J'ai remarqué l'interet que porte certains algeriens pour les FAR et quelque fois les fausses idées qu'ils se font a propos de cette armée donc je me permet de vous poster un article sur le sujet ^^
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Sahara, immigration clandestine, maintien de l'ordre, sécurité aux frontières, trafic de drogue : chaque fois qu'un problème de cet ordre est au devant de la scène, les Forces armées royales (FAR) sont pointées du doigt. Seraient-elles donc si puissantes pour être en fin de compte au cœur de tout ? La présence de militaires à la tête d'institutions civiles est-elle un signe de dérive autoritaire du pouvoir ou la simple reconnaissance des qualités d'individus ainsi distingués ? Questions légitimes quoique propices aux fantasmes. En réalité, les militaires ont une conscience accrue (parfois trop) des dangers qui menacent le pays. Normal, ils sont en première ligne. Voyage au cœur de cette armée où, sachez-le bien, tout, absolument tout est classé “secret défense”.
Dans l'imaginaire de nombreux marocains, l'armée se résume à ces informations qui parfois occupent les manchettes des journaux. C'est tout d'abord l'affaire Adib ou comment faire d'un jeune officier condamné pour “manquements graves”, le héros d'un feuilleton médiatique récurrent. C'est également cette trouble histoire de roquettes subtilisées, ou non, à l'arsenal de Ain Harrouda, ou encore ces vols de kalachnikovs à la caserne de Taza peu avant les actes terroristes de Mai 2003. C'est parfois aussi ces promotions ou mises à la retraite qui, une fois par an, font couler beaucoup d'encre car elles ne semblent revêtir aucun caractère rationnel pour les profanes, pour certains initiés non plus d'ailleurs, ou encore ces opérations musclées de maintien de l'ordre dans le Sud. Bien sûr, les FAR doivent opérer dans la discrétion, le fondement même de tout métier d'arme, mais elles gagneraient aussi à s'éloigner de cette image exclusive de Grande Muette qui leur colle à la peau.
1972-1975, le tournant politique
Les FAR c'est d'abord et avant tout pour notre pays la fierté retrouvée. Quand le 14 Mai 1956 la structure est créée, avec à sa tête le jeune prince Moulay Hassan, l'impact sur la population est considérable. Le pays est enfin libre. Libre de se défendre, libre d'attaquer, c'est selon, mais l’indépendance est là et pas ailleurs. Les premiers officiers du pays sont formés à l'Académie royale de Meknès, ancienne Dar El Beida, à Saint Cyr, à l'académie militaire de Tolède en Espagne ou encore dans des académies irakiennes et ailleurs dans le monde. Le cursus est court, un an, mais l'urgence l'emporte. Les FAR ne peuvent se contenter des quelques officiers supérieurs marocains de l'armée française, les Mohamed Kettani, Driss Benaïssa, Driss Benomar, Mohamed Oufkir, Mohamed Meziane et quelques autres qui, aussitôt après l'indépendance, ont rejoint les FAR. La troupe est constituée en plus de nouvelles recrues, de goumiers et de tirailleurs de l'armée française ainsi que de mhallas de l'armée espagnole. Plus tard, en 1958, c'est au tour des éléments de l'Armée de libérattion nationale (ALN), défaits avec l'aide de la France et consentants, de venir grossir les rangs des FAR. A cette époque, “l'équipement de l'armée se résume à quelques bataillons d'artillerie principalement à Rabat (Moulay Ismaël) et Marrakech, quelques blindés, une aviation très limitée et une marine tout aussi peu conséquente”, raconte un officier à la retraite. Mais au fur et à mesure, ces FAR prennent forme sous la conduite, en particulier, des généraux Kettani et Meziane et avec l'appui conséquent de la France.
Les conflits qui secouent la région avec leurs répercussions sur la situation locale ne semblent en rien entamer la genèse des FAR qui, à plusieurs reprises, doivent gérer des conflits à l'intérieur du territoire (les événements du Rif, la guerre des sables avec l’Algérie…). Au sein du Palais, la création par le général Medbouh de la maison militaire royale est un élément d'importance dans la configuration du pouvoir. Celle-ci compte en ses rangs les éléments les plus en vue des FAR. Abdelhaq Kadiri, futur directeur de la DGED, alors capitaine, est rappelé de Paris pour intégrer le cabinet militaire. Abderahmane Lahrizi, futur inspecteur général des Forces auxiliaires, Boubker Skiredj futur aide de camp de Hassan II et quelques autres, forment ce qui sera pendant un temps une fort séduisante vitrine politico-militaire du pays. Car comment dissocier, à ce niveau-là, l'armée de la politique, quand deux militaires, Oufkir (ministre de l'Intérieur depuis 1964) et Mohamed Medbouh sont les personnalités les plus proches du roi ? Si la relation quasi familiale entre Hassan II et Oufkir a fait l'objet de nombreux écrits, celle qu'entretient Hassan II avec le général Medbouh, par ailleurs gendre du Maréchal Méziane, reste plus largement méconnue.
Après 1971, Oufkir, cumulant les ministères de l'Intérieur et de la Défense, double les soldes des militaires et contraint le ministre des Finances, lors d'un conseil des ministres demeuré fameux, à débloquer des fonds pour leurs logements. Difficile d'aborder les FAR sans évoquer ce ministère de la Défense qui, après trente ans dans l'ombre, a au moins partiellement retrouvé son nom (il renaît de ses cendres en septembre 2000, sous le gouvernement Youssoufi II sous l'appellation de ministère délégué). Il demeure, tout de même, un simple réceptacle du budget annuel de l'armée. Aujourd'hui, l'existence au sein du ministère d'un bureau réservé au chef suprême (le roi, en l'occurrence) même s’il n'y a jamais mis les pieds depuis 1972, continue de conférer au lieu un certain prestige et à la DGED (service secret chargé de l’espionnage), la justification de sa présence sur place. Mais considérer que les FAR ont, à un moment de leur histoire, exercé un véritable pouvoir politique en raison de la proximité des généraux Medbouh et Oufkir avec le roi, ce serait peut-être aller vite en besogne. “Ce sont deux individus qui, en raison de leurs fonctions respectives, ont, à un moment donné, pesé sur la politique du pays. Aujourd'hui encore le pouvoir qu'on prête au général Laânigri est totalement indépendant de son statut de militaire. Dès qu'il quittera la DGSN, il quittera d'autant le pouvoir, général ou pas. Mais l'armée en tant qu'entité globale n'a pas eu de pouvoir politique réel, nous sommes loin, au Maroc, des modèles syrien, irakien, algérien ou même égyptien de l'époque”, explique, sur un ton défensif, un haut gradé à la retraite. Pour prouver qu’il ne s’agit que de cas individuels, il cite l’exemple des quelques gouverneurs militaires à la tête de certaines provinces (les généraux Belarbi et Bougrine à Rabat et Fès ou encore les colonels Chelouati et Hda à Oujda et Ouarzazate). Pour lui, leur statut n’a en rien conduit à la militarisation de l'appareil d'autorité, mais la durée relativement courte de ces expériences y est, sans nul doute, pour beaucoup.
Après 1972, les FAR se voient dépourvues d'une structure autonome de commandement et totalement subordonnées au roi, Commandant suprême des armées et Chef de l'Etat-major des FAR. Pour un officier supérieur aujourd'hui à la retraite : “La politique demande en principe finesse et connaissance profonde de la société, alors que, au risque de choquer, nous sommes formés pour deux choses : tuer et ne pas nous faire tuer”. Au plus haut niveau, la décision est prise, au lendemain des deux putschs, de limiter les forces militaires. “Il ne s'agit plus que de répondre aux besoins stricts du pays en matière sécuritaire et non de disposer d'une armée offensive”, voici l'ordre intimé aux officiers supérieurs. Cette mise au pas des Forces armées s'accompagne d'un renforcement des forces paramilitaires, des Forces auxiliaires, de la Gendarmerie royale et des services de renseignement, DGED, DST et la montée en puissance du colonel Dlimi. C'est à ce moment-là aussi que le général Moulay Hafid Alaoui, directeur de la Maison Royale et de la Chancellerie voit sa position grandement renforcée auprès de Hassan II, qui lui octroie un pouvoir officieux mais très étendu au sein de l'institution militaire. Une fois son réseau tissé, des officiers, jusque là obscurs, quittent leurs garnisons de province pour se voir confier des postes à grande responsabilité. Résultat, les têtes de pont des FAR qui sont restés en poste jusqu'au début de règne de Mohammed VI, sont, pour certains, redevables à Moulay Hafid Alaoui.
En 1974 déjà, l'affaire du Sahara en gestation vient remettre en cause les mesures prises par Hassan II pour dépouiller l'armée de ses prérogatives. Il est alors urgent de procéder à un recrutement massif alors que le pays s'apprête à faire face à deux fronts : l'Algérie et le Polisario. Plus question de faire la fine bouche, les critères de choix d'un officier sont revus à la baisse, il faut développer et rapidement cette armée. Cet engagement massif fait qu'aujourd'hui l'armée marocaine compte un nombre trop élevé d'officiers supérieurs. Ceux-ci, afin de dégager un peu les rangs, sont mis systématiquement à la retraite à l'âge légal, ce qu'ils vivent souvent très mal.
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Sahara, immigration clandestine, maintien de l'ordre, sécurité aux frontières, trafic de drogue : chaque fois qu'un problème de cet ordre est au devant de la scène, les Forces armées royales (FAR) sont pointées du doigt. Seraient-elles donc si puissantes pour être en fin de compte au cœur de tout ? La présence de militaires à la tête d'institutions civiles est-elle un signe de dérive autoritaire du pouvoir ou la simple reconnaissance des qualités d'individus ainsi distingués ? Questions légitimes quoique propices aux fantasmes. En réalité, les militaires ont une conscience accrue (parfois trop) des dangers qui menacent le pays. Normal, ils sont en première ligne. Voyage au cœur de cette armée où, sachez-le bien, tout, absolument tout est classé “secret défense”.
Dans l'imaginaire de nombreux marocains, l'armée se résume à ces informations qui parfois occupent les manchettes des journaux. C'est tout d'abord l'affaire Adib ou comment faire d'un jeune officier condamné pour “manquements graves”, le héros d'un feuilleton médiatique récurrent. C'est également cette trouble histoire de roquettes subtilisées, ou non, à l'arsenal de Ain Harrouda, ou encore ces vols de kalachnikovs à la caserne de Taza peu avant les actes terroristes de Mai 2003. C'est parfois aussi ces promotions ou mises à la retraite qui, une fois par an, font couler beaucoup d'encre car elles ne semblent revêtir aucun caractère rationnel pour les profanes, pour certains initiés non plus d'ailleurs, ou encore ces opérations musclées de maintien de l'ordre dans le Sud. Bien sûr, les FAR doivent opérer dans la discrétion, le fondement même de tout métier d'arme, mais elles gagneraient aussi à s'éloigner de cette image exclusive de Grande Muette qui leur colle à la peau.
1972-1975, le tournant politique
Les FAR c'est d'abord et avant tout pour notre pays la fierté retrouvée. Quand le 14 Mai 1956 la structure est créée, avec à sa tête le jeune prince Moulay Hassan, l'impact sur la population est considérable. Le pays est enfin libre. Libre de se défendre, libre d'attaquer, c'est selon, mais l’indépendance est là et pas ailleurs. Les premiers officiers du pays sont formés à l'Académie royale de Meknès, ancienne Dar El Beida, à Saint Cyr, à l'académie militaire de Tolède en Espagne ou encore dans des académies irakiennes et ailleurs dans le monde. Le cursus est court, un an, mais l'urgence l'emporte. Les FAR ne peuvent se contenter des quelques officiers supérieurs marocains de l'armée française, les Mohamed Kettani, Driss Benaïssa, Driss Benomar, Mohamed Oufkir, Mohamed Meziane et quelques autres qui, aussitôt après l'indépendance, ont rejoint les FAR. La troupe est constituée en plus de nouvelles recrues, de goumiers et de tirailleurs de l'armée française ainsi que de mhallas de l'armée espagnole. Plus tard, en 1958, c'est au tour des éléments de l'Armée de libérattion nationale (ALN), défaits avec l'aide de la France et consentants, de venir grossir les rangs des FAR. A cette époque, “l'équipement de l'armée se résume à quelques bataillons d'artillerie principalement à Rabat (Moulay Ismaël) et Marrakech, quelques blindés, une aviation très limitée et une marine tout aussi peu conséquente”, raconte un officier à la retraite. Mais au fur et à mesure, ces FAR prennent forme sous la conduite, en particulier, des généraux Kettani et Meziane et avec l'appui conséquent de la France.
Les conflits qui secouent la région avec leurs répercussions sur la situation locale ne semblent en rien entamer la genèse des FAR qui, à plusieurs reprises, doivent gérer des conflits à l'intérieur du territoire (les événements du Rif, la guerre des sables avec l’Algérie…). Au sein du Palais, la création par le général Medbouh de la maison militaire royale est un élément d'importance dans la configuration du pouvoir. Celle-ci compte en ses rangs les éléments les plus en vue des FAR. Abdelhaq Kadiri, futur directeur de la DGED, alors capitaine, est rappelé de Paris pour intégrer le cabinet militaire. Abderahmane Lahrizi, futur inspecteur général des Forces auxiliaires, Boubker Skiredj futur aide de camp de Hassan II et quelques autres, forment ce qui sera pendant un temps une fort séduisante vitrine politico-militaire du pays. Car comment dissocier, à ce niveau-là, l'armée de la politique, quand deux militaires, Oufkir (ministre de l'Intérieur depuis 1964) et Mohamed Medbouh sont les personnalités les plus proches du roi ? Si la relation quasi familiale entre Hassan II et Oufkir a fait l'objet de nombreux écrits, celle qu'entretient Hassan II avec le général Medbouh, par ailleurs gendre du Maréchal Méziane, reste plus largement méconnue.
Après 1971, Oufkir, cumulant les ministères de l'Intérieur et de la Défense, double les soldes des militaires et contraint le ministre des Finances, lors d'un conseil des ministres demeuré fameux, à débloquer des fonds pour leurs logements. Difficile d'aborder les FAR sans évoquer ce ministère de la Défense qui, après trente ans dans l'ombre, a au moins partiellement retrouvé son nom (il renaît de ses cendres en septembre 2000, sous le gouvernement Youssoufi II sous l'appellation de ministère délégué). Il demeure, tout de même, un simple réceptacle du budget annuel de l'armée. Aujourd'hui, l'existence au sein du ministère d'un bureau réservé au chef suprême (le roi, en l'occurrence) même s’il n'y a jamais mis les pieds depuis 1972, continue de conférer au lieu un certain prestige et à la DGED (service secret chargé de l’espionnage), la justification de sa présence sur place. Mais considérer que les FAR ont, à un moment de leur histoire, exercé un véritable pouvoir politique en raison de la proximité des généraux Medbouh et Oufkir avec le roi, ce serait peut-être aller vite en besogne. “Ce sont deux individus qui, en raison de leurs fonctions respectives, ont, à un moment donné, pesé sur la politique du pays. Aujourd'hui encore le pouvoir qu'on prête au général Laânigri est totalement indépendant de son statut de militaire. Dès qu'il quittera la DGSN, il quittera d'autant le pouvoir, général ou pas. Mais l'armée en tant qu'entité globale n'a pas eu de pouvoir politique réel, nous sommes loin, au Maroc, des modèles syrien, irakien, algérien ou même égyptien de l'époque”, explique, sur un ton défensif, un haut gradé à la retraite. Pour prouver qu’il ne s’agit que de cas individuels, il cite l’exemple des quelques gouverneurs militaires à la tête de certaines provinces (les généraux Belarbi et Bougrine à Rabat et Fès ou encore les colonels Chelouati et Hda à Oujda et Ouarzazate). Pour lui, leur statut n’a en rien conduit à la militarisation de l'appareil d'autorité, mais la durée relativement courte de ces expériences y est, sans nul doute, pour beaucoup.
Après 1972, les FAR se voient dépourvues d'une structure autonome de commandement et totalement subordonnées au roi, Commandant suprême des armées et Chef de l'Etat-major des FAR. Pour un officier supérieur aujourd'hui à la retraite : “La politique demande en principe finesse et connaissance profonde de la société, alors que, au risque de choquer, nous sommes formés pour deux choses : tuer et ne pas nous faire tuer”. Au plus haut niveau, la décision est prise, au lendemain des deux putschs, de limiter les forces militaires. “Il ne s'agit plus que de répondre aux besoins stricts du pays en matière sécuritaire et non de disposer d'une armée offensive”, voici l'ordre intimé aux officiers supérieurs. Cette mise au pas des Forces armées s'accompagne d'un renforcement des forces paramilitaires, des Forces auxiliaires, de la Gendarmerie royale et des services de renseignement, DGED, DST et la montée en puissance du colonel Dlimi. C'est à ce moment-là aussi que le général Moulay Hafid Alaoui, directeur de la Maison Royale et de la Chancellerie voit sa position grandement renforcée auprès de Hassan II, qui lui octroie un pouvoir officieux mais très étendu au sein de l'institution militaire. Une fois son réseau tissé, des officiers, jusque là obscurs, quittent leurs garnisons de province pour se voir confier des postes à grande responsabilité. Résultat, les têtes de pont des FAR qui sont restés en poste jusqu'au début de règne de Mohammed VI, sont, pour certains, redevables à Moulay Hafid Alaoui.
En 1974 déjà, l'affaire du Sahara en gestation vient remettre en cause les mesures prises par Hassan II pour dépouiller l'armée de ses prérogatives. Il est alors urgent de procéder à un recrutement massif alors que le pays s'apprête à faire face à deux fronts : l'Algérie et le Polisario. Plus question de faire la fine bouche, les critères de choix d'un officier sont revus à la baisse, il faut développer et rapidement cette armée. Cet engagement massif fait qu'aujourd'hui l'armée marocaine compte un nombre trop élevé d'officiers supérieurs. Ceux-ci, afin de dégager un peu les rangs, sont mis systématiquement à la retraite à l'âge légal, ce qu'ils vivent souvent très mal.
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