Hamid Chabat : Tous les cabinets ministériels sont réservés à la famille El Fassi
Lakome : Comment évaluez-vous ce 16e Congrès du parti de l’Istiqlal, qui s’est achevé sans élire le Comité exécutif (CE) ni le Secrétaire général (SG) :
Hamid Chabat : A mon sens, ce Congrès a été une réussite, et je peux même dire que c’est le premier véritable congrès, à la différence des précédents qui se caractérisaient par les consensus éternels et les candidatures uniques au SG. Ce Congrès est aussi particulier parce qu’il s’est tenu dans un environnement marqué par la nouvelle constitution et un gouvernement issu des urnes, en pleine contestation sociale et face à une incapacité de ce gouvernement à honorer plusieurs engagements pris par son prédécesseur ; les travaux du Congrès se sont déroulés dans une ambiance normale, avec des débats et des critiques, et toutes les commissions se sont tenues d’une façon très ordinaire, à l’exception de celle des statuts qui était bancale depuis sa formation par la Commission préparatoire du Congrès.
Lakome : Vos partisans ont pourtant participé au blocage de cette commission et à l’exclusion de son président…
HC : Le président de la commission n’a pas réussi à faire passer les amendements proposés avant le Congrès. Les recommandations ont été soumises donc sans leur adoption. Mais quand la présidence de la Commission a été confiée à un de nos jeunes, qui est Hassan Filah, les amendements ont tous été votés à la majorité absolue, parfois à l’unanimité.
Lakome : Peut-on dire qu’Hamid Chabat a perturbé l’action de la direction du parti concernant le consensus sur le nom d’un candidat unique, émanant de la famille el Fassi ?
HC : Ainsi que je l’ai dit, ce sont l’ensemble des Istiqlaliens qui ont décidé de rompre avec cette culture du candidat unique, et des arrangements préalables ; cela est dû à l’arrivée d’un grand nombre de jeunes au Congrès. Tout a été discuté, propositions et recommandations, car ces jeunes veulent insuffler un sang neuf à ce parti vieux aujourd’hui de 80 ans. Les jeunes veulent du changement, parce que le monde autour d’eux, autour de nous, change.
Lakome : Pourquoi n’avez-vous déclaré votre candidature au poste de SG que deux jours seulement avant l’ouverture des travaux du Congrès ?
HC : Ma candidature est à été annoncée au moment opportun, devant le CE du parti. J’ai décidé de retenir ce timing, après la tenue des congrès provinciaux parce que, dans le cas contraire, ces congrès auraient été perturbés car on ne parlait alors que de la candidature unique d’Abdelouahed el Fassi qui a mené sa campagne électorale en effectuant des visites dans toutes les régions du pays. Ma décision de me porter candidat est intervenue suite à la pression des bases qui souhaitent un SG fort. Or, mon parcours dans le parti et mon passage dans toutes ses structures et organisations (Jeunesse, syndicat…) ont fait de Chabat le candidat « charismatique » du parti. Le temps des arrangements et des consensus est bel et bien révolu, et l’heure de la démocratie interne a sonné. J’ai donc présenté mon programme qui s’articule autour de trois axes fondamentaux qui sont la préservation du patrimoine culturel et historique hérité des Anciens, la réécriture de l’histoire du Maroc selon une méthodologie nouvelle et la création de commissions qui examineront le patrimoine foncier du parti, sa gestion financière et évalueront l’action des ministres du parti.
Lakome : Des rumeurs circulent autour de votre désistement, ainsi que celui d’Abdelouahed el Fassi, en faveur d’un troisième homme, qui serait le candidat consensuel…
HC : En effet, une commission de cinq membres s’est formée, avec Taoufik Hejira, Karim Ghellab, Abdessamad Qayyouh, représentant les ministres, Noureddine Mediane, le chef du groupe à la Chambre des Représentants et Mohamed Ansari, son homologue à la Chambre des Conseillers ; cette commission a pour mission de gérer cette phase de l’élection du SG, et s’est réunie avec le Conseil de la présidence, avec Abdelouahed el Fassi et avec moi-même ; j’ai déclaré devant cette commission mon refus du candidat unique et j’ai insisté sur le fait d’avoir une pluralité de candidats.
Lakome : Vous avez estimé que le différend entre Abbas el Fassi et Mohamed Louafa était familial et que vous ne pouviez vous y impliquer pour cette raison. Comment expliquez-vous cela et pourquoi refusez-vous d’en parler ?
HC : Ce conflit est effectivement familial et je refuse d’y prendre position car il ne concerne ni la politique ni le parti. Je le répète, cette histoire est familiale et je souhaite qu’ils trouvent un arrangement entre eux et que cette famille reste unie.
Lakome : Mohamed Louafa a déclaré qu’il était parvenu à un accord avec vous et votre challenger sur le retrait de votre candidature à vous deux et la proposition d’un 3e candidat…
HC : J’ai dit mon avis lors de la réunion du CE qui s’est tenue la veille du Congrès au domicile d’Abbas el Fassi, l’actuel SG. J’ai été surpris d’y entendre Abbas y annoncer mon retrait de candidature, et j’ai démenti ce fait devant l’assistance car ma décision a été prise suite à un accord avec les bases. J’ai ensuite insisté sur le fait que si je me retirais, c’était tout le Congrès qui était menacé d’implosion.
Lakome : Comment expliquez-vous ce conflit entre Abbas el Fassi et Louafa, sachant que le premier a soutenu la candidature du second au gouvernement, si l’on en croit les bruits qui avaient circulé alors ?
HC : C’est effectivement Abbas el Fassi qui a proposé le nom de son parent, ce qui avait crée des remous au sein du parti. D’une manière générale, la gestion de la participation de l’Istiqlal au gouvernement et le choix des noms avaient créé un problème au sein du parti, et à l’extérieur aussi car de graves erreurs avaient alors été commises, suivies par d’autres fautes, encore plus grandes, durant la nomination des membres des cabinets ministériels qui ont été réservés à la famille « el Fassi ». C’est grave, très grave… 90 % des ces postes au sein des cabinets ont été réservés pour satisfaire cette famille, et cela s’est poursuivi lors du Congrès, et s’est reflété à travers les promesses faites à nombre de congressistes quant à leurs nominations dans les cabinets ou à d’autres hautes fonctions.
Lakome : Louafa n’a pas dit autre chose que vous, quand il a critiqué la domination de la famille el Fassi au sein du parti…
HC : Louafa appartient à cette famille, ce qui fait de son conflit avec Abbas el Fassi une affaire familiale. J’avais quant à moi déclaré que le temps du parti de la famille était révolu et qu’il fallait aujourd’hui mettre en place un parti institutionnel, car d’autres grandes organisations se sont effondrées dans un temps très court du fait de la domination de familles et de la consécration du principe du parti unique. Nous, à l’Istiqlal, nous voulons le parti démocratique.
Lakome : Que pensez-vous de l’implication du roi dans la question de la désignation du SG ?
HC : Cela est très grave, et comme le disent les Egyptiens, « un enfantillage ». Le roi est au-dessus de tout cela, surtout avec la nouvelle constitution, la protestation populaire en terres arabe et marocaine. Personnellement, je doute de l’implication du roi car je n’ai rien senti de tel, ni de la part des walis ni de celle des conseillers royaux avec lesquels j’entretiens une relation d’amitié et de respect. Ceux qui veulent impliquer le roi dans nos affaires sont à mon sens en dehors de l’histoire.
Lakome : Vous avez ouvert plusieurs fronts intérieurs et extérieurs, comme avec le PAM, et jusqu’au gouvernement dont votre parti est pourtant membre et allié. Serait-ce là une réaction aux pressions exercées sur vous à travers les ennuis judiciaires de vos fils ? Ne craignez-vous pas de payer le prix de tous ces combats que vous engagez dans toutes les directions ?
HC : Le militantisme, il faut être prêt à en payer le prix. C’est cela le service de la nation et je suis prêt à en subir les conséquences. Un homme qui n’est pas prêt au sacrifice n’atteint pas son objectif ; je suis un combattant et, à ce titre, je suis prêt à tout. Je sais que je suis visé car le nom de Chabat dérange : je suis en effet présent et actif sur la scène syndicale et politique et mes sorties médiatiques sont marquées par l’audace que vous savez. J’ai été le seul qui s’était dressé contre le parti majoritaire, le PAM, dont l’objectif était de triompher de toutes les autres forces politiques.
Quant à ce qui concerne les affaires judiciaires d’Hamid Chabat, elles ne datent pas d’aujourd’hui. Seul le timing change, pour différentes raisons ; tout cela a commencé en 2009, lors de la création du PAM. Les attaques et poursuites contre mes fils sont dirigées en fait contre moi afin que je ne déclare pas ma candidature au SG du parti et parce que je conduis un mouvement réformateur au sein de l’Istiqlal. Aussi, les dossiers contre mes fils sont des dossiers montés de toutes pièces. Ainsi donc pour mon cadet Nidal et son histoire de carte grise, ce document lui avait été remis légalement et son véhicule est légal. Je dis à mes adversaires de faire la distinction entre Chabat et ses fils, éduqués dans une famille militante ; ma femme a été la première militante arrêtée après les évènements du 14 décembre au cours desquels mon aîné avait également été arrêté et battu alors qu’il n’était alors âgé que de 10 ans.
Lakome : Comment évaluez-vous ce 16e Congrès du parti de l’Istiqlal, qui s’est achevé sans élire le Comité exécutif (CE) ni le Secrétaire général (SG) :
Hamid Chabat : A mon sens, ce Congrès a été une réussite, et je peux même dire que c’est le premier véritable congrès, à la différence des précédents qui se caractérisaient par les consensus éternels et les candidatures uniques au SG. Ce Congrès est aussi particulier parce qu’il s’est tenu dans un environnement marqué par la nouvelle constitution et un gouvernement issu des urnes, en pleine contestation sociale et face à une incapacité de ce gouvernement à honorer plusieurs engagements pris par son prédécesseur ; les travaux du Congrès se sont déroulés dans une ambiance normale, avec des débats et des critiques, et toutes les commissions se sont tenues d’une façon très ordinaire, à l’exception de celle des statuts qui était bancale depuis sa formation par la Commission préparatoire du Congrès.
Lakome : Vos partisans ont pourtant participé au blocage de cette commission et à l’exclusion de son président…
HC : Le président de la commission n’a pas réussi à faire passer les amendements proposés avant le Congrès. Les recommandations ont été soumises donc sans leur adoption. Mais quand la présidence de la Commission a été confiée à un de nos jeunes, qui est Hassan Filah, les amendements ont tous été votés à la majorité absolue, parfois à l’unanimité.
Lakome : Peut-on dire qu’Hamid Chabat a perturbé l’action de la direction du parti concernant le consensus sur le nom d’un candidat unique, émanant de la famille el Fassi ?
HC : Ainsi que je l’ai dit, ce sont l’ensemble des Istiqlaliens qui ont décidé de rompre avec cette culture du candidat unique, et des arrangements préalables ; cela est dû à l’arrivée d’un grand nombre de jeunes au Congrès. Tout a été discuté, propositions et recommandations, car ces jeunes veulent insuffler un sang neuf à ce parti vieux aujourd’hui de 80 ans. Les jeunes veulent du changement, parce que le monde autour d’eux, autour de nous, change.
Lakome : Pourquoi n’avez-vous déclaré votre candidature au poste de SG que deux jours seulement avant l’ouverture des travaux du Congrès ?
HC : Ma candidature est à été annoncée au moment opportun, devant le CE du parti. J’ai décidé de retenir ce timing, après la tenue des congrès provinciaux parce que, dans le cas contraire, ces congrès auraient été perturbés car on ne parlait alors que de la candidature unique d’Abdelouahed el Fassi qui a mené sa campagne électorale en effectuant des visites dans toutes les régions du pays. Ma décision de me porter candidat est intervenue suite à la pression des bases qui souhaitent un SG fort. Or, mon parcours dans le parti et mon passage dans toutes ses structures et organisations (Jeunesse, syndicat…) ont fait de Chabat le candidat « charismatique » du parti. Le temps des arrangements et des consensus est bel et bien révolu, et l’heure de la démocratie interne a sonné. J’ai donc présenté mon programme qui s’articule autour de trois axes fondamentaux qui sont la préservation du patrimoine culturel et historique hérité des Anciens, la réécriture de l’histoire du Maroc selon une méthodologie nouvelle et la création de commissions qui examineront le patrimoine foncier du parti, sa gestion financière et évalueront l’action des ministres du parti.
Lakome : Des rumeurs circulent autour de votre désistement, ainsi que celui d’Abdelouahed el Fassi, en faveur d’un troisième homme, qui serait le candidat consensuel…
HC : En effet, une commission de cinq membres s’est formée, avec Taoufik Hejira, Karim Ghellab, Abdessamad Qayyouh, représentant les ministres, Noureddine Mediane, le chef du groupe à la Chambre des Représentants et Mohamed Ansari, son homologue à la Chambre des Conseillers ; cette commission a pour mission de gérer cette phase de l’élection du SG, et s’est réunie avec le Conseil de la présidence, avec Abdelouahed el Fassi et avec moi-même ; j’ai déclaré devant cette commission mon refus du candidat unique et j’ai insisté sur le fait d’avoir une pluralité de candidats.
Lakome : Vous avez estimé que le différend entre Abbas el Fassi et Mohamed Louafa était familial et que vous ne pouviez vous y impliquer pour cette raison. Comment expliquez-vous cela et pourquoi refusez-vous d’en parler ?
HC : Ce conflit est effectivement familial et je refuse d’y prendre position car il ne concerne ni la politique ni le parti. Je le répète, cette histoire est familiale et je souhaite qu’ils trouvent un arrangement entre eux et que cette famille reste unie.
Lakome : Mohamed Louafa a déclaré qu’il était parvenu à un accord avec vous et votre challenger sur le retrait de votre candidature à vous deux et la proposition d’un 3e candidat…
HC : J’ai dit mon avis lors de la réunion du CE qui s’est tenue la veille du Congrès au domicile d’Abbas el Fassi, l’actuel SG. J’ai été surpris d’y entendre Abbas y annoncer mon retrait de candidature, et j’ai démenti ce fait devant l’assistance car ma décision a été prise suite à un accord avec les bases. J’ai ensuite insisté sur le fait que si je me retirais, c’était tout le Congrès qui était menacé d’implosion.
Lakome : Comment expliquez-vous ce conflit entre Abbas el Fassi et Louafa, sachant que le premier a soutenu la candidature du second au gouvernement, si l’on en croit les bruits qui avaient circulé alors ?
HC : C’est effectivement Abbas el Fassi qui a proposé le nom de son parent, ce qui avait crée des remous au sein du parti. D’une manière générale, la gestion de la participation de l’Istiqlal au gouvernement et le choix des noms avaient créé un problème au sein du parti, et à l’extérieur aussi car de graves erreurs avaient alors été commises, suivies par d’autres fautes, encore plus grandes, durant la nomination des membres des cabinets ministériels qui ont été réservés à la famille « el Fassi ». C’est grave, très grave… 90 % des ces postes au sein des cabinets ont été réservés pour satisfaire cette famille, et cela s’est poursuivi lors du Congrès, et s’est reflété à travers les promesses faites à nombre de congressistes quant à leurs nominations dans les cabinets ou à d’autres hautes fonctions.
Lakome : Louafa n’a pas dit autre chose que vous, quand il a critiqué la domination de la famille el Fassi au sein du parti…
HC : Louafa appartient à cette famille, ce qui fait de son conflit avec Abbas el Fassi une affaire familiale. J’avais quant à moi déclaré que le temps du parti de la famille était révolu et qu’il fallait aujourd’hui mettre en place un parti institutionnel, car d’autres grandes organisations se sont effondrées dans un temps très court du fait de la domination de familles et de la consécration du principe du parti unique. Nous, à l’Istiqlal, nous voulons le parti démocratique.
Lakome : Que pensez-vous de l’implication du roi dans la question de la désignation du SG ?
HC : Cela est très grave, et comme le disent les Egyptiens, « un enfantillage ». Le roi est au-dessus de tout cela, surtout avec la nouvelle constitution, la protestation populaire en terres arabe et marocaine. Personnellement, je doute de l’implication du roi car je n’ai rien senti de tel, ni de la part des walis ni de celle des conseillers royaux avec lesquels j’entretiens une relation d’amitié et de respect. Ceux qui veulent impliquer le roi dans nos affaires sont à mon sens en dehors de l’histoire.
Lakome : Vous avez ouvert plusieurs fronts intérieurs et extérieurs, comme avec le PAM, et jusqu’au gouvernement dont votre parti est pourtant membre et allié. Serait-ce là une réaction aux pressions exercées sur vous à travers les ennuis judiciaires de vos fils ? Ne craignez-vous pas de payer le prix de tous ces combats que vous engagez dans toutes les directions ?
HC : Le militantisme, il faut être prêt à en payer le prix. C’est cela le service de la nation et je suis prêt à en subir les conséquences. Un homme qui n’est pas prêt au sacrifice n’atteint pas son objectif ; je suis un combattant et, à ce titre, je suis prêt à tout. Je sais que je suis visé car le nom de Chabat dérange : je suis en effet présent et actif sur la scène syndicale et politique et mes sorties médiatiques sont marquées par l’audace que vous savez. J’ai été le seul qui s’était dressé contre le parti majoritaire, le PAM, dont l’objectif était de triompher de toutes les autres forces politiques.
Quant à ce qui concerne les affaires judiciaires d’Hamid Chabat, elles ne datent pas d’aujourd’hui. Seul le timing change, pour différentes raisons ; tout cela a commencé en 2009, lors de la création du PAM. Les attaques et poursuites contre mes fils sont dirigées en fait contre moi afin que je ne déclare pas ma candidature au SG du parti et parce que je conduis un mouvement réformateur au sein de l’Istiqlal. Aussi, les dossiers contre mes fils sont des dossiers montés de toutes pièces. Ainsi donc pour mon cadet Nidal et son histoire de carte grise, ce document lui avait été remis légalement et son véhicule est légal. Je dis à mes adversaires de faire la distinction entre Chabat et ses fils, éduqués dans une famille militante ; ma femme a été la première militante arrêtée après les évènements du 14 décembre au cours desquels mon aîné avait également été arrêté et battu alors qu’il n’était alors âgé que de 10 ans.
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