Le président du Conseil national syrien, Burhan Ghalioun, dénonce l’engrenage sanglant dans lequel s’est enfermé le régime et annonce la publication prochaine d’une charte
de l’opposition
en vue de la création d’une république démocratique, pluraliste et séculière. Rencontre.
Sociologue, professeur à la Sorbonne, Burhan Ghalioun est maintenant président du Conseil national syrien (CNS). Il y a quelques mois, avec l’éditeur Farouk Mardam-Bey et l’écrivain Subhi Hadidi, il publiait un texte intitulé Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien ! Il explique à l’Humanité la stratégie du CNS et dévoile les prochaines initiatives de l’opposition syrienne qu’il dirige.
Qu’est-ce que le Conseil national syrien (CNS), que vous présidez ?
Burhan Ghalioun. Le Conseil national syrien est une coalition entre les différentes forces de
l’opposition syrienne. Aussi bien les forces laïques que les forces islamistes, comme les Frères musulmans et les islamistes indépendants, et les représentants des jeunes de la révolution – composante la plus importante –, ce qu’on appelle les comités de coordination de la révolution. Le CNS a été créé pour donner à ce mouvement politique, à cette révolution, une adresse unique – ou presque, puisqu’il y a encore des forces qui sont en dehors. Il s’agit également de coordonner les relations internationales, régionales, et de réfléchir à l’avenir de la révolution, à la Syrie future en quelque sorte. La Syrie démocratique à laquelle tout le monde rêve.
Vous dites qu’il n’y a pas toute l’opposition. Effectivement, on remarque qu’un opposant historique comme Michel Kilo n’est pas membre du CNS…
Burhan Ghalioun. En effet, Michel Kilo n’en fait pas partie. Il existe encore le Rassemblement national démocratique, qui regroupe quelques partis de gauche et est dirigé par Hassan Abdel-Azim. Ils ne sont pas encore intégrés dans le Conseil national mais ils ont pris des positions positives et peuvent, à n’importe quel moment, nous rejoindre. Mais le fait qu’ils résident en Syrie accentue les difficultés et il leur est difficile de prendre les mêmes positions que nous. Nous aurons avec eux des relations de coordination plus qu’autre chose. Il n’y a pas de concurrence, pas de compétition. Michel Kilo est un ami, comme de nombreux militants indépendants qui soutiennent le Conseil national syrien.
Quelle est la stratégie du Conseil national syrien ?
Burhan Ghalioun. Notre stratégie est de préserver le caractère pacifique et populaire de cette révolution. Nous voulons rassembler et mobiliser l’ensemble des forces démocratiques dans le pays, derrière les jeunes de la révolution, et les pousser à prendre des positions encore plus fermes contre le régime familial de Bachar Al Assad. Il s’agit également de mobiliser l’opinion publique internationale pour apporter au minimum une protection internationale aux citoyens qui subissent des massacres quotidiens. C’est comme un rituel sacrificiel. Tous les jours, nous avons entre vingt et trente victimes qui tombent sous les balles des forces de sécurité syriennes. Le plus urgent pour nous aujourd’hui est d’amener cette protection internationale comme une première étape, avant le départ de cette famille et la chute de ce régime.
Quelques jours avant la mort de Muammar Kadhafi, un membre du Conseil national syrien se trouvait à Tripoli et a parlé d’un possible scénario à la libyenne concernant la Syrie. Qu’entendez-vous par protection internationale ?
Burhan Ghalioun. Nous pensons que la situation syrienne est très différente de la situation libyenne. De toute façon, les grandes puissances et la communauté internationale ont la même conception : ce qui a été fait en Libye ne peut pas se reproduire en Syrie. Jusqu’à présent, tout le monde est opposé à une intervention militaire organisée pour faire tomber le régime. Mais la responsabilité de la protection des civils, qui subissent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est mentionnée dans un article de la charte des droits de l’homme de l’ONU. Son application exige d’envoyer des observateurs sur le terrain pour rapporter ce qui se fait. Pour l’instant, nous pensons que l’envoi d’observateurs arabes et étrangers peut apporter une certaine protection aux civils syriens.
Donc, clairement, vous n’avez pas un scénario à la libyenne qui consisterait, par exemple, à « libérer » une partie du territoire syrien, tremplin pour la prise du pouvoir ?
Burhan Ghalioun. Penser de cette façon, c’est renverser les choses. En réalité, en Libye, une partie du pays a été libérée par les Libyens, qui ont demandé une sorte de protection, de soutien pour que les troupes de Kadhafi ne puissent reconquérir cette partie du territoire. La situation est différente en Syrie. Il n’y a pas vraiment de zones libérées qui seraient sous contrôle d’une armée libre ou révolutionnaire. Nous demandons la protection de l’ensemble des populations dans un pays qui est encore contrôlé par les forces de sécurité du régime actuel.
Sociologue, professeur à la Sorbonne, Burhan Ghalioun est maintenant président du Conseil national syrien (CNS). Il y a quelques mois, avec l’éditeur Farouk Mardam-Bey et l’écrivain Subhi Hadidi, il publiait un texte intitulé Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien ! Il explique à l’Humanité la stratégie du CNS et dévoile les prochaines initiatives de l’opposition syrienne qu’il dirige.
Qu’est-ce que le Conseil national syrien (CNS), que vous présidez ?
Burhan Ghalioun. Le Conseil national syrien est une coalition entre les différentes forces de
l’opposition syrienne. Aussi bien les forces laïques que les forces islamistes, comme les Frères musulmans et les islamistes indépendants, et les représentants des jeunes de la révolution – composante la plus importante –, ce qu’on appelle les comités de coordination de la révolution. Le CNS a été créé pour donner à ce mouvement politique, à cette révolution, une adresse unique – ou presque, puisqu’il y a encore des forces qui sont en dehors. Il s’agit également de coordonner les relations internationales, régionales, et de réfléchir à l’avenir de la révolution, à la Syrie future en quelque sorte. La Syrie démocratique à laquelle tout le monde rêve.
Vous dites qu’il n’y a pas toute l’opposition. Effectivement, on remarque qu’un opposant historique comme Michel Kilo n’est pas membre du CNS…
Burhan Ghalioun. En effet, Michel Kilo n’en fait pas partie. Il existe encore le Rassemblement national démocratique, qui regroupe quelques partis de gauche et est dirigé par Hassan Abdel-Azim. Ils ne sont pas encore intégrés dans le Conseil national mais ils ont pris des positions positives et peuvent, à n’importe quel moment, nous rejoindre. Mais le fait qu’ils résident en Syrie accentue les difficultés et il leur est difficile de prendre les mêmes positions que nous. Nous aurons avec eux des relations de coordination plus qu’autre chose. Il n’y a pas de concurrence, pas de compétition. Michel Kilo est un ami, comme de nombreux militants indépendants qui soutiennent le Conseil national syrien.
Quelle est la stratégie du Conseil national syrien ?
Burhan Ghalioun. Notre stratégie est de préserver le caractère pacifique et populaire de cette révolution. Nous voulons rassembler et mobiliser l’ensemble des forces démocratiques dans le pays, derrière les jeunes de la révolution, et les pousser à prendre des positions encore plus fermes contre le régime familial de Bachar Al Assad. Il s’agit également de mobiliser l’opinion publique internationale pour apporter au minimum une protection internationale aux citoyens qui subissent des massacres quotidiens. C’est comme un rituel sacrificiel. Tous les jours, nous avons entre vingt et trente victimes qui tombent sous les balles des forces de sécurité syriennes. Le plus urgent pour nous aujourd’hui est d’amener cette protection internationale comme une première étape, avant le départ de cette famille et la chute de ce régime.
Quelques jours avant la mort de Muammar Kadhafi, un membre du Conseil national syrien se trouvait à Tripoli et a parlé d’un possible scénario à la libyenne concernant la Syrie. Qu’entendez-vous par protection internationale ?
Burhan Ghalioun. Nous pensons que la situation syrienne est très différente de la situation libyenne. De toute façon, les grandes puissances et la communauté internationale ont la même conception : ce qui a été fait en Libye ne peut pas se reproduire en Syrie. Jusqu’à présent, tout le monde est opposé à une intervention militaire organisée pour faire tomber le régime. Mais la responsabilité de la protection des civils, qui subissent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est mentionnée dans un article de la charte des droits de l’homme de l’ONU. Son application exige d’envoyer des observateurs sur le terrain pour rapporter ce qui se fait. Pour l’instant, nous pensons que l’envoi d’observateurs arabes et étrangers peut apporter une certaine protection aux civils syriens.
Donc, clairement, vous n’avez pas un scénario à la libyenne qui consisterait, par exemple, à « libérer » une partie du territoire syrien, tremplin pour la prise du pouvoir ?
Burhan Ghalioun. Penser de cette façon, c’est renverser les choses. En réalité, en Libye, une partie du pays a été libérée par les Libyens, qui ont demandé une sorte de protection, de soutien pour que les troupes de Kadhafi ne puissent reconquérir cette partie du territoire. La situation est différente en Syrie. Il n’y a pas vraiment de zones libérées qui seraient sous contrôle d’une armée libre ou révolutionnaire. Nous demandons la protection de l’ensemble des populations dans un pays qui est encore contrôlé par les forces de sécurité du régime actuel.
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