Mohamed Boudaroua,ce vrai Roi

Le syndrome de la perte de la Tunisie a joué donc à fond. Sauf que si, du point de vue du pragmatisme, on peut comprendre la stratégie de sauvetage du Roi, ses tuteurs oublient qu'il s'agit d'abord d'une dictature un peu mieux habillée. Une dictature « arabe » ne pense pas seulement avec pragmatisme mais aussi avec émotions. Le cycle de vengeance et de ripostes sur le « 20 Février » est déclenché et le pire semble avoir été employé pour punir les sujets dissidents. Des doutes lourds pèsent sur l'attentat de Marrakech, un peu trop opportun, pas revendiqué par les terroristes du coin, refusé par les familles des inculpés. Monstrueux de penser qu'on puisse utiliser une bombe pour en désamorcer une autre plus grosse ? Que non : une dictature arabe peut tuer 30 mille révoltés, reculera-t-elle devant le sacrifice de six victimes ? Abîmes du doute et de la suspicion. Le printemps n'a pas les mêmes jardiniers partout. Le Maroc est certes sauvé, pour le moment, par ses tuteurs et les concepteurs de son plan média, très subtile, mais il ne sera pas épargné. Ni nous. Ni personne. On peut pousser un militant dans le dos, à la fin, c'est le régime qui tombe. Quels que soient la ruse, l'attentat en préfabriqué, la réactivation du terrorisme utilitaire ou autre. La stabilité, c'est bien. Des réformes c'est bien, mais sans arnaques surtout. Dans le cas du Maroc, l'arnaque commence à prendre le pas sur le conseil des Français : le régime revient à sa nature et se venge, avec grossièreté. Encore une fraude sur les réformes au Maghreb donc.
par Kamel Daoud
Le Quotidien d'Oran .
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