La situation dans le monde arabe et au Liban Les révolutions, les contre-révolutions et l’ingérence impérialiste
Bulletin mensuel du Parti communiste libanais repris par solidarite-internationale-pcf
La situation politique dans le monde arabe à la fin de la première moitié de l’an 2011 se caractérise par le renforcement des soulèvements populaires et des révolutions, en particulier en Tunisie et en Egypte ; cela est visible dans la radicalisation du mouvement populaire qui, parti du slogan « A bas le régime », revendique actuellement la mise en route des programmes pour le changement, à commencer par le changement des Constitutions mais aussi des politiques socio-économiques dans leur intégralité.
En contrepartie, nous assistons à une contre offensive menée par ce qui reste des régimes bourgeois et des dictatures branlantes qui s’appuient sur l’aide étasunienne directe mais aussi sur les positions contenues dans le discours du 19 mai passé de Barak Obama.
Dans ce discours, Obama a, en effet, affirmé que les « pays arabes bien qu’éloignés des rives [étasuniennes], il n’en reste pas moins que nous savons que notre destin est lié à cette région, tant par la force de l’économie ou de la sécurité que par l’Histoire et l’idéologie »… A cela, nous ajoutons les mesures, financières surtout, prises par le sommet du « G8 » dans le but d’appuyer les contre-révolutions dans certains pays arabes (l’Egypte, en particulier, vu son importance), sans pour autant oublier celles, militaires, exécutées par l’OTAN, soit directement (comme en Libye), soit indirectement par le truchement de forces arabes, plus précisément celles du « Bouclier d’Al-Jazira » qui continuent à occuper le Bahreïn. De plus, les menaces lancées par l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et l‘Union européenne ont contrecarré la formation du « Conseil de transition » que l’opposition yéménite tente de proclamer ; quant à celles entendues dans certaines capitales européennes durant « les conférences de solidarité avec la Syrie », elles profitent de l’entêtement du régime syrien à user des solutions militaires face au mouvement protestataire pour pousser certains groupes dans le sens de la guerre civile.
Mais les mesures les plus dangereuses restent sans conteste celles prises par l’OTAN et visant à transformer la base d’Izmir en QG, ce qui veut dire que cette organisation veut transformer la Turquie en point de départ du nouveau plan pour le Moyen Orient qu’elle s’était fixé lors du sommet de Lisbonne. Ce plan prend deux dimensions voulues expressément par les Etats-Unis :
● La première concerne la poursuite du parcellement de l’Irak, à travers la proclamation de « l’autonomie » de la région d’Al-Anbar. Fait proposé par le président étasunien Barak Obama à la délégation officielle irakienne qui le visitait dernièrement ; à la suite de cette visite, le président du parlement irakien Oussama Noujaïfi a fait une déclaration dans laquelle il parle de « déception sunnite en Irak » ajoutant que « si la situation précaire des sunnites, qui sentent qu’ils ont un statut de citoyens de second ordre, ne trouve pas une solution rapide, ils pourraient penser à se séparer ou, du moins, à constituer un gouvernement autonome ».
● La seconde concerne la mainmise sur la Syrie, mettant à profit les exactions de certains mouvements confessionnels et armés mais aussi les effets de la répression que le régime baasiste exerce, à partir de la dite « théorie du complot », contre le mouvement pour les réformes et le changement démocratique.
A cela s’ajoutent les nouvelles visées pour une mainmise complète sur le Liban (compte tenu des accusations du « Tribunal spécial pour le Liban » à propos de l’assassinat de l’ex président du Conseil, Rafic Hariri), mais aussi une reprise en main rapide des rennes de l’Egypte, avant le mois de septembre, date de la proclamation de principe de l’Etat palestinien. Sur ce dernier sujet, les Etats-Unis pensent pouvoir échanger leur accord sur un Etat palestinien, réduit et démilitarisé, contre une reconnaissance internationale et, surtout, arabe d’Israël en tant qu’Etat « des juifs dans le monde » ; ce qui permet au gouvernement de Netanyahu de réaliser deux grands objectifs : faire un nouveau « Transfert » généralisé de tous les Palestiniens restant dans les territoires de 1948 et, aussi, devenir le porte-parole et le représentant légal de tous les juifs dans le monde, compte non tenu de leurs appartenances nationales.
Si nous ajoutons à cela la poursuite de la politique (ayant aussi l’aval de l’Union européenne) d’escalade des tensions religieuses, confessionnelles et raciales, surtout dans le Golfe arabique, nous arrivons à une conclusion contre laquelle le Parti Communiste libanais avait déjà mis en garde, depuis quelques années (Xème congrès) : le but recherché par le projet du « Grand » ou du « Nouveau » Moyen Orient est de mettre fin à la situation sur le terrain engendrée par le traité de Sykes-Picot et, ce, afin de procéder à un nouveau partage du monde arabe, puis le Moyen Orient et l’Afrique, sous la tutelle des Etats-Unis. Dans ce sens, nous comprenons le retour à des appellations datant des temps révolus du colonialisme, telles : « l’Afrique du nord » à la place du Maghreb arabe, ou « le Moyen orient » à la place du Machreq arabe.
Le nouveau bulletin s’arrêtera sur les développements essentiels dans les soulèvements du monde arabe, en plus de la situation générale qui sévit dans ce monde ; il mettra en lumière les points suivants :
1-Les nouveaux développements du problème palestinien ;
2-Les nouveaux projets étasuniens au Maghreb arabe et, de là, vers l’Afrique, ainsi que le rôle de l’Union européenne.
3-La nouvelle situation en Egypte.
4-Les développements en Syrie.
5-La situation libanaise à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe et du conflit intérieur sur le pouvoir.
I- Le problème palestinien
Entre le marteau de « l’Etat juif » et l’enclume de la situation régionale
Le discours politique de Barak Obama, le 19 mai passé, a constitué un tournant très dangereux sur le plan de la position des Etats-Unis en ce qui concerne le problème palestinien, même si certaines positions développées ne sont pas nouvelles et constituent une redite du discours fait, il y a deux ans, par le même Obama au sein de l’Université du Caire ou, même, du plan tracé par l’administration de G. W. Bush junior.
Obama, armé de sa victoire « écrasante » sur Ben Laden et du timing de cette victoire (le début de la campagne pour les présidentielles), a précisé les objectifs de l’impérialisme dont il représente les intérêts comme suit : « la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, la garantie de la liberté du commerce et la défense de la sécurité d’Israël ».
Ces priorités visent à détourner les regards de l’échec de toutes les solutions mises au point pour endiguer la crise financière et économique, mais aussi à montrer que les Etats-Unis ont décidé d’élargir l’étendue de leur présence dans le monde arabe et au Moyen Orient et de leur participation directe aux guerres que le gouvernement israélien prépare contre la région. De plus, Obama s’est rétracté sur la question des colonies, tout en affirmant que les Etats-Unis poursuivront leur appui à Israël afin qu’il puisse « réaliser le rêve de la création d’un Etat juif » dont les frontières dépasseraient celles de 1967, puisqu’Obama appuie la thèse de « l’échange convenu de terres » ; ce qui laisse entendre que de nouvelles concessions seront exigées des Palestiniens…
Les nouvelles positions étasuniennes se complètent avec celles que Benjamin Netanyahu a présentées, quelques jours plus tard, devant le Congrès des Etats-Unis, et que nous pouvons résumer comme suit :
-La terre palestinienne est une « terre juive » et tout ce qui est dit contrairement à cela constitue une déformation de l’Histoire ; et, si Netanyahu accepte, comme il dit, « de céder une part de notre patrie historique » (il appelle ainsi la Palestine), le fait doit être considéré comme une concession « visant à conduire le peuple juif vers la paix ».
-La paix recherchée par le même Netanyahu est basée sur le fait « qu’il n’y aura pas de Palestiniens en Israël ; ils doivent vivre dans leur pays » ; ce qui veut dire que les Palestiniens doivent s’attendre à la tentative d’un nouveau transfert.
-Les régions se trouvant autour de Jérusalem et dans le grand Tel Aviv sont incluses dans les frontières finales d’Israël.
-Un refus catégorique de céder la plus petite parcelle d’Al Qods qui doit « rester la capitale unifiée de l’Etat d’Israël ».
(...)
Bulletin mensuel du Parti communiste libanais repris par solidarite-internationale-pcf
La situation politique dans le monde arabe à la fin de la première moitié de l’an 2011 se caractérise par le renforcement des soulèvements populaires et des révolutions, en particulier en Tunisie et en Egypte ; cela est visible dans la radicalisation du mouvement populaire qui, parti du slogan « A bas le régime », revendique actuellement la mise en route des programmes pour le changement, à commencer par le changement des Constitutions mais aussi des politiques socio-économiques dans leur intégralité.
En contrepartie, nous assistons à une contre offensive menée par ce qui reste des régimes bourgeois et des dictatures branlantes qui s’appuient sur l’aide étasunienne directe mais aussi sur les positions contenues dans le discours du 19 mai passé de Barak Obama.
Dans ce discours, Obama a, en effet, affirmé que les « pays arabes bien qu’éloignés des rives [étasuniennes], il n’en reste pas moins que nous savons que notre destin est lié à cette région, tant par la force de l’économie ou de la sécurité que par l’Histoire et l’idéologie »… A cela, nous ajoutons les mesures, financières surtout, prises par le sommet du « G8 » dans le but d’appuyer les contre-révolutions dans certains pays arabes (l’Egypte, en particulier, vu son importance), sans pour autant oublier celles, militaires, exécutées par l’OTAN, soit directement (comme en Libye), soit indirectement par le truchement de forces arabes, plus précisément celles du « Bouclier d’Al-Jazira » qui continuent à occuper le Bahreïn. De plus, les menaces lancées par l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et l‘Union européenne ont contrecarré la formation du « Conseil de transition » que l’opposition yéménite tente de proclamer ; quant à celles entendues dans certaines capitales européennes durant « les conférences de solidarité avec la Syrie », elles profitent de l’entêtement du régime syrien à user des solutions militaires face au mouvement protestataire pour pousser certains groupes dans le sens de la guerre civile.
Mais les mesures les plus dangereuses restent sans conteste celles prises par l’OTAN et visant à transformer la base d’Izmir en QG, ce qui veut dire que cette organisation veut transformer la Turquie en point de départ du nouveau plan pour le Moyen Orient qu’elle s’était fixé lors du sommet de Lisbonne. Ce plan prend deux dimensions voulues expressément par les Etats-Unis :
● La première concerne la poursuite du parcellement de l’Irak, à travers la proclamation de « l’autonomie » de la région d’Al-Anbar. Fait proposé par le président étasunien Barak Obama à la délégation officielle irakienne qui le visitait dernièrement ; à la suite de cette visite, le président du parlement irakien Oussama Noujaïfi a fait une déclaration dans laquelle il parle de « déception sunnite en Irak » ajoutant que « si la situation précaire des sunnites, qui sentent qu’ils ont un statut de citoyens de second ordre, ne trouve pas une solution rapide, ils pourraient penser à se séparer ou, du moins, à constituer un gouvernement autonome ».
● La seconde concerne la mainmise sur la Syrie, mettant à profit les exactions de certains mouvements confessionnels et armés mais aussi les effets de la répression que le régime baasiste exerce, à partir de la dite « théorie du complot », contre le mouvement pour les réformes et le changement démocratique.
A cela s’ajoutent les nouvelles visées pour une mainmise complète sur le Liban (compte tenu des accusations du « Tribunal spécial pour le Liban » à propos de l’assassinat de l’ex président du Conseil, Rafic Hariri), mais aussi une reprise en main rapide des rennes de l’Egypte, avant le mois de septembre, date de la proclamation de principe de l’Etat palestinien. Sur ce dernier sujet, les Etats-Unis pensent pouvoir échanger leur accord sur un Etat palestinien, réduit et démilitarisé, contre une reconnaissance internationale et, surtout, arabe d’Israël en tant qu’Etat « des juifs dans le monde » ; ce qui permet au gouvernement de Netanyahu de réaliser deux grands objectifs : faire un nouveau « Transfert » généralisé de tous les Palestiniens restant dans les territoires de 1948 et, aussi, devenir le porte-parole et le représentant légal de tous les juifs dans le monde, compte non tenu de leurs appartenances nationales.
Si nous ajoutons à cela la poursuite de la politique (ayant aussi l’aval de l’Union européenne) d’escalade des tensions religieuses, confessionnelles et raciales, surtout dans le Golfe arabique, nous arrivons à une conclusion contre laquelle le Parti Communiste libanais avait déjà mis en garde, depuis quelques années (Xème congrès) : le but recherché par le projet du « Grand » ou du « Nouveau » Moyen Orient est de mettre fin à la situation sur le terrain engendrée par le traité de Sykes-Picot et, ce, afin de procéder à un nouveau partage du monde arabe, puis le Moyen Orient et l’Afrique, sous la tutelle des Etats-Unis. Dans ce sens, nous comprenons le retour à des appellations datant des temps révolus du colonialisme, telles : « l’Afrique du nord » à la place du Maghreb arabe, ou « le Moyen orient » à la place du Machreq arabe.
Le nouveau bulletin s’arrêtera sur les développements essentiels dans les soulèvements du monde arabe, en plus de la situation générale qui sévit dans ce monde ; il mettra en lumière les points suivants :
1-Les nouveaux développements du problème palestinien ;
2-Les nouveaux projets étasuniens au Maghreb arabe et, de là, vers l’Afrique, ainsi que le rôle de l’Union européenne.
3-La nouvelle situation en Egypte.
4-Les développements en Syrie.
5-La situation libanaise à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe et du conflit intérieur sur le pouvoir.
I- Le problème palestinien
Entre le marteau de « l’Etat juif » et l’enclume de la situation régionale
Le discours politique de Barak Obama, le 19 mai passé, a constitué un tournant très dangereux sur le plan de la position des Etats-Unis en ce qui concerne le problème palestinien, même si certaines positions développées ne sont pas nouvelles et constituent une redite du discours fait, il y a deux ans, par le même Obama au sein de l’Université du Caire ou, même, du plan tracé par l’administration de G. W. Bush junior.
Obama, armé de sa victoire « écrasante » sur Ben Laden et du timing de cette victoire (le début de la campagne pour les présidentielles), a précisé les objectifs de l’impérialisme dont il représente les intérêts comme suit : « la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, la garantie de la liberté du commerce et la défense de la sécurité d’Israël ».
Ces priorités visent à détourner les regards de l’échec de toutes les solutions mises au point pour endiguer la crise financière et économique, mais aussi à montrer que les Etats-Unis ont décidé d’élargir l’étendue de leur présence dans le monde arabe et au Moyen Orient et de leur participation directe aux guerres que le gouvernement israélien prépare contre la région. De plus, Obama s’est rétracté sur la question des colonies, tout en affirmant que les Etats-Unis poursuivront leur appui à Israël afin qu’il puisse « réaliser le rêve de la création d’un Etat juif » dont les frontières dépasseraient celles de 1967, puisqu’Obama appuie la thèse de « l’échange convenu de terres » ; ce qui laisse entendre que de nouvelles concessions seront exigées des Palestiniens…
Les nouvelles positions étasuniennes se complètent avec celles que Benjamin Netanyahu a présentées, quelques jours plus tard, devant le Congrès des Etats-Unis, et que nous pouvons résumer comme suit :
-La terre palestinienne est une « terre juive » et tout ce qui est dit contrairement à cela constitue une déformation de l’Histoire ; et, si Netanyahu accepte, comme il dit, « de céder une part de notre patrie historique » (il appelle ainsi la Palestine), le fait doit être considéré comme une concession « visant à conduire le peuple juif vers la paix ».
-La paix recherchée par le même Netanyahu est basée sur le fait « qu’il n’y aura pas de Palestiniens en Israël ; ils doivent vivre dans leur pays » ; ce qui veut dire que les Palestiniens doivent s’attendre à la tentative d’un nouveau transfert.
-Les régions se trouvant autour de Jérusalem et dans le grand Tel Aviv sont incluses dans les frontières finales d’Israël.
-Un refus catégorique de céder la plus petite parcelle d’Al Qods qui doit « rester la capitale unifiée de l’Etat d’Israël ».
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