement dix jours.» Roland Marchal critique également la lenteur de la communauté internationale, «qui s’agite aujourd’hui seulement, alors que cette famine est annoncée depuis des mois par les experts».
Gustavo Kuhn
24Heures.ch
Commentaire