Une ancienne ambassadrice américaine à Bamako préconise un engagement des Etats-Unis et des pays de la région, notamment de l'Algérie, aux côtés des forces armées françaises.
The New York Times Vicki Huddleston 15 janvier 2013
Les Etats-Unis réfléchissent à s'engager davantage dans le conflit malien -
Pour l'heure, les frappes aériennes lancées par la France le 11 janvier ont empêché un réseau de terroristes, de criminels et d'extrémistes religieux de prendre le contrôle du Mali. Jusqu'à ce que les Français interviennent, le quasi effondrement de l'armée régulière avait menacé de transformer le Mali, un pays enclavé désespérément pauvre, en un bastion pour les djihadistes.
Les Etats-Unis, qui ont dépensé plus de 500 millions de dollars ces quatre dernières années pour tenir en échec les islamistes en Afrique de l'ouest, ont déjà fort à faire en Afghanistan, au Pakistan, en Egypte et en Libye, entre autres. Mais il est dans notre intérêt national de soutenir les Français.
Une intervention nécessaire
Ce conflit est différent des autres guerres africaines, qui n'avaient guère de répercussions pour l'Occident. Au Mali, les islamistes se sont alliés à Boko Haram, l'organisation nigériane qui a fait exploser les bureaux des Nations unies à Abuja en 2011, et à Ansar al-Shariah, qui serait responsable des assassinats le 11 septembre 2012 de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres Américains à Benghazi, en Libye.
L'offensive aérienne française a donné un coup d'arrêt à l'avancée vers la capitale, Bamako, des islamistes - notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et Ansar Dine, un groupe de rebelles touaregs du nord -, qui n'ont pas réussi à s'emparer d'un aéroport et d'un port fluvial. Mais les miliciens sont en train de se reconstituer et de se réarmer dans leur fief, en plein désert au nord du pays.
Coordination internationale
Les Etats-Unis n'ont pas besoin de déployer des unités combattantes sur le terrain. Par contre, nous devrions contribuer, sous forme de renseignements, de matériel, de financement et de formation, à une force d'intervention ouest-africaine qui a reçu le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, en décembre, sans les moyens financiers nécessaires. Les Français ne seront pas en mesure de se désengager rapidement. Même si la force ouest-africaine se constitue, ils devront en conseiller et coordonner les troupes, originaires de ses anciennes colonies comme la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
La coopération internationale a prouvé son efficacité contre Al-Shabab, qui se réclame d'Al Qaïda en Somalie, et ses chances de réussir au Mali également sont réelles. En Somalie, l'armée américaine et ses sous-traitants ont entraîné et équipé les soldats de l'Union africaine, originaires de l'Ouganda et du Burundi notamment. En 2012, en coopération avec une nouvelle armée somalienne, ils ont chassé les terroristes Shabab de Mogadiscio et d'une grande partie du sud de la Somalie.
C'est en Afrique du Nord, et non en Afrique de l'Ouest, que se trouve la planche de salut pour le Mali. Une proposition, qui consiste à confier au Nigeria la direction des forces ouest-africaines au Mali, a peu de chances d'aboutir, ce pays ne possédant pas les ressources lui permettant de faire face à une guérilla ou une guerre urbaine. Ses soldats anglophones risquent également d'exacerber les tensions ethniques et religieuses, et ses tentatives vigoureuses d'éradiquer ses propres extrémistes du Bo Haram se sont jusqu'à présent soldées par un échec.
L'Algérie, acteur incontournable
L'Algérie est le seul pays du continent à disposer de la capacité militaire, des officiers chevronnés, d'une expérience du contre-terrorisme et de la proximité géographique nécessaires pour prendre le relais de la France et rétablir la paix au Mali. L'état-major algérien connaît les tactiques des extrémistes ainsi que leurs dirigeants. Il est sorti vainqueur d'une guerre civile menée contre eux, qui s'est déroulée de 1991 à 2002 et qui a poussé les extrémistes à mener leurs activités terroristes depuis le nord du Mali. Il est de la responsabilité morale de l'Algérie d'intervenir, mais si elle continue à rester à l'écart du conflit, alors le Maroc ou un autre pays nord-africain devrait prendre la tête des opérations, avec le soutien du Niger, de la Mauritanie, du Mali et du Tchad qui, à l'instar de l'Algérie, combat AQMI depuis huit ans.
The New York Times Vicki Huddleston 15 janvier 2013
Les Etats-Unis réfléchissent à s'engager davantage dans le conflit malien -
Pour l'heure, les frappes aériennes lancées par la France le 11 janvier ont empêché un réseau de terroristes, de criminels et d'extrémistes religieux de prendre le contrôle du Mali. Jusqu'à ce que les Français interviennent, le quasi effondrement de l'armée régulière avait menacé de transformer le Mali, un pays enclavé désespérément pauvre, en un bastion pour les djihadistes.
Les Etats-Unis, qui ont dépensé plus de 500 millions de dollars ces quatre dernières années pour tenir en échec les islamistes en Afrique de l'ouest, ont déjà fort à faire en Afghanistan, au Pakistan, en Egypte et en Libye, entre autres. Mais il est dans notre intérêt national de soutenir les Français.
Une intervention nécessaire
Ce conflit est différent des autres guerres africaines, qui n'avaient guère de répercussions pour l'Occident. Au Mali, les islamistes se sont alliés à Boko Haram, l'organisation nigériane qui a fait exploser les bureaux des Nations unies à Abuja en 2011, et à Ansar al-Shariah, qui serait responsable des assassinats le 11 septembre 2012 de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres Américains à Benghazi, en Libye.
L'offensive aérienne française a donné un coup d'arrêt à l'avancée vers la capitale, Bamako, des islamistes - notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et Ansar Dine, un groupe de rebelles touaregs du nord -, qui n'ont pas réussi à s'emparer d'un aéroport et d'un port fluvial. Mais les miliciens sont en train de se reconstituer et de se réarmer dans leur fief, en plein désert au nord du pays.
Coordination internationale
Les Etats-Unis n'ont pas besoin de déployer des unités combattantes sur le terrain. Par contre, nous devrions contribuer, sous forme de renseignements, de matériel, de financement et de formation, à une force d'intervention ouest-africaine qui a reçu le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, en décembre, sans les moyens financiers nécessaires. Les Français ne seront pas en mesure de se désengager rapidement. Même si la force ouest-africaine se constitue, ils devront en conseiller et coordonner les troupes, originaires de ses anciennes colonies comme la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
La coopération internationale a prouvé son efficacité contre Al-Shabab, qui se réclame d'Al Qaïda en Somalie, et ses chances de réussir au Mali également sont réelles. En Somalie, l'armée américaine et ses sous-traitants ont entraîné et équipé les soldats de l'Union africaine, originaires de l'Ouganda et du Burundi notamment. En 2012, en coopération avec une nouvelle armée somalienne, ils ont chassé les terroristes Shabab de Mogadiscio et d'une grande partie du sud de la Somalie.
C'est en Afrique du Nord, et non en Afrique de l'Ouest, que se trouve la planche de salut pour le Mali. Une proposition, qui consiste à confier au Nigeria la direction des forces ouest-africaines au Mali, a peu de chances d'aboutir, ce pays ne possédant pas les ressources lui permettant de faire face à une guérilla ou une guerre urbaine. Ses soldats anglophones risquent également d'exacerber les tensions ethniques et religieuses, et ses tentatives vigoureuses d'éradiquer ses propres extrémistes du Bo Haram se sont jusqu'à présent soldées par un échec.
L'Algérie, acteur incontournable
L'Algérie est le seul pays du continent à disposer de la capacité militaire, des officiers chevronnés, d'une expérience du contre-terrorisme et de la proximité géographique nécessaires pour prendre le relais de la France et rétablir la paix au Mali. L'état-major algérien connaît les tactiques des extrémistes ainsi que leurs dirigeants. Il est sorti vainqueur d'une guerre civile menée contre eux, qui s'est déroulée de 1991 à 2002 et qui a poussé les extrémistes à mener leurs activités terroristes depuis le nord du Mali. Il est de la responsabilité morale de l'Algérie d'intervenir, mais si elle continue à rester à l'écart du conflit, alors le Maroc ou un autre pays nord-africain devrait prendre la tête des opérations, avec le soutien du Niger, de la Mauritanie, du Mali et du Tchad qui, à l'instar de l'Algérie, combat AQMI depuis huit ans.
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