L’“effet-Dempsey”
Vendredi 7 Septembre 2012
Il n’est pas assuré que les déclarations (voir le 31 août 2012) du général Dempsey, président du comité des chefs d’état-major des forces armées US, toutes fermes sinon violentes qu’elles soient, soient pour autant exceptionnelles et sans exemple. Après tout, le comportement de l’US Navy et de certains amiraux, notamment l’amiral Fallon, notamment au cours de l’année 2007 et toujours dans le cas iranien, avec des initiatives relevant de l’insubordination à peine déguisée pour empêcher toute possibilité d’attaque contre l’Irak (voir notamment le 17 mai 2007, le 18 juillet 2007 et le 13 septembre 2007), présentent sans aucun doute les mêmes caractères de gravité et d’exceptionnalité. Nous dirions plutôt que Dempsey tombe à son heure, d’ailleurs figurant dans un courant nouveau du système de la communication à Washington (plutôt qu’un “courant d’opinion”). D’où l’écho extraordinaire de ses déclarations.
Le cas du général Dempsey est salué avec enthousiasme par Justin Raimondo, sur Antiwar.com le 5 septembre 2012. La date est importante : la chronique de Raimondo paraît presque une semaine après les déclarations de Dempsey (elles-mêmes présentées sur Antiwar.com le 31 août 2012). Cela indique que le commentateur, qui est d’habitude très rapide à réagir à l’événement, a réagi encore plus à l’effet des déclarations de Dempsey, qu’il analyse pourtant pour ce qu’elles sont, qu’à ces déclarations elles-mêmes.
«Le président des Etats-Unis n'a peut-être pas les cojones (couilles, ndt) de s'opposer au premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mais le président du comité des chefs d'état-major lui les a --et il ne s'en prive pas!
»Quand le général Martin Dempsey a dit aux reporters britanniques qu'il ne voulait pas que les Etats-Unis soient "complices" d'une attaque israélienne contre l'Iran, les copains de Tel Aviv ont été complètement sonnés. Cela faisait des semaines que Netanyahu et Cie racontaient à qui voulait les entendre que les Etats-Unis n'avaient pas d'autre choix que de se laisser entraîner dans une autre guerre régionale au cas où les Israéliens attaqueraient Téhéran : et cela d'un ton presque jubilatoire. En l'absence d'une réponse claire de la part de la Maison Blanche, on avait l'impression que les Israéliens nous avaient coincés : le géant américain semblait impuissant en face des habiles manipulations du pygmée israélien. C'est alors qu'est arrivé Dempsey dont la déclaration a fait voler en éclat le menaçant chantage israélien --et a jeté la panique dans le gouvernement de Netanyahu… […]
»"La déclaration de Dempsey a changé quelque chose" -- c'est l'euphémisme de l'année. Et peut-être de la décennie. Parce que c'est la première fois depuis l'époque de George Herbert Walker Bush qu'une personnalité majeure remet ce Sale Petit Pays à sa place. Cela fait des mois que les Israéliens se conduisent comme s'ils étaient une superpuissance et nous, une toute petite chose entièrement dépendante de la générosité de son bienfaiteur --et de son infinie patience.
»Peut-être pas si infinie que ça d'ailleurs, du moins pour ce qui concerne l'armée étasunienne. Vous vous souvenez sans doute qu'avant l'invasion de l'Irak, de nombreux officiers de haut rang avaient dénoncé publiquement la folie de croire que nous pouvions transformer ce pays en une banlieue américaine en l'envahissant. Ils ont dénoncé la sous-estimation des forces armées et des autres ressources nécessaires à une occupation de longue durée et les néoconservateurs leur ont dit de retourner dans leurs casernes.
»Ils n'aiment pas beaucoup Dempsey et après ça ils l'aimeront encore moins : à leurs yeux, il est juste un instrument de l'administration Obama. Si c'est vrai que le général Dempsey parle au nom de la Maison Blanche, et si le président des Etats-Unis ne peut plus parler en son nom propre et de sa propre autorité d'un sujet aussi vital que notre sécurité nationale, n'est-on pas tombé bien bas ? Quel témoignage du pouvoir du Lobby Israélien! Ce n'est pas mal pour un groupe de pression qui n'est même pas censé exister..."
Plus loin, Raimondo revient sur les motifs du général Dempsey et argumente qu’il parle également au nom des militaires, qui ne veulent absolument pas d’un nouveau conflit, et certainement pas avec l’Iran (dans ce cas également, c’est bien la partie “iranienne” du propos de Dempsey qui retient toute l’attention, alors que ce qu’il dit sur la Syrie est au moins aussi important). On en revient effectivement à l’analyse selon laquelle Dempsey a agi, moitié pour les militaires, moitié et implicitement pour le président. (Nous-mêmes, le 31 août 2012 : «DEBKAFiles estime que Dempsey a agi directement suivant les consignes de la Maison-Blanche, pour qu’Obama se débarrasse une fois pour toutes de l’acharnement israélien à l’entraîner contre l’Iran. Nous ne souscririons pas à 100% à cette version, qui renvoie un peu trop à la haine farouche anti-Obama des Israéliens extrémistes, tout en envisageant qu’elle soit à moitié vraie, à moitié fausse ; c’est-à-dire l’idée que Dempsey, sans agir sur consigne expresse de la Maison-Blanche, aille tout de même dans le sens de ce qui arrange la Maison-Blanche. D’une façon plus assurée, nous penserions volontiers que Dempsey exprime surtout l’exaspération des militaires US, confrontés à des myriades de problèmes internes, toujours engagés en Afghanistan, et qui ne tiennent absolument pas à engager une nouvelle campagne majeure alors que leurs moyens et leurs forces sont à bout de souffle…»)
Raimondo enrage, à côté de cela, à propos de la “plate-forme” du parti démocrate, qui reprend les thèses pro-israéliennes de la culpabilité de l’Iran, de la menace iranienne, et toute la litanie à ce propos. Pourtant, il omet de signaler, ou plutôt la chose ne lui était pas encore connue lorsqu’il écrivit sa chronique, qu’un incident considéré comme gravissime par le conformisme-Système a marqué les dernières retouches de cette “plate-forme”. Comme le rapporte notamment The Times of Israel, le 6 septembre 2012, on s’aperçut au dernier moment que cette “plate-forme” ne contenait pas l’affirmation sacrée que Jérusalem est la capitale d’Israël : « La plate-forme contient encore beaucoup de thèses pro-israéliennes mais les Démocrates ont enlevé la mention de Jérusalem comme la capitale d'Israël, ils ont supprimé la demande que les Palestiniens retournent dans la future Palestine au lieu de rentrer en Israël et d'autres choses encore. La chose a vite circulé sur les blogs politiques et dans les principaux journaux étasuniens. Dès mardi soir, les Démocrates avaient un véritable crise sur les bras."
Vendredi 7 Septembre 2012

Il n’est pas assuré que les déclarations (voir le 31 août 2012) du général Dempsey, président du comité des chefs d’état-major des forces armées US, toutes fermes sinon violentes qu’elles soient, soient pour autant exceptionnelles et sans exemple. Après tout, le comportement de l’US Navy et de certains amiraux, notamment l’amiral Fallon, notamment au cours de l’année 2007 et toujours dans le cas iranien, avec des initiatives relevant de l’insubordination à peine déguisée pour empêcher toute possibilité d’attaque contre l’Irak (voir notamment le 17 mai 2007, le 18 juillet 2007 et le 13 septembre 2007), présentent sans aucun doute les mêmes caractères de gravité et d’exceptionnalité. Nous dirions plutôt que Dempsey tombe à son heure, d’ailleurs figurant dans un courant nouveau du système de la communication à Washington (plutôt qu’un “courant d’opinion”). D’où l’écho extraordinaire de ses déclarations.
Le cas du général Dempsey est salué avec enthousiasme par Justin Raimondo, sur Antiwar.com le 5 septembre 2012. La date est importante : la chronique de Raimondo paraît presque une semaine après les déclarations de Dempsey (elles-mêmes présentées sur Antiwar.com le 31 août 2012). Cela indique que le commentateur, qui est d’habitude très rapide à réagir à l’événement, a réagi encore plus à l’effet des déclarations de Dempsey, qu’il analyse pourtant pour ce qu’elles sont, qu’à ces déclarations elles-mêmes.
«Le président des Etats-Unis n'a peut-être pas les cojones (couilles, ndt) de s'opposer au premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mais le président du comité des chefs d'état-major lui les a --et il ne s'en prive pas!
»Quand le général Martin Dempsey a dit aux reporters britanniques qu'il ne voulait pas que les Etats-Unis soient "complices" d'une attaque israélienne contre l'Iran, les copains de Tel Aviv ont été complètement sonnés. Cela faisait des semaines que Netanyahu et Cie racontaient à qui voulait les entendre que les Etats-Unis n'avaient pas d'autre choix que de se laisser entraîner dans une autre guerre régionale au cas où les Israéliens attaqueraient Téhéran : et cela d'un ton presque jubilatoire. En l'absence d'une réponse claire de la part de la Maison Blanche, on avait l'impression que les Israéliens nous avaient coincés : le géant américain semblait impuissant en face des habiles manipulations du pygmée israélien. C'est alors qu'est arrivé Dempsey dont la déclaration a fait voler en éclat le menaçant chantage israélien --et a jeté la panique dans le gouvernement de Netanyahu… […]
»"La déclaration de Dempsey a changé quelque chose" -- c'est l'euphémisme de l'année. Et peut-être de la décennie. Parce que c'est la première fois depuis l'époque de George Herbert Walker Bush qu'une personnalité majeure remet ce Sale Petit Pays à sa place. Cela fait des mois que les Israéliens se conduisent comme s'ils étaient une superpuissance et nous, une toute petite chose entièrement dépendante de la générosité de son bienfaiteur --et de son infinie patience.
»Peut-être pas si infinie que ça d'ailleurs, du moins pour ce qui concerne l'armée étasunienne. Vous vous souvenez sans doute qu'avant l'invasion de l'Irak, de nombreux officiers de haut rang avaient dénoncé publiquement la folie de croire que nous pouvions transformer ce pays en une banlieue américaine en l'envahissant. Ils ont dénoncé la sous-estimation des forces armées et des autres ressources nécessaires à une occupation de longue durée et les néoconservateurs leur ont dit de retourner dans leurs casernes.
»Ils n'aiment pas beaucoup Dempsey et après ça ils l'aimeront encore moins : à leurs yeux, il est juste un instrument de l'administration Obama. Si c'est vrai que le général Dempsey parle au nom de la Maison Blanche, et si le président des Etats-Unis ne peut plus parler en son nom propre et de sa propre autorité d'un sujet aussi vital que notre sécurité nationale, n'est-on pas tombé bien bas ? Quel témoignage du pouvoir du Lobby Israélien! Ce n'est pas mal pour un groupe de pression qui n'est même pas censé exister..."
Plus loin, Raimondo revient sur les motifs du général Dempsey et argumente qu’il parle également au nom des militaires, qui ne veulent absolument pas d’un nouveau conflit, et certainement pas avec l’Iran (dans ce cas également, c’est bien la partie “iranienne” du propos de Dempsey qui retient toute l’attention, alors que ce qu’il dit sur la Syrie est au moins aussi important). On en revient effectivement à l’analyse selon laquelle Dempsey a agi, moitié pour les militaires, moitié et implicitement pour le président. (Nous-mêmes, le 31 août 2012 : «DEBKAFiles estime que Dempsey a agi directement suivant les consignes de la Maison-Blanche, pour qu’Obama se débarrasse une fois pour toutes de l’acharnement israélien à l’entraîner contre l’Iran. Nous ne souscririons pas à 100% à cette version, qui renvoie un peu trop à la haine farouche anti-Obama des Israéliens extrémistes, tout en envisageant qu’elle soit à moitié vraie, à moitié fausse ; c’est-à-dire l’idée que Dempsey, sans agir sur consigne expresse de la Maison-Blanche, aille tout de même dans le sens de ce qui arrange la Maison-Blanche. D’une façon plus assurée, nous penserions volontiers que Dempsey exprime surtout l’exaspération des militaires US, confrontés à des myriades de problèmes internes, toujours engagés en Afghanistan, et qui ne tiennent absolument pas à engager une nouvelle campagne majeure alors que leurs moyens et leurs forces sont à bout de souffle…»)
Raimondo enrage, à côté de cela, à propos de la “plate-forme” du parti démocrate, qui reprend les thèses pro-israéliennes de la culpabilité de l’Iran, de la menace iranienne, et toute la litanie à ce propos. Pourtant, il omet de signaler, ou plutôt la chose ne lui était pas encore connue lorsqu’il écrivit sa chronique, qu’un incident considéré comme gravissime par le conformisme-Système a marqué les dernières retouches de cette “plate-forme”. Comme le rapporte notamment The Times of Israel, le 6 septembre 2012, on s’aperçut au dernier moment que cette “plate-forme” ne contenait pas l’affirmation sacrée que Jérusalem est la capitale d’Israël : « La plate-forme contient encore beaucoup de thèses pro-israéliennes mais les Démocrates ont enlevé la mention de Jérusalem comme la capitale d'Israël, ils ont supprimé la demande que les Palestiniens retournent dans la future Palestine au lieu de rentrer en Israël et d'autres choses encore. La chose a vite circulé sur les blogs politiques et dans les principaux journaux étasuniens. Dès mardi soir, les Démocrates avaient un véritable crise sur les bras."
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