Discours de Bahar Kimyongür, porte-parole du Comité contre l’ingérence en Syrie (CIS) à l’occasion d’un rassemblement organisé devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles le 25 septembre 2012 pour protester contre la destruction programmée de la Syrie par les USA et leurs alliés.
Nombreux sont les amis qui se sont demandés pourquoi avoir choisi de nous rassembler devant l’ambassade des Etats-Unis pour défendre la paix en Syrie.
Pour leur répondre, nous commencerons par un constat accablant voire par un reproche adressé à nous tous, celui de notre incroyable amnésie et de notre cécité complice devant l’omniprésence multiforme et le bellicisme US en Syrie.
Nous sommes en effet à ce point travaillés par la propagande de nos élites que nous oublions le principal malheur du genre humain et du peuple syrien en particulier.
Pourtant, nous ne manquions pas de souligner lors des précédentes guerres d’agression que l’Empire étasunien est une hyperpuissance génocidaire multirécidiviste, qu’avec ces 761 installations militaires réparties sur les cinq continents (Source : Chris Hedges, L’empire de l’illusion, Ed. Lux, 2012), cet empire exerce une dictature mondiale sans laquelle le monde se porterait mieux.
Nous ne manquions pas de dérouler l’inventaire des crimes commis par les USA, à Hiroshima, à May Lai au Vietnam, à Falloujah en Irak, à Gaza en Palestine, à Syrte en Libye, de dénoncer leur usage du napalm, de l’agent orange de leurs drones Predator, leurs tapis de bombes déversés par leur B-52 sur des villes entières, l’armement des contras comme en Afghanistan, au Guatemala ou au Nicaragua, leurs putschs militaires, leurs menaces, leurs sanctions, leurs chantages, leur politique de corruption d’opposants aux régimes jugés hostiles.
Aujourd’hui, à force d’être gavés d’images devant prouver coûte que coûte la barbarie de l’armée syrienne, nos médias sont habilement parvenus à nous familiariser avec les crimes US éternellement impunis et dont la barbarie est proportionnelle aux moyens engagés. Nous sommes chaque jour à la fois les complices et les victimes physiques ou morales d’un Empire qui dépense à lui seul 43 % des budgets militaires mondiaux en 2010, soit quatre fois plus que la Russie et la Chine réunies.
Nous sommes à ce point conditionnés par les images nous parvenant de Syrie qui nous montrent les atrocités de manière unilatérale et par le discours anti-russe, anti-chinois et anti-iranien que nous ne voyons même plus les bases navales et aériennes américaines, les radars US, les agents de la CIA qui oeuvrent à la destruction programmée de la Syrie.
Si vous êtes encore sceptiques sur la question du rôle central des USA dans le chaos en Syrie, nous vous invitons à jeter un œil plus attentif sur les opérations en cours sur le front Nord-ouest de ce pays.
Dans la province turque du Hatay, c’est-à-dire au pied de la forteresse syrienne, les djihadistes d’Al Qaida ou de l’Armée syrienne libre, les soldats de l’armée d’Erdogan et les troupes américaines se trouvent tous du même côté.
A quelques kilomètres de la frontière syrienne, il existe une base radar de l’OTAN, celle de Kisecik, située au sommet de la chaîne montagneuse de l’Amanus. Les villageois du pays d’Antioche désignent ce site par « le radar ».
Au point 0 de la frontière syrienne, l’OTAN est occupée à construire au sommet du Djebel El Aqra’ (le mont Casius) une nouvelle base de surveillance (source : Antakya Gazetesi, 28 août 2012). Situé au-dessus du village syrien de Kassab à près de 1700 m. d’altitude, cet endroit à partir duquel on peut apercevoir les côtes chypriotes à l’œil nu est hautement stratégique. Cette installation militaire dominera la province syrienne de Lattaquié ce qui permettra de contrôler la Syrie par air, terre et mer.
Située à moins de 150 km de la frontière syrienne à vol d’oiseau, la base militaire d’Incirlik par où transitent les armes libyennes à destination de l’insurrection syrienne est l’une des plus grandes bases US aériennes et de surveillance du monde.
Dans le Golfe d’Alexandrette, à quelques encablures des côtes syriennes, des navires de guerre de l’OTAN fournissent des renseignements militaires aux insurgés syriens.
Dans la même province du Hatay et dans la province voisine d’Adana, la CIA dispose de centres de formation militaire réservés aux insurgés syriens.
Si vous en doutez, nous vous invitons à lire l’interview accordée à la BBC par Thwaiba Kanafani, espionne travaillant pour le compte de l’ASL (cf. reportage de Richard Galpin, BBC, 4 août 2012).
Les vétérans d’Afghanistan, de Bosnie, de Tchétchénie, d’Irak, de Libye, des djihadistes originaires du Tadjikistan et du Yémen, de France ou du Maghreb arrivent par voiture, par bus et par avions entiers en empruntant les axes routiers et aériens internationaux.
Si vous doutez de cette nouvelle croisade djihadiste d’Al Qaida, nous vous invitons à lire le reportage édifiant de Ghaith Abdoul-Ahad pour le Guardian publié ce dimanche (Source : The Guardian, Syria : the foreign fighters joining the war against Bashar al-Assad, 23 septembre 2012)
La population cosmopolite du Hatay qui n’avait jamais vu une seule barbe salafiste dans la région voit tous les jours débarquer des hommes d’apparence peu pacifiste et parfois armés.
Il est impossible que des bataillons d’Al Qaida puissent arriver aussi massivement sans attirer l’attention des troupes américaines ou turques qui contrôlent chaque parcelle de la région. En tout cas, les USA qui sont si prompts à bombarder le moindre mouvement suspect dans le désert du Yémen ou les montagnes du Pakistan n’ont pas vraiment l’air de se préoccuper de cet afflux de djihadistes. Quant à l’armée turque, elle ne recule devant aucun sacrifice pour aider les terroristes à saccager la Syrie.
D’ailleurs, les chaînes télévisées turques diffusent en direct les affrontements militaires frontaliers entre troupes gouvernementales syriennes et insurgés qui font le va-et-vient entre les camps de réfugiés situés en Turquie et le territoire syrien.
Au lieu de calmer le jeu, d’empêcher ce terrorisme transfrontalier, l’armée turque pointe les canons de ses blindés et ses lance-missiles vers l’armée syrienne.
Certains objecteront que les insurgés ne reçoivent que très peu d’armes de l’Occident. Pourtant, sur des dizaines de clichés nous parvenant du front syrien, on peut reconnaître des M24 américains brandis par les rebelles, des RPG russes de l’ancienne armée libyenne acheminés par des navires de l’OTAN, des fusils AUG Steyr autrichiens, des MANPAD américains envoyés par le Qatar etl’Arabie saoudite et livrés par l’armée turque (Source : Reuters, 31 juillet 2012). La presse suisse rapporte que des milliers de grenades suisses vendues aux Emirats arabes unis ont atterri dans les mains des rebelles syriens après avoir été offertes aux militaires jordaniens (RTS Info, 21 septembre 2012).
Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que les USA sont omniprésents mais se font discrets comme lors de la guerre de Libye.
Un bref rappel du scénario libyen permettrait de mieux comprendre la stratégie US observée en Syrie.
Acte 1 : deux jours après l’adoption de la résolution autorisant la création d’une zone d’exclusion aérienne, une pluie de missiles de croisière américains Tomahawk détruit les lignes de défense de l’armée libyenne. Acte 2 : les avions français, belges, espagnols et britanniques entrent en action. Acte 3 : les mercenaires et djihadistes terminent le travail.
Nous constatons ainsi que comme en Libye, les USA et leurs alliés occidentaux préfèrent jouer profil bas en Syrie. Pour l’instant, ils se contentent d’acheminer et de dispatcher aux rebelles syriens le matériel militaire de leurs vassaux arabes du Golfe, matériel bien entendu de fabrication américaine. Pour bazarder son matériel aux pétromonarques du Golfe, le protecteur et fournisseur américain ne manque pas d’agiter le spectre d’une attaque iranienne. Il n’en faut pas plus pour que les cheikhs saoudiens et qataris pissent de trouille dans leur dichdacha.
Autre constat : grâce à leur système d’espionnage, les USA ont ouvert des brèches dans la forteresse syrienne pour que les rebelles syriens puissent durablement s’installer dans le pays assiégé.
A présent, c’est un boulevard pour ne pas dire une piste Ho Chi Minh que leur offrent les services de renseignement de l’armée turque et de l’armée US. Et si les observateurs étrangers qui sillonnent la zone ne voient que des armes rudimentaires ou surannées aux mains des rebelles, c’est sans doute parce que pour le moment, l’armée syrienne bombarde efficacement les voies d’approvisionnement de la rébellion qui relient la Turquie au front d’Idleb et d’Alep.
Le résultat de cette mobilisation US, occidentale et golfique est que les enfants de Syrie se livrent une lutte à mort dont personne ne pourra sortirvainqueur. Le géant nord-américain qui rêvait de voir un monde arabe soumis et divisé à moindre coût n’aurait espéré un meilleur scénario.
Grâce à l’ASL et à Al Qaida, les USA ne doivent même pas engager leurs troupes sur le front syrien.
Alors que l’ASL multiplie ses exactions et crimes de guerre, certains se demandent légitimement pourquoi les USA évitent de placer ce groupe sur leur liste des organisations terroristes alors que d’autres organisations bien moins cruelles y figurent.
Nombreux sont les amis qui se sont demandés pourquoi avoir choisi de nous rassembler devant l’ambassade des Etats-Unis pour défendre la paix en Syrie.
Pour leur répondre, nous commencerons par un constat accablant voire par un reproche adressé à nous tous, celui de notre incroyable amnésie et de notre cécité complice devant l’omniprésence multiforme et le bellicisme US en Syrie.
Nous sommes en effet à ce point travaillés par la propagande de nos élites que nous oublions le principal malheur du genre humain et du peuple syrien en particulier.
Pourtant, nous ne manquions pas de souligner lors des précédentes guerres d’agression que l’Empire étasunien est une hyperpuissance génocidaire multirécidiviste, qu’avec ces 761 installations militaires réparties sur les cinq continents (Source : Chris Hedges, L’empire de l’illusion, Ed. Lux, 2012), cet empire exerce une dictature mondiale sans laquelle le monde se porterait mieux.
Nous ne manquions pas de dérouler l’inventaire des crimes commis par les USA, à Hiroshima, à May Lai au Vietnam, à Falloujah en Irak, à Gaza en Palestine, à Syrte en Libye, de dénoncer leur usage du napalm, de l’agent orange de leurs drones Predator, leurs tapis de bombes déversés par leur B-52 sur des villes entières, l’armement des contras comme en Afghanistan, au Guatemala ou au Nicaragua, leurs putschs militaires, leurs menaces, leurs sanctions, leurs chantages, leur politique de corruption d’opposants aux régimes jugés hostiles.
Aujourd’hui, à force d’être gavés d’images devant prouver coûte que coûte la barbarie de l’armée syrienne, nos médias sont habilement parvenus à nous familiariser avec les crimes US éternellement impunis et dont la barbarie est proportionnelle aux moyens engagés. Nous sommes chaque jour à la fois les complices et les victimes physiques ou morales d’un Empire qui dépense à lui seul 43 % des budgets militaires mondiaux en 2010, soit quatre fois plus que la Russie et la Chine réunies.
Nous sommes à ce point conditionnés par les images nous parvenant de Syrie qui nous montrent les atrocités de manière unilatérale et par le discours anti-russe, anti-chinois et anti-iranien que nous ne voyons même plus les bases navales et aériennes américaines, les radars US, les agents de la CIA qui oeuvrent à la destruction programmée de la Syrie.
Si vous êtes encore sceptiques sur la question du rôle central des USA dans le chaos en Syrie, nous vous invitons à jeter un œil plus attentif sur les opérations en cours sur le front Nord-ouest de ce pays.
Dans la province turque du Hatay, c’est-à-dire au pied de la forteresse syrienne, les djihadistes d’Al Qaida ou de l’Armée syrienne libre, les soldats de l’armée d’Erdogan et les troupes américaines se trouvent tous du même côté.
A quelques kilomètres de la frontière syrienne, il existe une base radar de l’OTAN, celle de Kisecik, située au sommet de la chaîne montagneuse de l’Amanus. Les villageois du pays d’Antioche désignent ce site par « le radar ».
Au point 0 de la frontière syrienne, l’OTAN est occupée à construire au sommet du Djebel El Aqra’ (le mont Casius) une nouvelle base de surveillance (source : Antakya Gazetesi, 28 août 2012). Situé au-dessus du village syrien de Kassab à près de 1700 m. d’altitude, cet endroit à partir duquel on peut apercevoir les côtes chypriotes à l’œil nu est hautement stratégique. Cette installation militaire dominera la province syrienne de Lattaquié ce qui permettra de contrôler la Syrie par air, terre et mer.
Située à moins de 150 km de la frontière syrienne à vol d’oiseau, la base militaire d’Incirlik par où transitent les armes libyennes à destination de l’insurrection syrienne est l’une des plus grandes bases US aériennes et de surveillance du monde.
Dans le Golfe d’Alexandrette, à quelques encablures des côtes syriennes, des navires de guerre de l’OTAN fournissent des renseignements militaires aux insurgés syriens.
Dans la même province du Hatay et dans la province voisine d’Adana, la CIA dispose de centres de formation militaire réservés aux insurgés syriens.
Si vous en doutez, nous vous invitons à lire l’interview accordée à la BBC par Thwaiba Kanafani, espionne travaillant pour le compte de l’ASL (cf. reportage de Richard Galpin, BBC, 4 août 2012).
Les vétérans d’Afghanistan, de Bosnie, de Tchétchénie, d’Irak, de Libye, des djihadistes originaires du Tadjikistan et du Yémen, de France ou du Maghreb arrivent par voiture, par bus et par avions entiers en empruntant les axes routiers et aériens internationaux.
Si vous doutez de cette nouvelle croisade djihadiste d’Al Qaida, nous vous invitons à lire le reportage édifiant de Ghaith Abdoul-Ahad pour le Guardian publié ce dimanche (Source : The Guardian, Syria : the foreign fighters joining the war against Bashar al-Assad, 23 septembre 2012)
La population cosmopolite du Hatay qui n’avait jamais vu une seule barbe salafiste dans la région voit tous les jours débarquer des hommes d’apparence peu pacifiste et parfois armés.
Il est impossible que des bataillons d’Al Qaida puissent arriver aussi massivement sans attirer l’attention des troupes américaines ou turques qui contrôlent chaque parcelle de la région. En tout cas, les USA qui sont si prompts à bombarder le moindre mouvement suspect dans le désert du Yémen ou les montagnes du Pakistan n’ont pas vraiment l’air de se préoccuper de cet afflux de djihadistes. Quant à l’armée turque, elle ne recule devant aucun sacrifice pour aider les terroristes à saccager la Syrie.
D’ailleurs, les chaînes télévisées turques diffusent en direct les affrontements militaires frontaliers entre troupes gouvernementales syriennes et insurgés qui font le va-et-vient entre les camps de réfugiés situés en Turquie et le territoire syrien.
Au lieu de calmer le jeu, d’empêcher ce terrorisme transfrontalier, l’armée turque pointe les canons de ses blindés et ses lance-missiles vers l’armée syrienne.
Certains objecteront que les insurgés ne reçoivent que très peu d’armes de l’Occident. Pourtant, sur des dizaines de clichés nous parvenant du front syrien, on peut reconnaître des M24 américains brandis par les rebelles, des RPG russes de l’ancienne armée libyenne acheminés par des navires de l’OTAN, des fusils AUG Steyr autrichiens, des MANPAD américains envoyés par le Qatar etl’Arabie saoudite et livrés par l’armée turque (Source : Reuters, 31 juillet 2012). La presse suisse rapporte que des milliers de grenades suisses vendues aux Emirats arabes unis ont atterri dans les mains des rebelles syriens après avoir été offertes aux militaires jordaniens (RTS Info, 21 septembre 2012).
Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que les USA sont omniprésents mais se font discrets comme lors de la guerre de Libye.
Un bref rappel du scénario libyen permettrait de mieux comprendre la stratégie US observée en Syrie.
Acte 1 : deux jours après l’adoption de la résolution autorisant la création d’une zone d’exclusion aérienne, une pluie de missiles de croisière américains Tomahawk détruit les lignes de défense de l’armée libyenne. Acte 2 : les avions français, belges, espagnols et britanniques entrent en action. Acte 3 : les mercenaires et djihadistes terminent le travail.
Nous constatons ainsi que comme en Libye, les USA et leurs alliés occidentaux préfèrent jouer profil bas en Syrie. Pour l’instant, ils se contentent d’acheminer et de dispatcher aux rebelles syriens le matériel militaire de leurs vassaux arabes du Golfe, matériel bien entendu de fabrication américaine. Pour bazarder son matériel aux pétromonarques du Golfe, le protecteur et fournisseur américain ne manque pas d’agiter le spectre d’une attaque iranienne. Il n’en faut pas plus pour que les cheikhs saoudiens et qataris pissent de trouille dans leur dichdacha.
Autre constat : grâce à leur système d’espionnage, les USA ont ouvert des brèches dans la forteresse syrienne pour que les rebelles syriens puissent durablement s’installer dans le pays assiégé.
A présent, c’est un boulevard pour ne pas dire une piste Ho Chi Minh que leur offrent les services de renseignement de l’armée turque et de l’armée US. Et si les observateurs étrangers qui sillonnent la zone ne voient que des armes rudimentaires ou surannées aux mains des rebelles, c’est sans doute parce que pour le moment, l’armée syrienne bombarde efficacement les voies d’approvisionnement de la rébellion qui relient la Turquie au front d’Idleb et d’Alep.
Le résultat de cette mobilisation US, occidentale et golfique est que les enfants de Syrie se livrent une lutte à mort dont personne ne pourra sortirvainqueur. Le géant nord-américain qui rêvait de voir un monde arabe soumis et divisé à moindre coût n’aurait espéré un meilleur scénario.
Grâce à l’ASL et à Al Qaida, les USA ne doivent même pas engager leurs troupes sur le front syrien.
Alors que l’ASL multiplie ses exactions et crimes de guerre, certains se demandent légitimement pourquoi les USA évitent de placer ce groupe sur leur liste des organisations terroristes alors que d’autres organisations bien moins cruelles y figurent.
Commentaire