Le tribunal spécial sur le Liban: Une justice sous influence

Liban/Hariri: Le tribunal spécial sur le Liban: Une justice sous influence
René Naba | Paris | 15.03.2012
I- Le fonctionnement du TSL en question
Du jamais vu dans les annales diplomatiques internationales: des démissions en cascade impliquant jusques y le président de l’institution, deux procureurs et un greffier, un fonctionnement émaillé de nombreuses irrégularités, un des enquêteurs soudoyé, des arrestations arbitraires sur la base de dépositions de faux témoins, des enquêteurs agents de la CIA.
Le fonctionnement du Tribunal spécial sur le Liban chargé de juger les responsables de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, tourne à la farce au point d’apparaître comme une institution sous influence instrumentalisée à des fins politiques, sinistrant durablement la notion de Justice internationale.
Le TSL a rendu public son acte d’accusation le 30 juin 2011, le jour même où le nouveau gouvernement libanais présidé par Najib Mikati se réunissait pour approuver sa déclaration de politique générale, en prélude au vote de confiance au parlement Libanais.
La singularité de ce tribunal d’exception, qui le frappe de suspicion, est qu’il est particulièrement soutenu par un pays, les Etats-Unis, qui n’a pas souscrit au traité de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale, et, qu’il est, de surcroît, financé à parité par un pays, le Liban, pour une enquête menée à charge, exclusivement à charge contre une formation majeure de la coalition gouvernementale, au mépris des règles élémentaires du débat contradictoire; un principe fondamental d’une bonne administration de la justice, au risque d’imploser le pays bailleur de fonds.
Le Liban concourt à raison de 49 pour cent d’un budget annuel de 65 millions de dollars, soit 32,5 millions de dollars environ. Un système pervers qui conduit à un autofinancement suicidaire en ce que l’acte incrimine la responsabilité de plusieurs membres du mouvement chiite Hezbollah, une liste conforme dans une large mesure aux révélations du journal Der Spiegel, en 2009, ainsi qu’aux fuites de la chaine de télévision israélienne Canal 10, en juillet 2010.
Les quatre personnes visées sont respectivement: Moustafa Badreddine, 50 ans, beau frère d’Imad Moughnieh, l’ancien chef militaire du Hezbollah. Agé de 50 ans, il est soupçonné d’avoir fabriqué la bombe utilisée dans l’attaque de 1983 contre une caserne de l’armée américaine qui avait fait 241 morts. L’homme est accusé d’être le cerveau de l’attentat l’attentat à la camionnette piégée qui a provoqué la mort de Rafic Hariri et de 22 autres personnes à Beyrouth le 14 février 2005. Les trois autres prévenus sont Salim Ayyache, Hussein Ounaissi et Assaad Sabra, 34 ans, tous des membres du Hezbollah, soupçonnés d’être responsables de l’attentat à la camionnette piégée qui a provoqué la mort de Rafic Hariri et de 22 autres personnes à Beyrouth le 14 février 2005.
Visés dans l’acte d’accusation déposé le 17 janvier et partiellement confirmé en juin par le procureur Bellemare, les quatre hommes font l’objet de mandats d’arrêt émis par le TSL et d’une « notice rouge » émise par Interpol. Le Hezbollah a réfuté toute implication et a affirmé qu’il ne livrera jamais les suspects.
Le Tribunal envisage de juger par contumace les quatre prévenus. Le gouvernement libanais a annoncé en août 2011 qu’il n’avait pas été en mesure de les retrouver. Un tel procès pourrait débuter au deuxième semestre 2012, année d’expiration du mandat de cette instance. A la suite de l’avis du gouvernement libanais, le président alors en exercice du tribunal avait invité, dans une lettre ouverte, les quatre prévenus à comparaître devant le tribunal, indiquant que « leur participation active demeure la meilleure garantie d’un procès juste et équitable ».
L’acte d’accusation ne mentionne pas de preuves irréfutables et irréfragables, se bornant à retenir des «preuves circonstancielles» fondées sur le relevé des données des réseaux libanais des télécommunications, longtemps entièrement infiltrés par Israël, particulièrement du temps où l’un des protagonistes de cette affaire, le pro haririen Marwane Hamadé, était ministre des télécommunications.
Ces relevés avaient été communiqués à la justice internationale par le «département du renseignement» relevant du Colonel Wissam Hassan, gravitant dans l’orbite direct de Saad Hariri, hors de tout contrôle hiérarchique de l’autorité de l’état.
Ainsi donc, pendant six ans, à raison d’un budget annuel de cinquante millions de dollars, le TSL et sa commission d’enquête, se sont bornés à avaliser sans recoupement, des données communiqués par une partie prenante au contentieux.
La première mise en cause du Hezbollah est intervenue, via le journal Le Figaro, le 15 août 2006, au lendemain du cessez le feu israélo-libanais et visait à criminaliser le mouvement chiite pour compenser les revers militaires israéliens au terme d’une guerre de destruction israélienne du Liban de 33 jours.
Une telle coïncidence pose le problème de la fonction de la Justice pénale de son éventuelle instrumentalisation à des fins politiques, la satisfaction des desseins stratégiques des grandes puissances occidentales.
Le fonctionnement du tribunal spécial sur le Liban a été émaillé de nombreuses irrégularités, mais les deux coups qui ont porté un coup irrémédiable à sa crédibilité sont l’arrestation arbitraire de quatre officiers de l’armée libanaise et des services des renseignements consécutive à la déposition d’une dizaine de faux témoins commandités par le clan Hariri, ainsi que la corruption de certains enquêteurs internationaux.
Jamal Sayyed, ancien directeur de la sûreté générale, et trois autres officiers d’autorité, le général Moustpaha Hamdane, chef de la garde présidentielle, le général Raymond Azar, chef du renseignement militaire, et le général Ahmad el Hajj, chef des services de renseignements sont été arrêtés arbitrairement, le30 août 2005, et relâché 4 ans après sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux. Leur arrestation répondait au souci des pays occidentaux d’éliminer du théâtre de l’enquête des responsables à la personnalité affirmée pour leur substituer des partisans du clan Hariri acquis à la collaboration en vue d’orienter les investigations dans le sens souhaité par les occidentaux en vue de son instrumentalisation contre la Syrie et le Hezbollah.
Rafic Hariri était un ancien premier lorsqu’il a été assassiné, de même que Benazir Bhutto, au Pakistan. Le libanais sunnite a eu droit à un tribunal international et pas la pakistanaise chiite. Sur le plan proprement libanais, le prédécesseur libanais de Rafic Hariri, Rachid Karamé (Tripoli), a été assassiné, lui, dans l’exercice de ses fonctions de premier ministre, sans bénéficier de l’attention de la justice internationale.
Le statut de Rome a été ratifié le 17 juillet1998 habilitant la Cour Pénale Internationale à se saisir des «crimes contre l’humanité, crimes de génocide et des crimes de guerre». Il n’a pas qualité pour les crimes individuels. Il n’a été ratifié ni par les Etats-Unis, ni par Israël, les deux pays les plus impliqués, paradoxalement, dans le fonctionnement du Tribunal Spécial sur le Liban.
L’internationalisation d’un crime interne, s’agissant de l’assassinat d’une personnalité n’exerçant aucune responsabilité internationale, et d’un crime commis sur le territoire d’un état souverain dont la victime en est le ressortissant, de même que l’instrumentalisation de cette justice à des fins politiques, placent le Liban sous un mandat de facto des puissances occidentales, à la merci d’un chantage permanent, occultant le débat sur le passif de l’ère Hariri, qui hypothèque, lui l’avenir du Liban, à savoir
-Une dette publique de cinquante milliards de dollars
-Une évaporation de recettes du ministère des finances de l’ordre de quinze milliards de dollars, sous le gouvernement du tandem Hariri-Siniora.
-Trente millions de m2 de superficie du territoire libanais vendus à des inconnus, vraisemblablement à des investisseurs originaires des pétromonarchies du Golfe, en infraction avec la législation du pays.
-Près de deux cent mille naturalisés sunnites entrainant un bouleversement de l’équilibre démographique du pays dont le système politique repose sur une répartition confessionnelle du pouvoir.
II- Un enquêteur soudoyé
Dans une allocution télévisée dimanche 3 juillet 2011, Cheikh Hassan Nasrallah a fait diffuser une séquence vidéo montrant un des enquêteurs internationaux, l’Allemand Gerhard Lehman, vice-président de la commission d’enquête monnayant ses informations, entrain d’empocher une somme d’argent.
Daniel Bellemare, de son côté, a personnellement œuvré à la levée de la Note rouge placée sur Mohammad Zouheir Siddiq auprès d’Interpol, annulant ainsi les poursuites engagées contre lui en sa qualité de «faux témoin» du procès. Ancien garde de corps d’un opposant notoire au régime de Damas, le général Rifa’at Al Assad, l propre oncle paternel du président Bachar al Assad, Siddiq résiderait au Caire sus la protection des services égyptiens.
Les notes Wikileaks ont révélé des rencontres périodiques entre les enquêteurs internationaux et l’ambassade américaine à Beyrouth visant à obtenir des instructions sur le cheminement de l’enquête.

Liban/Hariri: Le tribunal spécial sur le Liban: Une justice sous influence
René Naba | Paris | 15.03.2012
I- Le fonctionnement du TSL en question
Du jamais vu dans les annales diplomatiques internationales: des démissions en cascade impliquant jusques y le président de l’institution, deux procureurs et un greffier, un fonctionnement émaillé de nombreuses irrégularités, un des enquêteurs soudoyé, des arrestations arbitraires sur la base de dépositions de faux témoins, des enquêteurs agents de la CIA.
Le fonctionnement du Tribunal spécial sur le Liban chargé de juger les responsables de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, tourne à la farce au point d’apparaître comme une institution sous influence instrumentalisée à des fins politiques, sinistrant durablement la notion de Justice internationale.
Le TSL a rendu public son acte d’accusation le 30 juin 2011, le jour même où le nouveau gouvernement libanais présidé par Najib Mikati se réunissait pour approuver sa déclaration de politique générale, en prélude au vote de confiance au parlement Libanais.
La singularité de ce tribunal d’exception, qui le frappe de suspicion, est qu’il est particulièrement soutenu par un pays, les Etats-Unis, qui n’a pas souscrit au traité de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale, et, qu’il est, de surcroît, financé à parité par un pays, le Liban, pour une enquête menée à charge, exclusivement à charge contre une formation majeure de la coalition gouvernementale, au mépris des règles élémentaires du débat contradictoire; un principe fondamental d’une bonne administration de la justice, au risque d’imploser le pays bailleur de fonds.
Le Liban concourt à raison de 49 pour cent d’un budget annuel de 65 millions de dollars, soit 32,5 millions de dollars environ. Un système pervers qui conduit à un autofinancement suicidaire en ce que l’acte incrimine la responsabilité de plusieurs membres du mouvement chiite Hezbollah, une liste conforme dans une large mesure aux révélations du journal Der Spiegel, en 2009, ainsi qu’aux fuites de la chaine de télévision israélienne Canal 10, en juillet 2010.
Les quatre personnes visées sont respectivement: Moustafa Badreddine, 50 ans, beau frère d’Imad Moughnieh, l’ancien chef militaire du Hezbollah. Agé de 50 ans, il est soupçonné d’avoir fabriqué la bombe utilisée dans l’attaque de 1983 contre une caserne de l’armée américaine qui avait fait 241 morts. L’homme est accusé d’être le cerveau de l’attentat l’attentat à la camionnette piégée qui a provoqué la mort de Rafic Hariri et de 22 autres personnes à Beyrouth le 14 février 2005. Les trois autres prévenus sont Salim Ayyache, Hussein Ounaissi et Assaad Sabra, 34 ans, tous des membres du Hezbollah, soupçonnés d’être responsables de l’attentat à la camionnette piégée qui a provoqué la mort de Rafic Hariri et de 22 autres personnes à Beyrouth le 14 février 2005.
Visés dans l’acte d’accusation déposé le 17 janvier et partiellement confirmé en juin par le procureur Bellemare, les quatre hommes font l’objet de mandats d’arrêt émis par le TSL et d’une « notice rouge » émise par Interpol. Le Hezbollah a réfuté toute implication et a affirmé qu’il ne livrera jamais les suspects.
Le Tribunal envisage de juger par contumace les quatre prévenus. Le gouvernement libanais a annoncé en août 2011 qu’il n’avait pas été en mesure de les retrouver. Un tel procès pourrait débuter au deuxième semestre 2012, année d’expiration du mandat de cette instance. A la suite de l’avis du gouvernement libanais, le président alors en exercice du tribunal avait invité, dans une lettre ouverte, les quatre prévenus à comparaître devant le tribunal, indiquant que « leur participation active demeure la meilleure garantie d’un procès juste et équitable ».
L’acte d’accusation ne mentionne pas de preuves irréfutables et irréfragables, se bornant à retenir des «preuves circonstancielles» fondées sur le relevé des données des réseaux libanais des télécommunications, longtemps entièrement infiltrés par Israël, particulièrement du temps où l’un des protagonistes de cette affaire, le pro haririen Marwane Hamadé, était ministre des télécommunications.
Ces relevés avaient été communiqués à la justice internationale par le «département du renseignement» relevant du Colonel Wissam Hassan, gravitant dans l’orbite direct de Saad Hariri, hors de tout contrôle hiérarchique de l’autorité de l’état.
Ainsi donc, pendant six ans, à raison d’un budget annuel de cinquante millions de dollars, le TSL et sa commission d’enquête, se sont bornés à avaliser sans recoupement, des données communiqués par une partie prenante au contentieux.
La première mise en cause du Hezbollah est intervenue, via le journal Le Figaro, le 15 août 2006, au lendemain du cessez le feu israélo-libanais et visait à criminaliser le mouvement chiite pour compenser les revers militaires israéliens au terme d’une guerre de destruction israélienne du Liban de 33 jours.
Une telle coïncidence pose le problème de la fonction de la Justice pénale de son éventuelle instrumentalisation à des fins politiques, la satisfaction des desseins stratégiques des grandes puissances occidentales.
Le fonctionnement du tribunal spécial sur le Liban a été émaillé de nombreuses irrégularités, mais les deux coups qui ont porté un coup irrémédiable à sa crédibilité sont l’arrestation arbitraire de quatre officiers de l’armée libanaise et des services des renseignements consécutive à la déposition d’une dizaine de faux témoins commandités par le clan Hariri, ainsi que la corruption de certains enquêteurs internationaux.
Jamal Sayyed, ancien directeur de la sûreté générale, et trois autres officiers d’autorité, le général Moustpaha Hamdane, chef de la garde présidentielle, le général Raymond Azar, chef du renseignement militaire, et le général Ahmad el Hajj, chef des services de renseignements sont été arrêtés arbitrairement, le30 août 2005, et relâché 4 ans après sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux. Leur arrestation répondait au souci des pays occidentaux d’éliminer du théâtre de l’enquête des responsables à la personnalité affirmée pour leur substituer des partisans du clan Hariri acquis à la collaboration en vue d’orienter les investigations dans le sens souhaité par les occidentaux en vue de son instrumentalisation contre la Syrie et le Hezbollah.
Rafic Hariri était un ancien premier lorsqu’il a été assassiné, de même que Benazir Bhutto, au Pakistan. Le libanais sunnite a eu droit à un tribunal international et pas la pakistanaise chiite. Sur le plan proprement libanais, le prédécesseur libanais de Rafic Hariri, Rachid Karamé (Tripoli), a été assassiné, lui, dans l’exercice de ses fonctions de premier ministre, sans bénéficier de l’attention de la justice internationale.
Le statut de Rome a été ratifié le 17 juillet1998 habilitant la Cour Pénale Internationale à se saisir des «crimes contre l’humanité, crimes de génocide et des crimes de guerre». Il n’a pas qualité pour les crimes individuels. Il n’a été ratifié ni par les Etats-Unis, ni par Israël, les deux pays les plus impliqués, paradoxalement, dans le fonctionnement du Tribunal Spécial sur le Liban.
L’internationalisation d’un crime interne, s’agissant de l’assassinat d’une personnalité n’exerçant aucune responsabilité internationale, et d’un crime commis sur le territoire d’un état souverain dont la victime en est le ressortissant, de même que l’instrumentalisation de cette justice à des fins politiques, placent le Liban sous un mandat de facto des puissances occidentales, à la merci d’un chantage permanent, occultant le débat sur le passif de l’ère Hariri, qui hypothèque, lui l’avenir du Liban, à savoir
-Une dette publique de cinquante milliards de dollars
-Une évaporation de recettes du ministère des finances de l’ordre de quinze milliards de dollars, sous le gouvernement du tandem Hariri-Siniora.
-Trente millions de m2 de superficie du territoire libanais vendus à des inconnus, vraisemblablement à des investisseurs originaires des pétromonarchies du Golfe, en infraction avec la législation du pays.
-Près de deux cent mille naturalisés sunnites entrainant un bouleversement de l’équilibre démographique du pays dont le système politique repose sur une répartition confessionnelle du pouvoir.
II- Un enquêteur soudoyé
Dans une allocution télévisée dimanche 3 juillet 2011, Cheikh Hassan Nasrallah a fait diffuser une séquence vidéo montrant un des enquêteurs internationaux, l’Allemand Gerhard Lehman, vice-président de la commission d’enquête monnayant ses informations, entrain d’empocher une somme d’argent.
Daniel Bellemare, de son côté, a personnellement œuvré à la levée de la Note rouge placée sur Mohammad Zouheir Siddiq auprès d’Interpol, annulant ainsi les poursuites engagées contre lui en sa qualité de «faux témoin» du procès. Ancien garde de corps d’un opposant notoire au régime de Damas, le général Rifa’at Al Assad, l propre oncle paternel du président Bachar al Assad, Siddiq résiderait au Caire sus la protection des services égyptiens.
Les notes Wikileaks ont révélé des rencontres périodiques entre les enquêteurs internationaux et l’ambassade américaine à Beyrouth visant à obtenir des instructions sur le cheminement de l’enquête.
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