Ecoles rurales au Maroc : Les laissés-pour-comptes
SCOLARITÉ. Des millions d’écoliers Marocains fréquentent des écoles délabrées, sans sanitaires et dans des conditions d’hygiène dangereuses. En milieu rural, l’école est synonyme de calvaire sans débouchés.
N’en déplaise à Latifa Labida, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, chargé de l'Enseignement scolaire, qui a déclaré, non sans fierté, dans l'émission “Noukat ala Al Horouf” (points sur les i), diffusée, par la chaîne de télévision 2M, que malgré les problèmes que connaît le secteur, le Maroc compte 6,5 millions d'élèves dans l'enseignement primaire. C’est là un chiffre important si les 6,5 millions d’élèves finissaient tous leur cursus scolaire. Sauf que ce n’est pas le cas.
Triste image Entre déperdition scolaire, manque criard des infrastructures, les distances qu’il faut parcourir, dans des coins reculés du pays, pour trouver une classe, la pauvreté des parents, qui obligent leur progéniture à quitter les bancs d’écoles pour aller travailler dans les champs, le Maroc affiche une bien triste image quant à la scolarité des enfants.
Et le gouvernement marocain, dans son ensemble, aura beau expliquer à Hanane, 10 ans, qui marche plus de 8 kilomètres tous les jours, pour passer la sainte journée dans une classe où elle est transie de froid l’hiver et assommée par la canicule l’été, que l’école marocaine va de mieux en mieux, elle n’en croit pas un mot. «Je suis fatiguée et je crois que je vais quitter l’école pour rester aider ma mère à la maison».
C’est sans appel. Pour Hanane, qui vit, pourtant, pas loin de Settat, l’école n’est plus possible. Alors que dire des centaines de milliers d’enfants qui vivent dans les montagnes de l’Atlas, dans le Rif, dans des zones arides de l’Oriental ou au Sud du Maroc, pour qui aller en classe est un raid en milieu hostile sans assistance?
Manque d’hygiène La situation des écoles en milieu rural n’a pas changé depuis plusieurs décennies. Ce sont les mêmes images que l’on a vécues dans les années 60 qui ont droit de compagne aujourd’hui. De frêles cortèges de jeunes enfants, munis de cartables et de nourriture sommaire, qui marchent le long des routes et des sentiers, en direction d’une classe isolée. «L’école est très loin du douar. Pour y aller, il faut prendre la route très tôt.
Mon fils, Ahmed, y passe toute la journée, car il ne peut pas revenir pour le déjeuner. Il ne rentre que le soir, mais cela lui fait déjà beaucoup. Il rentre fatigué, mange et s’endort.» Le lendemain, raconte cette maman, le petit Ahmed se lève aux aurores pour le même rituel. Evidemment, il n’a aucune envie d’aller à l’école. Et le jour où son père décidera que sa place est dans les champs ou alors dans une usine dans la ville la plus proche, il se sentira délivré.
Désaffection scolaire D’ailleurs les statistiques officielles le montrent bien. La scolarisation est très faible dans le milieu rural. C'est encore plus vrai pour les filles, qui à cause de l'éloignement et de la pauvreté, abandonnent les bancs de l'école. Elles travaillent la terre ou en tant que domestiques en ville. La dernière étude sur les bonnes à Casablanca a relevé que les filles domestiques sont en effet issues du milieu rural à 86,8%. Dans ces conditions, où le strict minimum n’est pas assuré par l’Etat, il ne faut pas s’étonner de la désaffection des écoles en milieu rural.
Pire encore, dans certains établissements scolaires de grandes villes comme Casablanca, on est confrontés au même problème des sanitaires et du manque d’eau. Les élèves doivent apporter de l’eau potable et s’abstenir d’uriner ou d’aller aux toilettes. Des conditions de scolarisation dignes des pays les plus pauvres au monde. Pourtant, les autorités semblent ignorer l’urgence que revêt une réelle mise à niveau de toutes les écoles marocaines pour offrir à nos enfants un meilleur avenir.
Abdelhak najib
MarocHebdo, N°923
SCOLARITÉ. Des millions d’écoliers Marocains fréquentent des écoles délabrées, sans sanitaires et dans des conditions d’hygiène dangereuses. En milieu rural, l’école est synonyme de calvaire sans débouchés.
N’en déplaise à Latifa Labida, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, chargé de l'Enseignement scolaire, qui a déclaré, non sans fierté, dans l'émission “Noukat ala Al Horouf” (points sur les i), diffusée, par la chaîne de télévision 2M, que malgré les problèmes que connaît le secteur, le Maroc compte 6,5 millions d'élèves dans l'enseignement primaire. C’est là un chiffre important si les 6,5 millions d’élèves finissaient tous leur cursus scolaire. Sauf que ce n’est pas le cas.
Triste image Entre déperdition scolaire, manque criard des infrastructures, les distances qu’il faut parcourir, dans des coins reculés du pays, pour trouver une classe, la pauvreté des parents, qui obligent leur progéniture à quitter les bancs d’écoles pour aller travailler dans les champs, le Maroc affiche une bien triste image quant à la scolarité des enfants.
Et le gouvernement marocain, dans son ensemble, aura beau expliquer à Hanane, 10 ans, qui marche plus de 8 kilomètres tous les jours, pour passer la sainte journée dans une classe où elle est transie de froid l’hiver et assommée par la canicule l’été, que l’école marocaine va de mieux en mieux, elle n’en croit pas un mot. «Je suis fatiguée et je crois que je vais quitter l’école pour rester aider ma mère à la maison».
C’est sans appel. Pour Hanane, qui vit, pourtant, pas loin de Settat, l’école n’est plus possible. Alors que dire des centaines de milliers d’enfants qui vivent dans les montagnes de l’Atlas, dans le Rif, dans des zones arides de l’Oriental ou au Sud du Maroc, pour qui aller en classe est un raid en milieu hostile sans assistance?
Manque d’hygiène La situation des écoles en milieu rural n’a pas changé depuis plusieurs décennies. Ce sont les mêmes images que l’on a vécues dans les années 60 qui ont droit de compagne aujourd’hui. De frêles cortèges de jeunes enfants, munis de cartables et de nourriture sommaire, qui marchent le long des routes et des sentiers, en direction d’une classe isolée. «L’école est très loin du douar. Pour y aller, il faut prendre la route très tôt.
Mon fils, Ahmed, y passe toute la journée, car il ne peut pas revenir pour le déjeuner. Il ne rentre que le soir, mais cela lui fait déjà beaucoup. Il rentre fatigué, mange et s’endort.» Le lendemain, raconte cette maman, le petit Ahmed se lève aux aurores pour le même rituel. Evidemment, il n’a aucune envie d’aller à l’école. Et le jour où son père décidera que sa place est dans les champs ou alors dans une usine dans la ville la plus proche, il se sentira délivré.
Désaffection scolaire D’ailleurs les statistiques officielles le montrent bien. La scolarisation est très faible dans le milieu rural. C'est encore plus vrai pour les filles, qui à cause de l'éloignement et de la pauvreté, abandonnent les bancs de l'école. Elles travaillent la terre ou en tant que domestiques en ville. La dernière étude sur les bonnes à Casablanca a relevé que les filles domestiques sont en effet issues du milieu rural à 86,8%. Dans ces conditions, où le strict minimum n’est pas assuré par l’Etat, il ne faut pas s’étonner de la désaffection des écoles en milieu rural.
Pire encore, dans certains établissements scolaires de grandes villes comme Casablanca, on est confrontés au même problème des sanitaires et du manque d’eau. Les élèves doivent apporter de l’eau potable et s’abstenir d’uriner ou d’aller aux toilettes. Des conditions de scolarisation dignes des pays les plus pauvres au monde. Pourtant, les autorités semblent ignorer l’urgence que revêt une réelle mise à niveau de toutes les écoles marocaines pour offrir à nos enfants un meilleur avenir.
Abdelhak najib
MarocHebdo, N°923
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