Syrie : La guerre pour le gaz
Le premier plan, publiquement déclaré et maintes fois évoqué mais superbement ignoré par les prétendus humanitaires ou humanistes… correspond au plan sioniste dit d’Oded Yinon et intitulé « Stratégie pour Israël dans les années 80 ». Plan adopté par les néoconservateurs de tout bord pour un « Nouveau Moyen-Orient » recolonisé à souhait. Plan mis en échec en 1982 par Hafez el-Assad… mais plan remis à l’ordre du jour aujourd’hui. Le deuxième plan correspond à une ambition encore plus vaste, puisqu’il ne se contente plus de fabriquer son « Grand Moyen-Orient », mais vise la « Grande Asie centrale ». Et, la Syrie n’est plus que la pièce de domino dont la déstabilisation, la dislocation, voire la disparition offrirait la victoire aux gagnants.
Mouna Alno-Nakhal
Jeudi 2 Août 2012
C’est donc au tour de la Syrie d’être outragée, brisée, martyrisée… et hélas calomniée. La très grande majorité des syriens sont meurtris par cette guerre impitoyable qui ne dit pas son nom mais qui tous les jours, depuis 13 mois, invente et met en scène des mensonges qui dépassent l’entendement et autorisent, pour ne pas dire bénissent, les crimes inouïs perpétrés sur cette terre fertilisée par des siècles de créativité, de savoir et de croyances, mais aussi par le sang de tous les syriens massacrés par toutes sortes d’envahisseurs : rois, princes, barbares… venus d’ailleurs. Puisse cette traduction d’une réflexion du Dr Imad Fawzi Shueibi, citoyen syrien, ouvrir les yeux de ceux qui ne veulent pas voir et le cœur et l’esprit de ceux qui ne veulent pas entendre. Les autres suivront parce que c’est la vérité ! [NdT].
Cibler la Syrie, n'a jamais été bien loin de la bataille pour le gaz dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier. À un moment où semble exister un effondrement de la zone euro accompagné d'une crise économique extrêmement grave qui a conduit les Etats-Unis à être endettés de 14,94 milliards de dollars, c'est à dire, 99,6% du PIB, et où leur influence est au plus bas face à des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil ; il est devenu très clair que le potentiel du pouvoir ne réside plus dans l'arsenal militaire nucléaire, mais plutôt là où se trouvent les ports d’exportation de l'énergie. Et, c’est ce qui explique le mieux la bataille russo-américaine.
Après la chute de l'Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l'armement les avait épuisés surtout en l'absence de sources d'énergie nécessaires à tout pays industrialisé, alors que la présence des USA dans les zones pétrolières depuis des décades leur avait permis de se développer et de décider de la politique internationale sans trop de difficultés. Par conséquent, les Russes se tournèrent vers les sources d'énergie, aussi bien de pétrole que de gaz. Mais le secteur pétrolier, vu sa répartition internationale, n’étant plus très porteur du point de vue concurrence, Moscou décida de miser sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle.
Le coup d’envoi fut donné en 1995, lorsque Poutine décida de la stratégie de Gazprom Co. en partant des zones gazières de la Russie vers l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, l'Iran [pour la commercialisation], puis le Moyen-Orient. Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront dans l’Histoire de l’insigne mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l'arène internationale et peser sur l'économie européenne qui dépendra, pendant des décennies, du gaz comme alternative au pétrole ou des deux sources à la fois, avec cependant une nette priorité pour le gaz. À ce stade, il était devenu urgent pour Washington de créer un projet équivalent, le projet Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et disposer des ressources qui détermineront la stratégie et la politique du siècle à venir.
Le gaz est donc la principale source d'énergie en ce XXIe siècle, que ce soit comme solution de rechange au pétrole en raison de la diminution des réserves, ou comme source d'énergie propre. Par conséquent, le contrôle des zones gazières du monde par les différentes puissances anciennes ou émergentes est à la base d'un conflit international dont la manifestation est régionale.
Carte du tracé de Nabuco
De toute évidence, la Russie a bien lu les cartes et a bien retenu la leçon concernant son effondrement faute de sources d’énergie qui n’étaient pas contrôlées par l’URSS, mais qui n’en demeurent pas moins indispensables pour nourrir les secteurs industriels de tous les pays.
Une première lecture indique que le gaz se trouve dans les zones suivantes :
1. Russie, à partir de Vyborg et Beregvya
2. Turkménistan
3. Azerbaïdjan et Iran
4. Géorgie
5. Syrie et Liban
6. Qatar et Egypte.
Moscou s’est hâtée de travailler sur deux axes stratégiques: le premier consistant en la mise en place d’un projet russo-chinois misant sur la croissance économique du Bloc Shanghai ; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C’est ainsi qu’elle jeta les bases des deux projets [South Stream et Nord Stream] dans l’intention de faire face au projet Nabucco des USA [soutenu par l’Europe] qui visait le gaz de la mer Noire et de l'Azerbaïdjan. S’ensuivit une course stratégique entre les deux pour le contrôle de l'Europe et des ressources de gaz :
Le projet de gazoduc Nabucco se concentre en Asie centrale, en mer Noire et ses environs. Ses lieux de stockage sont en Turquie, alors que son trajet commence en Bulgarie, traverse Roumanie, Hongrie, République Tchèque, Croatie, Slovénie et Italie. Il devait passer à travers la Grèce, mais cette idée a été abandonnée au profit de la Turquie.
Le projet Nord Stream relie directement la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique vers Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Bielorussie.
Le projet South Stream commence en Russie et se dirige vers la mer Noire et la Bulgarie, passe ensuite par la Grèce, puis par le sud de l'Italie, la Hongrie et l'Autriche.
Le projet Nabucco était censé concurrencer les deux projets russes, mais en raison de problèmes techniques, il a été repoussé à 2017, alors qu’il était programmé pour 2014. Actuellement, l’avantage de la bataille du gaz est donc en faveur de la Russie, d’où pour les USA la nécessité de s’assurer des zones gazières supplémentaires :
Le gaz iranien pour alimenter le gazoduc Nabucco qui passerait en Géorgie [et en Azerbaïdjan, si possible] pour atteindre le point de rencontre à Erzurum, en Turquie.
Le premier plan, publiquement déclaré et maintes fois évoqué mais superbement ignoré par les prétendus humanitaires ou humanistes… correspond au plan sioniste dit d’Oded Yinon et intitulé « Stratégie pour Israël dans les années 80 ». Plan adopté par les néoconservateurs de tout bord pour un « Nouveau Moyen-Orient » recolonisé à souhait. Plan mis en échec en 1982 par Hafez el-Assad… mais plan remis à l’ordre du jour aujourd’hui. Le deuxième plan correspond à une ambition encore plus vaste, puisqu’il ne se contente plus de fabriquer son « Grand Moyen-Orient », mais vise la « Grande Asie centrale ». Et, la Syrie n’est plus que la pièce de domino dont la déstabilisation, la dislocation, voire la disparition offrirait la victoire aux gagnants.
Mouna Alno-Nakhal
Jeudi 2 Août 2012

C’est donc au tour de la Syrie d’être outragée, brisée, martyrisée… et hélas calomniée. La très grande majorité des syriens sont meurtris par cette guerre impitoyable qui ne dit pas son nom mais qui tous les jours, depuis 13 mois, invente et met en scène des mensonges qui dépassent l’entendement et autorisent, pour ne pas dire bénissent, les crimes inouïs perpétrés sur cette terre fertilisée par des siècles de créativité, de savoir et de croyances, mais aussi par le sang de tous les syriens massacrés par toutes sortes d’envahisseurs : rois, princes, barbares… venus d’ailleurs. Puisse cette traduction d’une réflexion du Dr Imad Fawzi Shueibi, citoyen syrien, ouvrir les yeux de ceux qui ne veulent pas voir et le cœur et l’esprit de ceux qui ne veulent pas entendre. Les autres suivront parce que c’est la vérité ! [NdT].
Cibler la Syrie, n'a jamais été bien loin de la bataille pour le gaz dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier. À un moment où semble exister un effondrement de la zone euro accompagné d'une crise économique extrêmement grave qui a conduit les Etats-Unis à être endettés de 14,94 milliards de dollars, c'est à dire, 99,6% du PIB, et où leur influence est au plus bas face à des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil ; il est devenu très clair que le potentiel du pouvoir ne réside plus dans l'arsenal militaire nucléaire, mais plutôt là où se trouvent les ports d’exportation de l'énergie. Et, c’est ce qui explique le mieux la bataille russo-américaine.
Après la chute de l'Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l'armement les avait épuisés surtout en l'absence de sources d'énergie nécessaires à tout pays industrialisé, alors que la présence des USA dans les zones pétrolières depuis des décades leur avait permis de se développer et de décider de la politique internationale sans trop de difficultés. Par conséquent, les Russes se tournèrent vers les sources d'énergie, aussi bien de pétrole que de gaz. Mais le secteur pétrolier, vu sa répartition internationale, n’étant plus très porteur du point de vue concurrence, Moscou décida de miser sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle.
Le coup d’envoi fut donné en 1995, lorsque Poutine décida de la stratégie de Gazprom Co. en partant des zones gazières de la Russie vers l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, l'Iran [pour la commercialisation], puis le Moyen-Orient. Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront dans l’Histoire de l’insigne mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l'arène internationale et peser sur l'économie européenne qui dépendra, pendant des décennies, du gaz comme alternative au pétrole ou des deux sources à la fois, avec cependant une nette priorité pour le gaz. À ce stade, il était devenu urgent pour Washington de créer un projet équivalent, le projet Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et disposer des ressources qui détermineront la stratégie et la politique du siècle à venir.
Le gaz est donc la principale source d'énergie en ce XXIe siècle, que ce soit comme solution de rechange au pétrole en raison de la diminution des réserves, ou comme source d'énergie propre. Par conséquent, le contrôle des zones gazières du monde par les différentes puissances anciennes ou émergentes est à la base d'un conflit international dont la manifestation est régionale.

De toute évidence, la Russie a bien lu les cartes et a bien retenu la leçon concernant son effondrement faute de sources d’énergie qui n’étaient pas contrôlées par l’URSS, mais qui n’en demeurent pas moins indispensables pour nourrir les secteurs industriels de tous les pays.
Une première lecture indique que le gaz se trouve dans les zones suivantes :
1. Russie, à partir de Vyborg et Beregvya
2. Turkménistan
3. Azerbaïdjan et Iran
4. Géorgie
5. Syrie et Liban
6. Qatar et Egypte.
Moscou s’est hâtée de travailler sur deux axes stratégiques: le premier consistant en la mise en place d’un projet russo-chinois misant sur la croissance économique du Bloc Shanghai ; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C’est ainsi qu’elle jeta les bases des deux projets [South Stream et Nord Stream] dans l’intention de faire face au projet Nabucco des USA [soutenu par l’Europe] qui visait le gaz de la mer Noire et de l'Azerbaïdjan. S’ensuivit une course stratégique entre les deux pour le contrôle de l'Europe et des ressources de gaz :
Le projet de gazoduc Nabucco se concentre en Asie centrale, en mer Noire et ses environs. Ses lieux de stockage sont en Turquie, alors que son trajet commence en Bulgarie, traverse Roumanie, Hongrie, République Tchèque, Croatie, Slovénie et Italie. Il devait passer à travers la Grèce, mais cette idée a été abandonnée au profit de la Turquie.
Le projet Nord Stream relie directement la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique vers Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Bielorussie.
Le projet South Stream commence en Russie et se dirige vers la mer Noire et la Bulgarie, passe ensuite par la Grèce, puis par le sud de l'Italie, la Hongrie et l'Autriche.
Le projet Nabucco était censé concurrencer les deux projets russes, mais en raison de problèmes techniques, il a été repoussé à 2017, alors qu’il était programmé pour 2014. Actuellement, l’avantage de la bataille du gaz est donc en faveur de la Russie, d’où pour les USA la nécessité de s’assurer des zones gazières supplémentaires :
Le gaz iranien pour alimenter le gazoduc Nabucco qui passerait en Géorgie [et en Azerbaïdjan, si possible] pour atteindre le point de rencontre à Erzurum, en Turquie.
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