Les élections législatives du 25 novembre 2011 au Maroc ramènent l'attention sur ce pays qui bénéficie d'un statut avancé auprès de l'Union européenne. Cependant, son climat des affaires souffre encore de bien des insuffisances.
L'administration et le système judiciaire ne sont pas au niveau des attentes des investisseurs … et de la population. La situation politique reste incertaine.
Depuis le 13 octobre 2008, le Maroc est le premier pays du sud de la Méditerranée à bénéficier d'un statut avancé auprès de l'Union européenne. Trois ans après, il paraît opportun de faire un point de situation à propos du climat des affaires au Maroc. Puis nous aborderons la situation politique au seuil des élections législatives.
LE STATUT AVANCÉ DU MAROC : UNE BONNE AFFAIRE, MAIS POUR QUI ?
Outre la Politique européenne de voisinage (2004) et ses plans d'actions, le Maroc bénéficie depuis 2008 d'un statut avancé auprès de l'UE.
"A l'occasion du Conseil d'Association UE-Maroc du 23 juillet 2007, le Maroc et l'Union européenne ont décidé de lancer un processus de réflexion conjoint visant à renforcer les relations bilatérales. Des propositions concrètes visant à donner corps au statut avancé auquel le Maroc aspire dans ses relations avec l'UE ont été élaborées. Le 13 octobre 2008, lors du 7ème conseil d'association à Luxembourg, le statut avancé, premier dans la région du sud de la Méditerranée, a été accordé au Maroc en marquant une nouvelle phase de relations privilégiées. Un rapport conjoint traçant une feuille de route ambitieuse a été adopté. Le statut Avancé, dont la feuille de route a été adoptée le 13 octobre 2008, a comme objectifs de traduire le renforcement du dialogue politique, de la coopération économique et sociale, dans les domaines parlementaire, sécuritaire et judiciaire et dans différents secteurs, notamment l'agriculture, le transport, l'énergie et l'environnement ainsi que l'intégration progressive du Maroc dans le marché intérieur commun et la convergence législative et réglementaire." Dans le cadre du statut avancé, le Maroc a engagé une forme de "jumelage institutionnel" qui s'inscrit dans une dynamique d'harmonisation mais non d'acquisition.
Cette dernière option imposerait, en effet, une reprise de l'acquis communautaire qui induirait une perspective d'adhésion à l'Union européenne. Or l'adhésion du Maroc à l'UE ne se trouve pas à l'ordre du jour. Sans le dire explicitement, la démarche de l'UE est de pousser les marocains à mesurer l'écart UE-Maroc afin de les inciter à s'interroger sur les différences et leurs causes.
En attendant, le Maroc est le premier bénéficiaire de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEPV).
La programmation indicative pour la période 2007-2013 lui accorde 1 234,50 millions d'euros. Le deuxième bénéficiaire est l'Autorité palestinienne (1 136 millions d'euros) et l'Egypte (1 007,29 millions d'euros). A titre de comparaison, la Tunisie devrait recevoir 540 millions d'euros et l'Algérie 392, sous réserve de modifications induites par l'évolution politique.
DES CLASSEMENTS ASSEZ PEU FLATTEURS
L'appréciation du climat des affaires au Maroc nécessite de dépasser le discours officiel pour approcher les réalités. Les investisseurs étrangers ne s'y trompent pas et regrettent le manque de visibilité à moyen et long termes.
Avant les évènements politiques de 2011 dans le monde arabe, les principaux rapports sur le climat des affaires classaient le Maroc loin derrière la Tunisie, particulièrement pour la protection des investisseurs, le respect des contrats et la fiscalité.
En 2009 comme en 2010, le Maroc a été classé par le Forum économique mondial au 73ème rang sur un total de 133 pays pour la compétitivité et le climat des affaires. En 2010, la Banque mondiale classe le Maroc au 128e rang sur 183 pays évalués. Certes, sur le plan formel, le cadre juridique marocain a été mis à jour et modernisé, mais l'application reste à mettre en oeuvre. C'est pourquoi la Banque mondiale recommande de poursuivre les efforts, notamment pour améliorer la transparence de l'information financière et renforcer la formation des administrateurs d'entreprises.
En 2010, l'Organisation non gouvernementale Tranparency International classe le Maroc au 85ème rang mondial en matière de corruption, soit au même niveau que le Malawi : 3,4 sur 104.
Sans prétendre à l'exhaustivité, présentons deux points majeurs d'achoppement : l'administration et la justice.
Supposée faciliter les affaires, l'administration pénalise lourdement l'activité économique du pays Les interlocuteurs reconnaissent unanimement que l'administration fait partie des pénalités majeures du climat des affaires au Maroc. Sans cesse reviennent les mots suivants : bureaucratie, incompétence, corruption et manque de respect du citoyen. Peu efficace, peu transparente dans ses procédures et souvent absurde dans ses demandes, l'administration pénalise lourdement l'activité économique du pays. Les collectivités locales souffrent le plus souvent d'une administration incompétente, corrompue et peu soucieuse de l'intérêt général. Un système archaïque de légalisation des signatures ralentie la moindre procédure. L'absence de législation sur le droit de grève ouvre la porte à tous les abus.
L'administration et le système judiciaire ne sont pas au niveau des attentes des investisseurs … et de la population. La situation politique reste incertaine.
Depuis le 13 octobre 2008, le Maroc est le premier pays du sud de la Méditerranée à bénéficier d'un statut avancé auprès de l'Union européenne. Trois ans après, il paraît opportun de faire un point de situation à propos du climat des affaires au Maroc. Puis nous aborderons la situation politique au seuil des élections législatives.
LE STATUT AVANCÉ DU MAROC : UNE BONNE AFFAIRE, MAIS POUR QUI ?
Outre la Politique européenne de voisinage (2004) et ses plans d'actions, le Maroc bénéficie depuis 2008 d'un statut avancé auprès de l'UE.
"A l'occasion du Conseil d'Association UE-Maroc du 23 juillet 2007, le Maroc et l'Union européenne ont décidé de lancer un processus de réflexion conjoint visant à renforcer les relations bilatérales. Des propositions concrètes visant à donner corps au statut avancé auquel le Maroc aspire dans ses relations avec l'UE ont été élaborées. Le 13 octobre 2008, lors du 7ème conseil d'association à Luxembourg, le statut avancé, premier dans la région du sud de la Méditerranée, a été accordé au Maroc en marquant une nouvelle phase de relations privilégiées. Un rapport conjoint traçant une feuille de route ambitieuse a été adopté. Le statut Avancé, dont la feuille de route a été adoptée le 13 octobre 2008, a comme objectifs de traduire le renforcement du dialogue politique, de la coopération économique et sociale, dans les domaines parlementaire, sécuritaire et judiciaire et dans différents secteurs, notamment l'agriculture, le transport, l'énergie et l'environnement ainsi que l'intégration progressive du Maroc dans le marché intérieur commun et la convergence législative et réglementaire." Dans le cadre du statut avancé, le Maroc a engagé une forme de "jumelage institutionnel" qui s'inscrit dans une dynamique d'harmonisation mais non d'acquisition.
Cette dernière option imposerait, en effet, une reprise de l'acquis communautaire qui induirait une perspective d'adhésion à l'Union européenne. Or l'adhésion du Maroc à l'UE ne se trouve pas à l'ordre du jour. Sans le dire explicitement, la démarche de l'UE est de pousser les marocains à mesurer l'écart UE-Maroc afin de les inciter à s'interroger sur les différences et leurs causes.
En attendant, le Maroc est le premier bénéficiaire de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEPV).
La programmation indicative pour la période 2007-2013 lui accorde 1 234,50 millions d'euros. Le deuxième bénéficiaire est l'Autorité palestinienne (1 136 millions d'euros) et l'Egypte (1 007,29 millions d'euros). A titre de comparaison, la Tunisie devrait recevoir 540 millions d'euros et l'Algérie 392, sous réserve de modifications induites par l'évolution politique.
DES CLASSEMENTS ASSEZ PEU FLATTEURS
L'appréciation du climat des affaires au Maroc nécessite de dépasser le discours officiel pour approcher les réalités. Les investisseurs étrangers ne s'y trompent pas et regrettent le manque de visibilité à moyen et long termes.
Avant les évènements politiques de 2011 dans le monde arabe, les principaux rapports sur le climat des affaires classaient le Maroc loin derrière la Tunisie, particulièrement pour la protection des investisseurs, le respect des contrats et la fiscalité.
En 2009 comme en 2010, le Maroc a été classé par le Forum économique mondial au 73ème rang sur un total de 133 pays pour la compétitivité et le climat des affaires. En 2010, la Banque mondiale classe le Maroc au 128e rang sur 183 pays évalués. Certes, sur le plan formel, le cadre juridique marocain a été mis à jour et modernisé, mais l'application reste à mettre en oeuvre. C'est pourquoi la Banque mondiale recommande de poursuivre les efforts, notamment pour améliorer la transparence de l'information financière et renforcer la formation des administrateurs d'entreprises.
En 2010, l'Organisation non gouvernementale Tranparency International classe le Maroc au 85ème rang mondial en matière de corruption, soit au même niveau que le Malawi : 3,4 sur 104.
Sans prétendre à l'exhaustivité, présentons deux points majeurs d'achoppement : l'administration et la justice.
Supposée faciliter les affaires, l'administration pénalise lourdement l'activité économique du pays Les interlocuteurs reconnaissent unanimement que l'administration fait partie des pénalités majeures du climat des affaires au Maroc. Sans cesse reviennent les mots suivants : bureaucratie, incompétence, corruption et manque de respect du citoyen. Peu efficace, peu transparente dans ses procédures et souvent absurde dans ses demandes, l'administration pénalise lourdement l'activité économique du pays. Les collectivités locales souffrent le plus souvent d'une administration incompétente, corrompue et peu soucieuse de l'intérêt général. Un système archaïque de légalisation des signatures ralentie la moindre procédure. L'absence de législation sur le droit de grève ouvre la porte à tous les abus.
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